La classe inversée en comptabilité grâce à Office 365
J’enseigne dans le programme de Techniques de comptabilité et de gestion au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue. Dans ce domaine, l’utilisation de la suite bureautique de Microsoft est largement répandue, d’où l’importance de former les étudiants afin qu’ils sachent utiliser ces outils informatiques dès leur entrée sur le marché du travail.
Depuis 2007, le programme est devenu un DEC portable, c’est-à-dire que tous les étudiants ont un ordinateur portable en classe. Ce virage m’a incitée à modifier mon approche pour que l’ordinateur soit un outil de travail plutôt qu’une source de distraction en classe. J’ai donc adopté une approche de pédagogie inversée pour que les étudiants soient plus actifs en classe.
Au début, j’utilisais Moodle comme plateforme de diffusion des contenus théoriques, des vidéos et des évaluations électroniques. Bien que Moodle soit un outil complet, il est aussi complexe à utiliser. C’est pourquoi je travaille maintenant avec la suite Office 365.
La pédagogie inversée à l’aide d’Office 365
La suite Office 365 offre des outils qui permettent de créer des cours en pédagogie inversée avec beaucoup plus de facilité que Moodle. Ils facilitent :
- La transmission de contenus
- Le travail collaboratif
- La réalisation et la correction de travaux formatifs et sommatifs
- Les communications et les interactions
Diffusion de contenu et travail préparatoire
Le bloc-notes OneNote pour la classe permet de stocker et d’organiser le contenu des cours. En classe, il facilite la diffusion de contenus variés :
- Page de contenu
- Impression de documents
- Vidéo
- Lien vers des sites internet
- Évaluation électronique
Avec OneNote, les différents espaces de travail sont regroupés dans un bloc-notes partagé entre l’enseignant et tous les étudiants de la classe.
Les étudiants peuvent consulter les ressources du cours directement dans la Bibliothèque de contenu ou les copier dans leur espace personnel afin de les annoter. En classe, je projette le bloc-notes sur le tableau électronique et j’annote les ressources de la bibliothèque de contenu à l’aide des outils de OneNote. Toutes les annotations sont automatiquement sauvegardées et pourront être consultées ultérieurement par les étudiants.
Aperçu d’un exercice que les étudiants devaient réaliser dans Excel. Pour la correction de l’exercice en classe, j’ai mis le fichier Excel en fond d’écran dans OneNote pour pouvoir l’annoter.
Aperçu d’une diapositive PowerPoint que j’ai placée en impression d’écran pour pouvoir l’annoter pendant un exposé théorique. Plutôt que de présenter un diaporama complet, je commente et j’annote la diapositive au fur et à mesure.
Aperçu d’un fichier Excel intégré dans une page de OneNote et annoté. Le bouton «Modifier», en haut à gauche, permet d’ouvrir le fichier directement dans Excel.
Une page contenant une vidéo intégrée, que les étudiants peuvent visionner directement dans la page.
Espace réservé pour le travail collaboratif
Le bloc-notes de classe contient également une section appelée Espace de collaboration dans lequel tous les étudiants peuvent travailler sur un même document. Je peux aussi créer de petites équipes, limitant ainsi l’accès à cette page ou section aux seuls étudiants visés.
J’utilise l’espace collaboratif, entre autres, pour les résolutions de cas. J’attribue à chaque équipe une page dans laquelle ils doivent consigner leur réponse. OneNote permet de voir la contribution de chaque étudiant, puisque ses initiales apparaissent dans la marge. À la fin de l’activité, je pige le nom d’une équipe au hasard pour qu’elle présente son cas au reste de la classe. Comme j’ai accès à tout le contenu, il est facile de projeter sur le tableau électronique la réponse de cette équipe. J’utilise ces présentations pour clarifier des notions et susciter des discussions et des échanges entre les étudiants.
Résolution de cas en équipe. Les initiales dans la marge correspondent aux modifications apportées par chaque étudiant.
L’espace de collaboration peut servir d’espace pour rassembler toutes les informations récoltées pour un travail de recherche collaboratif. Le partage d’informations entre tous les membres du groupe est ainsi facilité. Il pourrait aussi être utilisé pour la réalisation d’un glossaire de classe ou encore pour la cocréation d’un wiki.
Exemple de glossaire collaboratif dans OneNote
Espace personnel pour chaque étudiant
Finalement, dans le bloc-notes de classe, chaque étudiant a une section privée, visible uniquement par l’étudiant et l’enseignant. J’utilise cette section pour la réalisation de certains formatifs. Je peux commenter directement le travail de l’étudiant, sans avoir à télécharger, à enregistrer et à ouvrir un fichier. Les fonctionnalités de OneNote me permettent de commenter à l’écrit ou avec les fonctions de commentaires audio ou vidéo. Cela me permet de donner plus de rétroaction dans un temps relativement court.
