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3 mars 2021

Des stratégies pour développer des compétences relationnelles en formation à distance

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Certaines compétences apparaissent, a priori, difficiles à enseigner et à acquérir en formation à distance, en particulier les compétences relationnelles et les savoir-être. Quoi qu’il en soit, l’implantation de différentes stratégies dans les cours en ligne peut favoriser le développement de telles compétences.

Le mardi 17 novembre 2020, à l’invitation de la fabriqueREL, j’ai animé un webinaire intitulé Stratégies pour développer des compétences relationnelles en formation à distance. Le texte qui suit en adapte le contenu, grâce à la collaboration de Camille Arpin, éditrice chez Profweb.

Enregistrement du webinaire organisé par la fabriqueREL. Cette conférence faisait partie d’une série d’une quinzaine de webinaires sur la formation à distance, mandatée par le ministère de l’Enseignement supérieur dans le cadre du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur.

Dans le cadre du développement de compétences relationnelles, je vous proposerai, dans ce dossier, des stratégies pour:

  • optimiser la disponibilité attentionnelle des étudiants
  • créer un sentiment de sécurité dans vos classes virtuelles
  • favoriser la collaboration lors des visioconférences
  • maximiser les retombées de l’analyse vidéo de pratiques
Conformément aux normes éditoriales de Profweb, le masculin inclut le féminin et est utilisé, sans discrimination, afin d’alléger le texte. De plus, le terme «visioconférence» est utilisé comme synonyme de «webconférence» et de «vidéoconférence».

État de la question

Qu’il s’agisse de travailler en équipe, de s’exprimer en public ou d’interagir avec des clients, les compétences relationnelles sont de mise. Aussi, elles sont intrinsèquement liées aux savoir-être. Il ne s’agit pas uniquement de connaître la bonne phrase à réciter au bon moment, mais d’apprendre à se mettre dans une posture d’écoute véritable et à dialoguer. Les compétences relationnelles, pour qu’elles soient pleinement acquises par les étudiants, doivent sortir du cadre de la théorie pour être mises en pratique. Aussi, c’est dans la mise en pratique que nous pourrons évaluer, en tant qu’enseignants, si les étudiants les maîtrisent.

C’est en étant confronté aux réactions de l’autre et à ses propres réactions à soi dans une situation authentique qu’on peut, par différents mécanismes de retour réflexif, prendre la mesure de ses réflexes, de ses patrons de réactions afin d’ensuite en être conscient et les faire évoluer.

Les principes pédagogiques du développement des compétences relationnelles

Permettant d’éclairer les choix à faire en formation à distance pour le développement des compétences relationnelles, j’ai réalisé une méta-synthèse qualitative de la littérature scientifique et professionnelle portant sur le développement de compétences relationnelles et de savoir-être dans différentes disciplines. Sur la base des contributions d’un grand nombre d’auteurs (en voir quelques uns dans la bibliographie), j’ai identifié 8 grands principes du développement des compétences relationnelles :

  1. Le sentiment de sécurité et la disponibilité permettent la confrontation et l’exploration.
  2. La confrontation bienveillante peut mener à la décristallisation.
  3. La confrontation au réel, aux situations authentiques, permet un véritable changement de comportement et d’attitude au-delà du discours et des représentations.
  4. Chaque étudiant doit vivre la confrontation dans des situations authentiques où il vit lui-même l’action, et ne peut se contenter de porter un regard sur des cas donnés en exemple ou vécus par d’autres.
  5. La confrontation dans le vécu expérientiel doit faire l’objet de réflexivité.
  6. La répétition des exercices en contextes authentiques doit être le théâtre, à chaque itération, du réinvestissement et de la mise à l’épreuve des leçons tirées dans ces différentes situations authentiques.
  7. L’élargissement graduel des contextes d’exercice d’une itération à l’autre est l’occasion d’augmenter leur complexification.
  8. L’enseignement de l’hygiène professionnelle et personnelle permettant le déploiement des compétences relationnelles et des savoir-être est essentiel afin que les étudiants puissent aussi déployer ces compétences à l’extérieur du contexte de formation.

