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24 mars 2015

Retour sur la première journée du REFER 2015

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

L’édition 2015 du Rendez-vous des écoles francophones en réseau (REFER) se tenait à Québec les 19 et 20 mars derniers. Avec plusieurs foyers dans la francophonie canadienne et à l’international, les participants au REFER étaient nombreux. Que ce soit en présence ou à distance, ils se sont rencontrés cette année pour échanger sur le thème « Le numérique à l’école : entre humanisme et utilitarisme ». Au menu : une table ronde numérique, des conférences et une panoplie d’ateliers donnés par des acteurs du milieu. Profweb a assisté aux conférences de la première journée du REFER, le 19 mars 2015.

L’éducation : entre humanisme et utilitarisme?

Les organisatrices du REFER, Nathalie Couzon et Monique Lachance, ont cité Milad Doueihi en ouverture de l’événement. « Si la machine peut faire rêver, c’est bien l’homme qui rêve! » : c’est en ces termes qu’a débuté cette deuxième édition des Rendez-vous. L’exploration des rapports entre la culture et la technologie en milieu scolaire n’est pas une simple affaire. Les organisatrices, tout comme les intervenants et conférenciers, l’ont souligné à maintes reprises : on ne peut pas simplement être « pour » ou « contre » la technologie en classe.

De nouveaux territoires pédagogiques se dessinent à l’horizon. Les nouvelles technologies modifient notre rapport au monde. L’école est évidemment touchée par ces changements auxquels, par ailleurs, elle participe. Si cette valse entre l’institution et son milieu, la plasticité de l’école et son esprit d’innovation, est évidente, la difficulté est de la penser en termes riches, clairs et rigoureux autour d’une question précise. C’est tout un défi d’être à la fois précis et évocateur… Les organisatrices et les intervenants du REFER, en abordant le numérique par la double fenêtre de l’humanisme et de l’utilitarisme, y sont parvenus.

La table ronde du 19 mars en a été un beau témoignage. Présidée par le journaliste Michel Dumais, elle était composée d’intervenants du Québec et de la France : Alexandre Enkerli (Vitrine technologie-éducation), Jean-François Gauthier (Institut de gouvernance numérique), Geoffroi Garon (technoanthropologue) et Sophie Pène (Université Paris Descartes).

C’est Geoffroi Garon qui a ouvert la discussion en soulignant la nécessité, pour les acteurs du milieu, de ne pas penser humanisme et utilitarisme sur le mode de l’opposition, mais plutôt sur celui de la complémentarité. Il a souligné que si l’école gagnait à intégrer les nouvelles technologies en classe, celles-ci pouvaient amplifier la portée de l’enseignement. Le monde du travail, lui, espère avant tout dénicher de bons communicateurs à l’esprit critique, et non des technocrates. Il y a moyen, selon lui, de rejoindre ces deux visées.

Michel Dumais a par la suite ajouté quelques éléments à ce portrait, affirmant que la discussion sur la place du numérique à l’école devrait naturellement inclure une réflexion sur la mission de l’institution. Qui doit-elle servir avant tout : le marché du travail? La société? Les parents? Les étudiants, qui sont aussi les penseurs de demain?

Jean-François Gauthier affirmait que nous sommes présentement en manque d’un modèle d’affaires et d’une stratégie renouvelée afin d’adapter l’école publique à l’ère du numérique. Poursuivre un projet numérique collectif devrait être l’une de nos priorités.

Sophie Pène soulignait l’importance, pour nos élites aussi bien que pour nos enseignants, de prendre conscience de l’apparition de nouveaux rapports au savoir et au pouvoir provoqués par les nouvelles technologies. Loin d’être nécessairement néfastes, ces changements sociétaux permettent à l’école de se rapprocher du monde, de créer de nouveaux lieux communs ainsi que de nouvelles formes de socialisation beaucoup plus horizontales que dans les siècles derniers.

Alexandre Enkerli abondait dans le même sens. Pour lui, toute technologie n’est pas toujours souhaitable : il existe plusieurs modèles d’apprentissage et plusieurs apprenants qui ne réagiront pas de la même façon aux nouvelles technologies. Cela dit, dans une perspective d’intégration, le numérique doit avant tout servir la différence et la singularité et permettre le développement de la pleine richesse de la culture humaine.

Ce ne sont là que quelques idées discutées pendant la table ronde. Les intervenants ont par ailleurs tous souligné l’importance du partage d’expertise et de la mise en réseau des enseignants, ce que propose le REFER par ce format d’activité.

Il y a fort à parier que ces discussions trouveront un écho dans le réseau collégial. Si le REFER a un mandat plus large touchant l’éducation en général, les questions qu’il pose et les solutions qu’il propose, cette année encore, sont inspirantes et visionnaires, et ce, que l’on enseigne au primaire, au secondaire, au collégial ou à l’université.

Pour en savoir davantage, je vous invite à consulter les actes du REFER 2015, qui visent à rassembler des artéfacts (comptes rendus, articles, images, vidéos) sur une base collaborative. Vous avez assisté à l’événement et vous souhaitez y déposer du matériel? Votre contribution sera bienvenue! Vous pouvez également surveiller la chaîne YouTube du REFER : les enregistrements vidéo des différents ateliers seront bientôt disponibles.

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Alexandre Enkerli
Alexandre Enkerli
27 mars 2015 20h58

Merci pour ce retour!

Lors de la deuxième journée, certains liens entre ordres d’enseignement ont pu être mis de l’avant.

Plus particulièrement, Yvon Fortin (prof retraité du Cégep Garneau) a suscité de belles réactions pendant une présentation haute en couleur. Contrairement à plusieurs collègues de l’enseignement supérieur, il notait la qualité du travail effectué en éducation primaire et secondaire.
http://educationalreflections.com/?p=116

Le contexte est bon pour parler de ce genre de chose. Maintenant que la plupart des étudiants au collégial ont suivi un parcours tracé par le Renouveau pédagogique et que le MESRS a fusionné avec le MÉLS, on peut penser à l’apprentissage dans un contexte très large.

D’ailleurs, un point qui semble revenir assez souvent, c’est qu’il y a plusieurs enseignants du milieu postsecondaire qui ne considèrent pas la part pédagogique de leur travail, se concentrant plutôt sur leur statut d’expert. On dirait pourtant que la pédagogie est au centre de beaucoup de préoccupations, au primaire et au secondaire.
Dans un tel contexte, les contacts entre divers spécialistes de l’apprentissage peuvent dépasser les clivages et encourager une «posture pédagogique» chez toutes celles et tous ceux qui enseignent.