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31 août 2017

La gestion de classe à l’ère du numérique (partie 2) : varier ses approches pour mieux intervenir

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Que doit faire l’enseignant avec les téléphones, tablettes et ordinateurs en classe? Est-il plus judicieux de les interdire, d’encadrer leur utilisation ou de les intégrer dans les activités d’apprentissage?

L’omniprésence des appareils mobiles soulève, chez de nombreux enseignants, une interrogation quant à la manière de réagir face à ces distractions potentielles. Peu importe votre niveau d’expérience en enseignement, il peut être intéressant d’explorer différentes stratégies.

Ce dossier sur la gestion de classe à l’ère du numérique se divise en 3 parties. Chacun correspond à une étape de la démarche d’accompagnement que Jean-Luc a développée à titre de conseiller pédagogique. Vous serez amené à :

Cette 2e partie du dossier vous permettra d’explorer différentes approches de gestion de classe par rapport à l’utilisation des appareils mobiles. Ces approches sont modulables selon le contexte d’enseignement.Des stratégies sont proposées pour faciliter leur mise en place et seront appuyées par des ressources collégiales et des outils numériques.

Objectifs

Au terme de cette 2e partie, vous serez en mesure :

  • D’explorer les approches de gestion de classe les plus adaptées à votre contexte d’enseignement
  • D’identifier les stratégies à mettre en place dans votre classe et les ressources numériques susceptibles d’appuyer votre démarche

État de la question

La gestion de classe peut être perçue comme un concept homogène où vous devez procéder à partir de règles établies, appliquées, sanctionnées ou normées dans le cadre de politiques ou de règlements internes. Vous devez également composer avec des étudiants ayant des besoins diversifiéset qui emploient différentes stratégies d’apprentissage, dont certaines requièrent l’utilisation d’outils technologiques. Dans ce contexte, quels sont les choix qui s’offrent à vous pour gérer une classe au collégial?

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas qu’une seule option valide. Il est même probable que vous employez déjà plusieurs approches de gestion de classe. Leur choix peut être influencé par différents facteurs, comme :

  • Votre système de valeurs
  • Votre conception de l’enseignement et de l’apprentissage
  • Votre posture pédagogique
  • Votre personnalité

La gestion de classe, une affaire de « profil »?

En 2001, Roch Chouinard, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, a publié un article dans lequel il présentait une typologie des différents profils de gestion de classe, élaborée à partir des travaux de Weber (1986). Elle permettait aux enseignants de situer leur pratique éducative et d’adopter une posture cohérente avec leurs objectifs pédagogiques.

Malgré sa pertinence pour réfléchir sur les pratiques de gestion de classe, cet article présentait 2 limites par rapport à la démarche proposée dans ce dossier :

  • Il est paru avant l’arrivée massive des appareils mobiles dans nos classes.
  • Il s’adressait à un lectorat d’enseignants du préscolaire au secondaire.

Nous avons voulu arrimer ce modèle au contexte pédagogique et numérique actuel, tout en l’adaptant à la réalité collégiale. Plutôt que de parler de profils, nous vous proposons d’explorer différentes approches de gestion de classe par rapport à l’utilisation des technologies par les étudiants. L’objectif n’est pas de déterminer la meilleure approche, mais de présenter différentes possibilités afin d’encourager l’adoption de pratiques diversifiées. Ces approches s’inspirent des modèles de Weber et Chouinard, mais elles seront contextualisées et appuyées concrètement par des stratégies et des ressources numériques dans le volet « Pratique pédagogique ».

Intégrer le numérique à sa gestion de classe : le modèle TPaCK

Parmi les récents modèles d’intégration des outils numériques en classe, le modèle TPaCK de Mishra et Koehler (2006) représente un cadre de référence inspirant.

