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7 octobre 2019

Optimiser son temps de correction tout en rendant sa rétroaction efficace

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

La semaine de lecture est synonyme d’un répit bien mérité pour les étudiants, mais d’un sprint éreintant de correction pour bon nombre d’enseignants. C’est donc le moment parfait pour réfléchir à sa façon de corriger!

Je me suis mise à méditer sur mes habitudes de correction lorsque j’ai constaté que les copies que j’avais abondamment commentées à la main n’étaient qu’à peine survolées du coin de l’oeil par certains étudiants avant de finir tristement dans le bac à recyclage. Pourtant, chaque session, j’entends des collègues affirmer que les étudiants ne maîtrisent toujours pas la matière. Alors, pourquoi mettre tout ce temps à recopier et à répéter sans cesse les mêmes commentaires copie après copie si la rétroaction est si peu utilisée et si vite oubliée?

En guise de solution, je vous propose quelques astuces que j’ai explorées et adoptées pour optimiser mon temps de correction et surtout la portée des rétroactions dans une série de 2 articles.

Des outils numériques pour diversifier vos évaluations et vos rétroactions

N’hésitez pas à introduire le numérique progressivement dans vos évaluations. Bien que les méthodes traditionnelles d’évaluation aient toujours leur place, vos étudiants sont habitués avec les technologies. Pour eux, rédiger un essai à l’ordinateur est une situation bien plus authentique qu’écrire un texte sur des feuilles lignées dans une salle de classe. Ils peuvent ainsi réorganiser leurs idées et faire des modifications rapidement sans devoir effacer un paragraphe complet. De plus, vous sauverez du temps en corrigeant à l’ordinateur et vous arriverez à lire ce que l’étudiant a écrit!

Les raccourcis clavier

Combien de fois ai-je commenté la ponctuation, les temps des verbes et autres éléments grammaticaux sur des copies papier? Des centaines, voire des milliers de fois. Les raccourcis clavier, communément appelés macros lorsque vous travaillez avec la suite Office, sont une astuce rapide et facile à intégrer à votre méthode de correction. En programmant quelques raccourcis clavier, vous pouvez répéter les mêmes commentaires sur chaque copie en un seul clic.

Cependant, ce type de correction limite la portée de la rétroaction. Pour m’assurer que mes étudiants ont compris les commentaires que je leur ai faits, il m’arrive de leur faire réécrire leur texte à la main.

Note de l’éditrice

Pour en savoir plus sur les raccourcis clavier, consultez le récit de Netta Gorman dans Profweb qui détaille la procédure pour les programmer dans Google Docs. Vous trouverez également les étapes à suivre pour la suite Office.

La rétroaction audio et vidéo

Il est important de varier le type de rétroaction afin qu’elle ne soit pas toujours sous forme écrite. Très appréciée des étudiants, la rétroaction audio me permet de donner une rétroaction individuelle et personnalisée à chaque étudiant sans être nécessairement présente devant eux.

  • Après un exposé oral, je reprends mes notes manuscrites et j’enregistre un message de 2 ou 3 minutes en anglais (puisque j’enseigne l’anglais langue seconde) à l’aide de mon iPad, le tout dans le confort de mon salon. J’explique à chaque étudiant les points forts et les éléments à améliorer de sa présentation. Je partage ensuite l’enregistrement dans le dossier de l’étudiant qui est hébergé dans un espace sécurisé sur le site web du collège. Le cours suivant, nous allons au laboratoire informatique où je leur alloue du temps pour qu’ils puissent écouter la rétroaction audio. Pendant qu’ils pratiquent leur compréhension auditive en écoutant ma rétroaction, je peux répondre aux questions de manière individuelle. De plus, les étudiants peuvent bonifier leur lexique personnel avec les mots inconnus qu’ils ont entendus dans leur rétroaction.
  • Pour la correction de travaux écrits plus longs, je lis une première fois le texte et surligne quelques passages ou mots qui nécessitent des explications détaillées. Une fois ce premier survol effectué, j’enregistre une vidéo en faisant une capture d’écran (screencast) où je navigue en temps réel dans la copie de l’étudiant en commentant les passages surlignés. Je peux aussi les référer à des documents à consulter et leur montrer, par exemple, où un document a été déposé sur Omnivox. J’utilise le logiciel QuickTime Player pour filmer mon écran. Cette méthode est un peu plus longue au début, mais une fois les logiciels maitrisés, l’encadrement personnalisé offert aux étudiants porte ses fruits. Ils apprécient les commentaires et cela m’évite d’être submergée de questions, car plusieurs explications sont contextualisées dans la vidéo. Je réserve ensuite une période au laboratoire informatique pour qu’ils écoutent la vidéo et retravaillent leur texte en ma présence. C’est une forme de rétroaction très appréciée et, à maintes reprises, j’ai eu comme commentaire positif que c’était comme si j’étais à côté d’eux.