L’importance d’installer un sentiment de disponibilité et de sécurité chez les apprenants

Créer un sentiment de sécurité chez les étudiants leur permet d’être préparés à être déstabilisés et confrontés au lieu d’ être réactifs et d’adopter des stratégies de protection quand on les invite à modifier leurs attitudes et comportements instinctifs dans une situation professionnelle. Bien que la conceptualisation et la mise en mots des attitudes et comportements souhaités puissent donner des ancrages utiles, et bien que la répétition en contexte authentique puisse entraîner à l’adoption de comportements souhaités, il est essentiel de ne pas en rester là si l’on souhaite un apprentissage enraciné, en profondeur, résilient et adaptatif face aux situations imprévues de la pratique en contexte réel. Afin de modifier les réflexes et réactions instinctifs plutôt que de simplement plaquer en surface de nouveaux comportements ou même de nouvelles phrases apprises par cœur pour le temps de l’examen pratique, il faut travailler dans ce qui est plus intime, d’une certaine façon, chez la personne étudiante.

Il importe alors de faire vivre aux étudiants des situations professionnelles authentiques déstabilisantes après lesquelles on les amène à porter un regard lucide et honnête sur leurs propres réactions et celles des autres. On souhaite que les étudiants soient ainsi confrontés à leurs propres comportements instinctifs lors des situations authentiques, lesquels on souhaite voir évoluer afin d’atteindre la compétence relationnelle ou le savoir-être visé. En plus d’être confrontés en posant leur propre regard sur leurs comportements, on cherche à ce qu’ils soient confrontés par le regard que leurs pairs et les enseignants portent sur leurs comportements dans ces situations déstabilisantes.

Si le sentiment de sécurité n’est pas instauré dans les cours en ligne, les étudiants n’auront pas pleinement confiance et n’oseront pas se dévoiler afin qu’on puisse poser un regard sur leurs comportements en évolution. Aussi, ils risquent d’être réactifs et fermés face aux confrontations et aux critiques, même constructives.

De plus, il faut vérifier leur disponibilité attentionnelle. S’ils sont fatigués, distraits, stressés par des problèmes techniques, ils auront du mal à être confrontés et risquent d’être plus réactifs aux commentaires émis au lieu de poser un regard réflexif sur leurs comportements. 

Appuis du contenu de ce dossier

Le contenu de ce dossier prend appui sur la littérature professionnelle et scientifique que j’ai consultée, ainsi que sur les nombreuses données que j’ai recueillies en analysant des cours donnés à l’Université de Sherbrooke.

En effet, depuis 2011, j’ai eu comme mission à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke d’élaborer les façons de soutenir les apprentissages et de développer les savoir-être et les savoir-agir complexes, en formation à distance, pour les étudiants de programmes de deuxième cycle universitaire en adaptation scolaire et sociale. La transposition à distance de principes et de méthodes qu’on sait efficaces en présence a été centrale dans cette démarche. L’expérience s’est étalée sur 8 ans et s’est nourrie de collectes de données en continu.

Bien que la démarche portait sur l’enseignement universitaire, je suis convaincu que les constats qu’on peut en tirer s’appliquent aussi à l’enseignement collégial.

Sur des bases communes à celles du présent dossier, j’ai publié à l’automne 2020 dans Profweb un autre dossier portant sur des stratégies pour engager les étudiants, tous domaines de formations confondus, lors de cours en visioconférence: Des cours en visioconférence engageants avec des allers-retours entre le grand groupe, le sous-groupe et l’équipe. Il est entre autres question, dans ce dossier, de stratégies de la pédagogie inversée en formation à distance. L’idée maîtresse est de trouver des façons de rendre les étudiants actifs en formation à distance tout en développant avec eux une relation pédagogique profitable.

Dans la pratique pédagogique

Optimiser la disponibilité attentionnelle des étudiants

Quelques stratégies sont à privilégier en formation à distance pour maximiser la disponibilité des étudiants, plusieurs émanant d’un souci pour la charge cognitive des étudiants (Sweller et al., 2011):

