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Étape La classe numérique en Sciences humaines… vers une classe sans papier ? : Synthèse

Dans les paragraphes qui suivent, nous vous proposons d’explorer avec nous les pistes empruntées lors de ce premier laboratoire en définissant d’abord le cadre d’un labo VTÉ, puis en abordant les thèmes qui ont été l’objet de discussions et d’échanges entre les participants.

Par Andrée Beaudin-Lecours, conseillère pédagogique, Collège Bois-de-Boulogne

Nos sincères remerciements aux membres du comité de pilotage (Marie-Josée Desrochers, Guy Germain, Laurence Lachapelle-Bégin et Jules Massé) et à nos invités spéciaux (Samuel Bernard, Martin Bérubé, Aurélia Giusti, Lorraine Ouellette et Jean-Marie Tremblay).

Figure 1 : La classe numérique… vers une classe sans papier; image : Bob August | CC BY-NC-SA 2.0 

À l’automne 2011, nous avons lancé, à titre expérimental, un premier projet de recherche-action dans le cadre de notre nouveau labo VTÉ. Nous proposions alors de relever le défi de la classe numérique en Sciences humaines, une classe « sans papier », en composant collectivement un cartable numérique. Les participants, membres du comité de pilotage, étaient alors conviés à des rencontres Web régulières qui permettaient de définir les composantes d’un tel cartable.

Dans les paragraphes qui suivent, nous vous proposons d’explorer avec nous les pistes empruntées lors de ce premier laboratoire en définissant d’abord le cadre d’un labo VTÉ, puis en abordant les quatre thèmes qui ont été l’objet de discussions et d’échanges entre les participants :

  1.  Le passage du papier au numérique
  2.  Guider les étudiants dans l’univers numérique
  3.  Choisir : portables, tablettes ou BYOD ?
  4.  L’évaluation sans papier et ni crayon

Des projets de recherche-action au labo VTÉ

La mise sur pied d’un laboratoire de recherche-action, axé sur l’observation (recherche) et la mise en œuvre (action) de projets concrets sur le terrain, s’inscrit parmi les activités de veille technologique de la VTÉ en plus de la collecte et de l’analyse d’informations scientifiques, techniques et technologiques.

Désireuse de soutenir l’innovation pédagogique favorisant une utilisation responsable du numérique, la VTÉ souhaite contribuer à une recherche qui soit instigatrice de changements, inspirée par les principes de la recherche-action où les chercheurs s’allient aux praticiens. La méthode de recherche-action a un double objectif : «  … transformer la réalité et produire les connaissances relatives à ces transformations …  » Source : Hugon et Seibel, 1988, dans Wikipédia.

Cet espace d’exploration et d’expérimentation est nommé labo VTÉ. Sur le nouveau site de la Vitrine technologie-éducation, le laboratoire occupe une zone privilégiée à la page d’accueil. Il se présente comme le journal de bord, le portfolio des expérimentateurs. La participation active et volontaire des personnes est préconisée. De son côté, la Vitrine technologie-éducation assure l’animation des labos et propose des activités permettant de réaliser les projets retenus.

Dans le cadre du premier laboratoire, l’accent a été mis sur le partage d’expériences à l’occasion de rencontres Web. Lors des prochains labos s’ajouteront d’autres outils collaboratifs, comme ceux de la suite Google, des blogues ou des wikis. Chacun des laboratoires s’inscrit dans une durée de six à huit semaines et débute à tous les semestres.

LE PASSAGE DU PAPIER AU NUMÉRIQUE

Figure 2 : Le passage du papier au numérique; Image : A. B.-Lecours | CC BY-NC-SA 2.0 

Au cours du laboratoire sur la classe numérique en Sciences humaines, nous avons suivi le récit de Bill Celis, un associé à l’école de communication et de journalisme Annenberg de la University of Southern California (USC), qui, en collaboration avec le service des technologies Web de son institution, a tenté à l’automne 2010 l’expérience d’une classe « sans papier » pour l’enseignant et les apprentis journalistes. Son expérience nous a servi de cas concret pour orienter les travaux du labo.