    Exemple d’une rétroaction vidéo dans le travail écrit d’un étudiant [en anglais].

  • À l’occasion, j’utilise également la reconnaissance vocale pour dicter mes commentaires. Cela me fait gagner du temps puisque la rétroaction se trouve automatiquement transcrite sur mon iPad. Je peux ensuite copier-coller le texte en commentaire individuel sur Omnivox. Par contre, assurez-vous de relire ce qui a été dicté pour éviter les coquilles ou lapsus.

L’infonuagique pour une rétroaction enseignante et par les pairs

Plutôt que de rentrer à la maison avec une lourde pile de journaux de bord que je serai seule à lire pour la première fois, j’aime l’idée d’alléger mon sac de travail et de permettre aux étudiants de lire et d’échanger sur leur texte. C’est très formateur pour eux de s’entraider et de commenter les travaux de leurs pairs. Cela les aide à repenser sous un angle nouveau la matière qu’ils ont vue en classe et à comparer leur manière de travailler à celle des autres. Google Docs est facile d’utilisation et permet aisément d’ajouter des commentaires à un texte ou à un journal de bord. La mise à jour en temps réel du document est intéressante, car les étudiants n’ont pas à attendre le cours suivant pour avoir mes commentaires.

Le portfolio numérique

Le portfolio est un projet intéressant qui peut se décliner de plusieurs façons. Pour ma part, j’en suis encore à l’utiliser en format papier, mais l’application web Mahara semble très versatile et offre une plateforme conviviale pour créer des portfolios numériques.

Le portfolio, qu’il soit numérique ou papier :

  • permet un suivi de la progression des apprentissages
  • consolide de manière tangible et visuelle les compétences acquises
  • aide à voir les liens entre la matière et les évaluations

Une composante du portfolio que je trouve très formatrice est le lexique. Lorsque je remets un texte corrigé, je surligne en couleur des mots mal employés. Les étudiants doivent ensuite les définir dans leur lexique et les contextualiser dans une phrase qu’il invente. Ainsi, chaque lexique reflète véritablement les difficultés que l’étudiant a rencontrées au cours de la session.

J’aime aussi réutiliser le portfolio en fin de session dans le cadre d’une présentation orale. C’est un contexte authentique de communication où les étudiants sont amenés à réfléchir sur leurs apprentissages et à en discuter.

À vos stylos rouges…

Bref, nous ne corrigeons pas toujours pour le plaisir, mais bien pour donner une rétroaction à nos étudiants et leur permettre de s’améliorer, alors faisons en sorte que ceux-ci réinvestissent nos commentaires à bon escient. Pour découvrir quelques trucs qui vous aideront pour corriger et pour donner une rétroaction à vos étudiants lors d’exposés oraux, je vous invite à consulter le second volet de cette série de 2 articles.

Sur ce, bonne correction!

À propos de l'auteure

Anne-Marie Lafortune

Elle est enseignante d’anglais langue seconde et coordonnatrice de la cellule interculturelle et du comité vert au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Elle a enseigné en France, en Corée du Sud et en Australie. Elle a également fait de la recherche sur l’approche cognitive au Lehman College à New York et travaille présentement sur l’impact de l’enseignement à distance et la communauté d’apprentissage. En octobre 2019, grâce à Cégep International, elle ira en Finlande pour échanger sur la pédagogie avec des collègues de l’Université d’Helsinki. Elle a également obtenu une subvention pour l’implantation d’une classe d’apprentissage actif (CLAAC) au Cégep de la Gaspésie et des Îles en 2019-2020.

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Ahmed Elyaagoubi
Ahmed Elyaagoubi
9 octobre 2019 14h12

Féru et passionné de l’innovation, je me sens enthousiasmė de découvrir une experte qui porte les mêmes soucis en mettant en oeuvre des paradigmes alternatifs porteurs .
Cordialement
Ahmed Elyaagoubi
Taza .Maroc