La réalité augmentée: pas de valeur ajoutée dans notre cours
Une première familiarisation avec les technologies nous a permis de constater que, contrairement à ce que nous pensions au départ, la réalité augmentée n’était pas particulièrement intéressante pour notre cours.
La réalité augmentée permet, par exemple, de filmer une personne avec une tablette et de voir sur l’écran de la tablette, non seulement la personne que l’on filme, mais la position exacte de ses poumons ou de son estomac, etc. (Une représentation 3D d’un organe ou d’un système anatomique peut se superposer en temps réel à l’image filmée sur l’écran.)
Cela peut être très intéressant dans d’autres contextes, comme Soins infirmiers. Par exemple, avec des applications comme Complete Anatomy [en anglais] (en anglais seulement) ou Human Anatomy Atlas [en anglais] (moins facile à utiliser mais disponible en français), une apprentie infirmière peut voir exactement là où se trouvent les organes qu’elle doit ausculter.
Mais notre cours à nous vise plutôt à ce que les étudiants comprennent les interactions entre les organes et leurs fonctions. En visualiser la position exacte sur une personne donnée n’est pas particulièrement pertinent.
Nous avons donc écarté la réalité augmentée des options à retenir.
La réalité virtuelle: des possibilités impressionnantes
La réalité virtuelle offre des options très intéressantes pour nous.
La réalité virtuelle demande de porter un visiocasque. L’utilisateur ne voit plus le monde réel, mais se trouve immergé dans une autre réalité, un monde virtuel.
Après de premiers tests sommaires avec l’équipement de Benoît Ozell, nous avons fait nous-mêmes l’acquisition de 3 visiocasques pour faire des tests:
- Valve Index
- HTC Vive Pro
- Oculus Quest 2 (le moins cher des 3, mais requiert que l’utilisateur ait un compte Facebook, ce qui pourrait poser un problème légal)
Nous avons utilisé ces 3 casques avec une connexion filaire à un ordinateur, car aucune application pour l’étude de la biologie ne pouvait être installée directement sur l’Oculus Quest 2.
2 applications intéressantes: 3D Organon et Sharecare You
Dans la liste d’outils que nous a fournie la Vitrine technologie-éducation (Éductive), 2 ont semblé avoir un réel potentiel dans notre enseignement:
- 3D Organon (75 $)
- Pour l’anatomie seulement
- La version de base est peu coûteuse et est très intéressante, mais en anglais seulement. Une version plus complète est disponible en français, mais elle est nettement plus dispendieuse.
- Sharecare You (45 $)
- Surtout pour l’anatomie, mais aussi un peu pour la physiologie
- En anglais seulement
Les 2 applications permettent de visualiser des structures du corps humain en 3D et de les manipuler à sa guise. Ce peut être un squelette, un cœur, un cerveau… Il y a certaines structures que l’on peut voir en coupe.
Sharecare You permet aussi d’étudier quelques notions de physiologie:
- On peut être placé devant une vessie que l’on observe se remplir. Puis, on peut simuler un problème médical en modulant une variable et voir comment cela affecte l’activité de la vessie.
- On peut observer un vaisseau sanguin et voir l’impact de l’augmentation du taux de cholestérol sur sa fonction.
- etc.
C’est vraiment très pertinent, mais il n’y a que quelques simulations de ce genre dans l’application.
Utiliser la réalité virtuelle sous la forme d’une « station » de laboratoire
Nous avons constaté que nous ne pourrions pas nécessairement implanter cette technologie dans un groupe complet d’étudiants qui vivraient tous l’expérience en même temps.
- Ça prend de l’espace, 32 étudiants qui ont chacun un visiocasque et bougent en même temps!
- Le coût serait astronomique. Chaque casque requiert un ordinateur, ce qui revient à environ 3500$ par étudiant. En avoir 32 n’est pas réaliste.
