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15 janvier 2024

Les Cheminements + au Collège de Bois-de-Boulogne: favoriser la réussite en encourageant l’engagement parascolaire

Au Collège de Bois-de-Boulogne, plusieurs programmes offrent à leurs élèves un «Cheminement +». Tous les étudiants et toutes les étudiantes de ces programmes sont inscrits à un cours non-crédité dans Léa (Omnivox). À travers ce cours, les élèves reçoivent de l’information sur toutes les activités parascolaires offertes au cégep (conférences organisées par des enseignantes ou des enseignants, activités sportives, activités psychosociales, clubs, etc.). Les élèves accumulent des «points +» quand ils et elles participent à des activités. La compilation des «points +» à travers le parcours collégial des étudiants et des étudiantes nous a permis d’étudier objectivement et statistiquement l’impact de l’engagement parascolaire sur la réussite. Nos constats sont fort intéressants:

  • L’engagement dans des activités parascolaires (sous la forme des «Cheminements +» au Collège de Bois-de-Boulogne) a un effet significatif sur la réussite scolaire au collégial, quel que soit l’indicateur que l’on choisisse (cote R, nombres d’échecs ou taux de diplomation).
  • L’effet positif de l’engagement parascolaire sur la réussite est toujours présent, même en considérant l’influence structurante de la réussite scolaire au secondaire. En d’autres termes, autant les élèves les plus performants et performantes que les élèves les plus faibles voient leur note s’améliorer par le fait de participer à des activités parascolaires.
  • Tous les types d’activités ont un effet positif sur la réussite (y compris les activités ponctuelles qui demandent un engagement très limité), même si certaines activités ont un effet plus marqué que d’autres. Le fait d’agir comme tuteur ou tutrice au service de tutorat par les pairs est l’activité qui a l’effet le plus grand.
  • L’effet de l’engagement parascolaire sur la réussite ne semble pas lié à une motivation de performance, mais davantage au fait que l’engagement parascolaire rend le milieu d’études plus stimulant. Les élèves qui participent aux activités parascolaires développent des aptitudes personnelles et vivent des expériences concrètes.

Genèse des Cheminements +

Il y a déjà plusieurs années, le Collège de Bois-de-Boulogne a voulu trouver un moyen de répondre aux besoins des étudiants et des étudiantes qui voulaient en «faire plus» dans leurs cheminements scolaires. Il y avait déjà plusieurs activités parascolaires offertes au collège, plusieurs conférences organisées chaque session, mais ces activités étaient peu connues et la participation des élèves n’était pas reconnue de façon formelle. C’est de là qu’est née l’idée des Cheminements +.

Les Cheminements + ont d’abord été implantés en Sciences humaines (avec la création de SH+ en 2017), puis en Sciences de la nature (SN+) et en Sciences informatiques et mathématiques (SIM+). Aujourd’hui, les «Cheminements +» sont également offerts dans les programmes Histoire et civilisation, ainsi qu’en Arts, lettres et communication. De plus, une version adaptée est proposée en Sciences, lettres et arts et en Tremplin DEC.

Principe de fonctionnement des Cheminements +

Un «cours non crédité» dans Léa

Dans Léa (Omnivox), tous les étudiants et toutes les étudiantes des programmes dans lesquels les Cheminements + sont offerts ont accès à un cours supplémentaire: le cours «Cheminement +». C’est un cours non crédité. Ce cours n’a aucun incidence directe sur la moyenne, la cote R ou la réussite du programme d’études de l’étudiant ou de l’étudiante.

Capture d'écran du menu principal de Léa. Le sous-menu "Choisir classe" est ouvert et la liste des classes affichées contient "ACT-SLA-1", "ALC-PLUS", "SC. NATURE PLUS" et "SIM PLUS".

Sur Léa, les informations relatives au Cheminement + se présentent comme celles relatives à un cours.

