Le Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) a récemment mis en ligne Simulations d’interventions en Techniques d’éducation spécialisée, une série de simulations en réalité virtuelle accessibles en ligne gratuitement. Pour en savoir plus, je me suis renseignée auprès de Johanne Carrier, Julien Marceaux et Mathieu Beauséjour.
Johanne Carrier est enseignante en Techniques d’éducation spécialisée au Collège Mérici et est la co-idéatrice du projet. C’est elle qui a développé les contenus et élaboré les arbres décisionnels et les scénarios.
Julien Marceaux est l’autre co-idéateur et le concepteur pédagogique du projet. Il est aujourd’hui expert en réalité virtuelle à la Faculté de médecine de l’Université Laval. Il était conseiller pédagogique au Collège Mérici lors de la conception de ce projet.
Mathieu Beauséjour est chargé du projet au Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD). Le CCDMD a produit les simulations et le matériel pédagogique qui les accompagne et les rend disponibles à tous et à toutes.
Simulations d’interventions en Techniques d’éducation spécialisée, ce sont 5 simulations en réalité virtuelle qui nous mettent dans la peau d’un éducateur spécialisé ou d’une éducatrice spécialisée qui intervient auprès d’individus ou de groupes.
Pour vivre pleinement les expériences immersives, le mieux est d’utiliser un casque de réalité virtuelle. (Il suffit de télécharger les fichiers APK des simulations.) Cependant, vous pouvez très bien utiliser un simple cellulaire ou une tablette pour visionner les simulations en vidéo 360°. Il est également tout à fait possible de visionner les vidéos 360° sur l’écran d’un ordinateur.
Le besoin à la source du projet
Johanne a d’abord enseigné les techniques d’intervention ( techniques de manipulation du comportement de Redl et Wineman) aux élèves qui étudiaient en Techniques d’éducation spécialisée les fins de semaine. Cette clientèle est généralement plus âgée, avec de l’expérience sur le marché du travail, souvent même de l’expérience en intervention humaine.
Johanne remarquait que ses élèves avaient beaucoup de difficultés à saisir les circonstances dans lesquelles chaque technique d’intervention doit être utilisée. Elle a alors eu l’idée de leur faire faire de l’improvisation. En équipe, les élèves devaient inventer une mise en situation. Puis, Johanne pigeait une mise en situation au hasard et les élèves qui l’avaient imaginée incarnaient «la clientèle». Une personne volontaire agissait comme l’éducateur spécialisé ou l’éducatrice spécialisée qui devait intervenir auprès de cette clientèle. Johanne et Julien ont constaté que les élèves comprenaient beaucoup mieux ainsi qu’avec les vignettes papier utilisées auparavant.
Toutefois, quand Johanne a ensuite donné le même cours à la formation régulière, l’improvisation a eu beaucoup moins de succès. Les élèves étaient plus timides et manquaient d’expérience pour inventer des situations réalistes ou incarner les clients et les intervenants de façon réaliste. Certaines personnes vivaient un gel total. Bref, l’improvisation n’était pas une stratégie d’apprentissage appropriée.
Cependant, les vignettes papier ne représentent pas un moyen inclusif de présenter de l’information à une population étudiante de plus en plus hétérogène. En effet, les habiletés de lecture déficientes d’un grand nombre d’élèves les amenaient à mal interpréter les situations présentées.
1re piste de solution: des simulations animées
Johanne a pensé que ses élèves de la formation régulière seraient sans doute plus à l’aise devant un ordinateur. Elle a eu l’idée de créer des simulations animées, avec un outil comme PowToon ou Animaker. Elle voulait produire de courtes séquences animées sous la forme de «scénarios dont vous êtes le héros». Cependant, la création de vidéos animées prend du temps.
Recherche de ressources et réorientation vers la réalité virtuelle
Pour obtenir des ressources afin de développer son projet, Johanne a cherché du soutien auprès de son collègue Julien Marceaux. Julien souhaitait trouver du financement pour monter un projet de simulation en réalité virtuelle similaire à ce qu’il avait développé précédemment en partenariat avec l’Université de Montréal. Ensemble, Johanne et Julien ont soumis le projet au CCDMD.
Production des capsules
Mathieu Beauséjour m’a expliqué que le projet de Johanne et Julien a représenté un beau défi technique et technologique pour le CCDMD, qui n’avait jamais développé de ressources en réalité virtuelle. Toutefois, le projet a pu bénéficier d’une équipe d’auteurs et d’autrices expérimentés dans le domaine, puisque Julien avait déjà réalisé plusieurs projets en réalité virtuelle. Il avait soumis au CCDMD un plan d’atténuation des risques (choix de la technologie, moyens de diffusion, documents techniques, pistes de solutions technologiques, etc.).
Le CCDMD est extrêmement fier du résultat et sait qu’il y a même eu de l’intérêt en France pour le projet. L’organisme espère avoir l’occasion de réaliser d’autres projets similaires dans le futur!
Johanne et Julien ont imaginé 5 simulations. Pour chacune, Johanne et Julien ont créé un arbre décisionnel qui représente les différents parcours possibles à l’intérieur de la simulation, en fonction des choix faits par l’élève. Il fallait s’assurer que l’action évolue de façon cohérente, peu importe les décisions prises par les élèves. Par ailleurs, Johanne et Julien ont fait appel à des collaborateurs et des collaboratrices (élèves, enseignants et enseignantes) pour réviser les scénarios et les arbres décisionnels.
Une fois le travail de scénarisation terminé, une firme de production, B-612, a tourné toutes les vidéos nécessaires et fait le montage.
Le résultat est d’une grande qualité!
Déroulement des simulations en classe
Comme concepteur pédagogique, Julien s’est assuré que le déroulement de la situation d’apprentissage suive le protocole prescrit en ce qui a trait à l’utilisation de la simulation comme outil de formation. C’est pour cette raison que l’activité se déroule en 3 phases. Un guide pédagogique rédigé par Johanne et Julien accompagne les enseignants et les enseignantes pour mener ces phases selon les règles, ce qui assure une valeur pédagogique à la vidéo en réalité virtuelle, qui sans cela, ne serait que de la vidéo 360.