Évaluation synchrone en reconnaissance des acquis grâce à Google Classroom et à la plateforme VIA
Le bureau de la reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) du Cégep de Sainte-Foy a toujours eu comme philosophie: « quelle que soit la provenance d’une personne candidate, celle-ci doit pouvoir être évaluée sans obligatoirement se déplacer dans nos murs. » Cette année, mes collègues conseillers en RAC et moi-même avons réussi à améliorer notre processus et la qualité du service offert aux personnes candidates grâce au soutien des conseillers pédagogiques TIC de notre cégep et aux expérimentations que nous avons réalisées. Nous vous partageons en toute humilité le fruit de nos expérimentations à petite échelle qui nous permettent actuellement d’offrir de l’évaluation à distance synchrone.
Volonté de mieux structurer l’évaluation à distance en RAC
Par le passé, nous arrivions à trouver des moyens pour répondre aux besoins en évaluation individuelle de quelques candidats qui habitent loin de notre collège ou qui sont dans l’incapacité de se déplacer, et ce, pour différents programmes que nous offrons (RAC pour obtenir un DEC en graphisme, en soins préhospitaliers d’urgence ou encore RAC pour obtenir une AEC en gestion de projet ou en bureautique). Au printemps 2015, nous avons décidé de revoir nos modalités d’évaluation à distance et de mieux structurer notre offre afin de proposer plus souvent cette possibilité à nos candidats. Toutefois, il était impératif que les changements n’influent pas sur la rigueur et la sécurité de nos évaluations.
Nous avions donc un problème à résoudre pour lequel nous ne connaissions pas la réponse! Nous sommes allées rencontrer Luc Blain, le conseiller pédagogique TIC de notre collège, qui a trouvé en la combinaison de 2 outils une solution prometteuse pour l’évaluation synchrone en RAC.
La technologie ne doit pas être un obstacle : trouvons les meilleurs outils!
Nous avons convenu que l’utilisation d’un environnement numérique d’apprentissage (ENA) était nécessaire afin d’y déposer des documents d’encadrement et les évaluations des candidats. La technologie ne devait pas être un obstacle, parce que l’offre d’un soutien technique sur mesure peut varier dans le temps et aussi parce que les compétences technologiques des publics cibles sont variables. En fait, il y a 2 publics cibles en RAC :
- la personne candidate en RAC est un adulte qui n’utilise pas nécessairement les TIC de façon courante selon le programme dans lequel elle est inscrite. La personne candidate se trouve seule chez elle pour faire ses évaluations;
- un spécialiste de contenu qui n’est pas nécessairement un enseignant mais un évaluateur susceptible d’avoir un emploi à temps plein et peu de temps pour s’approprier des outils compliqués. Ce dernier peut être habile ou non à utiliser la technologie, et peut remplir ses responsabilités en RAC le soir et les fins de semaine.
Il fallait donc que l’outil propose une interface intuitive et requière une petite courbe d’apprentissage afin qu’il ne décourage pas les utilisateurs. Rapidement, Google Classroom s’est imposé comme étant approprié, parce qu’il est facile à comprendre et à utiliser, autant pour les spécialistes de contenu qui préparent et corrigent plusieurs évaluations que pour les personnes candidates qui se trouvent seules chez elles pour compléter leur évaluation.
Google Classroom – La page d’accueil : ce que voit la personne candidate
Ensuite, nous avons étudié les mesures de sécurité ou les conditions à placer autour de nos évaluations afin que celles-ci ne se retrouvent pas sur la Toile ou encore deviennent disponibles à d’autres candidats à des moments inappropriés selon leur cheminement en RAC.
Concrètement, après avoir donné des accès « prof » à nos spécialistes de contenu, voici comment nous avons convenu d’utiliser Google Classroom pour rendre accessibles les évaluations aux candidats.
1 compétence/ classe | 1. Le conseiller pédagogique ou le spécialiste de contenu crée une classe dans Classroom pour chaque compétence d’un programme dont il est responsable et pour laquelle une évaluation en ligne est prévue. |
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1 devoir/classe | 2. Le spécialiste de contenu crée un devoir (c’est le vocabulaire Classroom) par évaluation par classe. |
1 ou plusieurs candidats/classe | 3. Le REPTIC crée le profil Google+ de la personne candidate à l’aide de son matricule.