Dans ce cours, l’onglet «Documents» permet aux élèves de voir des descriptifs de toutes les activités parascolaires offertes au collège:

  • les activités ludiques
  • les activités sportives
  • les activités d’enrichissement
  • les activités d’engagement communautaire
  • les activités offrant des expériences de vie
  • etc.
Capture d'écran d'une portion de la liste des descriptifs des activités des Cheminements +, dans Léa. Ce sont des documents PDF.

Les descriptifs des activités sont présentés dans l’onglet «Documents» du cours sur Léa

 Capture d'écran du document PDF qui est le descriptif de l'activité "Biodôme". Le document indique que l'activité est de type "Enrichissement" et qu'elle est ouverte aux élèves de tous les programmes associés à un Cheminement +. On lit: "Objectif: Approfondir ses connaissances en écologie et en évolution de façon ludique. Description: Visite du Biodôme avec des enseignants du département de biologie. Lors de cette visite, vous aurez l'opportunité d'en apprendre davantage sur les différents biomes ainsi que les êtres vivants qui y vivent. Pour vous guider dans vos observations et vos réflexions, vous aurez un questionnaire à votre disposition. Coût: Gratuit. Calendrier: Le vendredi 10 novembre, de 10h15 à 12h00 (JRÉ). Vous êtes responsables de votre déplacement. Pour s'y rendre, consulter le lien. Accessible en transport en commun. Inscription: Places limitées à 50 participants. Premier arrivé, premier servi. Inscription en ligne: https://forms.office.com/r/JK8UjjvFd Personne responsable: Prénom et nom: Mariane Séguin. Titre: Enseignante de biologie" Il y a ensuite une photo d'un lynx adulte avec un bébé lynx entre ses pattes. L'entête du document porte le logo du Collège de Bois-de-Boulogne, et le pied de page, ceux de SH+, SN+, SIM+, HC+, ALC+ et les mentions "Activités SLA et Tremplin DEC".

Le descriptif d’une activité d’enrichissement au Biodôme

Les activités offertes

Chaque année, il y a plus de 70 activités offertes dans le cadre des Cheminements +.

Ces activités sont très variées:

  • équipes sportives intramurales
  • club de robotique
  • tutorat par les pairs (pour la portion bénévole de l’implication des personnes tutrices)
  • conférences organisées par des enseignants et des enseignantes
  • visionnement d’un film suivi d’une discussion
  • activité de simulation des Nations Unies (SimONU)
  • etc.

En effet, nous pensons que le développement intégral des élèves passe par différentes sphères. Chaque élève peut choisir dans quel domaine (ou quels domaines!) il ou elle souhaite se développer davantage (s’il ou elle souhaite se développer davantage).

Pour être admissibles, les activités:

  • ne doivent pas être associées à une note dans un cours donné
  • ne doivent pas être rémunérées.

Les enseignants et enseignantes qui organisent une activité (ou le Service de la vie étudiante, par exemple) n’ont qu’à communiquer avec nous et nous les aidons à créer le descriptif… s’il n’existe pas déjà! (Une fois qu’un descriptif est créé, si l’activité est répétée d’année en année, il suffit simplement d’actualiser les informations.)

Une activité peut être ouverte à tous les élèves du collège ou seulement à ceux de certains programmes. Par exemple, pour une conférence sur la chimie de la bière, un enseignant peut choisir d’inviter seulement les élèves de Sciences de la nature qui ont des notions suffisantes en chimie pour profiter de l’activité. Mais, règle générale, il est très intéressant d’ouvrir les activités aux élèves d’autres programmes. Cela permet, par exemple, à des étudiants et à des étudiantes de Sciences humaines d’aller au Biodôme. Ils et elles explorent ainsi un nouveau champ d’études, ce qui peut assouvir leur curiosité ou éveiller de nouveaux intérêts.

Pour les enseignants et enseignantes, ce n’est pas compliqué et plutôt avantageux: ça les aide à faire connaître leur activité et à la rendre plus attractive. Avant les Cheminements +, des enseignants et enseignantes organisaient souvent des activités pour leurs élèves sans avoir nécessairement les moyens de les faire connaître efficacement dans le collège ou d’obtenir un nombre important de participants et de participantes. Il est généralement plus intéressant d’inviter un conférencier ou une conférencière pour s’adresser à 30 personnes plutôt que 5!