  • Tenter de diminuer la charge de la technique. En diminuant les manipulations techniques pour les étudiants, cela enlève un facteur de stress. De plus, si vous leur demandez de créer des capsules vidéos ou d’animer des ateliers en sous-groupes, donnez-leur la chance de s’exercer au préalable. Ainsi, l’utilisation des technologies ciblées ne sera plus un frein lors de l’évaluation ou de l’activité.
  • Limiter le nombre de dispositifs et d’outils technologiques et adopter les mêmes pour toute la session, voire pour tout le programme. Cela sécurise les étudiants, car ils sont en terrain connu.
  • Simplifier les consignes et la logistique de chaque séance, tout en maintenant une constance au fil de la session dans l’interface de cours, réduit la charge technique des étudiants.
  • Conserver les notions qui ne nécessitent pas d’interactions pour les activités asynchrones. En adoptant le principe de la classe inversée, on peut réserver le plus de temps possible lors des séances synchrones pour échanger et permettre aux étudiants de tisser des liens entre eux.

Créer un sentiment de sécurité dans une classe virtuelle

Pour instaurer un sentiment de sécurité dans sa classe virtuelle, il faut accepter d’adopter une posture d’incertitude en tant que formateur, comme l’a documenté Yves Saint-Arnaud (2001). Plus concrètement, il faut faire preuve d’humilité quant à notre expertise en évitant d’être cassant dans nos explications. Comme enseignants, nous pouvons tout de même questionner les actions et les décisions de l’étudiant, mais dans le respect et la bienveillance. Il faut aussi cultiver la confiance envers les autres au sein de nos groupes.

De plus, le fait de parler de nos expériences, de nous dévoiler en parlant à la première personne (au «Je»), permet à la fois de montrer notre propre humanité, mais également de donner des exemples concrets tirés de notre propre pratique professionnelle. Les étudiants sont alors plus enclins à partager également leur vécu.

Tout partage se doit d’être accueilli dans le respect. Comme enseignant, vous pouvez recadrer certaines réactions et interventions, mais toujours avec curiosité, respect, bienveillance et humilité. Modélisez les réactions attendues pour maintenir un climat sécuritaire et bienveillant au sein du groupe. Dans le cadre de séances synchrones, les options pour diviser les groupes en sous-groupes peuvent s’avérer utiles pour favoriser le partage entre les étudiants au sein de sous-groupes moins nombreux.

De plus, essayez de scinder votre rôle de formateur de celui d’évaluateur. Vos étudiants doivent comprendre qu’ils peuvent vous parler et partager leurs expériences sans que vous ne posiez un jugement ou qu’ils soient évalués.

La communication par écrit

Acquérir une compétence relationnelle dans le cadre d’un cours asynchrone où l’écrit (par exemple, dans des forums) est central peut être plus difficile. L’écrit peut s’avérer une source de malentendus ou de malaises.

Pour développer la compétence relationnelle désirée, on cherche à déstabiliser les étudiants. Il est préférable, pour parvenir à cette déstabilisation, d’établir un contact avec eux lors de rencontres virtuelles ou présentielles pour:

  • nous assurer qu’il n’y a pas de malentendu
  • favoriser les échanges
  • détecter et utiliser les malaises comme terreau de décristallisation et comme opportunité de débusquer, d’entendre et de rassurer une résistance possible au changement qu’on souhaite installer

Cependant, l’écrit n’est pas à évincer complètement de notre cours! Le clavardage, loin d’être la situation authentique que nous recherchons, est un outil qui permet aux étudiants de commenter différemment des questions sensibles. Certains étudiants ne prendront peut-être pas la parole pour partager leur expérience au début, mais le feront par écrit. Toutefois, l’acquisition de compétences relationnelles ne peut pas pleinement être atteinte seulement par le clavardage: il faut échanger et dialoguer de vive voix.

Instaurer une culture de participation

La participation est au cœur des compétences relationnelles. Il existe différentes stratégies pour instaurer une culture de participation.

Par exemple, en établissant des tours de table systématiques lors de chaque séance synchrone, tout le monde prend la parole et cela brise la glace entre les participants. Tous les étudiants sont préparés à être interpellés, comme nous le ferions en présence, bien que cela prenne un peu plus de temps à distance. Nous devons prendre le temps de tisser des liens avec nos étudiants et de nous enquérir de leur état. Bref, enseigner en ligne n’est pas synonyme de webinaire!

