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19 février 2012

Les applications pédagogiques de Twitter

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Table des matières

  1. État de la question
    1. Description de l’outil
    2. Définition
    3. Exemple de profil
    4. Accueil
    5. Différents logiciels en lien avec Twitter
    6. Caractéristiques technopédagogiques de l’outil
  2. Dans la pratique
    1. Appropriation de l’outil dans sa pratique professionnelle
    2. Une démarche pour l’utilisation avec ses étudiants
    3. Exemples d’intégration en classe
    4. Limites et défis
    5. Évaluation
  3. Références utiles
    1. Exemples d’enseignants qui ont utilisé le microblogue
    2. Exemples d’utilisation pédagogique
    3. Trucs techniques
    4. Témoignages
    5. Autres ressources consultées

État de la question

En 2009, un dossier décrivait le blogue comme un site web tenu par un ou plusieurs blogueurs qui publient librement des billets dans un journal de bord antéchronologique. Les blogueurs bénéficient d’une plateforme qui leur permet d’enrichir facilement leurs billets d’hyperliens et de médias. Les lecteurs, quant à eux, peuvent laisser des commentaires et le blogue peut devenir un lieu d’échanges ou de débat.

Depuis, le microblogue s’est développé. Il s’apparente au blogue à plusieurs niveaux; parmi les différences, notons que les contributions doivent tenir en moins de 140 caractères.

C’est en 2007 que le petit oiseau a lancé ses premiers gazouillis, permettant au phénomène de microblogage de gagner des milliers d’adeptes. Il est difficile de connaitre le nombre exact de microblogueurs : en 2010, ils auraient été 25 millions selon le CEFRIO et 105 millions selon le Huffington Post.

L’outil de microblogage le plus connu est le site Twitter. Mais qu’est-ce que Twitter? Dans un article paru en 2009, Bruno Guglielminetti mentionnait que Twitter permet la communication et que « de plus en plus, l’outil commence à devenir un outil de diffusion et de promotion ».

Description de l’outil

Le microblogue est un puissant outil qui allie les fonctionnalités du Web 2.0; il permet de communiquer avec d’autres sites (dont Facebook), il est convivial et disponible en ligne.

La croissance de l’utilisation de Twitter ne fait pas de doute : entre février 2008 et février 2009, son nombre d’utilisateurs a crû de 1 382 %. Mais qu’en est-il au Québec? En 2010, le CEFRIO s’est penché sur la question et publiait  que l’utilisation demeure encore marginale au Québec. En effet, un internaute sur dix exprimerait des commentaires sur une plateforme de microblogage. Toujours selon le CEFRIO, c’est 26 % des internautes de 18 à 24 ans qui utilisent le microblogage.

Définition

Twitter est un outil de microblogage permettant de partager des réflexions, des commentaires, des liens ou autres dans un maximum de 140 caractères. Sur Twitter, il est nécessaire d’avoir un compte afin de s’abonner à d’autres comptes pour entrer dans l’action. On ne possède donc pas un microblogue, comme on peut posséder un blogue.

Le site offre la possibilité de se créer un réseau d’intérêt et d’accéder aux publications d’individus, d’organismes ou de compagnies ayant un compte Twitter afin de partager de l’information et de promouvoir leurs produits et services.

Un vocabulaire et des mots-clés propres à l’outil se sont développés. Pour être à l’aise sur Twitter et en tirer le maximum de bénéfices, voici quelques termes avec lesquels vous pouvez vous familiariser :

