Des livres simples en PDF ?
Ce texte a initialement été publié par la Vitrine technologie-éducation sous licence CC BY-NC-SA 3.0, avant la création d’Éductive.
Production simple de livres numériques
Au cours de cette série d’articles, nous vous avons présenté plusieurs aspects de l’édition de livres numériques complets à l’aide d’outils sophistiqués, conçus pour la sphère de la publication formelle. Il serait d’ailleurs possible d’utiliser les mêmes outils et méthodes pour produire un document qui serait envoyé à un imprimeur institutionnel.
Qu’en est-il des documents plus simples, que l’on souhaite distribuer à des apprenants pour consultation dans le cadre d’un cours ? Par exemple, si l’on considère les plans de cours et les présentations comme des « livres numériques », quels enjeux sont importants à garder en tête ? Certains outils très faciles à utiliser s’offrent à nous pour produire des fichiers EPUB ou PDF. Les prochains articles de cette série concernent donc la production simple de livres numériques.
Production d’un PDF
Nous avons déjà parlé de PDF, le format portable de document développé par Adobe au cours des années 1990. Malgré ses inconvénients, ce format s’impose dans plusieurs contextes, de l’article scientifique au formulaire en ligne. Son manque de souplesse et la difficulté de le modifier (ou d’y insérer des éléments interactifs) ont comme contrepartie d’être produits assez facilement et reproduits très fidèlement. Ainsi, en fournissant des fichiers PDF sur sa plateforme de cours, la professeure d’un cours de physique peut s’assurer que les équations et images contenues dans ses documents seront reproduites intégralement sur toute plateforme, sans égard à la taille de l’écran ou aux polices de caractères installées sur chaque appareil. De la même façon, le PDF d’une partition musicale conserve son intégrité lors du transfert d’un appareil à l’autre, même lorsque son impression nécessite une imprimante laser avec fonctionnalité PostScript.
Tout le monde connaît le PDF. Mais comme c’est souvent le cas avec nos apprenants, ce qui peut nous sembler être de l’histoire ancienne est souvent une nouveauté pour d’autres personnes. La possibilité d’enregistrer un document en tant que PDF est si connue que certains la tiennent pour acquise, mais plusieurs ne la découvrent que par hasard. Sur OS X, le dialogue d’impression de base comporte (depuis sa toute première version) un menu déroulant permettant d’enregistrer au format PDF.
Cette possibilité de sauvegarder des documents en tant que PDF a une bien longue généalogie puisqu’elle provient d’une collaboration entre Adobe et NeXT pour l’affichage en mode PostScript dès 1987. Apple a absorbé NeXT dix ans plus tard et a effectué le passage à l’affichage en PDF à la sortie de Mac OS X (aujourd’hui OS X) en 2001.
En plus de l’enregistrement PDF supporté par le système de base, certaines applications sous OS X ajoutent des options à ce même dialogue d’impression.
Windows 10 inclut le PDF comme « imprimante virtuelle » dans tout logiciel permettant l’impression. Pour accéder à cette fonctionnalité, il est nécessaire de sélectionner le pilote d’impression en PDF au lieu d’une imprimante physique. Cette fonction remplace diverses applications de tierces parties jusqu’alors utilisées pour enregistrer tout document en PDF.
La plupart des versions de Linux offrent aussi l’enregistrement en PDF. C’est le cas de Raspbian, logiciel libre permettant d’utiliser l’ordinateur à très bas prix Raspberry Pi. Sa fonction « Imprimer dans un fichier » offre d’ailleurs le choix entre PDF, PostScript et SVG comme formats de sortie.
Pour sa part, Android offre aussi la possibilité d’enregistrer un document en PDF dans son dialogue d’impression standard. Toutefois, peu d’applications font usage de cette fonction d’impression, et il faut parfois opter pour l’échange de fichiers entre logiciels situés sur le même appareil.
Sur iPhone, iPad et iPod touch, la plus récente version d’iOS offre une fonction d’enregistrement en PDF comme option de partage depuis plusieurs applications grâce au logiciel iBooks inclus dans le système d’exploitation.
Sous Windows, la plupart des produits de la suite Office de Microsoft permettent de produire des fichiers PDF ou XPS selon diverses méthodes, et ce, depuis une dizaine d’années.