Miser sur le travail en petits groupes

En formation à distance, les plateformes de visioconférence pour les cours synchrones sont devenues des outils incontournables pour favoriser la collaboration en classe. Pour le développement des compétences relationnelles, les options pour scinder les groupes en petits groupes favorisent le travail en équipe. Selon les besoins, vous pourriez réserver 1 heure avec chaque sous-groupe, par exemple, ou visiter chaque équipe lorsqu’elles travaillent de manière simultanée.

La compétence relationnelle passe entre autres par le non verbal et les expressions faciales. Comme enseignant, il faut absolument prendre l’habitude d’allumer notre webcaméra et d’inciter nos étudiants à le faire également.

Pour aider nos étudiants à adopter de bonnes habitudes lors des visioconférences, les nétiquettes de la visioconférence de Martin Pelletier, conseiller pédagogique du Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne, sont fort utiles.

Laisser les micros ouverts pour faciliter les échanges

Si la taille de vos groupes le permet, il peut être intéressant de laisser les micros ouverts. Cela crée des échanges plus «réels», car on peut percevoir les souffles et les vocalisations non-verbales subtiles de nos interlocuteurs, ce qui donne des indices pour savoir si nous sommes bien compris et si notre message est clair. Certes, pour faire cela, il faut des micros adéquats et inviter nos étudiants à s’installer dans des endroits silencieux.

Enregistrer les présentations et consignes, mais pas les moments de partages personnels

L’enregistrement des séances en ligne est devenu une norme dans plusieurs établissements d’enseignement. La théorie, les explications et les consignes liées aux travaux méritent d’être enregistrées, notamment pour diminuer le stress engendré par un problème technique passager chez l’étudiant. Cependant, si vous voulez que votre groupe soit un endroit sécuritaire, arrêtez l’enregistrement lors de discussions sensibles ou de partages personnels. Les étudiants se sentiront moins vulnérables, par exemple, en racontant l’échec d’une tentative d’intervention lors d’une simulation ou de leur stage. Il faut éviter qu’ils se censurent par peur que la vidéo soit écoutée par un grand nombre de personnes. Toutefois, pensez à recommencer l’enregistrement aussitôt que vous transmettez de nouveaux contenus, car les enregistrements vidéos des séances sont précieux entre autres pour les étudiants absents.

Arriver préparé à la séance

Si nous voulons que nos étudiants participent, il faut nous-mêmes offrir une présence de qualité, c’est-à-dire arriver en avance pour notre séance en ligne afin de s’occuper des aspects techniques et logistiques (éclairage, connexion internet, documents partagés, salles d’équipe, etc.). De plus, plusieurs enseignants aiment prendre un moment de centration avant leur séance synchrone. Il ne faut pas perdre à l’esprit que la formation à distance oblige la gestion de plus d’éléments techniques que les cours en présentiel.

Éviter d’échapper des étudiants qui se retirent quand ils sont confrontés à des situations difficiles

Un élément important à considérer lors de nos visioconférences, c’est le fait que nous puissions «échapper» des étudiants.

Par exemple, lorsque nous abordons des sujets plus émotifs ou difficiles, certains étudiants peuvent être tentés de volontairement se retirer en se déconnectant. Quand ce type de situations survient en classe, on peut s’en rendre compte rapidement et offrir du soutien et de l’empathie à l’étudiant en question. Toutefois, en formation à distance, le risque est élevé qu’on ne le réalise pas.

Pour éviter ce type de situations, sensibilisez vos étudiants, lorsqu’ils travaillent en sous-groupe, pour qu’ils soient attentifs au ressenti de leurs pairs et vous informent si un de leurs confrères se referme sur lui-même lors du partage d’un élément déstabilisant.

Le fait d’être déstabilisé est un terreau fertile pour passer à une autre étape ou pour dénouer un nœud lors de l’acquisition d’un élément de la compétence relationnelle.

Une bonne pratique à adopter est d’avoir une liste téléphonique de nos étudiants et de prendre le temps d’appeler l’étudiant qui a vécu un moment de contrariété lors de la séance pour comprendre pourquoi celui-ci s’est déconnecté et pour l’épauler.