Gazouillis (Tweet)
Le contenu diffusé. Un gazouillis possède des caractéristiques comme l’auteur, l’heure à laquelle il a été envoyé, l’outil utilisé pour le faire. Il contient essentiellement du texte, des liens vers des sites, des documents, des images, des vidéos et si vous le désirez, votre géolocalisation.
Gazouilleur (Twitteur)
L’auteur du gazouillis.
RT (Retweet)
Il s’agit d’un code utilisé afin de rediffuser dans votre propre réseau un gazouillis que vous avez trouvé intéressant. À la suite du mot-clé RT, on inscrit le nom d’utilisateur de l’auteur du gazouillis.
@nom
Lorsqu’on s’adresse à un utilisateur en particulier, ou lorsqu’on veut mentionner un gazouilleur dans un gazouillis, on inscrit un @ suivi du nom d’utilisateur. Un lien vers la page de cet utilisateur est automatiquement disponible pour tous ceux qui consultent le gazouillis.
Mot-clic (Hashtag)
Constitué d’un dièse suivi d’un mot-clé (ex. : #aqpc), un mot-clic permet d’identifier un gazouillis. Un lien est automatiquement créé et permet une recherche vers tous les gazouillis identifiés par le même mot-clic. Par exemple, lors d’évènements, les participants peuvent utiliser un mot-clic rendant ainsi disponibles tous les gazouillis référant à cet évènement, que les lecteurs soient sur place ou non.
Messagerie directe (DM)
Si la plupart des échanges se font publiquement, il est possible pour deux utilisateurs de communiquer entre eux de façon privée en utilisant cette fonctionnalité. Il s’agit d’une messagerie interne dont le fonctionnement est semblable à celui d’un système de courriels, mais le contenu des échanges doit tenir en moins de 140 caractères.

Voici un exemple de gazouillis

Il y a deux interfaces principales à Twitter : le profil et l’accueil.

Exemple de profil

Le profil, c’est ce que voient les gens qui consultent votre page, inscrits ou non à Twitter (à moins que vous n’ayez protégé votre profil).


Exemple d’un profil Twitter

Mention
Contenu que vous avez diffusé ou rediffusé.
Favoris
Les gazouillis que vous avez identifiés comme favoris (disponibles pour vous et le public).
Abonnements (following)
Liste des utilisateurs que vous suivez (leurs gazouillis s’affichent lorsque vous vous connectez). Les abonnements ne sont pas nécessairement réciproques : un gazouilleur peut suivre le contenu diffusé par un autre gazouilleur sans que l’inverse ne se produise.
Abonnés (followers)
Liste des utilisateurs qui vous suivent. Les abonnés ont accès aux gazouillis que vous diffusez sur leur page d’accueil.
Listes
Vous pouvez utiliser les listes pour gérer vos abonnements. Elles vous permettent de regrouper des gazouilleurs selon vos critères et de consulter uniquement leurs gazouillis.

Accueil

Le contenu diffusé par les gens que vous suivez apparait dans l’accueil.


Exemple d’un fil Twitter

Fil
Contenu que les gens que vous suivez diffusent.
Mentions
Lorsqu’un gazouilleur écrit un @ suivi de votre nom d’utilisateur (pour s’adresser à vous ou pour vous mentionner dans un gazouillis), le gazouillis est listé dans la section  mentions et vous recevez un courriel de notification.
Activité
Il s’agit d’un résumé des actions des gazouilleurs que vous suivez. On y retrouve leurs abonnements récents, les gazouillis qu’ils ont repris et les gazouillis qu’ils ont marqués comme favoris.
Recherche
Ce sont les recherches que vous avez sauvegardées afin d’accéder rapidement aux gazouillis portant sur un sujet ou sur un évènement.
Listes
Ce sont les mêmes listes que celles du profil.

Différents logiciels en lien avec Twitter

Des outils ont été développés afin d’interagir avec Twitter dans un environnement différent de celui qu’on retrouve sur le site officiel. Les concepteurs de ces applications ont ajouté des fonctionnalités pour faciliter la lecture ou la diffusion de gazouillis.

Des outils complémentaires à Twitter se développent continuellement. Comme il s’agit d’une introduction à l’outil, nous vous recommandons l’article de Luc Dupont pour consulter une liste des 100 meilleurs outils en lien avec Twitter. Les sections les plus intéressantes pour une utilisation en éducation sont :

  • Les logiciels clients (TweetDeck, Seesmic, etc.)
  • La créativité (pour partager autre chose que du texte, comme des photos et des balados)
  • Les outils pour les téléphones mobiles

Caractéristiques technopédagogiques de l’outil

En plus des caractéristiques technologiques (dont la facilité de publication et la consultation asynchrone) et pédagogiques (notons la pratique réflexive et la possibilité d’interactions) des blogues, l’utilisation de microblogues dans un contexte pédagogique permet d’exploiter les caractéristiques technopédagogiques suivantes :

Donner accès à une communauté

Les enseignants peuvent diffuser de l’information et en récolter concernant leur domaine de spécialisation. Beaucoup de compagnies et d’organisations possèdent un compte sur Twitter et y partagent de l’information concernant leur industrie. Il s’agit donc d’un excellent outil de veille qui donne aussi la possibilité aux étudiants de se créer un réseau dans le domaine dans lequel ils étudient.