Malgré tout, il est possible que certains enseignants ou certaines enseignantes du collège organisent des activités sans les inscrire officiellement dans le cadre des Cheminements +. On respecte les choix des organisateurs et organisatrices, le but étant ici de faciliter l’engagement étudiant!

Suivi de la participation des élèves

La personne responsable de l’activité (membre du personnel du collège qui organise l’activité) doit prendre les présences et nous transmettre l’information. Ce n’est pas compliqué. Pour les plus grands groupes, nous créons même un code QR qui donne accès à un formulaire Forms qui permet à l’élève de signaler sa présence en un instant.

Tous les étudiants et toutes les étudiantes des programmes ciblés sont inscrits dans les Cheminements + et voient le cours non crédité dans Léa, mais ils et elles n’ont aucune obligation de participer aux activités. C’est complètement facultatif.

L’objectif est de permettre à l’élève de choisir les activités en fonction de ses intérêts et de ses disponibilités (disponibilité en termes de plages horaires, mais aussi sur le plan scolaire, personnel et émotionnel).

Les points +

Chaque activité est associée à un certain nombre de points en fonction (très approximativement) de l’effort requis pour y participer. Cela va de 50 points (pour une conférence à laquelle il suffit d’assister, par exemple) jusqu’à 200 points pour les activités qui demandent un investissement plus grand (par exemple, être ambassadeur scientifique pour le collège dans une école secondaire). Environ 75% de nos activités valent 50 points.

Les points sont comptabilisés sur Léa, dans la section «Notes d’évaluation» du cours non crédité associé au Cheminement +.

Quand une personne étudiante cumule 500 points ou plus et qu’elle est finissante de son programme d’études, il ou elle reçoit un certificat Cheminement + (Certification +) lors de la «Soirée 100% Engagée. Engagé.» qui vise à reconnaître l’engagement étudiant sous toutes ses formes. C’est une reconnaissance symbolique de l’engagement de l’élève.

Certificat ou mention au bulletin?

Les Certifications + peuvent s’ajouter à ce que nous appelons le Bulletin +. Un Bulletin + est une reconnaissance ministérielle d’un engagement d’un minimum de 60 heures dans un domaine d’activité donnée (par exemple, 60 heures de bénévolat dans la communauté). C’est une mention sur le relevé de notes officiel de l’élève.

Les Certifications + et le Bulletin + existent en parallèle. Pour une même activité, un élève peut à la fois obtenir des points dans le cadre du Cheminement + et obtenir un Bulletin +. Toutefois, il est impossible d’obtenir une Certification + en s’engageant dans une seule activité, même si c’est pour plus de 60 heures. En effet, le maximum de points associé à une activité est 200 par année, alors qu’il en faut 500 pour obtenir une Certification +. À l’opposé, il est possible d’obtenir une Certification + en participant à une dizaine de brèves activités de 50 points chacune, totalisant un engagement de moins de 60 heures. D’une certaine façon, on peut dire que les Cheminement + mettent l’accent sur l’engagement global de l’étudiant dans son développement intégral , alors que le Bulletin + récompense un engagement important dans un domaine d’activité spécifique:

  • communautaire
  • entrepreneurial
  • scientifique
  • scolaire
  • politique
  • sportif
  • culturel et artistique

Participer «pour les mauvaises raisons»?

Les Certifications + et les Bulletins + sont des marques de reconnaissance pour les élèves qui s’impliquent. Pendant les entrevues de groupe que nous avons faites dans le cadre de notre projet de recherche, les élèves nous ont dit que, parfois, en début de parcours, le simple fait de vouloir accumuler des points pouvait être un facteur de motivation extrinsèque. Toutefois, en cours de route, les élèves en viennent à plutôt sélectionner les activités selon 2 facteurs principaux:

  • Est-ce que l’activité les intéresse?
  • Est-ce qu’ils et elles sont disponibles pour participer? (Est-ce que les élèves ont le temps d’y participer?)