Voici un formatif que j’ai annoté (en bleu). Avec OneNote, le processus de correction est facilité.
Cet espace privé peut aussi servir pour le suivi des stages. L’étudiant y complète les différents documents relatifs au stage et l’enseignant en fait un suivi régulier. Cette façon de faire évite les multiples échanges de documents par courriel.
À la session d’automne 2018, mes étudiants produiront un portfolio électronique dans leur espace personnel du bloc-notes de classe. Ils y déposeront différentes productions démontrant l’atteinte des compétences du cours.
Outils de communication
Pendant les cours en présentiel ou à distance, j’utilise Teams pour faciliter les communications avec mes étudiants. Teams a pour particularité la catégorisation des discussions dans des canaux. Il propose aussi un outil de clavardage et de vidéoconférence. Les étudiants à distance peuvent communiquer avec moi lors des périodes de cours consacrées à la réalisation de projets ou de travail d’équipe. De plus, il augmente l’interaction entre les étudiants lors des travaux préparatoires et même en classe.
Les canaux
Plutôt que de m’envoyer des courriels, les étudiants publient leurs questions dans le canal de discussion approprié. Puisque les canaux sont publics, les étudiants peuvent se répondre entre eux. J’interviens seulement si c’est nécessaire. Cela me permet aussi d’éviter d’avoir à répondre plusieurs fois à la même question par courriel.
Le clavardage
Le clavardage me permet de communiquer en privé ou en petit groupe avec les étudiants. Comme le système utilise la base de données du Cégep, je n’ai plus à partager mes données personnelles avec eux sur Skype, Slack ou Facebook. Les étudiants peuvent aussi communiquer entre eux.
La vidéoconférence
Lorsqu’une question est trop complexe pour être répondue par écrit, il est possible de démarrer une vidéoconférence pour discuter de vive voix. La fonctionnalité de partage d’écran est utile pour faire des démonstrations. L’étudiant peut me transférer le contrôle de son ordinateur. Cela est très utile dans l’enseignement des différents logiciels.
Teams est aussi le point d’accès au cours : les conversations, les fichiers, le bloc-notes de classe et les devoirs sont accessibles directement par cette interface.
Un aperçu des différents contenus accessibles à partir de l’interface de Teams.
La suite Office offre une gamme complète d’outils pour supporter les activités de la classe inversée. Ces outils sont faciles d’appropriation et performants. Tout comme Moodle, ils permettent la diffusion de contenu et le suivi des évaluations. Toutefois, les outils de collaboration et de communication sont plus actuels et mieux adaptés aux pratiques du marché du travail.
Quel beau partage! Un récit qui démystifie l’utilisation des outils d’Office 365. Merci pour le récit. J’attire néanmoins l’attention du lecteur sur la comparaison qui est faite en début de texte entre Moodle et Office 365. Moodle est un environnement numérique d’apprentissage au sens strict du terme. Office et Gsuite n’entre pas dans cette catégorie bien qu’ils s’en approchent. Le suivi du cheminement de l’élève, la création de parcours d’apprentissage, la correction automatique, le carnet de notes et récemment l’attribution de badge numérique sont des plus de Moodle qu’ils faut éviter de comparer avec des outils d’une suite. Onenote est génial pour pour enseigner, faire apprendre je l’utiliserais en complémentarité à Moodle.
Bonsoir Mme Nadeau,
Je suis tout à fait d’accord avec vous quant aux possibilités offertes par Moodle. C’est d’ailleurs une plateforme que j’utilise et, loin de moi l’idée de comparer les deux. Ce que j’ai voulu exprimer ici c’est qu’il est possible d’utiliser un autre outil pour travailler en classe inversée.
Bien que moins complet, OneNote est beaucoup plus facile d’appropriation ce qui n’est pas à négliger. Il permet aussi des activités que Moodle n’offre pas tels que les espaces de collaboration, l’enregistrement automatique des annotations sur les documents présentés en classe et l’accès en tout temps présentations faites en classe. Je sais qu’il est possible de connecter OneNote à Moodle ce qui permettrait de bénéficier du meilleur des deux mondes. C’est dans mes projets d’explorer cette avenue dans les prochains mois.
Quelle belle idée de passer par Moodle pour profiter des avantages de OneNote. Cela permet aux étudiants d’avoir une seule porte d’entrée pour tous ses cours. Ainsi le professeur qui utilise des outils Gsuite ou d’Office pour collaborer tout en exploitant le potentiel de Moodle comme ENA permet à ses étudiants d’apprendre le contenu disciplinaire, de connaître des outils numériques variés sans pour autant être « promené » d’une interface à l’autre. J’ai partagé votre récit lors d’une formation Onenote offerte aux enseignants de mon collège.