4. Le jour de l’évaluation : le spécialiste de contenu invite le ou les candidats qui doivent être évalués à faire partie de la classe. 5. Lorsque le candidat remet son évaluation complétée : le spécialiste de contenu supprime l’accès à la classe à ce candidat, récupère les évaluations complétées et supprime les devoirs dans la classe. |
Une fois cette structure établie, nous avons réfléchi à la meilleure façon de décourager une personne mal intentionnée de tricher pendant qu’elle complète une évaluation en ligne. Grâce aux applications de bureautique Google, le spécialiste de contenu peut accéder au même document que la personne candidate et ainsi voir l’avancement de son travail en direct.
Google Classroom – page que voit la personne candidate lorsqu’elle ouvre un devoir ou une évaluation
Ensuite est venue l’idée de combiner Classroom à un outil de visioconférence afin que le candidat fasse son évaluation de chez lui tout en étant observé par son spécialiste de contenu (au même titre qu’un étudiant fait son évaluation en classe sous les yeux de son enseignant). En fait, il arrive parfois que plusieurs candidats soient prêts pour une évaluation (différente ou identique) au même moment. L’idéal était donc de trouver un outil qui permette à un spécialiste de contenu d’observer un certain nombre de personnes sans que ces personnes se voient. Nos recherches nous ont menés à la classe virtuelle VIA en activant la fonction « atelier ». Cette fonction permet de répartir tous les participants d’une même séance dans autant de salles individuelles, comme s’ils étaient dans des isoloirs. Ainsi, une fois réunis dans la salle virtuelle, le spécialiste de contenu demande aux candidats d’activer :
- leur micro
- leur caméra
- le partage d’écran de l’environnement.
Ainsi, le spécialiste voit tout ce que le candidat fait en plus de s’être “introduit” dans le document de travail Google.
Phase 1 : AEC en gestion de projet
Nous étions heureux d’avoir enfin trouvé une structure sécuritaire et stable pour offrir aux candidats la possibilité de procéder à leurs évaluations à distance, nous étions fins prêts à l’expérimenter!
Même si nous avions les papillons devant ce que nous étions maintenant prêts à offrir, nous voulions commencer à tester ces nouveaux outils avec un petit groupe pilote. Ainsi, au printemps 2015, nous avons regroupé 4 candidats de régions différentes inscrits en RAC à l’AEC en gestion de projet. Nous avons choisi ce programme parce que la réalité professionnelle de ces personnes fait en sorte qu’elles sont à l’aise avec la technologie et s’adaptent rapidement à de nouvelles situations. Nous pariions donc sur un groupe pilote avec peu de résistance afin de nous concentrer d’abord sur la structure, l’utilisation des outils et la sécurité des évaluations!
Avant de placer ces personnes en situation d’évaluation, celles-ci devaient compléter des exercices de familiarisation et regarder des tutoriels dans une classe d’initiation nommée « le Bac à sable » sur Google Classroom. Des rencontres d’information ont aussi eu lieu sur VIA. De cette façon, autant la navigation et la connexion internet que les fonctionnalités des outils ont pu être testées. Par ailleurs, ces étapes préalables à l’évaluation permettaient au spécialiste de contenu de créer un lien significatif malgré la distance qui le séparait des candidats, autant pour les accompagner que pour minimiser le plus possible la tentation de tricher. Nous avons été heureux de constater que les premières évaluations se sont bien déroulées!
Google Classroom – environnement où le spécialiste de contenu inscrit les consignes pour le devoir ou l’évaluation
Aussi, nous avons poussé notre expérimentation dans le cadre de l’AEC en gestion de projet plus loin en dénichant une licence infonuagique du logiciel Microsoft Project dont la maitrise correspond à une compétence à évaluer en RAC. Ainsi, lors de son évaluation, le candidat se connectait à la salle virtuelle VIA, activait son micro, sa caméra et son partage d’écran et faisait la démonstration de sa compétence en manipulant le fameux logiciel.