La crainte de présentéisme énoncée par certaines personnes enseignantes lors du lancement des Cheminements + ne s’est pas avérée fondée (ou, du moins, pas de façon significative).

Dans les discussions que nous avons eues lors de l’élaboration des Cheminements +, certains et certaines collègues craignaient que des élèves participent pour «les mauvaises raisons». D’une certaine façon, nous leur répondions: «Pourquoi pas?». Ça ne change rien (ou pas grand-chose) à l’activité. On court surtout la chance que certains étudiants ou certaines étudiantes «tombent en amour» avec l’activité. À notre avis, il y a là plus de positif que de négatif. Les activités risquent de mieux fonctionner si davantage de personnes sont présentes et on expose ainsi les élèves à des sujets qu’ils et elles n’auraient pas pensé aimer.

Dans notre collège, il y a une véritable volonté institutionnelle de soutenir les Cheminements +. C’est ce qui fait que 2 personnes peuvent être libérées d’une partie de leur tâche d’enseignement pour gérer les cheminements (accompagner les enseignants et enseignantes pour l’inscription des activités sur Omnivox, par exemple). À notre avis, il s’agit là d’une condition essentielle à la réussite du projet!

Les Cheminements + sont une façon de bonifier les programmes sans les alourdir. Les élèves ont très bien répondu à l’invitation d’embarquer dans les Cheminements +!

Au fil du temps, nous avons déjà présenté le principe des Cheminements + à des intervenants et à des intervenantes de plusieurs collèges et nos présentations ont toujours suscité un bel intérêt. Toutefois, on nous demandait systématiquement: «Oui, mais est-ce que ça a un impact sur la réussite?»; «Est-ce que ce sont seulement les étudiants forts qui participent?». Pour répondre à ces questions (et à plusieurs autres), nous avons amorcé un projet de recherche pour tirer profit des très riches données quantitatives que nous avions.

Des données exceptionnelles pour étudier le lien entre l’engagement des élèves dans des activités parascolaires et la réussite scolaire

Nous avons rapidement constaté que les données que nous récoltons dans le cadre du suivi des étudiants et des étudiantes pour les Cheminements + pouvaient être très utiles pour étudier l’effet de l’engagement étudiant sur la réussite scolaire. Surtout que cet effet est presque toujours étudié par le biais de données échantillonnées et perceptuelles, c’est-à-dire l’évaluation par les élèves de leur niveau d’engagement. Nos données concernent des populations entières et sont objectives. En 2022, nous nous sommes donc lancés dans un projet de recherche sur le sujet.

Pour bonifier nos données, nous avons réalisé des entrevues de groupe et fait passer un sondage aux étudiants et aux étudiantes actuels des programmes ciblés.

Pour notre projet de recherche, nous avons eu accès aux données des 2827 personnes admises depuis la mise en place des Cheminements + dans les programmes associés à ces cheminements: Sciences humaines (cohortes de 2017 à 2020), Sciences de la nature (cohortes de 2018 à 2020) et Sciences informatiques et mathématiques (cohortes de 2019 à 2020). À notre avis, c’est une grande force de notre projet: nous avons eu accès aux données relatives à l’ensemble des élèves; pas un simple échantillon.

Nous nous sommes concentrés sur les 1733 personnes qui avaient obtenu un diplôme d’études collégiales.

Parmi celles-ci:

  • 1294 avaient cumulé des points +, dont 221 avaient obtenu la Certification +
  • 439 n’avaient obtenu aucun point +

Distribution des élèves en fonction du nombre de points + accumulés

Nous avons calculé le nombre d’élèves qui ont réalisé ce que nous appelons une «activité majeure», c’est-à-dire une activité valant 150 ou 200 points (une activité qui demande un investissement plus important de la part des élèves).

