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6 avril 2010

De formidables tuteurs pour l’apprentissage de l’anglais au collégial

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

À l’hiver 2008, mesdames Gina Lavine et Lucie Cantin, professeures d’anglais langue seconde (ALS), respectivement aux collèges Laflèche et Ellis, ainsi que madame Mariane Gazaille, professeure au Baccalauréat en enseignement des langues secondes de l’UQTR, élaboraient un programme de tutorat inter-ordre mettant à profit la plateforme de communication VIA. L’idée consistait à jumeler des étudiants en enseignement de l’ALS de l’université et des élèves du collégial de niveau débutant ou intermédiaire dans le but de soutenir ces derniers dans leur apprentissage de l’anglais. Le projet de collaboration a été soumis au MELS, qui l’a retenu et financé. Gina Lavine explique pourquoi et comment le tutorat TIC inter-ordre permet d’offrir une situation de communication unique et stimulante, à la fois pour le tuteur et pour l’apprenant, et d’aider l’apprentissage de l’ALS en région unilingue francophone.

Enseigner l’anglais langue seconde au collégial

Depuis 1994, la compétence associée aux cours obligatoires d’anglais langue seconde de niveaux débutant et intermédiaire peut se résumer à « communiquer en anglais dans des situations inspirées des thèmes reliés à la vie présente ou future de l’élève ». S’exprimer oralement apparaît dans le devis ministériel comme l’un des quatre éléments de compétence à développer chez nos élèves pour assurer l’atteinte de la compétence à communiquer en anglais.

Dans la réalité quotidienne, motiver les élèves à parler devant un groupe, en anglais, n’est pas chose facile. Les faire parler en petits groupes sur un thème précis n’est pas plus aisé. Les conversations réalisées en classe par les élèves se relèvent souvent peu satisfaisantes sur le plan de l’efficacité et, par conséquent, sans impact significatif sur l’habileté à communiquer à l’oral.

D’une part, c’est dans l’utilisation d’une langue que s’acquièrent la précision et la fluidité d’expression. Par conséquent, apprendre une langue seconde exige que l’élève interagisse et s’exerce à l’utiliser avec autrui. D’autre part, l’enseignement de l’ALS doit tenir compte de « l’authenticité » (Brown, H.D. Teaching by Principals and Interactive Approach to Language Pedagogy, 2nd edition, White Plains, New York, Longman, 2001.) de la situation de communication. Autrement dit, on doit proposer à nos élèves des activités de conversation dans lesquelles ils pourront utiliser l’anglais « comme dans la vraie vie ». Ces conditions sont toutefois difficiles à rencontrer en région unilingue, notamment en Mauricie. Puisque, en apprentissage d’une langue, l’encadrement par un tuteur se révèle un « facteur » et un « moteur d’apprentissage » (Pamphile, Catherine. Le tutorat et ses enjeux didactiques dans les dispositifs de formation à distance, Mémoire, UNIVERSITÉ PARIS III – SORBONNE NOUVELLE, 2005.), et ce, même lorsque l’interaction se fait à distance, nous avons mis sur pied un programme de tutorat TIC inter-ordre afin d’offrir des situations d’apprentissage uniques et stimulantes en ALS, autant pour le tuteur que pour l’apprenant.

Un tutorat exercé par des pairs utilisant la plateforme VIA

Les élèves aiment particulièrement obtenir une rétroaction verbale rapide, plus fréquente qu’auparavant…

Facile d’utilisation, la plateforme VIA a été retenue pour la réalisation des activités de tutorat. VIA permet de converser en ligne tout en utilisant des documents visuels pour soutenir la discussion. Cette plateforme permet aussi d’enregistrer les séances en cours. L’enseignant peut, s’il le souhaite, visionner certains échanges ou observer la durée des conversations, les sujets discutés, les documents échangés et ainsi évaluer la qualité du travail accompli.

Les activités de tutorat organisées par l’enseignant s’échelonnent sur dix semaines à raison de 15 à 30 minutes de conversation hebdomadaire. Tuteur et élève reçoivent chacun un guide d’activités de tutorat dans lequel sont identifiés le thème et les éléments de discussion pour chacune des séances. Ces activités sont intégrées aux devoirs à réaliser dans le cadre du cours suivi. Le premier segment de 15 minutes est dédié à une discussion sur un thème à l’étude; le deuxième segment est alloué à la correction d’un texte écrit par l’élève durant le cours. Tous les échanges se réalisent obligatoirement en anglais et portent sur des thèmes préétablis et connus des élèves.

Les savoirs et les habiletés préalables aux activités de tutorat en ligne sont d’abord enseignés en classe, entre autres, par la présentation d’un vocabulaire propre à la situation de communication, la lecture de textes, l’écoute de documents audio et la rédaction par les élèves d’un court texte en lien avec le thème étudié. De son côté, la professeure de l’UQTR assure la formation pédagogique et technique ainsi que l’encadrement des tuteurs.

État de la situation

Ils [les élèves] aiment aussi le contexte plus intime de la situation d’apprentissage. Ils semblent arriver en classe avec plus de confiance.

Cette expérience unique de collaboration entre le Collège Laflèche, le Collège Ellis et l’UQTR vient de franchir l’étape du projet. La collaboration entre les trois établissements d’enseignement est maintenant assurée. L’implantation du tutorat TIC à distance s’est réalisée à l’automne 2009 auprès de deux groupes d’élèves provenant respectivement du Collège Laflèche et du Collège Ellis. Les résultats préliminaires montrent que le tutorat offert se présente comme un outil pédagogique prometteur pour le développement de la compétence à communiquer oralement en anglais. Les élèves aiment particulièrement obtenir une rétroaction verbale rapide, plus fréquente qu’auparavant et être corrigés sur leur prononciation ou mauvais réflexes langagiers, et ce, à leur propre rythme. Ils aiment aussi le contexte plus intime de la situation d’apprentissage. Ils semblent arriver en classe avec plus de confiance.

Parce que cette formule d’aide à l’atteinte de la maîtrise de l’anglais parlé répond à des besoins et intérêts pédagogiques convergents de la part des partenaires, on ne peut qu’espérer sa pérennité. Cette synergie d’intérêts entre les partenaires est déjà un gage de succès en soi. Elle profite surtout aux élèves du collégial qui conversent en anglais avec des étudiants à peine plus vieux qu’eux, comme cela peut leur arriver dans la vraie vie!

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Esther Delisle
Esther Delisle
7 avril 2010 14h41

Je trouve cette expérience innovatrice et fort intéressante. J’avais appliqué une méthode moins sophistiquée mais qui s’en approche quand je me suis remise à l’étude de l’hébreu moderne: je téléphonais à ma prof tous les matins et nous parlions de différents sujets. Nous lisions aussi des articles de la presse israélienne.