- Il peut être difficile d’encadrer 32 étudiants déconnectés de la réalité qui s’initient à la technologie tous en même temps.
Pour pallier ces problèmes, notre idée est d’exploiter la réalité virtuelle lors d’un laboratoire sous forme de stations. Ainsi, des équipes d’étudiants pourraient réaliser une série d’activités en rotation. Par exemple, pendant que 4 étudiants feraient une simulation en réalité virtuelle:
- 4 autres observeraient une image 3D d’une structure anatomique à l’aide d’une tablette électronique
- 4 autres pourraient récolter des données sur leur métabolisme (électrocardiogramme, spirométrie, etc.) et les analyser
- etc.
Développer une application de réalité virtuelle sur mesure (sans réinventer la roue)
Les applications 3D Organon et Sharecare You ont des lacunes pour l’enseignement de la biologie au niveau collégial, mais demeurent très intéressantes. Et surtout, elles existent déjà. Il ne sert à rien de vouloir les répliquer! Notre partenariat avec InVisu nous offre la possibilité de combler certaines de ces lacunes afin de mieux répondre à nos besoins.
De quoi avons-nous vraiment besoin dans notre enseignement qui n’existe pas déjà sur le marché?
- Des outils utiles pour l’évaluation (formative)
- Les applications existantes offrent des questionnaires formatifs, mais ceux-ci ne sont pas modulables. L’enseignant peut choisir, par exemple, le système sur lequel l’évaluation va porter, mais il ne peut pas sélectionner les questions.
Ainsi, le questionnaire peut inclure des questions portant sur des éléments qui n’ont pas encore été vus dans le cours ou qui ne seront pas vus, les structures peuvent être nommées différemment, etc.
- Les produits sur le marché proposent tous des questionnaires en anglais seulement.
Nous aimerions donc développer une application sur tablette qui permet des évaluations formatives que l’enseignant peut moduler pour répondre à ses besoins, tout en étant accessible à tous les étudiants simultanément
(Pour éviter de pénaliser les étudiants moins à l’aise avec les technologies, nous n’envisageons pas, pour le moment, d’utiliser la réalité virtuelle pour l’évaluation sommative.)
- Davantage de brèves simulations en réalité virtuelle, adaptées aux thèmes que nous voulons aborder dans nos laboratoires de physiologie
- Les simulations de Sharecare You, comme celle de la vessie que nous avons mentionnée précédemment, nous semblent vraiment pertinentes pour notre enseignement. Il ne s’agit pas simplement de visualiser un organe, mais aussi de comprendre les paramètres qui affectent sa fonction. De plus, comme ce genre de simulation s’utilise très bien en un temps limité, c’est parfait pour notre idée de laboratoire en stations. Il nous en faut plus que ce qu’il y a sur Sharecare You!
Par exemple, les étudiants pourraient:
- visualiser l’impact de la variation de la pression sanguine sur les échanges avec les cellules
- voir ce qui arrive si les protéines plasmatiques ne sont pas produites
- etc.
Vivre la simulation en immersion complète, avec un visiocasque, la rend marquante pour les étudiants et favorise l’apprentissage.
InVisu travaille à développer cela pour nous et rendre les applications accessibles à travers le réseau collégial.
Un cours dans lequel la réalité virtuelle occupe une place centrale
L’un des inconvénients d’utiliser la réalité virtuelle lors d’un laboratoire sous forme de stations est que chaque étudiant ne sera en contact avec la technologie que pour une dizaine de minutes. Nous sommes convaincus qu’ils en voudront plus!
Nous croyons sincèrement au potentiel pédagogique du numérique. Pas seulement comme substitut à certaines activités traditionnelles, mais comme une option avec une réelle valeur ajoutée.
Je viens de tomber sur un texte portant sur le questionnement de certains enseignants du secondaire à l’égard de l’utilité pédagogique des dissections. Je trouve intéressant de comparer nos réalités!