Participer à des événements

Plusieurs organismes assurent la couverture médiatique de leur événement avec Twitter, ce qui s’avère utile tout autant aux gens présents (par les échanges de points de vue) qu’à ceux qui ne le sont pas (par la promotion qui se fait et l’accès à une partie de l’information partagée). Les gazouilleurs utilisent des mots-clics pour identifier tous les gazouillis en lien avec l’évènement, ce qui permet de les répertorier. Avec le mot-clic #aqpc2011, il a été possible d’obtenir beaucoup d’informations au sujet du colloque de l’AQPC, qu’on ait été présent ou pas. Cette pratique est aussi utilisée pour des évènements qui se tiennent exclusivement sur Twitter, comme c’est le cas pour les #claved tenus par et pour des enseignants. Un animateur propose des questions sur Twitter en lien avec le thème de la semaine et les professionnels de l’éducation échangent sur le sujet. Il est possible de participer en recherchant les gazouillis identifiés et en y partageant son point de vue.


Exemple d’un événement sur Twitter (mot-clic #claved)

Soutenir l’apprentissage collaboratif

Twitter permet de poser des questions à un réseau de spécialistes, de soumettre des idées et de les faire évoluer en fonction des interactions avec les autres gazouilleurs. Les étudiants peuvent utiliser Twitter pour documenter leurs recherches et obtenir des rétroactions sur les gazouillis qu’ils diffusent.

Il est à noter que Twitter peut être utilisé en classe lorsque les étudiants n’ont pas tous accès à un poste informatique : il est facile de consulter le site et d’y contribuer à partir d’un appareil mobile.

Dans la pratique

Appropriation de l’outil dans sa pratique professionnelle

Vous pouvez vous familiariser avec le microblogage en commençant par en faire un outil de veille dans votre domaine; vous pouvez vous rendre surTwitter et faire une recherche afin de voir si des gens ou des organismes de votre domaine sont actifs sur Twitter. Il est possible de consulter des comptes Twitter sans être connecté, mais pour profiter pleinement du potentiel de Twitter, il est préférable de vous créer un compte. Pour vous créer un compte :

  • Rendez-vous sur Twitter, indiquez votre nom complet, votre courriel et choisissez un mot de passe.
  • Choisissez votre nom d’utilisateur, de préférence un nom court (pensez à la limite des 140 caractères). Ce nom vous identifiera et sera public.
  • Trouvez des comptes à suivre. Twitter vous propose des comptes parmi les plus populaires au Québec. Il vous permet faire une recherche par sujet et vous permet même de chercher des utilisateurs parmi vos contacts.

Vous pouvez faire un choix parmi ces suggestions; il sera toujours possible de vous désabonner des comptes que vous avez choisis et vous pourrez vous abonner à d’autres comptes plus tard. Suivez des organisations ou des experts de votre domaine ou du domaine de l’éducation. Consultez la liste de leurs abonnements : vous y trouverez sans doute d’autres utilisateurs pertinents à suivre.

Éventuellement, les informations que vous trouverez sur Twitter pourront enrichir vos cours. Vous pourrez diffuser l’adresse de votre profil à vos étudiants et même les inviter à s’inscrire et à s’abonner à votre compte. Certaines études mentionnent d’ailleurs que le fait de publier du contenu en ligne augmenterait la motivation des étudiants.

Une démarche pour l’utilisation avec ses étudiants

Lorsque vous serez à l’aise avec l’outil et que vous aurez trouvé un avantage à le faire utiliser par vos étudiants, voici une démarche de laquelle vous pouvez vous inspirer :

