Des tutoriels vidéo pour aider les étudiants à maîtriser un logiciel spécialisé dans leur future profession
Les technologistes médicaux travaillent en milieu hospitalier et réalisent des analyses en laboratoire. Ils ont la responsabilité de transmettre des résultats fiables aux médecins. Pour ce faire, ils utilisent plusieurs appareils et logiciels sophistiqués. Le programme de Technologie d’analyses biomédicales du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, dans lequel j’enseigne depuis 2010, prépare les étudiants à ces tâches par la maîtrise d’un ensemble de procédures. Mais, jusqu’à tout récemment, les étudiants n’étaient en contact avec les logiciels spécialisés que lorsqu’ils arrivaient en stage.

Pour les étudiants en fin de parcours, qui doivent démontrer et parfaire leurs compétences, le fait de devoir apprendre à utiliser des logiciels avancés peut constituer une difficulté supplémentaire, particulièrement pour les étudiants ayant des troubles de l’apprentissage. Certains étudiants éprouvent des difficultés à utiliser les appareils et logiciels spécialisés, au point même de nuire à la réussite de leur stage.
Notre département a profité de l’actualisation du programme pour acquérir l’un de ces logiciels spécialisés afin de mieux outiller les étudiants dans l’exercice de leur future profession. Notre choix s’est porté sur le l’intergiciel Centralink de Siemens en raison de son coût et de la possibilité de relier les appareils d’analyses que nous avions déjà, mais aussi parce que ce logiciel nous permettait de créer facilement des situations pédagogiques, notamment pour des études de cas.
Des tutoriels vidéo pour faciliter l’appropriation du logiciel par les étudiants
À l’hiver 2018, j’ai obtenu une libération pour développer du matériel pédagogique. J’ai d’abord dû m’approprier le logiciel Centralink. J’ai ensuite utilisé PowerPoint pour créer 2 vidéos à partir de captures d’écran que je commentais :
- La première est une démonstration du fonctionnement général du logiciel.
- La seconde porte sur le programme de contrôle de la qualité qui permet au technologiste médical de s’assurer de la fiabilité des résultats qu’il transmet au personnel soignant.

L’interface du logiciel Centralink.
J’ai déposé les vidéos sur Vimeo, puis j’ai intégré le lien dans Moodle pour que les étudiants y aient accès facilement. Pour le moment, ces vidéos servent d’aide-mémoire pour les étudiants, qui peuvent réviser les procédures autant de fois qu’ils le souhaitent et au moment qui leur convient.
Centralink – CQ (Marie-Claude Lauzier)
Quelques conseils pour la réalisation de tutoriels vidéo
Ce n’était pas la première fois que je créais des vidéos, mais je m’améliore à chaque fois.
- Le principal défi est la qualité sonore: il faut trouver le bon micro pour obtenir le bon son!
- Il est aussi important de revoir nos attentes par rapport au format final des vidéos. Mon objectif était que les vidéos servent d’introduction et d’aide-mémoire aux étudiants. J’ai donc moins privilégié l’aspect esthétique. Je ne pense pas que mes étudiants m’en tiennent rigueur. J’ai préféré consacrer mon énergie au développement d’autres activités d’apprentissage.
- Puisque ma démarche avait une visée inclusive, je me suis limitée à un maximum de 12-13 minutes par vidéo. J’ai aussi évité d’inclure trop d’animations, qui peuvent créer une distraction visuelle importante pour certains étudiants. Mes vidéos sont neutres pour garder l’accent sur le contenu important.
Je ne fais pas de suivi particulier quant au visionnement. J’explique aux étudiants que les exercices en classe se basent sur des éléments contenus dans les vidéos, et qu’il leur sera très difficile de les réussir s’ils ne les visionnent pas avant le cours. Et ils le font! Plusieurs étudiants préfèrent regarder une vidéo plutôt que de lire un texte. Le fait de voir l’interface du logiciel en même temps que d’entendre mes explications facilite la mémorisation; c’est donc une situation gagnante pour eux!

Des études de cas pour apprendre à utiliser le logiciel
En parallèle, j’ai créé plusieurs scénarios pour des études de cas avec le logiciel Centralink. Pour que les étudiants apprennent à l’utiliser, lire un texte descriptif ou écouter une vidéo ne suffit pas. Ils doivent réaliser des exercices appliqués et « mettre les mains sur les touches ».
Le laboratoire informatique dispose de 5 postes informatiques ayant chacune une licence de Centralink. Les étudiants pouvaient travailler individuellement ou en équipes de 2 pour résoudre des cas semblables à ceux qu’ils pourraient rencontrer dans leur milieu professionnel. Je leur distribuais un feuillet de tâches avec des questions. Les exercices pratiques leur permettaient :
- D’analyser et de valider les résultats de patients fictifs
- De détecter des erreurs potentielles
- De faire des liens entre l’état du patient et les résultats obtenus (Les technologistes ne posent pas de diagnostic, mais les étudiants apprennent à observer des résultats cohérents avec l’état du patient, comme le taux de glucose chez une personne diabétique.)
- D’assurer le contrôle et le suivi des appareils automatisés (En cas d’anomalie ou lorsqu’une action corrective est nécessaire, le logiciel laissera des indices.)
Les étudiants pouvaient cheminer à leur rythme. Je suivais chaque équipe et je leur offrais un accompagnement personnalisé. Lors de leur première expérience en classe avec le logiciel, plusieurs étudiants ont trouvé l’exercice difficile. J’ai dû en encourager quelques-uns à persévérer. À la fin du laboratoire, la plupart des étudiants se sentaient plus à l’aise et mieux outillés.
Ces exercices pratiques permettent aux étudiants d’arriver mieux préparés en milieu de stage. Ils favorisent également la transférabilité de leurs compétences informatiques.
D’autres manières inclusives de soutenir l’apprentissage

De plus en plus, notre département est appelé à trouver des manières d’aider les étudiants dans leurs apprentissages, en tenant compte des étudiants qui ont des besoins particuliers.
Je crois que le visionnement de courtes capsules vidéo favorise l’acquisition de connaissances procédurales et de compétences nécessitant de la dextérité, puisque les étudiants peuvent revoir plusieurs fois la procédure à suivre, au rythme qui leur convient. De plus, cela leur permet de voir de plus près les gestes du démonstrateur, lorsque ceux-ci nécessitent une grande minutie. Pour toutes ces raisons, plusieurs collègues ont mis en ligne de courtes capsules vidéo au cours des derniers mois. Ces capsules sont déposées sur Moodle. Nous souhaitons maintenant regrouper ces ressources pour en faciliter l’accès pour les étudiants.
Pour l’instant, le département est encore dans la phase d’implantation du logiciel. Les étudiants de première année pourront bénéficier, dès l’automne 2018, des capsules vidéo et des activités pédagogiques créées pour qu’ils s’approprient le logiciel. Les étudiants de troisième année, quant à eux, seront initiés au logiciel avant leurs stages. Il sera intéressant de voir si les étudiants qui ont utilisé le logiciel à l’hiver 2018 sauront l’utiliser efficacement cet automne, et quelle utilité les enseignants qui poursuivent avec eux trouveront aux capsules vidéo.
J’aime beaucoup cette approche et ce récit. Il offre des indications utiles et transférables pour une foule de situations d’apprentissage qui peuvent tirer profit des tutoriels vidéos. Merci Marie-Claude pour ta contribution!