Phase 2 : AEC et DEC en bureautique
À l’hiver 2016, encouragés par notre projet pilote, nous poursuivons notre expérimentation en ajoutant l’évaluation à distance à une nouvelle discipline : la bureautique. Les personnes candidates de ce domaine sont aussi à l’aise avec la technologie. Cette fois aussi, 4 personnes ont accepté de tenter l’expérience à distance. Nous avons donc accompagné d’autres spécialistes de contenu dans leur appropriation de Google Classroom et les ateliers de la salle virtuelle VIA.
Accompagner dans les petits succès
Le terme « accompagner » revêt toute son importance dans un contexte d’innovation technologique.Il suffit parfois qu’une personne vive une expérience plus ou moins concluante pour que sa motivation diminue et qu’elle abandonne. Il est important que cette personne vive des succès, selon la théorie des petits pas, pour l’encourager à persévérer.
Nous avons donc pris le temps d’accompagner nos spécialistes de contenu pour qu’ils se sentent en confiance et à l’aise, afin qu’à leur tour ils puissent bien accompagner les candidats. Encourager la création d’une relation socioaffective malgré les kilomètres de distance est aussi un élément considéré en RAC !
Nous retenons
Nos expérimentations se sont bien déroulées et nous sommes très heureux d’avoir trouvé une solution technopédagogique pour mieux répondre aux besoins et aux réalités de nos candidats en RAC. Nous continuons tranquillement à déployer nos efforts pour permettre aux personnes désireuses d’obtenir leur diplôme dans des conditions gagnantes, fiables et sécuritaires.
À ce sujet, nous observons quelques bonnes pratiques dans le cadre d’évaluation en ligne à distance. En fait, il est préférable que le même spécialiste de contenu soit responsable d’une personne candidate, de la rencontre d’information jusqu’à la dernière évaluation pour:
- minimiser les risques de plagiat,
- s’assurer que c’est la bonne personne qui remplit l’évaluation,
- maintenir un bon lien de confiance du début à la fin.
Pour les mêmes raisons, il faut toujours que le visage du candidat soit visible ainsi que le partage d’écran activé. D’ailleurs, nous avons découvert le rapport du REFAD de Lucie Audet sur l’évaluation en ligne qui nous permet de prolonger notre réflexion sur le sujet.
Notre virage technopédagogique continue de s’opérer, et nous ajustons nos pratiques pour maintenir la rigueur et la qualité dignes d’un diplôme d’études collégiales!
Félicitations pour cet excellent récit qui met en lumière la pertinence tant pédagogique qu’organisationnelle du recours aux TIC dans un contexte particulier. La solution est originale et elle a pu être trouvée grâce à la collaboration de gens possédant des expertises à la fois différentes et complémentaires. Merci !
Et bien Nicole, je suis tout à fait d’accord avec toi! Tu as relevé l’importance du travail d’équipe et l’avantage de jumeler les expertises des gens autant de la formation continue que de la formation ordinaire (je n’aime pas beaucoup ce terme!). Les technopédagogies permettent de dépasser les frontières géographiques, mais c’est aussi vrai pour celles à l’intérieur d’un même cégep!
Aura-t-on la chance de lire d’autres récits de collaboration « interservices » sur Profweb dans les prochains mois? 🙂
Bravo à l’équipe ! Vous avez fait un bon coup pour l’accessibilité des études. Valider l’identité des étudiants à distance n’est pas toujours évident. Je crois que votre exemple va inspirer d’autres services RAC dans le réseau. C’est important pour la pérennité des formations avec un encadrement à distance que la tâche de la personne-ressource qui supervise/évalue les candidats/étudiants soit raisonnable, sinon la ressource risque de s’épuiser assez rapidement.
La formation manquante à distance, l’évaluation à distance ainsi que la certification sont d’actualité. Un jour, nous serions peut-être en mesure d’offrir ces services à la clientèle immigrante dès le moment qu’elle reçoive le certificat de sélection de Québec, avec l’harmonisation des efforts des ministères concernés.