  • En classe, pour s’approprier l’outil, les étudiants doivent :
    • Ouvrir un compte (s’assurer que tous les étudiants ont une adresse courriel).
    • Inviter les étudiants à ajouter une photo, à remplir leur biographie et à indiquer clairement leurs intérêts. Dans un contexte pédagogique, il est intéressant de mentionner dans la biographie qu’il s’agit d’un compte d’un étudiant et qu’il est utilisé dans le cadre d’une démarche d’apprentissage.
    • Proposer aux étudiants un « tour guidé » des principales fonctionnalités.
    • Suggérer des abonnements (liste d’utilisateurs à suivre).
    • Demander aux étudiants de trouver d’autres utilisateurs et les partager aux autres.
  • L’enseignant pourrait ensuite :
    • S’abonner aux comptes des étudiants.
    • Donner des exemples du type de productions attendues.
    • Définir un court mot-clic qui identifiera les productions. L’enseignant pourra ainsi facilement consulter tous les gazouillis produits par les étudiants dans le cadre de l’activité proposée.
  • Selon le type d’activité choisi, l’enseignant pourra déterminer les moments de publication et le type de contenu attendu. Les étudiants pourront ensuite :
    • Produire des gazouillis originaux et synthétisés (en classe ou hors classe).
    • Rediffuser des gazouillis jugés pertinents dans le contexte.
    • Publier des liens vers des sites d’intérêt.
    • Joindre des images au besoin.
  • L’enseignant pourra ensuite lire, rediffuser et réagir aux gazouillis des étudiants.
  • Enfin, en classe, l’enseignant pourra :
    • Revenir sur les informations les plus pertinentes
    • Corriger le tir au besoin
    • Proposer des sujets et pistes de réflexion pour la semaine suivante

Exemples d’intégration en classe

L’utilisation des microblogues est relativement récente. Dans le monde de l’éducation, des initiatives ont lieu à tous les niveaux, mais l’utilisation des microblogues en est à ses débuts.

Laurence Juin, une enseignante française, a contribué à faire connaître Twitter et son utilité pédagogique. L’enseignante anime un compte professionnel en plus d’un compte personnel. Pour en savoir plus sur son expérience, consultez son blogue.

Au Québec, Jean-Yves Fréchette a permis de faire connaitre la nanolittérature; il a d’ailleurs publié un récit à ce sujet en décembre 2011. Cet enseignant de littérature à la retraite a parlé de l’Institut de twittérature comparée sur plusieurs tribunes, comme en témoigne ce reportage.

Le site de l’Institut de twittérature comparée propose d’ailleurs des « genres twittéraires » qui pourraient trouver leur place dans un projet pédagogique sur Twitter; le récit suivi (le roman, le twiller) ou non (une histoire en un gazouillis, une histoire en un gazouillis avec un revirement, appelée twister), la citation, le twaïku (haïkus). Ces gazouillis peuvent être composés par un ou plusieurs auteurs. Cette écriture collective peut prendre la forme d’abécédaire ou de cadavre exquis. Enfin, ces productions peuvent faire l’objet de contraintes : combler les 140 caractères ou pas, selon un genre précis ou en excluant une lettre.

Nous vous proposons des exemples d’utilisation : certains de ces exemples ont été expérimentés au collégial.

Enseigner avec Twitter

Maggy Richmond-Mhairig, enseignante au Collège LaSalle, a fait vivre à ses étudiants l’expérience des 140 caractères. En initiant ses étudiants à Twitter, elle leur permet d’accéder à son propre réseau et aux ressources qu’elle juge intéressantes en complément au cours (liens vers des articles de blogues, des évènements, des vidéos, etc.).

Comme elle le mentionne dans son récit, l’enseignante en design de mode a intégré dans ses cours des projets avec une dimension marketing comme l’organisation de soirées-bénéfices. Après avoir initié les étudiants au microblogage en classe lors de séances affichées à l’écran, elle demande aux étudiants d’animer un compte Twitter afin de promouvoir leur évènement.

Débattre et argumenter

Utiliser Twitter durant un évènement peut être encouragé par les organisateurs ou émerger d’un groupe de participants. Il s’agit d’un phénomène qu’on appelle communément le backchanneling. Un mot clé est alors choisi, permettant ainsi l’identification des gazouillis relatifs à cet évènement. Le backchanneling est l’action de communiquer informellement par voie électronique au moment où quelqu’un s’exprime publiquement. Dans certains cas, les organisateurs choisissent de projeter le backchanneling sur grand écran, permettant ainsi à ceux qui prennent la parole d’interagir avec les commentaires émis. Le backchannelling est une valeur ajoutée à une présentation pour les gens présents sur place, et cela permet aux gens qui ne sont pas sur place de participer, ou du moins de suivre les activités ou d’avoir accès au contenu des conférences.