On peut traduire l’acronyme TPaCK (Technological Pedagogical Content Knowledge) comme la compétence à intégrer les technologies [Outils numériques] dans des activités d’enseignement et d’apprentissage [Approche pédagogique] liées à sa discipline [Contenu disciplinaire]. […] Selon Koehler, l’équilibre professionnel de l’enseignant se situe à l’intersection des trois connaissances primaires, le TPaCK. Claude Martel (2013)

Les 3 composantes de base du modèle TPaCK.

Pour être efficaces, les pratiques de gestion de classe devraient s’harmoniser avec les composantes de ce modèle, auquel Jean-Luc ajoute un 4e élément: les caractéristiques des étudiants.

Ces caractéristiques peuvent correspondre :

  • À leur niveau de maîtrise du contenu
  • Aux stratégies d’apprentissage qu’ils emploient
  • Aux difficultés d’apprentissage rencontrées
  • À leurs intérêts et leur source de motivation

Une 4e composante peut s’ajouter au modèle TPaCK pour définir votre approche de gestion de classe par rapport à l’utilisation des technologies par les étudiants.

Cette composante permet aussi de tenir compte de la diversité des besoins selon la composition des classes.

Dans la pratique pédagogique : 6 approches de gestion de classe

La présentation des approches de gestion de classe et les exemples qui leur sont associés visent à offrir un portrait concret et parlant pour les enseignants. Chacune des 6 approches comporte ses avantages et ses limites. C’est donc en variant vos stratégies, en les adaptant aux circonstances et à votre contexte de classe que vous atteindrez le meilleur équilibre pour la mise en place du climat d’apprentissage souhaité et l’atteinte de vos objectifs pédagogiques.

1. L’approche exploratoire

Consiste à :

  • Imiter les pratiques de collègues ou d’écrits sur le sujet
  • Procéder par essai et erreur

L’approche exploratoire «fait référence à des pratiques de gestion de classe fondées sur des façons de faire diverses, glanées dans des parutions professionnelles ou au cours de conversations avec des collègues.» (Chouinard, 2001, p.25)

Cette approche suppose que, lorsque vous vous êtes confronté à des problématiques en classe, vous vous tournez vers une expertise extérieure. Votre objectif est d’identifier des interventions éprouvées et transférables dans votre classe.

Exemples :

  • Vous vous inspirez d’un modèle d’intervention théorique pour encadrer l’utilisation adéquate des appareils mobiles en classe.
  • Vous demandez à un collègue comment il est parvenu à obtenir la coopération des étudiants pour gérer les distractions causées par les téléphones cellulaires.

Avantages et limites

Cette approche vous offre de multiples pistes de solution. Elle est particulièrement intéressante si vous vous adaptez facilement aux imprévus ou si vous souhaitez apporter un changement dans votre pratique, sans vous appuyer sur une théorie de l’apprentissage en particulier.

Son principal inconvénient est qu’elle ne garantit pas le succès de la démarche ni sa répétition à long terme. Un grand nombre de variables influence le résultat d’une démarche et elles ne seront jamais identiques à celles de vos collègues. Ainsi, bien que l’emprunt d’une pratique puisse s’avérer efficace, assurez-vous qu’elle corresponde à vos objectifs et à votre réalité de classe.

Situations où l’approche exploratoire est recommandée

  • Vous souhaitez vous appuyer sur une démarche éprouvée pour intégrer les appareils mobiles des étudiants dans vos activités d’apprentissage.
  • Vous cherchez des pistes de solution pour contrer le manque de motivation et le désengagement de certains étudiants.

Principales stratégies

S’inspirer de ses collègues

Les récits publiés sur Profweb présentent les projets d’enseignants du collégial ayant intégré les technologies de façon inspirante. Ils peuvent être une source de référence pour l’utilisation des appareils dans un contexte pédagogique.

S’appuyer sur la recherche

Le Centre de documentation collégiale (CDC) vous donne accès à la documentation produite dans le réseau collégial. Parmi les publications susceptibles de vous inspirer, notons la revue Pédagogie collégiale, les rapports de recherche PAREA, les actes des colloques de l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC) et les essais de Performa.

