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7 décembre 2022

Le balado comme outil d’évaluation — Les balades pédagogiques, un balado du Collège André-Grasset

Le balado peut être un outil d’évaluation intéressant. Il peut être utilisé en remplacement d’un travail écrit traditionnel (sans rien sacrifier de la rigueur et de la richesse du contenu) ou de façon plus technique dans les programmes liés à la production audiovisuelle.

Dans un épisode du balado Les balades pédagogiques du Collège André-Grasset enregistré à l’automne 2021, les enseignantes Julie Dufort et Geneviève Courcy partagent leur expérience d’utilisation du balado comme outil d’évaluation. Elles en discutent avec la conseillère pédagogique Magalie Fournier-Plouffe et le conseiller technopédagogique (aujourd’hui coordonnateur des technologies au Collège André-Grasset) François Laflamme.

Julie Dufort enseigne en science politique. Au moment d’enregistrer le balado, Geneviève Courcy enseignait en cinéma, mais elle est maintenant directrice adjointe à la Direction des études du Collège de Rosemont.

Les balades pédagogiques, saison 2, épisode 3: Les balados pédagogiques

Le balado en remplacement d’un travail écrit en science politique

Julie Dufort utilise les balados dans un cours de dernière session en Sciences humaines: Problèmes géopolitiques. Elle voulait sortir du cadre ordinaire des travaux de fin de session pour stimuler les finissants un peu las des travaux longs écrits.

L’objectif du travail de fin de session est d’enregistrer en équipe un balado prenant la forme d’une discussion sur un enjeu géopolitique. La discussion peut adopter différentes formes:

  • débat
  • entretien journalistique
  • causerie éducative
  • etc.

Les élèves devaient réinvestir plusieurs concepts abordés pendant les 2 années d’études en Sciences humaines et les mettre en application dans le balado, en plus de tenir compte des notions spécifiques vues dans le cours Problèmes géopolitiques.

À l’hiver 2021, Julie a invité le spécialiste de la baladodiffusion Philippe-Vincent Foisy dans sa classe. Il a expliqué aux élèves que, pendant la création d’un épisode d’un balado, il faut se poser la question «Ouain, pis?». Pour Julie, ce «Ouain, pis?», c’est l’équivalent de la problématique de recherche en Sciences humaines. Dans un balado, il faut une question de recherche, des arguments, des définitions, des références à des experts (citations), comme dans un travail écrit traditionnel.

L’évaluation de Julie ne porte pas sur les aspects techniques du balado. Elle évalue:

  • la description des enjeux faite par les élèves
  • leur utilisation des concepts théoriques
  • etc.

Le côté technique [du balado] peut faire peur, en Sciences humaines, mais il y a moyen de rester dans le contenu.
— Julie Dufort

Évaluer le contenu plutôt que le contenant: une même grille d’évaluation, peu importe le format de la production

Magalie Fournier-Plouffe, la conseillère pédagogique qui coanime Les balades pédagogiques, est également enseignante en histoire. Elle a expliqué que, dans un cours, elle laissait les élèves choisir le format de leur travail de recherche final: un travail écrit ou un balado.  Dans les 2 cas, elle utilise la même grille d’évaluation.

Cela m’a rappelé l’atelier Choisissez votre évaluation: Bande dessinée, PechaKucha, balado et quoi encore?, animé par Stéphanie Carle et Émilie Doutreloux lors du colloque 2022 de l’AQPC, qui a fait l’objet d’un compte-rendu sur Éductive.

Le balado dans une évaluation plus technique en cinéma

Quand elle était enseignante, Geneviève Courcy utilisait le balado comme outil d’évaluation dans plusieurs cours de cinéma.

Le balado dans le cours Pratiques de l’image et du son

Dans un cours de 1re session en Arts, lettres et communication, profil Cinéma, médias et communications, la production d’un balado constituait le 1er projet de production des élèves lors de leur parcours collégial.

Les élèves créaient un balado de fiction.

Dans ce projet, Geneviève évaluait:

  • le sens de l’organisation, la façon dont les élèves organisent leur production (par exemple, nomment-ils leurs fichiers correctement?)
  • la technique de prise de son et de montage sonore
  • la créativité des étudiants et des étudiantes (un tout petit peu: c’est plutôt symbolique, pour les motiver à faire un travail intéressant)

Cette évaluation ciblant beaucoup le sens de l’organisation des élèves est importante, car l’organisation sera à la base de plusieurs projets qu’ils et elles auront à réaliser au cours de leur DEC.

Le balado dans le cours Productions médiatiques et interprétation

Dans un cours de 2e session en Arts, lettres et communication, profil Animation, interprétation et communication, les élèves produisaient un balado de radio-théâtre. Ce cours était donné en coenseignement par Geneviève Courcy et une collègue spécialisée en animation et interprétation.

Dans leur balado, les élèves devaient d’abord jouer un extrait d’une pièce de théâtre. Puis, ils et elles devaient faire une entrevue avec les comédiens et comédiennes de la pièce.

Dans le cours, les élèves étaient formés à utiliser la régie du studio du collège et l’évaluation porte entre autres sur leurs compétences techniques. Et encore une fois, Geneviève évaluait le sens de l’organisation. Mais, dans ce cours, l’évaluation portait surtout sur le jeu et l’animation.

En Sciences humaines

Finalement, dans un complément de formation en Sciences humainesPLUS, la forme était plus libre. Le but était d’amener les élèves à traiter d’un sujet avec un autre médium que l’écrit. Les élèves de Geneviève Courcy pouvaient choisir d’enregistrer une discussion ou une table ronde.