Activités Nombre d’étudiantes et d’étudiants participants
Élèves-athlètes 139
Service de tutorat par les pairs 69
SimONU (simulation des Nations Unies) 41
Ambassadeurs et ambassadrices scientifiques (animations scientifiques dans des écoles secondaires et primaires) 20
Club de robotique 7
Autres activités majeures 91
Élèves avec au moins 1 activité majeure 367
Élèves sans activité majeure 1366

Relation entre la cote R des élèves et le nombre de points + accumulés

Nous nous sommes intéressés à la relation entre la cote R des élèves et le nombre de points + accumulés.

Nombre de points + Cote R moyenne
0 28,87
Entre 50 et 450 30,20
Plus de 500 31,40
Total (moyenne de tous les élèves) 30,02

Graphique illustrant la distribution des élèves en fonction du nombre de points + accumulés et de leur cote R. On remarque une corrélation positive entre le nombre de points + et la cote R.

Il y a une corrélation positive entre le nombre de points + accumulés et la cote R des élèves, mais la relation de causalité n’est pas évidente pour autant. Est-ce le fait de réaliser des activités parascolaires qui entraîne une hausse de la cote R ou est-ce que les élèves qui ont une meilleure cote R sont simplement plus enclins et plus enclines à participer à des activités parascolaires?

Pour clarifier le tout, nous avons d’abord tenté d’identifier les facteurs qui ont une influence sur la cote R des élèves pour mieux analyser nos données.

Pourquoi la cote R?

La cote R ne dit assurément pas tout sur la réussite des élèves, mais c’est tout de même le meilleur outil que nous avions.  

Nous avions pensé analyser le nombre d’échecs des élèves, mais c’est une donnée beaucoup moins riche. Elle ne permet pas une analyse aussi fine. Une étudiante peut améliorer sa compétence dans un cours et voir sa note passer de 70% à 80%, par exemple, sans que cela ne se traduise par un échec de moins ou de plus à son dossier scolaire.

De même, le taux de diplomation est une donnée d’intérêt, mais il décrit des cohortes et non des individus.

Les facteurs qui influencent la cote R

Il est connu que le principal prédicteur de la réussite au collégial est la moyenne générale au secondaire (MGS) considérée dans le processus d’admission au collégial. En effet, nous avons observé que la MGS explique 62% de la variabilité de la cote R des élèves.

Graphique illustrant la distribution des élèves en fonction de leur MGS et de leur cote R.

Nous avons fait des analyses statistiques afin de déterminer les autres facteurs qui influencent la cote R des élèves. Nous en avons identifié 2:

  • le programme dans lequel les élèves sont inscrits
  • le nombre de points +

Le milieu socioéconomique d’où proviennent les élèves, leur statut d’immigration ou leur genre, eux, n’ont pas une influence statistiquement significative sur la cote R.

Notre analyse nous a permis de constater qu’on pouvait estimer que chaque point + que les élèves accumulaient augmentait leur cote R de 0,0015. Ça peut paraître peu, mais les points + ne viennent jamais seuls: 100 points ont un impact de 0,15 sur la cote R et les 500 points de la Certification + ont un impact de 0,75.

Impact de la Certification + sur la cote R

Pour mieux étudier l’impact des Cheminements + sur la cote R, nous avons séparé les élèves diplômés en sous-groupes en fonction de leur MGS et de leur programme, puisque ces 3 variables (MGS, programme d’études et Cheminement +) sont les 3 variables ayant un impact sur la cote R. Ainsi, nous avons obtenu des sous-groupes au sein desquels la seule variable était: la personne a-t-elle ou non obtenu la Certification + (500 points + ou davantage)?

Le nombre d’élèves dans certains sous-groupes était faible, mais plusieurs sous-groupes comptaient tout de même plus de 30 personnes. (Ces données sont en gras dans le tableau.)

Cote R finale moyenne des élèves en fonction de la classe de MGS en 5e secondaire, de leur programme et de l’obtention ou non de la Certification +

Dans tous les cas (dans tous les sous-groupes), les élèves qui ont obtenu la Certification + ont une meilleure cote R moyenne que les élèves qui ne l’ont pas obtenue.

