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7 mai 2020

Exploration de bonnes pratiques pédagogiques pour l’utilisation des téléphones intelligents

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Cet article est une traduction d’un texte paru dans le volet anglophone de Profweb.

Nous, le Réseau de recherche Adaptech, sommes à la recherche de façons pédagogiques d’utiliser les téléphones intelligents en enseignement supérieur. Grâce au financement de l’Entente Canada-Québec, nous avons pu étudier ce sujet au cours des 2 dernières sessions. La première étape de notre recherche a été d’observer. Laura King a donc fait un retour sur les bancs d’école dans le cours Introductory Psychology (Introduction à la psychologie), donné par Anick Legault au Collège Dawson, pour voir comment cette enseignante utilisait les téléphones intelligents avec ses étudiants.

Laura nous assure que les temps ont changé pour le mieux. Les étudiants d’Anick sont exposés aux mêmes cours magistraux auxquels Laura était habituée comme étudiante il y a de cela plusieurs lunes. Cependant, les étudiants d’Anick ont la chance d’utiliser régulièrement leur téléphone intelligent pour, entre autres:

  • vérifier leur compréhension lors de quiz impromptus
  • accéder à des vidéos sur le fonctionnement du cerveau
  • consulter le diaporama PowerPoint de l’enseignante
  • répondre à des sondages

Le tout se fait en direct, avec une rétroaction instantanée.

Fascinée par le niveau d’engagement présent dans les classes actuelles des cégeps, Laura a décidé d’interviewer Anick pour en apprendre davantage sur sa façon d’exploiter les téléphones de ses étudiants et les raisons qui la motivent à le faire. Ça a été un réel plaisir pour Laura de voir Anick à l’œuvre en classe avec ses étudiants!

Q: Peux-tu nous parler de toi, Anick?

Anick Legault (AL): J’enseigne depuis plus de 10 ans au Canada et aux États-Unis. Je suis passionnée par mon travail. Je suis devenue très excitée quand j’ai entendu parler de l’utilisation pédagogique des téléphones intelligents, étant donné que cela peut s’inscrire dans une approche pédagogique inclusive. Je n’aime pas l’idée d’accommoder les étudiants: je préfère la conception universelle de l’apprentissage.

Q. Quand as-tu commencé à utiliser les téléphones des étudiants dans ton enseignement?

AL: Ça a commencé il y a 5 ans. Je voulais faire des sondages en classe, mais je trouvais que les télévoteurs n’étaient pas très pratiques. J’ai commencé à utiliser l’application Poll Everywhere [en anglais]. Les applications de sondage ont l’avantage de permettre de recueillir des réponses anonymes, ce qui signifie que toute la classe peut répondre aux questions, au lieu de quelques étudiants qui lèvent leur main. C’est devenu si populaire auprès de mes étudiants que j’ai commencé à apporter mes vieux téléphones en classe pour ceux qui n’en ont pas (je le fais encore), même si ce n’est plus une situation très fréquente. J’ai aussi découvert que les sondages à l’aide d’applications sont très pratiques quand on discute de sujets délicats, comme ceux dont il est question dans mon cours sur les comportements sexuels humains.

Un exemple d’une question délicate posée avec Poll Everywhere durant un cours en anglais sur la sexualité humaine. (La question est « Quelle est votre orientation ou votre préférence sexuelle ou affective? » (Source: Anick Legault)

Q. Quels autres types d’activités tes étudiants font-ils avec leurs téléphones en classe?

AL: En plus des sondages, je donne aux étudiants l’occasion de faire des quiz formatifs qui offrent de la rétroaction. Par exemple, je demande aux étudiants de regarder une vidéo et de prendre des notes, et tout de suite après, les étudiants font un quiz sur l’application Moodle [en anglais] à partir de leur téléphone. Ils devraient avoir dans leurs notes toute l’information nécessaire pour répondre aux questions. S’ils ne l’ont pas, c’est une bonne façon pour eux de prendre connaissance de ce qu’ils devraient y ajouter.

Mes autres activités incluent la production d’une vidéo informative par les étudiants, de même que la création collaborative d’études de cas, où ils utilisent leurs téléphones pour consulter leur manuel et prendre des photos de l’étude de cas de chacun des membres de leur équipe. La formule générale de mes cours est:

  1. 20 minutes d’exposé magistral
  2. 10 minutes d’activités sur le téléphone,
  3. 20 minutes supplémentaires d’exposé
  4. 10 minutes d’activités sur le téléphone.

