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7 octobre 2019

Pour des exposés oraux plus authentiques et une rétroaction significative

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Pourquoi, comme enseignant, ferions-nous une rétroaction écrite à un étudiant après sa présentation orale? Pourtant c’est ce que nous faisons très souvent. Étant donné la composante communicationnelle d’un exposé oral, il est important qu’on se questionne sur notre façon de corriger et que notre rétroaction soit cohérente avec l’objectif de l’évaluation. Nous devons donc nous demander si la présentation orale attendue correspond à la compétence que l’étudiant doit développer ou si elle ne contribuera qu’à augmenter son niveau d’anxiété. C’est donc l’occasion parfaite pour réfléchir à sa façon de corriger avant d’entamer le marathon de correction que nous impose la semaine de lecture!

Je vous propose donc quelques astuces que j’ai explorées et adoptées pour optimiser mon temps de correction et surtout la portée des rétroactions dans une série de 2 articles.

Enregistrer les exposés oraux

Bien qu’il s’agisse d’un exercice douloureux pour certains étudiants, c’est très formateur pour eux de regarder leur présentation (un exercice à essayer soi-même en tant qu’enseignant d’ailleurs). Il est facile maintenant de filmer les exposés à l’aide de la caméra très discrète d’un ordinateur (exit la grosse caméra et le trépied!), de les téléverser dans le dossier sécurisé des étudiants, puis de les amener au laboratoire informatique pour qu’ils regardent leur présentation individuellement ou avec un camarade de classe et fassent une autoévaluation à l’aide de ma grille de correction.

Les étudiants qui le préfèrent pourraient aussi choisir de n’enregistrer que l’audio à l’aide d’un ordinateur ou d’un cellulaire. Comme j’enseigne l’anglais langue seconde, l’audio permet aux étudiants de s’écouter, de cerner les erreurs qu’ils ont commises et de pratiquer leur prononciation.

Privilégier les situations authentiques

Cela peut sembler peu naturel, dans le cadre d’une présentation orale, de parler devant un groupe d’une vingtaine de personnes pendant un temps chronométré. Les discussions en petit groupe, en table ronde, 1 à 1 et même une présentation enregistrée sont des situations plus authentiques qu’être seul devant la classe.

Les présentations en équipe sont aussi une manière intéressante d’intégrer du contenu, tout en préparant bien les étudiants (autant ceux qui présentent que ceux qui devront faire de l’écoute active) à entrer en contact avec leur audience plutôt que de livrer un discours monotone qui sera vite oublié.

Source : pixabay.com

Par exemple, dans un cours d’anglais intermédiaire, mes étudiants ont conversé en anglais 30 minutes par semaine pendant un mois et demi sur Zoom avec des étudiants du Vietnam. Ce projet fut un franc succès, en grande partie parce qu’il s’agissait d’une situation authentique. L’expérience a parfois été cocasse et a requis un bon niveau de flexibilité de ma part et de celle des étudiants, mais les acquis pédagogiques et le niveau de motivation ont dépassé les attentes!

Offrir des choix aux étudiants

Faites confiance à vos étudiants! Laissez-les trouver des sujets qui les passionnent. Pourquoi remettre le même texte à tous les étudiants quand vous pouvez les aider à chercher et à dénicher des vidéos ou des articles qui animeront des discussions en classe et susciteront leur enthousiasme et leur motivation?

Les sites TED.com [en anglais], Films for Action [en anglais] et The Nature of Things with David Suzuki [en anglais] ainsi que des sites de nouvelles regorgent de vidéos intéressantes pour des enseignants, entre autres, d’anglais langue seconde. On peut utiliser ces ressources, par exemple, pour faire des comptes-rendus critiques oralement, pour des débats en classe ou comme amorces à des projets de recherche. Lorsque le projet a du sens pour l’étudiant, on remarque un apprentissage approfondi et une plus grande motivation tant chez l’étudiant que chez l’enseignant qui corrige!

Repenser nos évaluations pour les rendre plus significatives

Osons penser différemment et sortir des sentiers battus en ce qui a trait à nos évaluations. Soyons flexibles et imaginatifs dans notre manière de les concevoir. Nous ne corrigeons pas toujours pour le plaisir, mais bien pour donner une rétroaction à nos étudiants et leur permettre de s’améliorer, alors faisons en sorte que ceux-ci réinvestissent nos commentaires à bon escient. Après tout, un étudiant passe en moyenne 15 600 heures en classe, du primaire au collégial, et un enseignant de cégep peut facilement corriger 40% de son temps. Alors, aussi bien joindre l’utile à l’agréable !

Sur ce, bonne correction!

À propos de l'auteure

Anne-Marie Lafortune

Elle est enseignante d’anglais langue seconde et coordonnatrice de la cellule interculturelle et du comité vert au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Elle a enseigné en France, en Corée du Sud et en Australie. Elle a également fait de la recherche sur l’approche cognitive au Lehman College à New York et travaille présentement sur l’impact de l’enseignement à distance et la communauté d’apprentissage. En octobre 2019, grâce à Cégep International, elle ira en Finlande pour échanger sur la pédagogie avec des collègues de l’Université d’Helsinki. Elle a également obtenu une subvention pour l’implantation d’une classe d’apprentissage actif (CLAAC) au Cégep de la Gaspésie et des Îles en 2019-2020.

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