Sur plusieurs plateformes, la possibilité de produire des fichiers PDF existe aussi comme solution alternative à l’impression par l’utilisation d’un plugiciel ou d’une « imprimante virtuelle ».
Par ailleurs, plusieurs applications de Google permettent l’impression en PDF sur la plupart des plateformes où elles sont présentes.
C’est le cas du navigateur Chrome qui offre le PDF comme option d’impression sur Android, iOS, Windows, OS X… et Chrome OS. En effet, le logiciel d’exploitation basé sur ce navigateur bénéficie de la même fonctionnalité que sur les autres plateformes.
Le tutoriel suivant montre une méthode pour enregistrer un PDF à partir de Chrome :
Bien entendu, le logiciel Acrobat d’Adobe permet de produire des PDF à partir de n’importe quelle application ou même sans utilisation d’un autre programme. Acrobat est disponible à la fois en licence permanente et au sein de la suite Creative Cloud qui, tel qu’il est mentionné précédemment, est offerte à rabais (environ 10 $ par année au lieu de 20 $ par mois) à tout le personnel (y compris tous les enseignants) de la plupart des collèges de la province. Un avantage notoire d’Adobe est qu’il permet d’effectuer l’édition du contenu de fichiers PDF, ce qui n’est pas le cas des outils de base permettant la production de ces documents.
Orienter la lecture
Pourquoi tant parler d’enregistrement en PDF de documents de tout type dans une série sur le livre numérique ? Une page Web distribuée en PDF devient-elle un livre ?
Dans les avantages du PDF par rapport au fichier de traitement de texte, nous avons déjà noté l’affichage équivalent sur divers appareils sans utilisation d’un logiciel spécialisé. Les fonctionnalités présentes dans la plupart des logiciels de lecture de fichiers PDF sont aussi pertinentes en contexte d’enseignement. Par exemple, le fait de pouvoir annoter directement n’importe quelle partie d’un document, et même de traiter ces annotations hors du texte principal, rend le lecteur de PDF bien plus propice à l’apprentissage que le logiciel de traitement de texte ou la page Web (malgré les efforts prodigués dans le domaine de l’annotation du Web).
En comparant la production de ce type de fichier à l’histoire de l’imprimerie, c’est aussi l’inscription durable qui apparaît ici importante. Même s’il est possible de modifier certains fichiers PDF, ces documents sont considérés comme l’équivalent de textes « ciselés dans le grès » lors de l’Antiquité. Le courriel semble bien éphémère, et le contenu Web peut se modifier. Le PDF est pour ainsi dire immuable, comme un document d’archive ou un artefact conservé dans un musée. Produire un PDF, c’est un peu comme publier un magazine, un roman, un tract ou un fanzine. D’un point de vue technique, la production du fichier PDF est d’ailleurs basée sur ce que les imprimeurs nomment « composition ».
Par ailleurs, le terme « publication » est largement polysémique, surtout en contexte numérique. On parle plus volontiers de publication pour un billet de blogue que pour un site Web, même si l’effet est similaire.
Appropriation des formats
Malgré ses avantages, le PDF est loin de faire l’unanimité. Cette courte description des méthodes de production de PDF ne saurait signifier un parti pris pour ce format, mais peut suggérer une piste de réflexion sur la création, le partage et l’archivage de documents conçus pour nos apprenants.
Le prochain texte de cette série portera sur des méthodes simples de production de fichiers EPUB. Ce format, surtout dans sa version la plus récente (EPUB 3) laisse entrevoir de nombreuses possibilités de concevoir des livres numériques pour et même avec les apprenants.
À propos de l'auteur
Alexandre Enkerli
Alexandre accompagne les professionnels de l’apprentissage dans leur appropriation technologique selon leurs contextes spécifiques, comme il le faisait en tant que technopédagogue pour la Vitrine technologie-éducation de 2014 à 2016 et comme conseiller technopédagogique chez Collecto de 2021 à 2023. Alexandre occupe de nouveau ce rôle après des incursions à Ottawa (conception de parcours d’apprentissage en cybersécurité et d’une expérience d’apprentissage en ligne massive et ouverte à tous (CLOM) sur la participation publique ) et au Saguenay-Lac-Saint-Jean où il a travaillé au COlab sur un projet recherche-action participative .
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