Pour les sous-groupes qui comptent plus de 30 élèves (en gras dans le tableau), avoir fait la Certification + fait varier la cote R de 0,57 à 1,17 point. Compte tenu du fait que la cote R varie typiquement de 23 à 38, environ (soit une plage d’une étendue approximative de 15 points), une différence de ½ point ou 1 point, c’est énorme!

Évaluer l’effet des points + sur la réussite malgré l’influence structurante de la MGS

Nous avons ensuite cherché à raffiner notre analyse en effectuant 3 régressions linéaires dans le graphique qui montrait la relation entre la MGS et la cote R:

  • 1 droite pour les élèves qui n’ont pas obtenu de points +
  • 1 droite pour les élèves qui ont obtenu des points, mais pas la Certification (en d’autres mots, les élèves qui ont obtenu entre 50 et 450 points +, inclusivement)
  • 1 droite pour les élèves qui ont obtenu la Certification + (500 points + et plus)

Nous avons divisé le nuage de points du graphique montrant la cote R des élèves en fonction de leur MGS en 3 groupes:

  • 1 pour les élèves sans points +
  • 1 pour ceux qui en avait accumulés sans obtenir la Certification +
  • 1 pour les élèves avec la Certification +

Nous avons ensuite pu faire une régression linéaire dans chacun de ces sous-groupes.

On constate donc que l’effet des points + sur la réussite est présent quelle que soit la MGS des élèves. Qu’un étudiant soit fort ou faible, l’effet des points + sur la réussite est positif!

Effet discriminé en fonction du type d’activité

Nous avons voulu savoir si certaines activités avaient plus d’effet que d’autres. Nous avons donc trié les données par «activité majeure» (activité valant pour 150 points + ou plus). Nous nous sommes limités à étudier les activités auxquelles plus de 30 élèves avaient participé.

Graphique illustrant la relation entre la MGS et la cote R en fonction du type d’activité effectuée par les élèves. (L’abréviation «STPP» réfère au Service de tutorat par les pairs.)

Agir comme tuteur ou tutrice est l’activité qui a le plus grand impact sur la cote R, ce qui est logique étant donné qu’il s’agit d’une activité très «académique». Cependant, le graphique permet d’observer que même les élèves qui n’ont fait aucune activité majeure, mais qui ont obtenu la Certification + simplement par un cumul d’activités de 50 points, ont vu un effet positif sur leur cote R.

Relation entre les points + et le taux de diplomation

Nous nous sommes ensuite intéressés au taux de diplomation des élèves. Cependant, compte tenu que ce ne sont pas toutes les personnes diplômées qui ont obtenu leur diplôme dans la durée «prévue» de leur programme, nous avons choisi, en 2023, de nous intéresser aux données recueillies auprès des élèves inscrits en Sciences de la nature et en Sciences humaines en 2018, pour que ces personnes aient eu amplement de temps de finir leurs études. Dans cette cohorte, le taux de diplomation est de 77%. Or, pour les élèves qui n’ont obtenu aucun point +, il n’est que de 60,3%. À l’inverse, pour les élèves qui ont obtenu plus de 500 points +, il atteint un phénoménal 98,1%!

Taux de diplomation des élèves en fonction du nombre de points + accumulés, 2 ans après la durée prévue du programme. (Le taux de diplomation global de la cohorte est de 77,2%.)

Des données qualitatives pour mieux comprendre

Nous avons bonifié nos données quantitatives en récoltant des données qualitatives à l’aide d’un questionnaire d’enquête et d’entrevues de groupe. À nos données quantitatives objectives, nous avons donc pu ajouter des données qualitatives qui nous renseignent sur la perception des élèves.

Pour notre questionnaire d’enquête, nous nous sommes basés sur un questionnaire utilisé par Jacques Roy, Josée Turcotte et Marie-Anne Turcotte dans une recherche sur la pratique d’activités socioculturelles au collégial publiée en 2007.

