Et si…
Les enseignants-robots vont exercer pour la 1re fois au Québec!
La 1re cohorte
Le mercredi 21 août 2050 marque le début de ma 1re journée au cégep et c’est un moment décisif dans ma vie d’étudiante! Je ressens une immense fierté à l’idée de faire partie de la 1re cohorte du Cégep du Futur, le tout 1er établissement d’enseignement supérieur entièrement numérique et dans lequel les cours sont délivrés principalement par des robots-enseignants.
Mes parents ont fait énormément d’efforts pour que je puisse participer à cette aventure! Obtenir tous les prérequis n’a pas été évident, mais on y est arrivé.
Voici une petite liste de ce que nous avons dû réaliser pour que je fasse partie de la 1re cohorte du Cégep du Futur:
- On a injecté une micropuce (un petit implant électronique de la taille d’un grain de poivre) dans mon poignet. Cela permettra aux services de santé éducatifs d’activer mon jumeau numérique pour surveiller mes signes vitaux ainsi que ma santé mentale et de m’accompagner au mieux dans mon parcours scolaire.
- J’ai signé le consentement de gestion de mes données personnelles par l’établissement et j’ai autorisé les interactions avec les robots-enseignants.
- J’ai envoyé mon test ADN qui permettra au besoin de faire une demande de réécriture génomique s’il y a une divergence avérée dans mon code génétique qui défavoriserait mon parcours scolaire de ma descendance.
- J’ai transmis mon portfolio numérique, qui me suit depuis mon entrée à l’école. Cela a permis aux équipes éducatives de déterminer mon profil d’apprenante et de me suggérer les cours qui me permettront le mieux d’atteindre mes objectifs.
Vous savez, je veux devenir chirurgienne orthopédiste transhumaniste: pour cela, je dois absolument réussir mes cours au cégep et avoir l’aval du comité d’évaluation qui décidera de mon entrée à l’université après l’analyse de mon jumeau numérique.
En attendant, la situation géographique de mon nouveau cégep est magnifique!
Situé dans la petite ville paisible de Chambord, au bord du lac Saint-Jean, le cégep est niché au pied d’une colline entourée de bosquets et de petits étangs. Il y a aussi un dôme pour la microagriculture qui fournira les denrées qui permettront d’alimenter la salle de repas du cégep.
Technologies de pointe
L’établissement est le résultat d’un projet qui a longuement été réfléchi. C’est un concept unique au monde, qui exploite les meilleures technologies disponibles dans le domaine de l’éducation:
- l’intégration de la biotechnologie dans le système éducatif
- la fusion de l’humain et de la machine, qui a créé des humains augmentés
- l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) pour accompagner les mentors éducatifs
Bien sûr, l’IA a progressé au point où elle peut remplacer les enseignants et les enseignantes dans de nombreuses matières. Le cégep a donc décidé de franchir le pas et d’introduire des robots-enseignants dans toutes les filières.
La résistance de nombreuses communautés éducatives a bloqué le projet pendant des années en faisant fi du déclin des inscriptions dans les établissements d’enseignement supérieur. On a beaucoup parlé d’éthique au début, de protection de données, de biais, et puis, petit à petit, la technologie a permis de résoudre de nombreux problèmes causés avant tout par l’humain grâce à l’apprentissage profond. Les machines ont elles-mêmes fini par comprendre comment apprendre comme des humains, puis elles ont fait des suggestions des propositions que l’humain a acceptées. Aussi, en l’espace de 10 ans, les inscriptions dans les établissements du réseau de l’éducation et de l’enseignement supérieur ont décliné de manière significative.
La résistance
Mes parents se souviennent encore de l’annonce officielle du projet. À l’époque, la transition a immédiatement suscité la controverse parmi les élèves et le corps professoral.
Les enseignants et les enseignantes craignaient pour leurs emplois et les valeurs portées par l’éducation, tandis que les élèves redoutaient de perdre l’interaction humaine qui faisait partie intégrante de l’expérience collégiale.
Le groupe les « Gardiens de l’éducation » s’est formé pour résister à cette grande révolution numérique. De grands rassemblements ont eu lieu, des manifestations pacifiques, des pétitions et même des débrayages de plusieurs mois pour faire pression sur les décideurs et décideuses.
Malgré les protestations, le projet du Cégep du Futur a fait son chemin. Notre enseignement est réparti en 2 phases:
- les phases théoriques, conduites par les robots-enseignants
- les phases de pratique, de partage et de codéveloppement, gérées par le personnel enseignant.
Ces 2 phases ont été conçues, codéveloppées et surveillées par toute une équipe éducative.
Les 1res semaines ont été difficiles. Les élèves se plaignaient du manque de chaleur humaine, du caractère impersonnel des robots-enseignants et de leur absence d’empathie et d’intelligence émotionnelle. Puis, au fil du temps, les robots se sont adaptés et ont personnalisé leur enseignement en fonction des besoins de chaque élève. Nos résultats scolaires se sont améliorés et les enseignants et enseignantes ont eu vraiment le temps de nous connaitre et de devenir de véritables mentors et mentores pour nous.
Des défis inattendus
Un jour, en plein milieu de la session d’hiver, des problèmes inattendus sont survenus. Les robots-enseignants, piratés, véhiculaient des informations complètement abracadabrantes, ce qui a entraîné des perturbations majeures dans l’établissement.
Les autorités suspectaient les « Gardiens de l’éducation » et la direction du cégep a fait appel à des IA en cybersécurité pour renforcer la défense du système. Les robots-enseignants ont été mis à jour avec des logiciels de sécurité améliorés. Mais cet événement nous a marqués.
Avec le soutien de mes parents, nous avons tout mis en œuvre pour que je puisse réussir. La technologie jouera un rôle essentiel dans tous les aspects de mon développement professionnel. Je m’efforcerai d’être une citoyenne exemplaire capable de résoudre des problèmes, d’utiliser ma métacognition, d’exceller dans tous les domaines où je suis bonne. Tout cela dans l’espoir d’un monde idéal, dans la meilleure des réalités.
Bonjour, J’aimerais savoir pourquoi vous avez écrit ce texte. J’avoue que son intention m’échappe. Vous pensez vraiment que c’est une bonne chose de remplacer des professeurs par des robots et que c’est l’un des buts que l’on devrait viser?
Bonjour Jean et merci pour ce commentaire.
L’objectif de cet article fictionnel n’est pas de dire que l’équipe d’Éductive voudrait que les robots remplacent les enseignants, au contraire ! Il s’agit de proposer plusieurs scénarios fictionnels afin de susciter des réflexions comme vous le faites d’ailleurs! 😉
Actuellement, des essais sont faits en Asie, notamment à Hong Kong et Taiwan, pour l’usage d’une IA générative qui accompagnerait les ateliers pratiques en apprentissage des langues.
Le scénario est futuriste et n’est pas écrit pour proposer des alternatives, mais pour réfléchir à des avenirs qui peuvent être possibles.
Sommes-nous préparés à cet avenir ? Pourrons-nous adapter nos pratiques ? Y a-t-il que du mauvais dans ces avancées technologiques ? À nous de voir et d’y réfléchir ensemble. Pour cela, il faut pouvoir s’y préparer, d’où le développement de la littératie des futurs et cette proposition de série d’articles fictionnels qui peuvent servir de base de réflexion.
Je vous invite à le partager et à en parler à vos collègues.