Échanger sur le sujet

Certains départements tiennent des «rencontres de niveaux» pour discuter des cas d’étudiants. Elles constituent des occasions d’échanges sur les pratiques de gestion de classe et permettent à l’équipe programme de mettre en place un encadrement personnalisé. L ’APOP offre également une formation sur la gestion de classe à l’ère des technologies qui vous permettra d’échanger avec des collègues du réseau.

2. L’approche permissive

Consiste à :

  • Favoriser l’autonomie et la libre expression des étudiants
  • Intervenir le moins possible dans le processus de gestion de classe

L’approche permissive découle généralement du désir de l’enseignant de laisser le libre choix aux étudiants quant à la gestion de leurs apprentissages. Elle vise à «favoriser le développement de l’autonomie et de la libre expression» (Chouinard, 2001, p.26).

Cette approche suppose que vous considérez les étudiants comme des adultes autonomes et qu’à ce titre, ils détiennent la responsabilité de leur apprentissage. Vous miserez sur leur capacité à réguler leur propre comportement en limitant vos interventions.

Exemples :

  • Vous n’encadrez pas l’utilisation des téléphones dans vos cours. Les possibilités de distraction existent, mais ce sera aussi le cas sur le marché du travail.
  • L’un de vos étudiants semble souvent distrait par son téléphone, mais il réussit très bien ses travaux et examens. Ce comportement vous dérange, mais vous jugez inutile d’intervenir.

Avantages et limites

Cette approche est cohérente avec l’objectif de développer une autonomie aux études collégiales. En donnant aux étudiants la pleine responsabilité de leur apprentissage, vous optez pour une approche qui vous permet de consacrer tout votre temps au contenu des cours plutôt qu’à la supervision des comportements individuels.

Cependant, cette approche ne garantit pas que les étudiants sont réellement disposés à apprendre. Elle peut également faire apparaître des iniquités: si vous tolérez les distractions des étudiants forts, qu’en est-il des étudiants faibles ou ayant des besoins particuliers? Bénéficient-ils des mêmes conditions et d’un climat favorable à l’apprentissage? Sans infantiliser vos étudiants, il pourrait s’avérer judicieux de déterminer certaines balises afin de rendre leur expérience (et la vôtre) plus satisfaisante.

Situation où l’approche permissive est recommandée

  • Une activité nécessitant l’utilisation d’un outil numérique ne se déroule pas comme prévu. Les étudiants sont libres d’occuper leur temps pendant que l’enseignant résout le problème.

Principales stratégies

Schématiser ses attentes

Pour encadrer au minimum les étudiants, vous pouvez illustrer vos attentes à leur égard. Le schéma pourrait s’élaborer autour d’une valeur prédominante à respecter dans le cours. Il peut être réalisé avec un logiciel comme Freemind, Xmind ou Lucidchart.

Une carte mentale de valeurs à respecter dans une classe (réalisée avec Xmind).

Définir votre système de valeurs

Vous pourriez distinguer les droits et les privilèges de l’étudiant dans votre classe afin de les inclure dans ce système de valeurs. Pour assurer la cohérence, référez-vous aux politiques et règlements de votre collège.

Exemple :
  • Les étudiants ont droit d’avoir accès à la connaissance par internet. L’utilisation de leur appareil pour y accéder peut cependant constituer un privilège.

Donner un privilège étant généralement plus facile que d’en retirer un, il est préférable d’encadrer minimalement l’utilisation de la technologie.

3. L’approche autoritaire

Consiste à :

  • Définir des règles strictes pour encadrer le comportement des étudiants
  • Prévoir des sanctions pour punir les écarts

L’approche autoritaire vise à encadrer les étudiants «à partir d’un système de règles et de procédures [que les enseignants] ont eux-mêmes définies» (Chouinard, 2001, p. 25).