Nous avons distribué notre questionnaire à tous les élèves de Sciences humaines, Sciences de la nature et Sciences informatiques et mathématiques inscrits au collège à l’hiver 2023, soit 1947 personnes. 215 ont répondu, sur une base volontaire. Parmi ces 215 personnes, 69 (soit 32%) ont indiqué effectuer des activités parascolaires. Puisque nous avions accès aux données sur les points + de ces personnes, nous savons que plusieurs élèves qui ont obtenu des points + ont quand même répondu ne pas faire d’activités parascolaires. Cela montre que la définition de ce qu’est une activité parascolaire n’est pas claire (ce qui a été confirmé lors des entrevues de groupe) et que les souvenirs des élèves peuvent être trompeurs. Cela nous conforte dans notre choix de miser surtout sur les données quantitatives pour notre recherche.

13 personnes ont participé aux entrevues de groupe.

Les résultats de notre questionnaire montrent que les élèves ont la perception que les activités du Cheminement +:

  • augmentent leur niveau d’appréciation du Collège de Bois-de-Boulogne et rendent le milieu d’études plus stimulant (90,2% d’accord)
  • leur permettent de vivre des expériences concrètes liées à leur programme d’études (76,5% d’accord)
  • leur permettent de développer des aptitudes personnelles utiles à leur parcours scolaire ou professionnel (82,4% d’accord)

Pendant les entrevues de groupes, les élèves ont cité les aptitudes personnelles suivantes:

  • connaissances et compétences
  • savoir-être et savoir-faire
  • ouverture d’esprit et ouverture sur le monde
  • sens critique
  • validation de l’orientation scolaire
  • confiance et estime de soi
  • autonomie, organisation et gestion du temps
  • équilibre et vie saine
  • engagement

Ce que nous constatons, c’est que l’élève qui participe à des activités parascolaires trouve son milieu plus stimulant et a un plus grand intérêt pour ses études. Dans les entrevues de groupes, des élèves nous ont expliqué que, certains jours, ils et elles pourraient ne pas avoir envie de venir au collège pour un cours. Cependant, le fait d’avoir une activité parascolaire à leur horaire le même jour les motivaient à se présenter au collège et à assister à leur cours.

Déjà en 2007, Jacques Roy, Josée Turcotte et Marie-Anne Turcotte ont écrit qu’il y a un lien significatif entre le fait de trouver son milieu stimulant et d’avoir un plus grand intérêt pour ses études. Cela résulte en::

  • une meilleure intégration au collégial
  • une plus grande persévérance
  • de meilleurs résultats scolaires

Notre recherche nous permet de le confirmer. Meilleure est l’intégration d’une personne étudiante dans son collège, meilleures sont les chances qu’elle persévère, ce qui a un impact évident sur son rendement scolaire.

De même, le fait de participer à des activités parascolaires a un impact positif sur:

  • le développement personnel (augmenter ses compétences ou ses aptitudes personnelles)
  • la socialisation
    Dans les entrevues de groupe, des élèves nous ont dit que le fait de rencontrer d’autres étudiants et étudiantes par l’entremise des activités parascolaires leur permettait d’avoir de l’aide supplémentaire en cas de difficultés scolaires ou de pouvoir former plus facilement des équipes lors de travaux scolaires.
  • la motivation

Les activités parascolaires font que l’école n’est pas associée uniquement aux cours. Pendant les entrevues de groupe, des élèves nous ont dit que, quand ça va moins bien dans un cours, les activités parascolaires font en sorte qu’ils et elles conservent du plaisir à venir à l’école et ne se démotivent pas.

Ces 3 facteurs ont eux aussi un impact sur l’intégration collégiale, la persévérance et le rendement scolaire.

Relativiser nos résultats pour comprendre l’essentiel

Dans l’ère de performance (et d’anxiété de performance) dans laquelle on vit, il est important de relativiser nos résultats: nous ne disons pas qu’une personne qui veut une cote R élevée doit faire des activités parascolaires. Ce que nous disons, c’est que si une personne a envie de réaliser des activités parascolaires et qu’elle en a le temps, il est bon qu’elle sache que ces activités risquent d’avoir un effet positif sur ses résultats scolaires; ça ne lui nuira pas de prendre du temps pour participer à ces activités.

