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Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

En ces temps de distanciation physique, souffrez-vous de « fatigue Zoom »? L’abondance des visioconférences à votre horaire vous a-t-elle amenée à vous mettre dans la peau de vos étudiants et à vous demander comment ils vivaient, eux, une session d’études collégiales à temps plein à distance? Si les séances de visioconférences synchrones ont assurément leur place en enseignement collégial, chaque enseignant peut se questionner pour discerner les moments qui nécessitent réellement d’être vécus en visioconférence de ceux qui peuvent être articulés autrement.

L’exposé magistral

Un exposé magistral aura tout avantage à être transposé sous forme de vidéos préenregistrées. Allez à l’essentiel et segmentez ce qui aurait été un exposé de 50 minutes en 2 ou 3 (ou 4…) courtes capsules de 6 à 10 minutes, chacune ciblant un élément précis.

Ce qu’on perd en passant à distance

En classe, en personne, vous auriez pu observer le langage non verbal de vos étudiants pour évaluer leurs niveaux d’attention et d’intérêt. En visioconférence, les vignettes des caméras des étudiants ne donnent pas la même impression… et encore faut-il que les étudiants ouvrent leurs caméras!

Les outils d’interaction intégrés aux plateformes de visioconférence (pouce en l’air, etc.) et les sondages en ligne (intégrés à la plateforme de visioconférence ou externes) permettent de pallier le manque de communication non verbale de façon extrêmement avantageuse. Mais si on se contente de demander aux étudiants de lever le pouce 1 ou 2 fois pendant la séance ou si la question du sondage qu’on soumet aux étudiants est une variante de « Avez-vous des questions? Avez-vous compris? », alors on peut se questionner sur la réelle valeur ajoutée du format « en direct ».

Préenregistrer plutôt que d’être en direct

Préenregistrez de courtes capsules vidéos que les étudiants peuvent visionner quand ils le veulent, à leur rythme, et même plusieurs fois s’ils le désirent. Cela s’inscrit dans le cadre d’une pratique pédagogique inclusive. Cela vous permet aussi de soigner la présentation du contenu davantage que dans une livraison « en direct » (sans compter qu’on peut la réutiliser avec plusieurs groupes d’étudiants!). (Pour une réflexion originale sur le sujet, lisez un texte paru sur le site de The Chronicle for Higher Education [en anglais] qui s’inspire des conventions partisanes américaines d’août 2020 pour formuler des conseils à l’intention des enseignants.)

En complément à vos vidéos, multipliez les occasions d’évaluations formatives et diagnostiques pour vos étudiants:

  • Proposez-leur des questionnaires autocorrigés
  • Lancez des discussions sur un forum
  • Faites-leur construire une carte conceptuelle liée aux notions présentées dans les vidéos (individuellement ou en groupe, en collaboration)

Cela vous permettra de réduire la durée des séances synchrones tout en les rendant plus profitables.

Utilisation efficace des séances synchrones

Utilisez les séances synchrones pour réellement interagir avec les étudiants et les faire interagir entre eux. Par exemple:

  • Lancez des discussions en vidéo ou par clavardage. (Voici un article très intéressant [en anglais] sur des stratégies pour animer des discussions en classes. Le texte a été écrit en songeant au mode présentiel, mais les suggestions sont facilement transposables en ligne.)
  • Faites-les travailler dans des « salles de petits groupes » (breakout rooms) sur:
    • des études de cas
    • des problèmes complexes et authentiques
    • etc.
  • Faites-les réagir sur un tableau blanc.

La structure proposée (explications théoriques préenregistrées et évaluation formative suivies d’occasions d’appliquer le contenu) se rapproche de ce que plusieurs enseignants vivaient déjà dans leurs cours en présence: la classe inversée (dont il a abondamment été question dans Profweb).

Ce n’est pas une panacée et vous pouvez avoir d’excellentes raisons de vouloir enseigner une notion donnée à vos étudiants par le biais d’une visioconférence « magistrale » de 1h50. Ça peut fonctionner et même être amusant pour les étudiants. Reste que si je redevenais étudiante, je ne me verrais pas suivre une session à temps plein de cours prenant tous la forme de visioconférences de 1h50.

À propos de l'auteure

Catherine Rhéaume

Catherine Rhéaume est éditrice et rédactrice pour Éductive (auparavant Profweb) depuis 2013. Elle est enseignante de physique au Cégep Limoilou. Elle est également auteure de différents cahiers d’apprentissage pour la physique et pour la science et la technologie au secondaire. Son travail pour Éductive l’amène tout naturellement à s’intéresser à la pédagogie numérique et à l’innovation pédagogique.

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