L’analyse vidéo de pratiques: une stratégie pour l’acquisition de compétences relationnelles

Il est toujours formateur d’amener nos étudiants à filmer leurs interactions réelles, par exemple dans le cadre de leurs stages, ou de leurs simulations d’intervention. Ces enregistrements vidéos sont un matériau riche pour l’analyse de pratiques dans un cours, qu’il soit en ligne ou en présentiel. Si le fait de se filmer est une barrière, reprendre des extraits de visioconférences lors desquelles les étudiants faisaient un jeu de rôle ou fournir nous-mêmes les vidéos qui seront analysées sont des possibilités, bien que nous perdions le regard réflexif pour le remplacer par un regard analytique.

L’analyse vidéo peut faire l’objet de différentes modalités d’évaluation. Nous pouvons l’intégrer à une autocritique où l’on demande aux étudiants de visionner leur vidéo et d’évaluer leurs actions. Il peut être intéressant de les guider en indiquant certains éléments à surveiller.

L’analyse vidéo peut également s’inscrire dans le cadre d’une intercritique où les étudiants commentent entre eux leurs vidéos. Pour que cela soit fait de manière sécuritaire et dans la bienveillance, il faut les préparer et les former à commenter les travaux de leurs pairs, par exemple en étant présent en tout ou en partie les premières fois que les vidéos sont discutées en équipe.

Le dépôt de vidéos sur la plateforme de cours n’est pas obligé d’être associé automatiquement à une évaluation. Le simple fait que les étudiants doivent déposer périodiquement des extraits vidéos au fil de la session influe sur leur manière de travailler et modifie leur posture dans leurs interactions lors des simulations. Il est à noter que demander aux étudiants de déposer l’intégralité d’une intervention qu’ils ont réalisée peut suggérer le dépôt d’une vidéo de plusieurs heures. Or, cela peut être problématique si les étudiants n’ont pas une connexion internet assez robuste ou ne maîtrisent pas les outils permettant de créer des fichiers vidéo moins volumineux. Leur proposer de déposer quelques extraits de leur simulation peut s’avérer un choix judicieux, car cela diminue la charge de la technologie et les oblige à visionner leur intervention.

Les possibilités pédagogiques de l’analyse vidéo des pratiques

Pour développer de manière tangible des compétences relationnelles, misez sur la rétroaction et l’interaction autour des situations authentiques que vous proposez en classe.

Des rétroactions écrites au sujet des vidéos des étudiants

Dans le cadre de vos rétroactions, précisez vos interventions en indiquant le minutage de la vidéo.

De plus, envisagez de permettre à tous les étudiants d’enrichir leurs apprentissages en bénéficiant des rétroactions faites à leurs pairs. Vous pourriez déposer vos commentaires dans un document collaboratif ou répondre aux étudiants dans un forum.

Certains outils numériques vous permettent d’intégrer vos commentaires au sein même des vidéos des étudiants:

Profweb vous suggère son article 3 plateformes en ligne pour créer des contenus vidéo interactifs pour les étudiants pour en connaître davantage sur VideoAnt et EdPuzzle, des outils numériques vous permettant d’annoter des vidéos et même de créer des leçons à partir de vidéos en ligne. Veuillez noter que l’outil VideoNot.es dont il est question dans l’article n’est plus accessible.
Des rétroactions vidéos au sujet des vidéos des étudiants

Songez à enregistrer de brèves capsules vidéos ou audios pour donner vos rétroactions. Ainsi, vos commentaires deviennent plus humains et plus rassurants que s’ils étaient à l’écrit, car les étudiants perçoivent vos intonations, vos hésitations et votre humour.

Le visionnement commenté, c’est-à-dire parler en même temps qu’une vidéo défile, est une avenue intéressante autant pour l’enseignant que l’étudiant. Pour amener les étudiants à réfléchir sur leur intervention, proposez-leur de commenter leur prestation à l’aide d’outils de capture vidéo comme:

Aspects éthiques et légaux de l’enregistrement vidéo

Lorsqu’il est question d’enregistrement vidéo, plusieurs aspects éthiques et légaux sont à prendre en compte. Il est important de valider auprès de votre collège et de l’ordre professionnel affilié à votre programme, si tel est le cas, les modalités à respecter.

Faites signer à vos étudiants un formulaire de consentement et une entente de confidentialité. Ils seront plus en confiance en sachant dès le départ que les vidéos ne seront pas partagées sur d’autres plateformes. De plus, précisez-leur la politique de rétention des vidéos: ils doivent savoir avant de s’engager si les vidéos soumises seront utilisées de nouveau lors des sessions suivantes et le temps que le cégep conserve les vidéos avant de les détruire.