Un cas concret : pour Bill Celis, demander à ses étudiants de produire leurs travaux sous une forme numérique présentait son lot de défis. Toutefois, ces défis n’étaient pas les moindres pour cet enseignant qui souhaitait rendre disponibles en version numérique l’ensemble des documents requis pour son cours.

Ce fut un pas particulièrement difficile à franchir, car certains ouvrages signifiants pour lui, comme There Are No Children Here : The Story of Two Boys Growing Up in The Other America, d’Alex Kotlowitz, n’étaient tout simplement pas disponibles sous cette forme! Comment enseigner sans ce livre ?

LES DOCUMENTS LIBRES ET GRATUITS

En explorant l’offre en matière de manuels et de livres numériques, il nous est apparu que parmi les sources les plus convoitées se trouvaient les documents libres et gratuits, dont l’accès est facilité par des moteurs de recherche comme Google Livres. L’initiative de Jean-Marie Tremblay, fondateur du site Les classiques des sciences sociales, semble une voie d’avenir en matière de classe numérique. Le site de cet enseignant de sociologie présente l’ensemble des contenus utilisés pendant ses cours. Ces ressources éducatives en libre accès rappellent l’initiative du MIT OpenCourseWare. Fait intéressant dans ce dernier cas, l’accès aux documents numériques payants offerts par Amazon se fait directement à partir des bibliographies et plans de cours se trouvant sur le site et il s’accompagne d’une réduction à l’achat (jusqu’à 10 %). Pourrait-on envisager de regrouper les plans de cours des établissements d’enseignement collégial dans un espace numérique commun, accessible au grand public?

Un cartable numérique pourrait précisément contenir une variété de documents libres et gratuits, téléchargés du Web, qu’ils soient de format EPUB, PDF, AZW ou autres. Pour faciliter le choix du format, on peut se demander lequel permet les meilleures annotations ainsi que le partage et la conservation de ces notes.

LES CATALOGUES EN BIBLIOTHÈQUE

En plus de l’offre des libraires en ligne, les catalogues disponibles en bibliothèque comme Cairn et Érudit sont également des sources privilégiées en sciences humaines. Dans les deux cas, de nombreux articles sont offerts dans leur intégralité. Renvoyer à des articles numériques traitant de monographies qui elles ne se trouvent pas en format numérique est une manière de résoudre le problème soulevé précédemment.

Cairn.info publie et diffuse sur Internet des revues de sciences humaines et sociales issues de quatre maisons d’édition européennes (Belin, De Boeck, La Découverte et Erès). La plateforme Érudit est, quant à elle, « un consortium interuniversitaire (Université de Montréal, Université Laval, Université du Québec à Montréal) et un organisme sans but lucratif qui donne accès à plus de 80 revues savantes, 27 revues culturelles, une cinquantaine de livres et actes, 30 000 mémoires et thèses, et près de 3 000 documents et données provenant de centres de recherche subventionnés par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC) ».

Source : erudit.org

Pour en savoir plus sur la gestion des périodiques et monographies numériques en bibliothèque, nous vous proposons d’écouter une entrevue avec Marthe Francœur, bibliothécaire au Collège de Bois-de-Boulogne. À surveiller : pretnumerique.ca ! Assurément, un cartable numérique pourrait fournir des accès aux catalogues des bibliothèques de même qu’à des ressources permettant l’autoformation à la recherche documentaire, telles celles qui sont actuellement produites dans le cadre du projet Diapason.

GUIDER LES ÉTUDIANTS DANS L’UNIVERS NUMÉRIQUE

Figure 3 : Processus de travail (workflow); Image : Jason Wong | CC BY-NC-SA 2.0

Cas concret. Dans la classe de Bill Celis, les étudiants devaient produire avec un iPad des reportages multimédias diffusés sur le Web dans un magazine numérique nommé Watt Way. Accompagnée d’une caméra de qualité, cette tablette pouvait remplacer les outils traditionnels d’enquête sur le terrain et elle pouvait se substituer au papier et à la pellicule grâce à Internet dans les nuages et quelques applications.

