La téléprésence comme moyen d’accommodement au collégial
Lorsque la VTÉ a proposé aux Services adaptés du Collège de Bois-de-Boulogne de participer à une expérimentation portant sur l’utilisation de la technologie comme soutien aux étudiants en situation de handicap (ÉSH), j’ai immédiatement été emballée. Soucieuse de mener cette expérience à terme, j’ai d’abord évalué le temps qu’il m’était imparti, puis j’ai estimé qu’il était possible de mobiliser les énergies et les ressources exigées pour la session automne 2015. La présence d’un dispositif d’apprentissage en téléprésence, baptisé affectueusement TICO par l’étudiante utilisatrice, a fait jaser la communauté boulonnaise, a généré une quantité impressionnante de communications, a engagé un grand nombre de ressources et a eu des effets sur l’enseignement et sur l’accessibilité à l’apprentissage.
Dès que le mot a commencé à circuler, les réactions se sont fait entendre. D’une part, on pouvait en conclure que certains avaient peur que ce genre de dispositif remplace le type d’enseignement dit traditionnel. On pouvait, d’autre part, percevoir l’enthousiasme des curieux et des amoureux de la technologie. Certains ont aussi souligné l’importance que cette expérience pouvait avoir quant à l’accessibilité à la salle de classe pour les ÉSH.
En vue d’orchestrer l’utilisation de TICO dans le milieu, plusieurs processus ont dû être créés considérant les particularités de l’environnement physique du Collège (ex. : la présence de deux pavillons accessibles de l’extérieur seulement) ainsi que du contexte collégial (ex. : un programme de formation spécifique et un programme de formation générale). Plus particulièrement, trois accompagnateurs physiques ont dû être engagés et formés afin de mouvoir TICO lorsque nécessaire. La formation des accompagnateurs était requise, notamment puisque le réseau Wi-Fi n’était pas disponible de manière fiable dans les salles de classe. Voulant assurer la disponibilité du réseau Internet lors de l’utilisation de TICO, il a été nécessaire de tester le réseau, de se procurer un modem et de s’assurer que les accompagnateurs puissent l’installer convenablement. Il va sans dire que ceci a exigé un nombre important de communications entre les différents services concernés. De plus, un système de communication efficace a dû être établi entre l’étudiante et ses enseignants, puis entre l’étudiante et les accompagnateurs. Que de processus!
De surcroit, il est évident que la présence en classe d’un tel dispositif apporte son lot d’appréhension de la part des enseignants. Les principales inquiétudes ont été en lien avec l’enregistrement non autorisé du cours. Afin de diminuer l’inconfort suscité par cette possibilité, une attestation écrite a été signée par l’étudiante et ses parents, explicitant les limites de l’utilisation de TICO.
En ce qui a trait aux caractéristiques didactiques de l’enseignement, il me semble important de souligner que lors de l’expérimentation, aucune modification n’a dû être apportée. Ainsi, outre la communication avec l’étudiante et l’attention relative au déplacement, la téléprésence n’a exigé aucun travail supplémentaire de la part des enseignants.
Enfin, la condition médicale permanente de l’étudiante entraine des limitations significatives. En contexte scolaire, elle se retrouve donc en situation de handicap. Elle se voit parfois même dans l’impossibilité de se présenter en classe. Le dispositif d’apprentissage en téléprésence s’est avéré être une excellente façon de pallier ce handicap. Il lui a permis de participer activement à ses cours, malgré sa condition. En matière d’accommodements, il s’agit d’une piste intéressante à explorer. Les aides technologiques et les fonctions d’aide sont déjà au cœur des accommodements offerts aux ÉSH au collégial. Est-ce que, d’ici quelles années, les dispositifs favorisant la télépresence feront partie des accommodements raisonnables offerts en contexte scolaire? Il en tient qu’à nous d’en tester l’efficience et la viabilité.