À l’instar de l’approche permissive, vous considérez les étudiants comme des adultes responsables. Lorsqu’ils se présentent en classe, vous vous attendez à ce qu’ils se montrent disposés à l’apprentissage et que leur comportement n’entrave ni votre cours ni les conditions d’apprentissage du groupe. Une solution consiste à encadrer l’utilisation des appareils technologiques.

Exemple :

  • Vous demandez aux étudiants de ranger leurs téléphones pendant votre cours pour éviter les distractions.

Avantages et limites

L’avantage principal de cette approche est qu’elle ne nécessite pas de grande concertation. Elle vous permet d’énoncer vos attentes envers les étudiants et de les responsabiliser, puisque les étudiants qui se présentent en classe acceptent le contrat (explicite ou implicite) présenté lors du premier cours ou dans votre plan de cours.

Un inconvénient est que cette approche n’incite pas nécessairement les étudiants à développer leur autonomie. Il peut s’avérer complexe d’assurer la cohérence de l’ensemble des règles établies, puisque certains étudiants font appel à des aides technologiques pour les soutenir dans leurs apprentissages. Enfin, certaines sanctions à caractère humoristique (demander à l’étudiant de chanter une chanson ou de lire ses messages personnels devant la classe) peuvent être perçues comme humiliantes par les étudiants. Il importe d’assurer la cohérence de vos règlements avec celles de votre institution, afin de conserver un climat de classe propice aux apprentissages (conformément à vos objectifs).

Situations où l’approche autoritaire est recommandée

  • Pour limiter les risques de plagiat lors d’une activité évaluative ou éviter les distractions à des moments où les étudiants doivent se montrer particulièrement attentifs (rappel d’une procédure sécuritaire, présentation orale d’un collègue, etc.).
  • Un petit groupe s’envoie des textos pendant votre cours et leur comportement dérange les autres étudiants.

Principales stratégies

Établir des règlements de classe

Ces règles peuvent être affichées en classe, dans le plan de cours ou être accessibles en ligne, sur l’Espace web de l’enseignant ou sur la plateforme Moodle, par exemple. Ces règlements définissent les limites du « terrain de jeu » de l’étudiant et doivent se conformer aux politiques et pratiques en place dans votre institution.

Contrôler l’environnement technologique

Les outils de gestion comme Veyon (logiciel libre, anciennement connu sous le nom iTALC), Lanschool et NetSupport School (outils propriétaires) permettent de visualiser le poste de travail de l’étudiant et de le contrôler à distance (donner ou retirer l’accès à internet, déposer des documents, etc.).

Visualisation des postes des étudiants. Capture d’écran du logiciel iTALC (maintenant Veyon).

Préciser sa position

Des arbres décisionnels ou des listes de vérification, comme celle développée par l’Université Laval [Word], peuvent être utilisés pour expliciter votre démarche.

Exemple d’arbre décisionnel réalisé avec Lucidchart.

4. L’approche comportementaliste

Consiste à :

  • Encourager les étudiants à adopter des comportements appropriés
  • Prévenir et régler les problèmes de comportement

L’approche comportementaliste s’appuie sur les théories béhavioristes et vise à « encourager les [étudiants] à adopter les comportements appropriés […] en utilisant des techniques sophistiquées destinées à amener une modification des comportements inadaptés » (Chouinard, 2001, p. 25).

Cette approche vise à encadrer les étudiants par la mise en place de systèmes et d’outils de régulation du comportement, notamment par le renforcement positif. Vous pourriez également faire appel à des mécanismes de jeu pour accroître la motivation et l’engagement. Si vous intégrez déjà des outils numériques dans vos stratégies d’enseignement, cette approche vous permet d’agir de manière proactive: plutôt que de considérer les appareils mobiles de vos étudiants comme des sources de distraction, vous en faites des outils d’apprentissage.

Exemples :
  • Vous tirez profit des certaines fonctionnalités, comme les notifications des appareils mobiles ou les rétroactions des médias sociaux (mentions J’aime), pour encourager et motiver les étudiants.
  • Vous utilisez des sondages éclair (Kahoot, Mentimeter) pour réviser la matière de façon ludique avant un examen.