Fait intéressant, l’enseignant présenta à ses étudiants une marche à suivre très précise, un workflow (voir diapo 14). « Était-ce trop contraignant ? », lui demanda-t-on lors de la présentation de ce projet au Campus Technology 2011. « Bien au contraire », fut la réponse. Les étudiants avaient besoin de consignes précises, selon lui.

APPRIVOISER LES TECHNOLOGIES

Grâce à la générosité de Jules Massé et Aude Guiraud, enseignants à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), nous avons pu visiter une classe où les activités pédagogiques étaient résolument numériques : production d’articles pour une publication numérique de format EPUB dans un laboratoire informatique, le tout soutenu par un blogue de cours. Comme le signalait Jules Massé, cet enseignant de philosophie également répondant TIC à l’ITHQ, les étudiants, contrairement aux attentes, ne maîtrisent pas d’emblée les technologies et les différents logiciels qu’on leur propose, qu’ils soient natifs du numérique ou non.

Par ailleurs, les étudiants ne sont pas toujours au fait des dessous du Web. L’enseignant se retrouve donc avec une double responsabilité : celle d’initier les étudiants aux divers outils et aussi, celle d’être garant d’une utilisation responsable du numérique, incidemment celle d’encadrer le développement de l’identité numérique de l’étudiant.

Un projet comme InukTIC, en plus d’être un outil d’autodiagnostic et d’autoformation, présente aux étudiants et aux enseignants une collection de ressources en lien avec le profil TIC des étudiants, c’est-à-dire le profil des habiletés que l’on souhaite voir se développer chez les étudiants au cours de leur cheminement scolaire postsecondaire. « L’accès est gratuit et ouvert à tous, tout internaute quel qu’il soit peut donc en profiter. » S’ajoute à cela le projet Futurs profs qui propose aussi des capsules d’autoformation qui pourraient prendre place au cœur d’un cartable numérique en Sciences humaines.

DES APPLICATIONS ET RESSOURCES UTILES

Le cartable numérique, comme il avait été envisagé initialement dans le cadre du labo VTÉ, était celui de l’étudiant. Toutefois, lors des rencontres Web, il est apparu qu’un volet « enseignant » complémentaire ne serait pas de refus. Il n’est pas rare de voir un manuel scolaire accompagné d’un guide pour le formateur. Cela dit, il nous semblait que, parmi les divers outils de design pédagogique, ceux permettant de définir des cartes heuristiques étaient à la fois pratiques pour l’enseignant et pour l’étudiant. Ce sont des outils utiles non seulement pour définir l’articulation des activités d’apprentissage dans le cadre d’un cours, mais aussi pour présenter des situations d’apprentissage authentiques se rapprochant de celles qui sont vécues sur le marché du travail – par exemple, la publication d’articles journalistiques sur le Web.

Dans un cartable numérique, aux outils de schématisation s’ajoutent également ceux qui permettent l’amélioration du français, comme les ressources du Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) et le logiciel Antidote. À propos de ce dernier, une version pour iPad est disponible : Antidote Ardoise.

CHOISIR : PORTABLES, TABLETTES OU BYOD ?

Figure 4 : La tablette tactile comme support au cartable; Image:Jean-Pierre Dalbéra | CC BY-NC-SA 2.0

Cas concret. Dans le cas du projet pilote de Bill Celis, l’équipement était carrément fourni aux étudiants, sans frais supplémentaires. « Vivement les classes avec iPad! », ont clamé les étudiants. « Mieux que le portable ? », s’est demandé Bill Celis à la fin de sa présentation au Campus Technology 2011.

Le iPad en lui-même représente un investissement important. Comme l’accès à Internet était un élément crucial du projet, chacun des iPad 1 Wi-Fi et 3G était muni d’un forfait de données. Parmi les six applications retenues, peu étaient gratuites, bien qu’abordables (jusqu’à 9,99 $ l’unité, pour un total n’excédant pas 60 $).

