Quand Moodle parle au monde entier
Si Moodle est l’environnement numérique d’apprentissage (ENA) le plus répandu en enseignement supérieur au Québec, si son importante communauté de développeurs contribue à le faire constamment évoluer en créant des modules répondant à des besoins pédagogiques multiples, il n’en demeure pas moins que d’autres outils fort attrayants voient le jour à un rythme qu’on ne peut pas toujours suivre. Qu’on songe seulement aux Facebook, WordPress, Pinterest, Google+, ThingLink et autres outils servant à faciliter la publication ou le simple partage d’information…
Si seulement on pouvait intégrer tout ça à notre espace sécurisé et réservé à nos groupes classes. Le meilleur de Facebook, mais juste pour mon groupe. C’est possible, direz-vous, d’utiliser un outil de réseau social comme ELGG et de créer ses communautés. Ou encore de tirer profit de la puissance de WordPress pour créer un journal en ligne… Mais avec 60 codes d’utilisateurs à créer et à gérer? Si seulement on pouvait tout faire passer par son ENA préféré et en faire éclater ainsi les cloisons!
Intégrer des outils et des plateformes dans Moodle
Moodle permet déjà d’intégrer beaucoup d’autres services. Parmi les centaines de modules complémentaires disponibles pour installation sur Moodle.org, un bon nombre vise justement l’interopérabilité. Par exemple, on peut donner accès à un outil synchrone comme BigBlueButton en installant et en configurant un module qui permet le passage transparent d’un environnement à l’autre. D’un seul clic, le prof et ses étudiants passent du cours dans Moodle à une salle de réunion synchrone.
Au Collège de Bois-de-Boulogne, cette année, des profs de math utilisent la plateforme WeBWorK, qui permet de créer des problèmes à résoudre assez complexes. L’authentification des étudiants est entièrement gérée dans Moodle. Il n’est donc pas nécessaire de créer de nouveaux comptes pour ce besoin particulier. Et WeBWorK renvoie même ses résultats dans les carnets de notes de Moodle.
C’est ce genre d’intégration qu’on pourra bientôt tester avec le portfolio Sherpa. Non seulement les utilisateurs pourront-ils passer directement de Moodle à Sherpa en toute transparence, mais ils pourront aussi publier et conserver dans leur portfolio certains travaux faits dans Moodle, comme une contribution significative à un forum.
Le Moodle de demain
L’interopérabilité pourrait devenir la base de l’ENA de demain. À ce propos, Marcel Lebrun, professeur et conseiller en technologie de l’éducation à l’Université catholique de Louvain, de passage à Trois-Rivières en 2012, livre une réflexion intéressante, que j’ai trouvée un peu au hasard dans la twittosphère.
Causerie avec Marcel Lebrun : « Quelle plateforme pédagogique pour demain? »
Il utilise les termes « fusion », « réorganisation » et « porte d’entrée » pour décrire les plateformes de demain. Ainsi, l’ENA classique, encore très centré sur l’enseignant et sa classe, devra s’ouvrir et s’assouplir.
Moodle l’a compris en adoptant avec sa version 2 la norme IMS-LTI (pour « Learning Tool Interoperability ») et en rendant disponible par défaut un module simplement baptisé Outil externe. Ce module, en apparence très simple, pourrait, à moyen terme, devenir cette porte d’entrée vers une multitude de services en ligne susceptibles d’enrichir un cours dans Moodle. Concrètement, lorsqu’un lien vers un outil externe est mis en place, les étudiants du cours sont automatiquement authentifiés dans ce nouvel outil, qui peut se trouver n’importe où dans le monde, à travers un protocole d’échange sécurisé. Des fournisseurs de services, dont des maisons d’édition, ont déjà bien saisi le potentiel de ce protocole. D’ailleurs, le répertoire des outils certifiés IMS-LTI croît assez rapidement.
Ce protocole d’échange sécurisé peut aussi permettre le passage d’un Moodle à un autre. C’est d’ailleurs de cette façon que j’ai permis à mes trois collègues d’accéder directement à mon Moodle version 2.4 personnel à partir d’un simple clic. C’est aussi ce qui nous permettra de consolider notre vaste communauté de pratique en offrant aux enseignants utilisant Moodle aux quatre coins du Québec un accès direct à des outils communs, comme des forums ou des bases de données.
Des exemples concrets
Pour rendre la chose plus concrète, j’ai commis cette vidéo maison montrant deux exemples d’utilisation du module Outil externe dans Moodle.
