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28 mai 2019

Un cours de type Web 2.0 pour pallier une offre de formation limitée

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Dans un but de concision, mais sans altérer le sens du texte, certains éléments écrits en rouge et ayant un nombre en exposant se retrouvent dans un document complémentaire d’informations.

Depuis le 12 février 2009, le Centre québécois de formation aéronautique (CQFA) du Cégep de Chicoutimi a débuté un cours en formation régulière (Théorie du vol) sous la forme d’un cours de formation à distance mettant en œuvre plusieurs outils du Web 2.0, dont le point d’orgue est la vidéoconférence (au travers de la plateforme Acrobat Connect Pro) dans ses deux modes, à savoir le synchrone et l’asynchrone (plus de 10 capsules vidéo d’une durée moyenne de 20 minutes).

L’obstacle ou le problème relié à la réussite

Les règles de la PEA (Politique d’évaluation des apprentissages) en pilotage ne permettent pas à l’étudiant de cumuler plus de 2 cours en retard pédagogique. Le cours 280-BUC constitue un écueil de début de parcours difficile à reprendre et pourtant indispensable. Par ailleurs, en cours de session, certains étudiants éprouvent des difficultés qui pourraient être corrigées si ceux-ci disposaient de plus de possibilités de rencontres avec l’enseignant. La distance et les horaires de cours ne permettent pas de reprendre ce cours. Dans ce cas précis, 11 étudiants répartis sur les 3 cohortes se trouvaient en situation d’échec.

L’objectif du projet

Ce projet fut rendu possible par la concomitance entre les besoins du Plan d’aide à la réussite, du Plan TIC, des moyens technologiques disponibles au CQFA et du projet personnel d’un enseignant du CQFA. L’objectif final est non seulement de trouver une réponse à la problématique des étudiants en situation d’échec, mais également de valider la pertinence des nouveaux outils disponibles dans le domaine du Web 2.0. Outre la vidéoconférence, ces outils sont : le forum comme classe virtuelle, le blogue comme carnet de bord et des capsules vidéo telles que l’on peut les trouver sur YouTube. Les plateformes utilisées pour ces outils pédagogiques sont Omnivox, Léa et les lecteurs réseau du Cégep de Chicoutimi.

Capsule vidéo – Les équations de base

L’innovation majeure réside dans l’absence de rencontre en présentiel pour la totalité du cours, à l’exception du contrôle final et de la présentation initiale de la plateforme aux étudiants.

Le mode opératoire retenu, à savoir celui de la formation à distance (FAD), se justifie :

  • par la situation spécifique des étudiants suivant ce cours;
  • par un projet expérimental mettant en œuvre les moyens synchrones déjà disponibles au CQFA;
  • par la volonté manifestée par notre Cégep et le CQFA ,au travers de son plan TIC, d’aller de l’avant avec des projets de cette nature, d’évaluer les moyens issus des nouvelles technologies et d’acquérir un savoir-faire complémentaire;
  • par le désir de trouver une solution pérenne à la problématique récurrente des finissants du CQFA terminant leur cursus avec leur licence de pilote, mais sans leur DEC.

La mise en œuvre d’Acrobat Connect Professional

Ce qui distingue ce projet de celui présenté sur Profweb par Sonia Gounar et qui a fait l’objet d’une baladodiffusion de La Vitrine Technologie-Éducation réside, quant à moi, dans l’absence complète de séquence en mode présentiel. Chaque étudiant suivait – seul – le cours en ligne depuis l’endroit qui lui semblait bon, à l’aide d’une webcam depuis son ordinateur. Nous nous retrouvions en classe virtuelle en mode synchrone à chaque jeudi, de 18h à 19h30, en mode vidéo permanente pour tous les participants. Chaque séquence faisait l’objet d’un courriel de rappel.

Ma conclusion

Dix (10) des onze (11) étudiants ont réussi ce cours, ce qui nous permet de penser que cette méthode est une des réponses à la problématique initiale. De plus, l’enthousiasme pour cette méthode et la motivation des étudiants sont également parfaitement perceptibles au travers des partages sur le forum, dans leurs carnets de bord personnels et dans les commentaires de leurs représentants lors des rencontres du Comité pédagogique.

De l’usage des outils du Web 2.0

  1. Les carnets de bord individuels ont permis aux étudiants de verbaliser leur parcours d’apprenants et parfois leurs frustrations; ainsi, il était possible de lire …
  2. Le forum a pleinement rempli son rôle de classe virtuelle avec en moyenne 5 répliques par sujet et plus de 50 consultations par sujet durant les 7 semaines que le cours a duré.
  3. Les capsules vidéo ont été un relais très pertinent pour les étudiants afin d’approfondir ou de réviser les concepts majeurs de ce cours.
  4. Les rencontres en classe virtuelle ont débloqué la participation de la presque totalité des étudiants, que ce soit par le biais de la vidéo ou de la messagerie instantanée intégrée.

De ma pratique pédagogique

Les impacts de cette expérience sur ma pratique pédagogique sont nombreux et touchent plusieurs domaines.

En posant un regard technologique

  1. Si le recours à une classe virtuelle en mode synchrone est une réponse technologique qui peut paraître simple, sa pratique réclame une rigueur et une préparation que je n’avais pas soupçonnées au début de l’expérience.
  2. Si la mise en œuvre d’un forum et d’un carnet de bord est utile et pertinente, il ne faut pas songer les utiliser sans réfléchir à la charge qu’ils représentent pour l’enseignant, bien que je les utiliserai de nouveau à la prochaine session.

En posant un regard sur le rôle d’enseignant

  1. Le recours aux outils du Web 2.0 m’amène à revoir mon rôle d’enseignant, mais l’expérience est à la fois enrichissante et m’a sorti de ma zone de confort dans laquelle je suis en mode présentiel.
  2. Cette expérience me confronte également à la faiblesse de mes connaissances pédagogiques théoriques puisque je suis un ingénieur. Il devient donc important pour moi d’acquérir des compétences en ingénierie pédagogique afin de mieux accompagner nos étudiants dans leur parcours académique.

Cette expérience m’a également démontré que

  • les enseignants ne posent pas tous le même regard sur les technologies de l’information et de la communication appliquées à l’enseignement,
  • des termes comme Web 2.0 ou classe virtuelle ne sont bien souvent que des barbarismes que nous avons le devoir d’expliquer,
  • j’ai la chance d’avoir le soutien de la direction du CQFA et des conseillers pédagogiques de mon collège, qui m’appuient sans aucune restriction dans ce type de projet,
  • nous sommes souvent seuls à partager cette vision et ce goût du risque que représentent de telles expériences pédagogiques,
  • des sites comme Profweb, des regroupements comme l’APOP et d’autres, nous sortent de l’isolement.

En posant un regard sur l’avenir et les suites de cette expérience

Cette expérience démontre que cette voie est une avenue très large où il est nécessaire de défricher et de partager ensuite les résultats au-delà des murs et des convenances locales. Si les étudiants m’interrogent déjà sur les autres cours qui pourraient être offerts sous cette forme, cette expérience se poursuivra dans un premier temps avec les étudiants de 1reannée, 1re session, afin de leur offrir un soutien en ligne avec la même plateforme qui nous affranchit des distances et des horaires et en utilisant à nouveau le forum, le carnet de bord virtuel et les capsules vidéo qui auront été revus dans le courant de l’été pour répondre aux commentaires des étudiants; et également au-delà …

Je vous invite à partager vos expériences, vos doutes, vos interrogations ou vos questions dans la section commentaires. Je me ferai un plaisir d’y répondre.

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