PARTAGER OU « UN APPAREIL POUR CHACUN » ?

Plusieurs étudiants ne sont pas en mesure de se procurer un tel équipement et de payer les frais afférents. Alors, comment agir dans un contexte où chacun n’a pas le même accès aux technologies ? Comment pallier la fracture numérique ? Pour qu’un projet de classe numérique puisse être viable, tous les étudiants sont tenus d’avoir accès à l’équipement requis, voire de le posséder.

Peut-on exiger l’achat, par exemple, d’une tablette numérique à la rentrée scolaire et d’un abonnement à un forfait de données ? Que doit-on privilégier : un équipement fourni par l’établissement ou la formule « apportez votre appareil personnel » (BYOD ou Bring Your Own Device, en anglais) ?

Au Cégep de La Pocatière, une flotte de iPad a été rendue disponible pour les étudiants du programme Techniques de comptabilité et de gestion (TCG), sous forme de prêt afin qu’ils aient accès à une gamme élargie de ressources. Ainsi, en plus de leurs propres appareils portables, ils accèdent aux applications spécifiques au iPad. Le prêt de tablette tactile serait-il une façon de pallier la fracture numérique?

CRITÈRES DE SÉLECTION POUR LE CHOIX DE L’APPAREIL

Ordinateurs de table et portables peuvent satisfaire les exigences d’un cartable numérique composé de documents numérisés ou d’origine numérique, en plus des logiciels courants. Les liseuses, quant à elles (Kindle, par exemple), ont un vocation unique : être le support de livres numériques au sens strict (en excluant les « livres-applications »). Les tablettes tactiles peuvent-elles servir de support électronique au cartable numérique?

Alors que l’administration Obama encourage l’utilisation de manuels scolaires numériques sur tablette tactile, nous avons exploré les expérimentations locales. Au Cégep de Victoriaville, les responsables du programme Techniques d’éducation spécialisée ont choisi de demander l’achat d’un iPad plutôt que d’un portable pour leurs étudiants, en fonction des critères suivants :

  • la disponibilité d’applications pertinentes pour ce domaine et dont la qualité est assurée par un certain mécanisme de filtrage par l’entremise d’iTunes;
  • l’autonomie de l’appareil avec sa pile longue durée;
  • la portabilité, car les étudiants peuvent utiliser leur tablette sur le terrain;
  • le fait qu’il fonctionne en système fermé le rend à la fois plus sécuritaire et moins demandant pour le service de soutien informatique.

Les stratégies pédagogiques adoptées font en sorte que les étudiants peuvent utiliser leur iPad en stage, sans abonnement à un forfait de données.

Lors du labo, nous avons pu constater la polyvalence de cette tablette, alors que Guy Germain, conseiller pédagogique au Collège de Bois-de-Boulogne, a permis à une collègue de participer à la visite de la classe de Jules et Aude, par l’intermédiaire de Skype et de la caméra Web de son iPad2. Il a aussi usé d’un stratagème similaire, cette fois avec le micro de sa tablette, lors d’une rencontre Web avec un invité que nous n’arrivions pas à entendre autrement à cause de problèmes techniques.

L’ÉVALUATION SANS PAPIER NI CRAYON

Figure 5 : Lorsque vient le temps de l’évaluation; Image : Sam Hames | CC BY-NC-SA 2.0 

Un cas concret : une classe « sans papier » implique nécessairement une évaluation « sans papier ». Comment évaluer sans papier ni crayon, tant sur le plan formatif que sommatif ? L’évaluation sans papier ouvre-t-elle la porte au plagiat électronique ?

Selon le témoignage de Bill Celis, cet enseignant en journalisme dont l’expérience a inspiré ce laboratoire, le papier et le crayon deviennent superflus avec un logiciel comme iAnnotate, qui permet d’annoter les documents numériques avec un clavier ou un stylet en plus d’offrir un surligneur et autres fonctions connexes.

