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15 mars 2010

L’apport du logiciel libre dans l’enseignement de la musique

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

François Goudreau, soliste (alto et violon), compositeur, enseignant, grand animateur des classes de musique d’ensemble du département de musique du Cégep de Trois-Rivières depuis 2007, vient de publier dans son collège un impressionnant mémoire militant pour l’utilisation des logiciels libres dans les institutions d’enseignement. L’objet de cet article ne couvre que les facettes de son mémoire relevant de la didactique de la musique.

Pourquoi défendez-vous l’utilisation de logiciels dans l’enseignement de la musique?

La principale difficulté rencontrée par les enseignants en musique quant à l’acquisition des connaissances est d’assurer le suivi du travail des élèves entre les cours magistraux. L’encadrement nécessaire est souvent difficile, voire impossible à effectuer. Bien entendu, les contrôles permettent à l’enseignant de vérifier le niveau d’intégration des connaissances, mais le travail personnel de l’élève s’effectue en dehors de sa supervision. Comment l’enseignant s’assure-t-il alors de l’exactitude ou de la rectitude du travail des élèves?

L’utilisation de logiciels en complémentarité de l’enseignement magistral permet d’offrir une meilleure cohésion entre l’enseignement et l’intégration des connaissances transmises. Pour cela, il est permis d’espérer une augmentation du rythme d’apprentissage. Leur usage permet d’assurer également une plus grande uniformité des niveaux de compétence des étudiants dans nos classes.

Ces outils permettent de mieux encadrer le travail des élèves entre les cours en proposant des procédures de travail précises. L’élève se concentre sur les éléments à maîtriser, il les étudie de manière appropriée. L’utilisation des logiciels se fait de manière corollaire et complémentaire à l’enseignement magistral et ne vise en aucun cas à s’y substituer. Il s’agit ici d’établir une procédure d’encadrement de l’étude et de la pratique musicale sur des connaissances précises à acquérir.

Comment estimez-vous l’état de nos ressources logicielles en enseignement de la musique?

Les logiciels offerts actuellement sont peu nombreux. Ceux qui existent dans une technologie propriétaire sont souvent onéreux et très limitatifs, en raison de la nature même de leur licence. De plus, ces logiciels ne sont pas toujours compatibles avec les différentes plates-formes. Leur utilisation se trouve limitée.

Cette réalité pourrait changer, si nous adoptions le logiciel libre qui offre une grande variété d’applications dans différentes sphères de notre travail telles que la formation auditive, la lecture musicale, l’apprentissage des règles de la théorie et de l’harmonie ainsi que le traitement de texte musical et même l’improvisation jazz.

La liberté de choix, la souplesse d’utilisation, les coûts minimes encourus par l’utilisation de ces logiciels en font des outils remarquables. Son utilisateur peut même y apporter des modifications et les publier.

Pourriez-vous énumérer les atouts des logiciels libres recensés en fonction des aspects touchés de la formation?

1. La formation auditive
Entendre et reconnaître des modes, des intervalles, des accords, les reproduire sont autant de facultés essentielles à l’exercice de la profession musicale qui doivent être parfaitement maîtrisées. Cette maîtrise s’acquiert par la pratique. Un excellent outil proposé est GNU SOLFEGE.
2. L’enseignement de la théorie musicale
L’apprentissage des règles qui régissent l’écriture du texte musical et de la théorie de la musique représente souvent une étape ardue. Les cours magistraux sont toujours suivis d’une série d’exercices à effectuer par l’élève. Une des solutions les plus complètes à la correction sans douleur est Lenmus.
3. L’harmonie et le contrepoint
La complexité des règles d’harmonie et de contrepoint donne bien souvent des maux de tête aux élèves, sans compter les longues heures de correction pour l’enseignant! Utilisez Harmony Practice3, et vous verrez!
4. L’improvisation jazz
La principale difficulté pour un étudiant en musique Jazz consiste à travailler l’improvisation de sa partie instrumentale. IMPROVISOR permet de le faire. L’élève peut écouter sa partition, la visualiser, improviser avec le soutien d’un accompagnement, créer ses accompagnements et éditer ses partitions.
5. La rythmique et l’accord parfait
Tout étudiant en musique se doit de jouer sa partition avec une parfaite exactitude rythmique et un son juste. Quelques logiciels libres tels que Maestro Metronome permettent d’utiliser l’ordinateur comme métronome et comme accordeur.
6. L’enregistrement sonore
L’élève doit pouvoir lors de sa pratique instrumentale écouter avec une certaine perspective les caractéristiques de son jeu. L’enregistrement lui permet de former son oreille, d’affiner son interprétation et de prendre en compte en temps réel des forces et des faiblesses de son exécution. Le logiciel à adopter : Audacity.
7. Les éditeurs de partitions
Tout musicien ou étudiant en musique doit tôt ou tard écrire de la musique. La solution la plus évoluée pour faciliter ce travail est MuseScore.

Consultez la liste détaillée des logiciels avec spécifications techniques.

Enfin, le principal gain que l’on doit retenir de l’utilisation du logiciel libre dans mes classes est la satisfaction que mes étudiants retirent à travailler dans la bonne direction!

Nous vous invitons à commenter le stimulant programme de travail proposé par François Goudreau aux étudiants de Trois-Rivières.

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1 Commentaire
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Suzanne Roy
Suzanne Roy
24 mai 2010 16h29

Bravo pour cette liste ! Personnellement, j’utilise Audacity en classe et je considère que c’est un outil incroyable ! Il est vrai que les logiciels gratuits permettent aux étudiants de continuer leurs apprentissages en dehors des cours. Je ne manquerai pas de jeter un oeil à tous ces outils !