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25 avril 2021

Créer une dynamique de proximité avec ses étudiants, même à distance: bien équilibrer les séances synchrones et asynchrones (1/2)

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Maîtriser les fonctionnalités des outils et des plateformes électroniques afin d’accomplir des tâches spécifiques est déjà un défi en soi, autant pour les étudiants que les enseignants. S’y ajoute un autre niveau de difficulté: comment agencer ces plateformes et leurs fonctionnalités afin de créer une dynamique d’apprentissage intéressante, motivante et efficace? Étant déjà à l’aise avec les technologies et ayant un intérêt pour la pédagogie inclusive, cet aspect de la relation pédagogique à distance m’interpelle particulièrement. Je vous présente comment j’ai tenté d’établir une dynamique de proximité avec mes étudiants dans le cadre de mon cours Poésie, slam et rap francophones.

Trouver une approche équilibrée

Dans mon collège, les cours de français se donnent sur 2 plages horaires de 1h15 chaque semaine. Ainsi, lorsqu’est venu le temps d’effectuer la transition vers l’enseignement à distance, il était tout à fait logique et facile de structurer mon cours de façon hebdomadaire avec 1 cours asynchrone et 1 cours synchrone. Tout d’abord, la semaine commence avec 1 séance asynchrone qui permet aux étudiants d’interagir avec les contenus selon leur préférence et à leur rythme. Il s’agit ici d’un des principes de base de la conception universelle de l’apprentissage (CUA) qui, appliqué de cette façon, ne demande aucun effort supplémentaire. De plus, avec l’enseignement à distance, nous vivons plus que jamais dans des réalités différentes, ce qui rend d’autant plus important le fait de pouvoir travailler à son rythme. Par la suite, nous terminons la semaine avec 1 séance synchrone pour faciliter la mise en pratique et les échanges.

En procédant de la sorte, il est important de relier les 2 moments d’apprentissage. Pour ce faire, nous pouvons:

  • fournir des questions de travail préparatoires
  • donner des points de préparation
  • instaurer une pratique d’écriture réflexive
  • créer un espace virtuel qui permet aux étudiants de travailler ensemble
  • être disponible pour les étudiants dans ce même espace à des moments prédéterminés

En asynchrone

Depuis quelques années, j’utilise la plateforme GoFormative. Celle-ci permet de créer des exercices et de suivre, en temps réel, la progression des étudiants. Avec l’enseignement à distance, GoFormative est rapidement devenu la pierre angulaire de mon enseignement asynchrone. Pour les étudiants, mais également pour les enseignants, je crois qu’il est essentiel de créer une routine. Ainsi, tous mes cours asynchrones sont disponibles le vendredi, une semaine avant le cours synchrone.

Voici comment je structure mes cours:

  • un rappel des informations importantes (date de remise, valeur sommative, temps approximatif pour compléter le cours)
  • une première section, souvent théorique
    J’insère mes capsules vidéos directement dans GoFormative en utilisant la fonction lien vidéo de YouTube ou, s’il s’agit d’un autre site internet, comme Screencast-o-matic, j’utilise le code intégré.
  • des exercices pratiques, qui prennent souvent la forme de vrai ou faux, de questions à choix multiples ou à sélections multiples
    En les créant, j’y ajoute également les bonnes réponses, ce qui me permet, lors de la publication du cours, de choisir l’option de la correction automatique ou de publier le corrigé. S’il s’agit de concepts plus théoriques et conceptuels, je leur demande de faire un exercice d’écriture réflexive (me dire en 125 mots ce qu’ils ont compris ou non, ce qu’ils trouvent intéressant, etc.).
  • les textes à l’étude de la semaine, incorporés directement sous forme d’images ou de PDF
    Si les étudiants le désirent, ils peuvent consulter (et annoter) les textes en ligne. Par contre, je leur suggère toujours de consulter les documents en format papier (pour prendre une pause d’écran). De plus, s’il s’agit d’un slam ou d’un rap, j’ajoute également une vidéo de la chanson pour qu’ils puissent écouter la musique, le rythme, la prononciation, etc.
  • un exercice d’écriture réflexive pour que les étudiants me disent ce qu’ils ont compris du texte, mais encore plus important, ce qu’ils n’ont pas compris

    À mes yeux, c’est la partie la plus importante du cours asynchrone, et souvent, c’est également ma préférée. Avec leurs interrogations et leurs interprétations, je sais déjà comment aborder l’œuvre pour le cours synchrone.

Je prends toujours le temps d’écrire un petit commentaire à chaque étudiant. Je crois que cela est important pour créer un lien, malgré la distance qui nous sépare, mais également pour leur rappeler que je lis tout ce qu’ils écrivent, que ce n’est pas en vain, et que leurs mots ne sont pas perdus dans le vide interweb pour toujours.

Finalement, je termine toujours mes cours avec une section «La parole est à vous». Je leur demande systématiquement les mêmes questions :

  • Avez-vous des commentaires?
  • Avez-vous des questions pour le prochain cours?
  • Combien de temps avez-vous pris pour compléter ce cours asynchrone?

Les réponses obtenues me permettent de régler des problèmes en lien avec la matière enseignée et d’ajuster les cours asynchrones suivants en ce qui a trait à la charge de travail demandée. De plus, les commentaires positifs me remontent le moral!