Puisque le programme de Sciences humaines n’est pas axé sur la production médiatique, Geneviève n’accordait pas autant d’importance aux aspects techniques dans son évaluation. En plus d’évaluer la capacité à vulgariser l’information en fonction du médium choisi, elle  évaluait l’expérimentation que les élèves font de la forme du balado et la mise en ondes.

Aider les élèves à apprivoiser les balados et à structurer le leur

Geneviève prenait le temps d’écouter et d’analyser des balados professionnels avec ses élèves avant qu’ils et elles ne se lancent dans la production du leur. Elle leur présentait également des balados réalisés par ses élèves des années précédentes.

Puis, les équipes passaient à la préproduction. Par exemple, quand le balado prenait la forme d’une entrevue, les élèves faisaient un scénario avec les questions et les réponses.

Pour Geneviève, les gens ont souvent l’impression qu’un balado, c’est improvisé. Le danger, si on ne se prépare pas, c’est de s’égarer. Il faut faire comprendre aux élèves que ce n’est pas improvisé. Ils et elles doivent écrire un texte, mais dans un langage parlé, de façon à ce que le rendu ait l’air naturel.

Les élèves de Geneviève faisaient également un atelier de manipulation de l’équipement avec le technicien. Ils et elles faisaient ensuite une pratique (une préentrevue). Finalement, c’était l’enregistrement!

Julie, elle, demande aux élèves d’élaborer, en amont, autour de la mi-session, un plan de ce qu’ils et elles veulent produire. Elle leur demande un descriptif de leur balado:

  • titre
  • question de recherche
  • distribution (casting)
  • public cible
  • etc.

Julie s’assure que ses élèves comprennent bien qu’un balado, ça se prépare. Les élèves doivent structurer leurs idées, minuter les interventions prévues. Ils et elles doivent prévoir une introduction et une conclusion. Comme Geneviève, Julie fait écouter des balados à ses élèves pour qu’ils apprivoisent la forme. Julie dit que ce ne sont pas tous les élèves qui sont familiers avec les balados et la variété des formats possibles.

Julie suggère à ses élèves de préparer leurs idées et leurs interventions sous forme de liste à puces. Ainsi, les idées sont organisées dans un ordre précis, mais les phrases peuvent être formulées «naturellement».

Une forme motivante

Julie constate que ses élèves sont motivés par ce projet et s’engagent. Selon elle, le balado a un côté moins formel qu’un travail écrit. Elle est d’avis que cela donne une impression de légèreté aux élèves, alors que, pourtant, les critères d’évaluation sont les mêmes que si le travail était fait à l’écrit.

Les élèves de Geneviève semblaient également trouver ça plus ludique et moins exigeant qu’un travail écrit, même si cela leur demande pourtant parfois plus de travail… c’est à cause, selon Geneviève, du «facteur fun».

Et la correction?

La 1re année que Julie a fait des balados, elle avoue avoir trouvé cela difficile à corriger. En effet, même quand les balados sont moins intéressants ou moins bien faits, il faut les écouter au complet… au rythme où ils se déroulent (environ 15-20 minutes chacun, dans son cas). C’est plus long que de lire des travaux écrits.

La 2e année, Julie a raffiné les consignes et demande maintenant aux élèves de présenter un scénario plus détaillé. Entre autres choses, elle leur demande, dans leur scénario, d’identifier en gras les concepts de sciences humaines qu’ils utilisent. Ainsi, elle peut écouter le balado en suivant le déroulement dans le scénario au fur et à mesure et annoter directement le scénario. Ça rend la correction plus efficace.

Conseils pour les profs qui veulent essayer la formule

Aux personnes enseignantes désireuses de se lancer, Geneviève Courcy suggère d’écouter des balados pour se familiariser avec les nombreuses formes qu’ils peuvent prendre.

Pour Geneviève, il faut aussi déconstruire la perception que c’est compliqué: prenez le dictaphone de votre cellulaire et votre paire d’écouteurs avec micro et faites une entrevue maison avec votre enfant, par exemple, juste pour l’essayer. Vous verrez que ce n’est pas sorcier!

Pour entendre les témoignages complets de Julie Dufort et Geneviève Courcy, écoutez l’épisode «Les balados pédagogiques».

Si, comme moi, vous avez adoré cet épisode du balado Les balades pédagogiques, écoutez les autres:

Mes plus vifs remerciements à Magalie Fournier-Plouffe pour m’avoir fait connaître Les balades pédagogiques, avoir accepté de partager ce balado avec Éductive et avoir collaboré à la rédaction de cet article.

À propos de l'auteure

Catherine Rhéaume

Catherine Rhéaume est éditrice et rédactrice pour Éductive (auparavant Profweb) depuis 2013. Elle est enseignante de physique au Cégep Limoilou. Elle est également auteure de différents cahiers d’apprentissage pour la physique et pour la science et la technologie au secondaire. Son travail pour Éductive l’amène tout naturellement à s’intéresser à la pédagogie numérique et à l’innovation pédagogique.

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Ahmed Elyaagoubi
Ahmed Elyaagoubi
26 novembre 2023 13h01

J’apprécie beaucoup votre témoignage issu de différentes expériences d’apprendre via le podcasting.
Moi aussi ,souhaiterais produire des podcasts pour enseignants et communautés apprenantes de différents cycles.
Je cherche avec qui collaborer.