Je donne aussi des activités sur le téléphone à faire en devoir. Par exemple, les étudiants font une autoévaluation sur un sujet, comme la jalousie, et m’envoient un compte-rendu de leur opinion.

Utiliser les téléphones intelligents pour des activités variées comme dans les cours Introduction to Psychology et Human Sexual Behaviour. (Source: Anick Legault)

Le téléphone est utilisé par les étudiants pour:

Q. Pourquoi permets-tu à tes étudiants d’utiliser leurs téléphones en classe?

AL: Je permets aux étudiants d’utiliser cette technologie parce que c’est une façon pour eux d’accéder à l’information et de recevoir une rétroaction immédiate, et ça augmente et améliore la participation. De mon côté, je peux évaluer mon propre enseignement et le modifier immédiatement si nécessaire. Cependant, je m’assure d’imposer des balises.

Q. Comment gères-tu l’utilisation du téléphone?

AL: Lors du premier cours, j’explique aux étudiants qu’ils peuvent utiliser leurs téléphones seulement quand je leur demande de le faire, par exemple pour prendre des notes, regarder mon diaporama ou répondre à des quiz et à des sondages. J’établis une règle de base dès le début de la session: les étudiants doivent utiliser leurs téléphones seulement pour la tâche qui leur est confiée. S’ils ne le font pas, j’établis habituellement un contact visuel avec le contrevenant. Ça m’arrive à l’occasion de dire à des étudiants d’arrêter de texter, mais qu’ils me montrent ensuite qu’ils étaient, en réalité, en train de faire la tâche demandée. Souvent, les autres étudiants agissent comme superviseurs: ils rappellent à leurs amis de se concentrer sur la tâche.

Q: Comment l’intégration des téléphones a-t-elle amélioré ton enseignement et l’apprentissage de tes étudiants?

AL: J’ai augmenté la participation des étudiants et c’est plus inclusif: les étudiants timides répondent maintenant aux questions avec leurs téléphones, mais auraient auparavant rarement levé la main pour répondre à une question. Faire un quiz après avoir visionné une vidéo est plus engageant que de seulement regarder une vidéo. De plus, je peux voir les réponses, alors ça m’aide à connaître les difficultés des étudiants et ce qu’ils comprennent bien.

L’utilisation des téléphones m’aide à exploiter davantage l’apprentissage actif, parce que je peux intégrer plus d’activités pratiques. J’économise du temps aussi; plus besoin de distribuer des copies papier. À la place, les étudiants ont seulement à cliquer sur un lien vers un quiz, ce qui est bien sûr un avantage sur le plan environnemental. De plus, c’est très pratique pour moi, car j’utilise même mon téléphone dans les transports en commun pour réviser le matériel du cours et pour corriger les devoirs.

Je serais enchantée d’inviter n’importe quel enseignant curieux de voir comment intégrer efficacement ces outils technologiques enrichissants dans son propre enseignement à me visiter dans ma classe pour observer en personne leur impact pédagogique.

À propos des auteures

Laura King

Elle travaille comme enseignante-chercheure au Cégep André-Laurendeau où elle enseigne l’anglais langue seconde depuis plus de 20 ans. Elle offre des ateliers sur la réussite étudiante, le dépistage et les accommodements, et les TIC pour les étudiants avec des difficultés en lecture, des difficultés d’apprentissage ou d’autres handicaps. Elle est présentement responsable d’un projet financé par l’Entente Canada-Québec sur l’utilisation des téléphones intelligents des étudiants en enseignement supérieur.

Anick Legault

Elle travaille comme enseignante de psychologie au Collège Dawson depuis 2010. Elle a fait de la recherche en éducation tant au Québec qu’aux États-Unis. Même si ses recherches doctorales portaient sur les méthodes d’enseignements efficaces, sa vraie passion en enseignement est l’utilisation des TIC de façon inclusive, en particulier l’utilisation des téléphones intelligents en classe comme outils pédagogiques.

Alex Lussier

Elle vient d’obtenir son baccalauréat en Études internationales à l’Université de Montréal. Elle est assistante de recherche au Réseau de recherche Adaptech et au Cégep André-Laurendeau depuis 2015. Elle est présentement impliquée dans un projet financé par l’Entente Canada-Québec qui vise à offrir aux enseignants du collégial des scénarios pédagogiques qui portent sur la façon d’utiliser les téléphones intelligents des étudiants dans leur enseignement.

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