L’interévaluation via Moodle, c’est possible!
Depuis que je travaille avec Moodle, j’ai complètement changé mon approche pédagogique. Et je ne reviendrais surtout pas en arrière!
Cette plateforme apporte, aux étudiants, à mes collègues et moi-même, de nombreux avantages pour améliorer l’enseignement, mais aussi (et surtout) l’apprentissage. En plus d’être une plateforme sur laquelle toutes les informations utiles et pratiques pour les étudiants sont regroupées, ce qui facilite les échanges entre eux et les enseignants, elle permet une utilisation quelque peu nouvelle : l’autoévaluation par les pairs, aussi appelée interévaluation.
Développer la responsabilisation via l’interévaluation
J’ai été policier pendant 30 ans et en poste pendant plus de 13 ans à l’École nationale de police du Québec (ENPQ). Depuis 2014, j’enseigne en techniques policières au Cégep de Trois-Rivières. Ma philosophie se résumerait ainsi :

Ma philosophie de pensée!
Rien ne vaut la collaboration entre collègues pour bonifier les apprentissages et permettre le développement de l’entraide et de la solidarité, des valeurs policières importantes à acquérir dans ce corps de métier.
L’interévaluation est, selon moi, une façon de contribuer à l’atteinte des compétences visées.
Les objectifs principaux que je poursuis quotidiennement sont :
- De rendre les étudiants-observateurs plus actifs durant les simulations en cours
- De responsabiliser les étudiants et développer leur autonomie
- D’aider les étudiants à intégrer les critères d’évaluation
Comment procéder au mieux pour atteindre ces 3 objectifs? Grâce à l’autoévaluation par les pairs, aussi appelée interévaluation. Et comment le faire de façon rapide, simple et uniformisée? Grâce à une plateforme informatique très répandue dans la majorité des cégeps : Moodle.
Mise en contexte
En techniques policières, dans le cadre de plusieurs cours, nous utilisons une approche par simulation pour permettre aux étudiants de faire une intégration concrète de leurs compétences (savoir, savoir-faire et savoir-être). Bien qu’ils doivent participer à la rétroaction qui suit chaque simulation, les étudiants ne s’investissent pas tous avec la même intensité. De ce fait, jusqu’à tout récemment, durant les interventions de leurs collègues, plusieurs étudiants étaient des observateurs passifs.
Dans le but d’avoir des étudiants plus actifs, j’ai donc préparé un formulaire d’évaluation simple à l’aide de l’outil Base de données de Moodle. Ainsi, pendant les simulations, chaque étudiant doit répondre, en simultané, à différentes questions à propos de ses observations.
Évidemment, comme je voulais m’assurer du sérieux de la démarche, il fallait y associer un incitatif convaincant. C’est d’ailleurs, je crois, ce qui distingue notre approche d’une approche traditionnelle d’évaluation par les pairs. En effet, en techniques policières, grâce aux facilités offertes par Moodle, c’est l’observateur qui est évalué. Ainsi, en plus de s’investir avec sérieux, les étudiants doivent rester actifs et ont l’obligation de partager leurs observations, permettant d’atteindre un bon niveau d’interévaluation et donc un partage des expertises entre eux.

Exemple de fiche à remplir par les étudiants sur Moodle lors de l’interévaluation.

Exemple de fiche uniformisée à remplir par les étudiants sur Moodle lors de l’interévaluation.
Le choix de l’approche « Moodlistique »
À la base de mes démarches, j’ai été poussé par mon intérêt pour l’informatique et par ma nature curieuse. À mes débuts comme enseignant au Cégep de Trois-Rivières, j’utilisais Google Drive afin de publier et partager mes documents en ligne. C’est lors d’une discussion avec Chantal Desrosiers, conseillère pédagogique TIC, que j’ai pris connaissance d’un atelier de formation sur l’utilisation de cette plateforme Moodle. J’ai alors décidé de suivre cette formation, simple et ludique, pour découvrir cet outil et l’utiliser ensuite avec mes étudiants.
Depuis, je n’utilise plus que cela! Tous mes cours sont maintenant montés sur Moodle et disponibles rapidement et uniformément pour tous mes étudiants. Plusieurs de mes collègues ont même attrapé le « virus » et ont eux aussi commencé à installer leurs cours sur cette plateforme, ce qui nous permet de partager certains outils utiles dans nos différents cours. De temps à autres, il m’arrive de leur fournir une aide technique dans les limites de mes capacités bien sûr, lorsque mes collègues essaient de nouvelles fonctions proposées par Moodle. Le coopératif, ce n’est pas seulement pour les étudiants.
Il ne faut pas oublier que nous sommes des « modèles » pour nos étudiants. Nous nous devons d’être représentatifs des valeurs du corps policier.
Afin de concrétiser le partage et la collaboration, la création d’un « centre de référence (virtuel) en Techniques policières » a donc été un choix tout naturel afin de centraliser tous les documents et informations nécessaires à notre programme.

Une partie des informations communes retrouvées dans le centre de référence virtuel de Moodle.

Tableau de bord Moodle dans lequel on retrouve le centre de référence en Techniques policières ainsi que d’autres documents propres au programme.
Les formulaires à utiliser sont simples, uniformisés et surtout, ils sont informatisés via la base de données de Moodle. On peut y retrouver de nombreux documents de référence tels que des outils pédagogiques, des cas de jurisprudence, les valeurs policières à acquérir par les étudiants ou bien encore les références juridiques.
De plus, grâce à cette plateforme, certains de mes collègues et moi-même pouvons évaluer rapidement les connaissances des étudiants, leur capacité d’analyse et leur compréhension des outils pédagogiques utilisés à l’aide de documents uniquement accessibles aux enseignants. Un gain de temps supplémentaire non négligeable!
Résultats observés suite à l’utilisation de l’interévaluation via Moodle
Depuis mes premiers essais en classe, j’ai eu l’occasion de faire une analyse de mes choix pédagogiques et d’en tirer plusieurs conclusions :
- Une meilleure compréhension et utilisation des processus et des outils utiles par les étudiants
- La capacité des étudiants à observer les mêmes forces et les mêmes difficultés que les enseignants
- Plus d’échanges entre les étudiants en vue de clarifier des éléments observés
- Les pairs deviennent des alliés capables de désamorcer les contestations et les crises
Un sondage a même été effectué auprès des étudiants ayant testé cette approche. Voici ce qu’il en ressort (% = en accord avec l’énoncé):
- Utilité de faire une rétroaction des simulations entre collègues (91%)
- L’utilisation d’un formulaire électronique est appropriée (95%)
- Accessibilité aux rétroactions rédigées par les pairs (80%)
- Amélioration des compétences étudiantes (connaissances, attitudes, techniques) grâce aux rétroactions (95%)
- Les autres cours devraient aussi adopter cette approche (68%)
Il semble donc que le bilan soit très positif, puisque de nombreuses valeurs propres à la formation en techniques policières sont mises de l’avant spontanément par les étudiants : responsabilisation, coopération et échange entre les pairs. L’objectif est atteint!
Cette approche d’interévaluation par les pairs est bien acceptée par les étudiants. Au départ, réticents à ce genre d’exercice, maintenant, ils en redemandent! La majorité y voit un intérêt dans leurs apprentissages et leur responsabilisation. Je pense en plus que cette méthode, via Moodle, est tout à fait accessible et transférable dans les autres domaines disciplinaires, aussi bien dans la formation professionnelle que régulière.
À bon entendeur, à vous d’essayer et de nous partager votre expérience!
Très intéressant! Je vais partager auprès des profs de mon collège!