En éducation, cette pratique peut être appliquée à une participation active lors de la projection d’un film en classe. À des moments convenus, les étudiants sont invités à commenter ou à argumenter sur ce qu’ils visionnent.

Un enseignant de 5e secondaire en français, Jean Doré, a fait l’expérience de Twitter en classe. Il a utilisé le microblogage pour inviter les élèves à prendre position pendant et après le visionnement du film Douze hommes en colère.

Les élèves devaient se prononcer sur Twitter au moment où, dans le film, le jury devait voter. Les élèves avaient à écrire sur une feuille « coupable » ou « non coupable » en soutenant leur position avec un argument. Cette étape était d’abord réalisée individuellement puis, dix minutes avant la fin du film, les élèves publiaient sur Twitter leurs arguments en y ajoutant le mot-clic prévu par l’enseignant.

Le mot-clic utilisé (#12hommes) permettait d’accéder rapidement à tous les arguments des élèves. Cette rétrospective accessible via Twitter a permis, à la fin du visionnement, de faire un retour en classe sur les opinions publiées.

Rédiger en coopération

Dans ce type d’activité, les gazouilleurs s’entendent sur l’utilisation d’un mot-clic et sur les règles de diffusion que doivent respecter leurs gazouillis. Par exemple, des gazouilleurs ont rédigé collectivement un roman qui ne contient pas la lettre e. Ils ont choisi un mot-clic (#romanSansE) et ont dû tenir compte des gazouillis publiés antérieurement avant d’ajouter leur contribution.

Toutes les publications ont ensuite été colligées en six chapitres auxquels ont été ajoutées des illustrations. Le résultat est disponible sur le blogue de l’instigatrice du projet.

Exemple de gazouillis pour le mot-clic #romanSansE

Cette nanolittérature n’est pas exclusive à Twitter, on la retrouve aussi sur Facebook, notons les 3 Word Story. D’autres thématiques pouvant être exploitées sont listées dans cette page.

Diffuser un gazouillis par semaine

Annie Côté, une enseignante en français à l’école secondaire Saint-Pierre et des Sentiers, a proposé à ses élèves un projet d’une durée de huit semaines durant lesquelles ils devaient publier un gazouillis par semaine en respectant une thématique (rendre hommage à quelqu’un ou à quelque chose, une fausse citation, présenter un fait divers, etc.). L’objectif de l’activité était de faire travailler « la concision, la précision, les synonymes, le style ». Dans une entrevue, l’enseignante mentionne que la durée idéale d’un tel projet serait sans doute de quatre à six semaines, un projet qui pourrait s’arrimer à un calendrier collégial.

Vous pouvez écouter un entretien avec Annie Côté dans l’émission L’encre des jours et suivre Annie Côté sur son compte Twitter professionnel.

Des gazouillis historiques

En 2009, Monica Rankin, professeure d’histoire à l’Université de Dallas, a utilisé Twitter dans la classe pour donner une voix à chacun de ses 90 étudiants qui avait accès à un portable ou un téléphone. Afin de s’y retrouver, toutes les interventions étaient identifiées par un mot-clic (#h1302w14). L’assistant de la professeure animait le compte du cours et sa présence en classe a permis à tous de participer.

Dans ce dernier cas, les étudiants exprimaient leurs opinions sur le sujet donné. Dans un autre contexte, les étudiants en histoire pourraient être invités à produire des gazouillis en se mettant dans la peau d’un personnage. Ils pourraient même créer et animer le compte d’un personnage historique (connu ou pas) en tenant compte de ce qu’ils savent de ce personnage selon l’époque concernée et le lieu où il a vécu.

Utiliser les sondages

Il existe plusieurs outils qui s’intègrent à Twitter en proposant différentes fonctionnalités. C’est notamment le cas de Poll Everywhere, un outil permettant de prendre rapidement le pouls de l’audience en créant des sondages et en faisant voter les participants.

Pour créer un sondage auquel les étudiants pourront répondre via Twitter (ainsi que par messagerie texte ou directement sur Internet), rendez-vous sur le site www.polleverywhere.com.

Cliquez sur le bouton pour créer votre sondage.

Une fois le sondage créé, vous obtiendrez une page de compilation des réponses.

Page de compilation des réponses

PollEveryWhere vous communiquera les codes pour identifier les réponses afin qu’elles soient compilées.