Exemples d’utilisation du module Outil externe de Moodle.
Si vous voulez faire vous-même l’essai de la version 2.4 de Moodle, laissez-moi un message dans les commentaires ci-dessous et je vous enverrai la recette secrète.
Très bon concept!
Est-ce que WordPress peut être intégré à Moodle? Si oui, est-ce que c’est la corporation DECclic qui le fait ou l’administrateur local?
Bravo et merci François pour tous les efforts déployés afin d’offrir à la communauté collégiale un environnement numérique d’apprentissage qui permet d’exploiter des applications pédagogiques innovantes.
Bonjour François,
c’est effectivement une question très intéressante et pertinente car les étudiants trouvent très difficile de gérer plusieurs identités institutionnelles différentes. De notre côté, nous travaillons actuellement avec une firme pour peaufiner un module permettant de s’authentifier à l’environnement ELGG ET Adobe Connect à partir de son compte Moodle.
À suivre
@Michel
Pour que ça fonctionne, il faut installer un module dans WordPress (http://sourceforge.net/apps/mediawiki/learningapps/index.php?title=LTI4Wordpress) qui joue alors le rôle de fournisseur (provider).
Moodle est alors le consommateur (consumer) du service. On passe alors par l’activité Outil externe pour faire le lien. La balle est donc dans le camp de l’administrateur de WordPress.
@Bruno
Pour ELGG et LTI, ça semble être réglé (http://sourceforge.net/apps/mediawiki/learningapps/index.php?title=LTI4Elgg_English).
Pour Adobe Connect, il y a un module déjà existant (http://www.somerandomthoughts.com/blog/2011/05/22/review-remote-learner-adobe-connect-pro-module/).
Une plateforme e-learning de nouvelle génération pour inventer la formation de demain et créer des écosystèmes pédagogiques
Bloguer, Taguer, Liker, Facebooker, Twitter, tout simplement partager,… tel est aujourd’hui le quotidien des étudiants. En 10 ans, le web n’a cessé d’évoluer, les usages pédagogiques également.
Au début des années 2000, nos universités se sont lancées dans la réalisation de plateformes d’enseignement en ligne. L’Université de Lyon 1 a développé Spiral, aujourd’hui Spiral Connect, et l’Université catholique de Louvain a créé Claroline, aujourd’hui mondialement diffusée et portée par un consortium international regroupant, sous le nom de Consortium Claroline, 13 et bientôt 15 institutions d’enseignement supérieur, entreprises ou autres organisations issues de six pays.
Plébiscitées il y a 10 ans à peine, les plateformes pédagogiques actuelles sont devenues obsolètes en ne correspondant plus aux usages des utilisateurs.
C’est pourquoi Spiral Connect et Claroline ont décidé d’unir leurs efforts et leur savoir-faire pour créer une plateforme de nouvelle génération, permettant de satisfaire des usages variés dans des contextes variés, tant pédagogiques que de travail collaboratif, tant dans le monde de l’enseignement que dans celui de l’entreprise, une plateforme interconnectée avec son environnement proche mais aussi au coeur d’un réseau mondial, une plateforme ouverte sur le web d’aujourd’hui et les usages de demain.
L’idée de cette collaboration est d’offrir une alternative francophone, européenne et latine aux plateformes majoritairement anglo-saxonnes à l’échelle mondiale, tant dans le monde de l’enseignement que dans le monde de l’entreprise. Ce partenariat se construit aussi autour d’une vision partagée et socialement fondée sur le devenir de ces outils numériques.
Soutenus par la Région Rhône-Alpes en France, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne en Belgique, les deux partenaires souhaitent ainsi se positionner de manière innovante dans le monde du e-learning et proposer une véritable alternative européenne au modèle anglo-saxon. Plus de souplesse et de flexibilité, plus de simplicité d’usage, d’intuitivité, plus de stabilité, décloisonnement des cours et autres espaces d’activités, création de véritables écosystèmes de formations composées de ressources variées, d’activités collaboratives, implication des étudiants qui deviennent eux-mêmes acteurs et créateurs de ressources au même titre que les enseignants, connexion avec les applications administratives des organisations utilisatrices, déploiement d’un réseau mondial de plateformes interconnectées, ouverture à l’apprentissage tout au long de la vie, … tels sont quelques-uns des objectifs de cette nouvelle plateforme.