Enseigner la créativité en 2025
L’importance de la culture générale
Édith m’a dit que plusieurs collègues issus de différents collèges constatent que les élèves qui s’inscrivent en Arts visuels semblent arriver dans le programme avec une culture générale teintée par l’utilisation des réseaux sociaux. Les jeunes peuvent assouvir leur intérêt pour les arts en faisant défiler leur fil Instagram plutôt que de s’intéresser aux grands maîtres et aux courants artistiques du passé. Or, pour innover et être en mesure de définir et situer sa propre démarche artistique, il est utile de connaître ce qui a déjà été fait.
La complexification des tâches des personnes enseignantes
De plus, les techniques sont de plus en plus lourdes. Édith m’a raconté qu’elle avait enseigné une partie d’un cours de sculpture dans un Fab Lab et qu’elle avait été vraiment contente d’avoir accès à tous les outils qu’elle avait développés pour Arsenal. En effet, le contexte du Fab Lab aurait pu être un bloquant pour les élèves. Au Fal Lab, en plus d’enseigner la sculpture, Édith a dû former les élèves aux normes de sécurité et à l’utilisation des technologies. Dans un tel contexte, elle comprend bien que plusieurs élèves manquent de temps pour déployer un processus créatif riche et que plusieurs enseignants et enseignantes peinent à évaluer ce processus.
Aujourd’hui, les personnes enseignantes en arts visuels doivent maîtriser un éventail de compétences:
- des connaissances techniques et artistiques pointues
- des aptitudes pédagogiques
- une maîtrise des outils technologiques
- une compréhension approfondie des processus créatifs et des techniques d’enseignement liées à la créativité
Elles doivent également être en mesure de définir clairement ce qu’est un produit créatif et de transmettre explicitement les critères d’évaluation à leurs élèves.
Aussi, l’évaluation de la créativité gagne en pertinence lorsqu’elle s’appuie sur un dialogue constant avec l’élève, en suivant les différentes étapes du processus créatif:
- idéation
- réalisation
- observation
- ajustement
- regard critique
Une approche collaborative et réflexive sous la forme d’un cahier de bord ou d’outils guides numériques permet non seulement d’encadrer le projet de manière plus objective, mais aussi d’aider les personnes étudiantes à mieux comprendre les attentes en matière de créativité et à développer leur regard critique sur leur propre travail.
—Édith Croft
Pour dépasser l’idée initiale…
La créativité, ça s’apprend!
Plusieurs de mes collègues se demandent pourquoi les élèves s’arrêtent souvent à leur idée initiale. Ma réponse est qu’il faut leur enseigner la créativité! Il faut leur enseigner à faire des recherches sur internet, leur transmettre la méthodologie nécessaire pour développer un processus créatif.
Au-delà de ça, il faut aussi que l’élève et l’enseignant ou l’enseignante soient à l’aise avec l’évaluation de la créativité. Il faut qu’il y ait un cahier de bord ou un autre outil qui permette la coévaluation du processus créatif. Il faut qu’il y ait un dialogue entre le prof et l’élève, pour ne pas que la note devienne une sanction qui brime la créativité. [Le cahier de bord permet à l’enseignant de saisir le processus créatif de l’élève et d’appuyer son évaluation sur des faits. Grâce au dialogue qu’offre le cahier de bord, l’élève peut comprendre la note qu’il obtient pour son projet, sans sentiment d’injustice, et être réceptif aux rétroactions.]
Les enseignants et enseignantes ne doivent pas non plus avoir peur de refuser la 1re idée d’un étudiant ou d’une étudiante. Il ne faut pas craindre de confronter cette 1re idée à l’aide des techniques de la créativité portées par la recherche d’inspiration, le concassage ou la connectivité afin d’atteindre un projet plus signifiant. La création est un processus parfois déstabilisant mais où l’on gagne à sortir des sentiers battus.
J’ai lu des travaux de psychologues qui écrivaient que les jeunes de l’âge de nos élèves, au sortir de l’adolescence, quittent le monde de l’imaginaire et peuvent être rébarbatifs à y retourner. Dans les cours de dessin, de peinture, etc., l’élève qui a le plus de difficulté à être créatif, c’est celui qui a peur de lâcher prise. Certains étudiants et étudiantes disent qu’ils et elles «n’arrivent pas à dessiner». Je leur demande: «Est-ce que tu conduis avec les 2 pieds sur le frein?» Alors, au cas par cas, je peux leur suggérer de revisiter la carte heuristique, ou le remue-méninge, selon ce qui convient le mieux à la situation… Les outils d’Arsenal de la créativité peuvent vraiment aider à surmonter les blocages de ce type!
—Édith Croft
Un coffre aux trésors… à fouiller!
Il y a tant de ressources dans Arsenal de la créativité qu’il faut prendre le temps de naviguer sur le site pour découvrir pleinement tout ce qu’il a à offrir. Édith comparait cela à une visite muséale: il faut y consacrer au moins 45 minutes pour en apprécier la qualité; 3 clics ne suffisent pas!
Comment utiliser Arsenal de la créativité?
Le site comporte 2 catégories d’outils:
- outils d’accompagnement du processus d’idéation
- techniques de créativité
Techniques de créativité
Les techniques de créativité sont divisées en 4 catégories:
Chaque technique de création (comme le remue-méninge, le dessin automatique, l’association, le recadrage, etc.) est appuyée par des capsules sur l’histoire de l’art et des exercices riches et variés sont proposés.
Le texte des pages d’Arsenal de la créativité s’adresse principalement aux étudiants et aux étudiantes, mais certains passages sont spécifiquement rédigés pour le personnel enseignant (dans des encadrés intitulés «Notes de l’enseignant»).
Édith recommande aux enseignants et aux enseignantes de s’approprier le texte des pages.
Par exemple, une enseignante de sculpture pourrait vouloir provoquer l’imaginaire de ses élèves en leur présentant la technique de l’accident. Elle pourra leur livrer oralement les explications qui se trouvent dans la page de l’accident en utilisant un diaporama qu’elle aura créé à partir des œuvres citées en référence.
Ensuite, l’enseignante pourra proposer à ses élèves de réaliser l’exercice de documentation au sujet de l’accident qui est en ligne sur le site, puis leur soumettre un exercice de création. Elle pourrait aussi cibler l’un des exercices sur l’accident spécifiquement lié à sa discipline, la sculpture: «La sculpture: réparation de l’objet brisé» ou «La sculpture: simulation de l’accident». (Il y a des exercices en lien avec plusieurs disciplines artistiques: dessin, photographie, moulage, performance, etc.!) Ces exercices peuvent être réalisés pendant une séance de cours ou transformés en projets de plus grande envergure.