Considérations techniques

Il est de notre responsabilité, comme formateur, de préparer les étudiants à filmer leur prestation. En leur expliquant quelques notions techniques, la qualité des vidéos remises sera grandement améliorée.

Pour les vidéos captées à l’extérieur du cadre d’une visioconférence, expliquer aux étudiants de porter une attention particulière au positionnement de l’équipement (caméra, micro…). Dites-leur de tester toute la chaîne de production avant d’entreprendre leur enregistrement, c’est-à-dire d’essayer une première fois d’enregistrer, de convertir leur fichier et de l’envoyer par internet. En donnant accès à une boîte de dépôt «test» aux étudiants, ceux-ci peuvent vérifier s’ils maitrisent les manipulations techniques et, si ce n’est pas le cas, aller demander de l’aide. Il est très frustrant pour un étudiant de travailler plusieurs heures sur un projet vidéo, mais d’être incapable de le partager au reste du groupe.

Cependant, votre rôle est d’enseigner et non d’agir comme technicien en informatique. Évitez de prendre tout le poids sur vos épaules en ce qui a trait au fonctionnement technique et aux pépins informatiques.

Planifier l’informel

La transposition des cours en ligne a fait perdre une part d’informel. Dans la salle de classe, les étudiants ont des échanges qui ne sont pas immédiatement en lien avec notre cours avant, pendant et après celui-ci. Pour tenter de reproduire ces discussions dans la confiance, arrivez en avance à vos visioconférences et soyez disponible avant et après le cours. De plus, donnez des plages horaires de disponibilités pour des rencontres virtuelles comme vous le feriez au cégep avec vos heures de bureau pour établir un contact plus personnel avec les étudiants.

Quelle proportion asynchrone/synchrone est la bonne?

Il ne peut pas y avoir trop de rencontres synchrones dans un cours, à moins que certaines d’entre elles ne soient consacrées qu’à la transmission unidirectionnelle de contenu sans interactivité, dans lequel cas l’enregistrement de capsules vidéos asynchrones seraient probablement préférables. Souvent, une rencontre synchrone en sous-groupe plus petit permet davantage la rencontre et la relation. Cela dit, chaque rencontre doit être réfléchie et les activités proposées au cours de celle-ci doivent permettre aux étudiants de développer plus finement leurs compétences que s’ils réalisaient des activités asynchrones. C’est sur la fonction et la qualité des rencontres synchrones qu’il faut s’interroger, et non sur leur quantité.

Conclusion

La plus-value d’une visioconférence est la rencontre de l’autre, c’est la relation que nous établissons avec nos étudiants et que nous utilisons pour provoquer et accompagner des changements et apprentissages en profondeur. C’est ce qu’il ne faut pas perdre de vue.

Quant au développement des compétences relationnelles et savoir-être en formation à distance, je suis d’avis et j’ai constaté à maintes reprises qu’elles sont possibles, malgré les doutes légitimes à cet effet. Cela dit, elles impliquent de la part de l’enseignant une maîtrise des outils de visioconférence, de création et de remises de vidéos et, surtout, une maîtrise des moyens qui mènent à l’installation d’un sentiment de sécurité et d’ouverture. Ce sentiment permet la confrontation lors de situations authentiques suivies de retours réflexifs tant individuels qu’en groupe, par écrit ou par visioconférences.

Soyez bienveillants et patients envers vous-mêmes; avec le temps, vous intégrerez avec succès de plus en plus d’éléments. Demeurons humbles, persévérants et à l’écoute de nos étudiants, mais surtout, n’évacuons pas les si cruciales compétences relationnelles et les savoir-être de nos programmes même lorsque dispensés à distance!

Références

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À propos de l'auteur

Alex Boudreau

Il est conseiller technopédagogique à l’Université de Sherbrooke, rattaché à la Faculté d’éducation, où il œuvre au sein du Pôle d’innovation technopédagogique. Dans le cadre de ses fonctions, il s’intéresse notamment à la formation à distance et à l’intégration technopédagogique. Les interactions entre les apprenants et la technologie, ainsi qu’entre les apprenants entre eux, le passionnent.

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