Au début de la session, je m’attendais à ce que l’apprentissage ait lieu en bonne partie durant les cours synchrones, puisque ceux-ci reproduisent les cours que je donnais en classe. Mais je dois avouer qu’après seulement quelques semaines, j’ai été renversé de voir tout ce qui se passait dans mes cours asynchrones. Voir la pensée de mes étudiants se former et évoluer, sous forme d’exercices d’écriture réflexive, a véritablement changé la donne pour moi.

Pour favoriser l’engagement, je crois qu’il est nécessaire de donner des points pour avoir complété, avec sérieux, les exercices, mais pas pour avoir obtenu les bonnes ou les mauvaises réponses. En donnant la liberté de faire des erreurs aux étudiants, je suis persuadé que ces derniers s’impliquent d’une autre façon et que cela favorise l’apprentissage.

Exemple d’un contenu présenté, suivi des questions auto-corrigées.

Exemple des réponses ouvertes d’un contenu présenté, suivi des questions auto-corrigées.

Il est important de rappeler que GoFormative se décline en 2 versions. La version gratuite contient tous les aspects importants (intégration du multimédia, autocorrection, questions à choix multiples, etc.). Par contre, la version premium (payante) apporte des éléments très intéressants:

  • poser des questions audios dans les exercices ou de poser des questions avec des fonctions mathématiques
  • permettre aux étudiants de répondre à la rétroaction qu’ils reçoivent
  • bénéficier d’une gestion de classe et de contenus plus fine (planifier la date d’ouverture et de fermeture des modules de contenu, limiter le temps pour compléter les exercices, détecter le copier/coller, etc.).

Cette approche peut bien entendu s’organiser également sur d’autres plateformes de gestion de l’apprentissage, par exemple Moodle.

Capsule vidéo «Qu’est-ce que GoFormative et comment l’utiliser?» réalisée par Julien Martineau

En synchrone

Une fois le cours asynchrone complété, je rencontre les étudiants sur Zoom pour le cours synchrone. Avec tout le travail fait en amont par les étudiants, ces rencontres sont toujours intéressantes et efficaces.

Il est important que les cours synchrones soient axés sur la discussion et l’interaction. En temps de pandémie, c’est probablement une des choses qui sont les plus importantes, interagir avec les autres, et surtout, je ne veux pas gaspiller ces précieuses minutes de cours synchrone avec un exposé magistral que j’aurais pu faire avec une capsule vidéo. Je suis donc constamment à la recherche du bon équilibre entre le temps de parole des étudiants et le mien. Voici donc la formule que j’utilise habituellement pour le cours synchrone, ce dernier durant 1h15 :

  1. retour sur le cours asynchrone/répondre aux questions formulées par les étudiants (10 à 15 minutes)
  2. courte lecture et analyse d’un des textes à l’étude (10 minutes)
  3. travail en équipe de 4 ou 5 (salles de discussion en petit groupe (20 minutes)
  4. retour et partage des réponses (20 minutes)

Les étapes 3 et 4 constituent le cœur du cours synchrone. Pour être le plus efficace possible, avant le cours:

  • Je prépare 5 documents Word contenant les 2 ou 3 questions à travailler.
  • J’y ajoute le texte à l’étude (ce qui évite aux étudiants moins bien organisés de perdre du temps à chercher ledit texte).
  • Je crée un lien de partage pour chaque document et compile le tout dans une liste.
  • Je partage les liens des documents dans le clavardage de Zoom et tous les étudiants ont automatiquement accès au document de leur équipe.

Cette stratégie me permet également de suivre en temps réel les progrès de chaque équipe. Je peux voir leurs réponses à mesure qu’ils les rédigent, ce qui me permet de cibler mes interventions auprès des équipes qui en ont le plus besoin. Je demande également à chaque équipe de commencer par une question différente, ce qui assure, lors du retour en classe, d’avoir des éléments de réponses pour l’ensemble du travail.

Pour ce qui est du retour et du partage d’information, je demande aux équipes qui étaient responsables d’une question particulière de partager leurs réponses, et par la suite, toute la classe peut intervenir et apporter de nouveaux éléments. Pendant ce temps, j’affiche le texte en partage d’écran et je l’annote en fonction de ce que disent les étudiants. Évidemment, j’interviens de temps en temps pour m’assurer que les aspects les plus importants soient abordés!

Jusqu’à maintenant, cette méthode a très bien fonctionné! Je crois que cela est dû en bonne partie à la préparation qui a été faite par les étudiants lors du cours asynchrone. Et pour être tout à fait honnête, je pense que la meilleure façon que ces cours sur GoFormative soient bien complétés est d’y accorder quelques points!

De mon côté, peu importe où nous serons l’année prochaine – à la maison, en classe, un mélange des deux – GoFormative demeurera un élément important dans mon enseignement. J’adore créer des cours où tout se retrouve à un seul et même endroit.

Pour en savoir plus sur GoFormative, lisez l’article de Profweb à ce sujet.

Lisez maintenant la deuxième partie de mon récit, où je vous explique comment j’ai utilisé l’environnement virtuel Gather pour créer un lien avec mes étudiants, entre autres pendant mes heures de bureau virtuel.

À propos de l'auteur

Julien Martineau

Après avoir enseigné le français langue seconde au collège Marianopolis pendant près de 10 ans, Julien Martineau est conseiller pédagogique à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec, campus de Saint-Hyacinthe, depuis 2022.

Comme enseignant, il adorait faire lire et écrire ses élèves, mais encore plus les faire réfléchir et leur apprendre à exercer leur esprit critique. Pour lui, l’humour, la créativité et le dialogue gagnent à occuper une place importante en enseignement.

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