Bref, notre message pour les élèves est qu’il ne faut pas avoir peur d’essayer les activités parascolaires! Mais, à l’inverse, si une personne se sent dépassée et débordée, alors elle n’a pas à se mettre de pression pour en ajouter à son horaire.

Implantez les Cheminements + dans votre collège (ou personnalisez la formule)!

Nous vous encourageons fortement à valoriser les activités parascolaires dans votre collège comme nous le faisons avec les Cheminements +. Vos élèves ressortiront gagnants!

Pour le personnel aussi, la valorisation des activités parascolaires est profitable. Cela est profitable pour le personnel qui organisait déjà des activités parascolaires, car les activités sont mieux publicisées et davantage fréquentées.

Dans notre collège, depuis le début de notre de recherche, les programmes d’Histoire et civilisations et d’Arts, lettres et communication et le cheminement Tremplin DEC ont mis en place le Cheminement +.

Par ailleurs, en Sciences, lettres et Arts, les élèves n’accumulent pas de points + en participant aux activités parascolaires. Cependant, ils et elles ont accès sur Léa à toutes les informations relatives aux activités. (L’équipe de ce programme, qui inclut des étudiantes et des étudiants, est d’avis que l’engagement parascolaire est déjà attendu et requis par les élèves du programme, ce qui fait qu’elle a préféré ne pas avoir un système de certification parallèle.)

Il n’y a pas beaucoup de programmes techniques dans notre collège. Parmi ceux-ci, le programme de Soins infirmiers était intéressé à implanter les Cheminements +. Toutefois, les horaires de stages des étudiantes et des étudiants de ce programme ont limité la portée du projet. Des étudiantes nous disaient vouloir participer aux activités, mais ne jamais être disponibles aux moments ciblés. Nous pensons néanmoins que les Cheminements + auraient, a priori, un impact aussi intéressant pour les élèves des programmes techniques que pour ceux et celles des programmes préuniversitaires. Cela sera à valider par une collecte de données appropriées!

Remerciements

Nous remercions toute la direction des études, notamment la directrice adjointe Catherine Papillon, pour son engagement à soutenir les activités des Cheminements + et à chercher à bonifier leur portée dans le temps.  

Par ailleurs, il va sans dire que cette recherche n’aurait pas vu le jour sans la contribution des autres responsables des Cheminements + (Geneviève Ouellet, Gabriel Jacques-Bélair et François St-Onge) et de l’analyste Laurence Marcotte.

Avez-vous un projet semblable dans votre collège? Voulez-vous en implanter un? Partagez-nous votre expérience dans la zone de commentaires!

À propos des auteurs

Chantale Nunes

Titulaire d’un DEC en Sciences de la nature du Cégep Beauce-Appalaches, d’un baccalauréat et d’une maîtrise en Sciences biologiques de l’Université de Montréal, elle a travaillé comme agente technique III à l’Institut de Recherche en Biotechnologie et comme représentante technique et directrice des comptes pour Stratagene. Elle travaille au Collège de Bois-de-Boulogne depuis 2003 comme enseignante en biologie, bien qu’elle ait exercé pendant 3 ans un rôle de directrice adjointe aux études.

André Ménard

André Ménard, Ph.D. est professeur de géographie au Collège de Bois-de-Boulogne depuis 2006. Il est titulaire d’un DEC en Sciences humaines du Collège de Bois-de-Boulogne, d’un baccalauréat en géographie (UdeM), ainsi qu’une maîtrise (UdeM), un doctorat (UdeM) et un post-doctorat (ULaval) en géomatique appliquée à l’aménagement du territoire et à l’écologie forestière. Au collégial, il a également été coordonnateur du programme Sciences humaines, responsable de l’aide à la réussite en méthodes quantitatives, co-responsable du Service de tutorat par les pairs (STPP) et directeur adjoint aux études. Ses domaines d’intérêt touchent la réussite éducative, les partenariats interordres et la recherche.

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