ÉVALUER POUR L’APPRENTISSAGE

Lorsqu’il est question d’examens assistés par ordinateur, d’évaluation en ligne ou à distance plane l’ombre du plagiat électronique. Comment s’assurer que les personnes qui répondent sont bien celles qu’elles prétendent être? Car sur Internet, on le sait, nobody knows you’re a dog. La question de l’identification et de l’authentification demeure cruciale. Incidemment, les examens en présence sont encore ceux qui sont privilégiés dans les salles de classes numériques.

Dans son billet Outils d’évaluation en ligne : objectif connaissances, François Guité évoque le fait que la création de questionnaires en ligne pourrait servir davantage l’apprentissage des étudiants que le simple fait d’y répondre. Cette piste apparaît intéressante. Néanmoins, sans que les étudiants contribuent à leur élaboration, ces questionnaires demeurent d’une grande utilité dans un contexte d’évaluation formative et diagnostique. Pour contrer le plagiat dans l’univers numérique, les stratégies évaluant tant la démarche que les résultats sont susceptibles d’être efficaces. En plus des questionnaires, il y a plusieurs façons d’évaluer sans papier.

Le rapport du Réseau d’enseignement francophone à distance du Canada (REFAD) intitulé Les pratiques et défis de l’évaluation en ligne est éloquent à ce sujet. Le deuxième chapitre de ce rapport, Des pratiques et modèles d’évaluation, explore diverses façons d’évaluer à distance : les questionnaires automatisés, les simulations, les forums et autres échanges en ligne, les cyberportfolios et autres activités sur le Web. Le numérique peut aussi mieux soutenir l’évaluation par l’amélioration de la rétroaction, le suivi des traces ainsi que  l’analyse et la correction de textes. C’est ici que s’inscrit un outil comme iAnnotate, utilisé par l’enseignant Bill Celis. Jules Massé a quant à lui concocté sa propre base de données avec le logiciel FileMaker afin d’offrir une rétroaction enrichie, de simplifier la correction (particulièrement pour les travaux d’équipe avec résultats individuels) et d’automatiser la gestion des notes et la transmission des résultats par courriel.

Il est à noter également qu’il existe des logiciels de détection de plagiat, comme Compilatio. Ce dernier permet de comparer les documents des étudiants avec les productions sur le Web, mais aussi avec les travaux des autres étudiants se trouvant dans une base de données commune. Comme en témoigne Jean-Marie Tremblay, le fait d’exiger des étudiants l’utilisation de textes bien connus de l’enseignant et disponibles à tous sur le Web (par exemple, Les classiques…) rend le plagiat plus ardu. Le partage des données favoriserait alors une certaine transparence.

Dans cette perspective, un cartable numérique pourrait être complété de quelques outils de sensibilisation au plagiat. Aussi, considérant la variété des modèles d’évaluation, nous pouvons minimalement nommer les navigateurs Web et les boîtes de courriel comme des incontournables pour le cartable.

ÉVALUATION ET ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE D’APPRENTISSAGE (ENA)

Les environnements numériques d’apprentissage (ENA) comme Moodle, lequel est utilisé dans la plupart des établissements d’enseignement supérieur, sont-ils des incontournables lorsque vient le temps d’évaluer les apprentissages, de pondérer et de compiler les notes? Selon Nicholas Walker, enseignant de langue au Collège Ahuntsic, « la rétroaction que l’on peut offrir dans l’écriture de textes en anglais serait plus efficace, plus rapide et plus simple avec Moodle qu’avec les méthodes jusque-là employées (correction manuscrite, explicite ou codée, ou usage du correcteur de MS Word) ».

Les Éditions du renouveau pédagogique Inc. (ERPI) offrent avec certains de leurs manuels scolaires numériques, tel À vos marques, prêts, santé!, la possibilité d’utiliser des questionnaires en ligne sur Moodle pour évaluer les apprentissages. Il est pratique pour les cours d’éducation physique, par exemple, de ne pas avoir de papier sous la main… surtout pour les cours de natation! D’ailleurs, la Société de gestion de la BTLF (Banque de titres de langue française), avec l’aide de Gaspard, son système d’information sur les ventes de livres, nous a permis de déterminer le grand vendeur de janvier 2012 en matière de livres numériques en sciences sociales : L’univers de la psychologie (ERPI) arrivait bon premier. En fait, ce manuel était le seul dans la course pour ce domaine et cette période.

