J’enseigne en Technologie du génie physique depuis une dizaine d’années et, comme plusieurs enseignants du réseau collégial, je suis également chercheur. Depuis l’été 2020, le projet de recherche sur lequel je travaille est devenu l’occasion pour plusieurs étudiants du programme de faire des stages rémunérés, entre autres grâce au financement de Mitacs et à la collaboration d’InnovLog, un centre collégial de transfert de technologie (CCTT) affilié à mon cégep.
Le projet dista
La 1re phase du projet
En 2020, j’ai publié le récit La distanciation au cœur d’un projet motivant pour les étudiants de technologie du génie physique. J’y présentais la façon dont j’ai adapté le cours porteur de l’épreuve synthèse de programme lors du basculement de l’enseignement en ligne en urgence à l’hiver 2020.
Pour l’occasion, j’avais repris avec les étudiants du cours un projet de recherche sur lequel je travaillais déjà en collaboration avec des collègues enseignants-chercheurs et avec Optech, un centre collégial de transfert de technologie (CCTT) affilié à mon cégep.
Initialement, le projet dista visait à utiliser l’intelligence artificielle pour qu’un ordinateur puisse reconnaître les voitures et les cyclistes sur les images fournies par des caméras, puis mesurer la distance entre eux. Avec l’arrivée de la pandémie, j’ai eu l’idée d’adapter la technologie que nous nous apprêtions à développer pour plutôt mesurer les distances entre des personnes. Sur un écran géant, les mesures de distance étaient affichées sur le flux de la caméra. Ainsi, les personnes filmées pouvaient savoir, en temps réel, si la distance qui les séparait de leurs voisins était bel et bien supérieure à 2 mètres, pour respecter les consignes de distanciation sociale en vigueur.
La 2e phase du projet
Depuis mon 1er récit, l’équipe du CCTT InnovLOG du cégep André-Laurendeau m’a contacté. Ensemble, nous avons déployé la phase 2 du projet dista: InnovLOG a vu pour dista des applications dans le domaine de la logistique.
À partir du moment où l’on peut mesurer la distance entre des personnes, on peut développer des applications pour aider les entreprises à gérer le flux de la clientèle. Cela est pertinent qu’on soit ou non dans un contexte de distanciation sociale. C’est ainsi qu’est née, grâce à du financement du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), la technologie Logisticam.
À quoi sert la technologie Logisticam?
Dans la 1re phase du projet dista, on était dans une approche pédagogique et de sensibilisation du public. Notre but était que les gens apprennent à constater eux-mêmes ce que 2 mètres représentent.
Dans le cadre de la technologie Logisticam, en partenariat avec InnovLOG, nous travaillons maintenant dans un contexte où les données recueillies ne sont plus diffusées au public, mais plutôt utilisées par l’entreprise ou l’organisme qui gère le système.
Logisticam recueille des données sur la position des gens dans l’espace, en 3D, dans un lieu donné (le hall d’entrée d’un bâtiment, une station de métro, un commerce, etc.). Il faut installer des caméras pour filmer le lieu, et celles-ci peuvent fonctionner 24 h sur 24 et recueillir les données en continu.
Les données accumulées peuvent servir à bâtir une cartographie. Par exemple, la personne responsable des ressources matérielles d’un collège ou la personne responsable de la sécurité d’un commerce peut voir sur son écran quels sont les lieux problématiques dans son bâtiment, en ce qui concerne l’achalandage. Les données peuvent être consultées en temps réel, pour savoir s’il y a une situation à corriger immédiatement, ou rétroactivement, une fois par mois, par exemple, pour identifier s’il y a des zones ou des périodes problématiques dans le bâtiment.
L’intérêt du système dépasse le contexte de la COVID-19. Il s’agit, pour une entreprise ou un organisme public, d’avoir une idée très nette de l’achalandage de ses bâtiments. On peut savoir où sont les gens, à quelle heure. Les applications vont de la sécurité aux stratégie commerciales et publicitaires des lieux achalandés.
Un triple partenariat: une équipe d’enseignants-chercheurs du Cégep André-Laurendeau, InnovLOG et des entreprises privées ou organismes publics
InnovLOG nous a mis en lien avec des entreprises et des organismes avec qui nous avons pu développer et tester notre technologie.
Notre partenariat avec InnovLOG et ces milieux partenaires a permis l’embauche d’étudiants. Ainsi, ce qui a commencé comme un projet de fin d’études pour certains étudiants est devenu un stage de recherche rémunéré dans une formule alternance travail-études (ATE) pour d’autres. InnovLOG a trouvé des partenaires prêts à payer les étudiants pour travailler sur ces projets.
Des stages financés en partie grâce à Mitacs
Nous avons également fait une demande de financement auprès de Mitacs, un organisme sans but lucratif qui encourage la croissance et l’innovation au Canada. Mitacs peut payer jusqu’à la moitié du salaire des étudiants stagiaires. Mitacs collabore avec Collèges et instituts Canada (CICan) et le Fonds québécois de la recherche —Nature et technologies (FQRNT).
Mitacs et CICan étaient précédemment moins bien implantés dans le réseau collégial québécois; ils œuvrent davantage dans les collèges du reste du Canada et dans les universités. Toutefois, ils ont été très présents pour nous: ils nous ont accompagnés et ont démontré une volonté de s’adapter à la réalité collégiale québécoise. Par exemple, ils exigent normalement que les stages qu’ils financent soient de 16 semaines à temps plein. Or, cela n’est pas possible dans le calendrier scolaire collégial. Cependant, ils ont accepté que les stages de nos étudiants soient plutôt de 12 semaines à temps plein en entreprise, précédées et/ou suivies de quelques semaines à temps partiel au cégep (pour un équivalent de 16 semaines à temps pleins), pendant les sessions de cours.
Ainsi, puisque notre projet était un projet d’innovation, mon équipe et moi au cégep avons été à même, grâce au FRQNT et à Mitacs, d’engager des stagiaires rémunérés sans avoir à débourser leur salaire du tout. Cela a été possible grâce au programme de bourses de recherche en milieu collégial.
Êtes-vous, vous aussi, un enseignant-chercheur qui aimerait faire travailler des étudiants stagiaires rémunérés sur votre projet (dans le centre de recherche auquel vous êtes affiliés, par exemple)? Si oui, grâce à ces programmes , vous pourriez être en mesure de créer ces stages sans avoir à débourser! Vos étudiants y gagneraient autant que vous!