  • Pour répondre sur le Web, il faut aller à l’adresse pollev.com, l’identifier avec le numéro du sondage (ici 471229) et taper la réponse.
  • Pour répondre par Twitter, il suffit de commencer le gazouillis par @poll, suivi du numéro d’identification puis de notre réponse.
  • Pour répondre par messagerie texte, il faut envoyer le message au numéro indiqué, préciser le numéro du sondage et entrer la réponse.

Exemple de réponses envoyées sur le Web

Exemple de réponses envoyées par Twitter

Les réponses reçues se compileront sur la page du sondage.

Lors de l’utilisation gratuite de l’outil, le nombre de réponses compilées se limite à 40. La page de sondage ne sera plus disponible après deux semaines d’inactivité.

Il serait donc possible d’orienter les thématiques abordées lors des séances en classe en fonction des résultats d’un tel sondage. Dans les laboratoires équipés d’ordinateurs, les enseignants pourraient utiliser cette fonctionnalité de la même façon que les télévoteurs.

Limites et défis

Malgré le fait que Twitter offre de nombreuses possibilités, l’outil comporte également des limites. La caractéristique de l’outil, la limite des 140 caractères, exige souvent un effort de concision, voire de synthèse des propos. Certaines réflexions et publications pourraient demander plus de 140 caractères pour bien comprendre le contenu et le contexte. Aussi, il est parfois ardu de savoir si l’auteur présente le fruit de sa propre réflexion ou celle d’un autre, particulièrement lorsque le contenu est partagé lors d’une période durant laquelle plusieurs personnes ont l’occasion de prendre la parole.

C’est un défi pour l’enseignant de suivre les diffusions de ses étudiants sur Twitter. Il aura à animer et à stimuler les échanges, à répondre aux questions et à ajuster le tir au besoin.

Évaluation

L’évaluation avec les outils du Web 2.0 amène une certaine complexité en ce sens qu’elle comporte nécessairement, comme tout autre type de production, un aspect disciplinaire auquel s’ajoutent les caractéristiques liées aux outils du Web 2.0.

L’aspect disciplinaire étant lié avec le contenu abordé dans votre cours, nous ne traitons ici que de balises qui vous permettront d’évaluer les caractéristiques des productions réalisées avec un outil de microblogage. Ces critères permettent de s’assurer que les gazouillis sont construits adéquatement. Nous vous invitons à les communiquer à vos étudiants et à vous en inspirer pour compléter l’évaluation des billets du microblogue :

  • Ils sont identifiés avec un mot-clic.
  • Une idée par gazouillis est exprimée.
  • Les gazouillis rediffusés sont identifiés clairement et il est facile de donner la paternité de l’idée à l’utilisateur qui l’a mentionnée initialement.
  • Ils sont compréhensibles en dehors du contexte, les rendant accessibles à ceux qui n’étaient pas présents de la rédaction et prolongeant leur durée de vie.

Voici quelques caractéristiques d’un bon gazouilleur :

  • Il a rempli sa biographie (profil) et a ajouté une image.
  • Il publie au moins une fois par semaine.
  • Il ne publie pas de façon envahissante.
  • Il utilise adéquatement RT lorsque c’est nécessaire.
  • Il utilise adéquatement les @ et la messagerie privée lorsque c’est nécessaire.

Références utiles

Exemples d’enseignants qui ont utilisé le microblogue

Exemples d’utilisation pédagogique

Trucs techniques

Témoignages

Autres ressources consultées

À propos des auteures

Michelle Deschênes

Michelle Deschênes est détentrice d’un doctorat en technologie éducative et professeure en psychopédagogie de l’enseignement professionnel à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Ses recherches portent sur développement professionnel des enseignantes et des enseignants, en particulier à la mise à profit du numérique pour soutenir l’exercice d’agentivité de ceux-ci. Elle s’intéresse aussi à l’engagement, aux communautés d’apprentissage et de pratique, de même qu’à l’intelligence artificielle, à l’analyse de l’apprentissage et aux systèmes de recommandations. Auparavant, elle a enseigné le développement web au collégial et a contribué à la formation initiale et continue des enseignants du collégial, du secondaire, du primaire et du préscolaire à l’Université Laval et à l’Université de Sherbrooke.

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