Il semble donc que le cartable numérique doive aussi permettre l’accès aux environnements numériques d’apprentissage (ENA) des établissements d’enseignement.

SANS PAPIER, DU PLAN DE COURS À L’ÉVALUATION

En conclusion, une classe de Sciences humaines peut-elle être à 100 % numérique, sans papier, du plan de cours jusqu’à l’évaluation en passant par les activités d’apprentissage ? Est-ce possible ? Est-ce souhaitable ? De l’avis de M. Massé, il semble que oui! L’enseignant de philosophie peut constituer une telle classe. Mais les étudiants imprimeront-ils moins? Au Collège de Rosemont, une initiative a été lancée pour inciter les étudiants à réduire l’impression des documents fournis par l’enseignant : l’utilisation du feuilleteur numérique (voir encadré). Un geste « vert » à la fois… vers un cégep sans papier!

Voilà quelques-unes des conclusions tirées au cours de ce labo. Bien que chacun des thèmes abordés puisse faire l’objet de chapitres entiers, il nous semble que se dessine ici le portrait d’un cartable numérique, sur tablette tactile ou non. Dans le cadre de ce premier labo, la VTÉ se concentrait sur la classe numérique en Sciences humaines. Les besoins seraient-ils les mêmes pour les Sciences de la nature ou dans d’autres domaines?

Lorsque nous explorons cette question dans d’autres champs disciplinaires, comme les mathématiques, les enjeux sont différents. Dans ce cas précis s’ajoute la contrainte des formules mathématiques avec caractères spéciaux et des arrangements visuels de symboles mathématiques qui ne sont pas linéaires. D’autres défis!

De l’avis de Samuel Bernard, enseignant de mathématiques, il demeure plus aisé de corriger sur papier avec un crayon malgré toutes les stratégies que lui-même préconise, tout à fait dans l’air du temps, c’est-à-dire à l’ère du Web!

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FEUILLETEURS NUMÉRIQUES AU COLLÈGE DE ROSEMONT

Par Marie-Josée Desrochers, conseillère technopédagogique, Collège de Rosemont

En mars 2010, le Collège de Rosemont s’est doté d’un Bureau du développement durable. Ce lieu d’échange permet de mobiliser les parties prenantes autour des enjeux du développement durable et de l’écocitoyenneté afin d’amener des changements dans l’établissement. Cette année, le Bureau se penche, entre autres, sur la consommation de papier d’impression par le Collège.

Afin d’instaurer un changement visant une réduction de papier et qui soit cohérent avec la culture institutionnelle, un « comité de concertation en développement durable (CCDD) – papier d’impression » a été formé. Il regroupe 18 membres représentant les parties prenantes du Collège. Par une approche participative, ceux-ci sont amenés à se pencher sur la responsabilité sociale du Collège relativement à sa consommation de papier, à proposer et à mettre en place des actions dans cette optique.

C’est dans ce contexte que la conseillère technopédagogique du Collège de Rosemont a été invitée à faire partie du comité et à collaborer afin de favoriser l’usage des technologies visant une réduction pérenne de la consommation de papier. Les feuilleteurs numériques ou flipbooks en anglais (comme CALAMEO) sont une solution parmi tant d’autres pour la présentation ergonomique du texte à lire à l’écran, tout en permettant de limiter l’impression et le téléchargement des documents par les élèves.

Plusieurs mesures seront prises pour conscientiser les enseignants à l’utilisation de ce petit utilitaire facile à manipuler et gratuit, pouvant être intégré dans Moodle ou une autre plateforme. Déjà, on a fait en sorte d’inciter les enseignants à mettre leurs diaporamas PowerPoint en PDF afin de désengorger les imprimantes et de réduire le papier. Le reste des actions est à venir, pour « faire bonne impression! ».

 

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