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29 août 2017

Luc Archambault: le facteur humain et la collaboration comme moteurs d’apprentissage

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

En 2014, Luc Archambault partageait sur Profweb un récit portant sur ses expérimentations avec la classe d’apprentissage actif (CLAAC), approche qu’il a développée de 2012 à 2017. Il a pris part à un projet de recherche qui regroupait 7 établissements d’enseignement supérieur et qui lui a permis d’échanger avec d’autres collègues du collégial qui expérimentaient la même formule. Depuis qu’il a intégré cette approche dans ses cours, il se sent comme un poisson dans l’eau!

Luc a enseigné pendant 28 ans : le théâtre d’abord, puis la littérature et la communication au Cégep de Trois-Rivières. Il a amorcé sa retraite en juin 2017. Au moment de notre entretien, mon intention était de revenir sur son expérience de la CLAAC 3 ans plus tard, mais l’entrevue a vite pris la forme d’un beau témoignage!

Luc le dit d’entrée de jeu : pour lui, la classe comme lieu physique a toute son importance. C’est la dynamique de groupe que l’on crée qui fait la différence.

Avant d’être enseignant au collégial, j’étais comédien professionnel. Je faisais partie d’une troupe de théâtre. Nous avions une approche créative qui misait sur la co-création. Durant ma formation universitaire en théâtre, on créait déjà des projets qui m’ont ouvert sur le monde de la co-construction des savoirs. Luc

La mise en place d’une approche d’apprentissage actif s’est faite facilement grâce au travail qui avait été effectué après la réforme de l’enseignement collégial avec l’introduction de l’approche par compétences. Ajoutons que ses études dans l’univers de la littérature française et ses travaux de maîtrise sur l’animation comme agent de changement social par le théâtre donnaient le ton à ce qui allait suivre.

Lorsque le projet CLAAC s’est amorcé, Luc s’est vite porté volontaire pour faire partie du groupe d’expérimentateurs.

Il croit que la CLAAC permet de résoudre beaucoup de problèmes liés à la gestion de classe. 36 personnes isolées à gérer lui rendraient la tâche beaucoup plus difficile que de gérer 6 équipes de 6 personnes. Il circule parmi les étudiants et il peut suivre plus facilement leur évolution et intervenir au bon moment. Il observe que cette disposition permet aux étudiants plus timides de s’exprimer et de participer.

Lorsque je lui demande s’il se sentait à l’aise avec les technologies, Luc me répond : «Affirmatif !». Avant même l’arrivée d’Omnivox, Luc s’était doté de fichiers de suivis très bien ordonnés. Chaque rencontre avec les étudiants était notée avec les objectifs, les compétences à atteindre, comment le faire avec la CLAAC et ce que les étudiants devaient préparer pour les prochains cours. Pour lui, l’évolution et l’intégration des technologies permettent plus d’efficacité, notamment dans sa gestion des suivis des étudiants, et offrent de belles possibilités pour le travail collaboratif. Retenons toutefois ceci : on peut faire beaucoup avec peu!

Il y a actuellement une seule salle aménagée spécialement pour la CLAAC au Cégep de Trois-Rivières. Ce n’était peut-être pas la plus équipée, mais elle m’a permis de faire de très belles expériences avec mes étudiants. Est-ce vraiment nécessaire d’avoir des classes suréquipées? Nous avons une armoire avec 18 ordinateurs portables, qui fonctionnent en réseau. C’est suffisant, mais parfois, le système plante! Certains étudiants préfèrent utiliser leur téléphone, car le signal est plus efficace. À cet effet, je souligne que les étudiants ont contribué à trouver des solutions vis-à-vis certaines situations problématiques. J’ai appris d’eux aussi. Luc

Un bilan positif avant de partir vers d’autres projets

Au total, 800 étudiants environ ont participé à l’expérience CLAAC. J’ai reçu de très beaux témoignages. Les étudiants que je croise en dehors du collège me disent qu’ils fréquentent certains de leurs anciens coéquipiers avec qui ils avaient travaillé dans mon cours. J’ai le sentiment que ce type d’approche permet de vraiment saisir la force du travail collaboratif, voire même de la solidarité. Les plus forts aident les plus faibles. Luc

Luc a également observé que :

  • La moyenne des notes dans son cours avait considérablement augmenté.
  • Les travaux sont de meilleure qualité, plus détaillés et montrent plus de réflexion et de profondeur.

Selon Luc, il faut continuer de parler de l’intérêt majeur de cette approche, lors de journées pédagogiques ou selon d’autres formules.

Quelques questions en rafale

Ce qui caractérise Luc dans un projet :

  • Il s’attarde à la dynamique de groupe.
  • Il mise sur la collaboration.
  • Il croit fermement à la co-construction des connaissances.

Ce qui l’anime le plus en ce moment :

  • Amorçant sa retraite, Luc a plusieurs projets en tête. Nommons-en un premier : la fabrication d’instruments de musique. En toile de fond durant la visioconférence, on note un piano et une guitare. Attention! Création et peut-être co-création en vue…

Une force qui le distingue :

  • Avoir toujours soif de nouvelles connaissances.

Des sources d’inspiration qui ont contribué à sa pratique d’enseignant :

Au cours de l’entretien, Luc a souligné plusieurs personnes ressources qui ont contribué à sa démarche réflexive :

  • Chantal Desrosiers (alors CP TIC au Cégep de Trois-Rivières)
  • Louis Normand (enseignant au Cégep de Rosemont)
  • Bruno Poellhuber (professeur à l’Université de Montréal)
  • Samuel Fournier (enseignant au Cégep de Saint-Laurent)

Un théoricien qui a laissé sa marque dans sa réflexion :

Particulièrement Yves St-Arnaud, de l’Université de Sherbrooke, et Guy Archambault dans 47 façons pratiques de conjuguer enseigner avec apprendre.

Une citation qui le guide dans ses élans et ses creux de vague :

Il y a 10 possibilités que l’on ait des difficultés à communiquer, mais essayons quand même… Bernard Werber, extrait de « Tentative » dans l’Encyclopédie du savoir relatif et absolu.

Ce qui lui permet de recharger la créativité :

La curiosité, tout simplement.

Merci pour le partage Luc et bonne retraite! L’équipe de Profweb te souhaite de belles suites!

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Nicole Perreault
Nicole Perreault
5 septembre 2017 14h10

C’est toujours très motivant et inspirant de lire de tels parcours d’enseignants. Leur apport est inestimable tant pour le développement de la pédagogie que pour celui des étudiants. Quand je lis un article comme celui-ci, je comprends encore mieux pourquoi j’évolue dans le réseau collégial. Merci Luc et merci à Caroline pour ce texte.