Avantages et limites

Les compétitions amicales entre les étudiants peuvent avoir un effet positif sur leur motivation. Si vous utilisez un système de suivi et de récompenses, cette approche vous permet de créer un historique de vos interventions qui pourra compléter le dossier scolaire de l’étudiant et l’informer sur sa participation au cours.

Cependant, certains étudiants pourraient trouver cette approche infantilisante. De plus, la préparation des activités (matériel, scénario de jeu, banque de questions) et le suivi constant des étudiants peuvent exiger du temps. Assurez-vous que vos efforts répondent à vos objectifs pédagogiques.

Situations où l’approche comportementaliste est recommandée

  • Les sources de motivation extrinsèque ont un impact significatif sur les étudiants.
  • Vous désirez utiliser des stratégies pour favoriser l’apprentissage en misant sur les intérêts des étudiants.

Principales stratégies

Intégrer des mécanismes de jeu

Cet article de Jean Desjardins, conseiller pédagogique au Collège Sainte-Anne, propose différentes ressources pour élaborer des activités d’apprentissage ludiques. Profweb a publié plusieurs autres articles et récits en lien avec le jeu. Des applications web comme ClassCraft ou ClassDojo peuvent aussi être adaptées pour le collégial.

Utiliser les badges de compétence

La Vitrine technologie-éducation a expérimenté l’intégration de badges numériques dans l’environnement d’apprentissage Moodle. Inspirés des badges scouts, « ces insignes confirment électroniquement l’acquisition formelle ou informelle d’une compétence » (Reverd, 2014).

Exemples d’Open Badges créés par la Fondation Mozilla.

Le réseau des REPTIC développe également des badges liés au Profil TIC des étudiants. Des jeux d’icônes peuvent être téléchargés gratuitement pour personnaliser vos badges, si vous souhaitez en créer et les utiliser en classe.

Établir des ententes avec l’étudiant

Plusieurs collèges utilisent des contrats de réussite, des feuilles de route ou des contrats de classe pour encadrer les étudiants. Vous pouvez utiliser des formulaires en ligne pour les créer et les déposer ensuite dans Moodle ou sur une autre plateforme infonuagique, afin que les étudiants y aient facilement accès.

5. L’approche collaborative

Consiste à :

  • Partager l’autorité avec les étudiants
  • Assurer la cohésion du groupe et la qualité de la relation pédagogique

Cette approche vise à «établir et à conserver des relations harmonieuses» avec les étudiants (Chouinard, 2001, p. 25). La responsabilité du maintien d’un bon climat de classe est répartie entre les membres du groupe.

Pour assurer la cohésion du groupe et la coopération entre les étudiants, vous misez sur une approche démocratique dans laquelle les étudiants font partie intégrante du processus de décision, notamment par rapport à l’utilisation adéquate des technologies.

Exemples :
  • Vous sollicitez vos étudiants pour élaborer avec eux les règlements de classe par rapport à l’utilisation des appareils mobiles.
  • Vous attribuez différents rôles aux étudiants d’une même équipe. Vous misez sur leur sentiment de responsabilité partagée pour qu’ils régulent leur comportement (ex.: ne pas perdre son temps sur internet pendant que les autres coéquipiers travaillent).

Avantages et limites

Cette approche favorise la participation des étudiants et leur solidarité. Inspirée du co-constructivisme, elle s’harmonise bien avec des pratiques pédagogiques actives. Elle permet également d’établir une relation de partenariat avec vos étudiants.

Cette approche requiert cependant de bien définir vos attentes au préalable. Les étudiants tendent parfois à être plus sévères entre eux. Assurez-vous que leurs propositions demeurent cohérentes avec votre approche et qu’elles tiennent compte des besoins ou des contraintes particulières de manière équitable. Conservez un droit de veto!

Situation où l’approche collaborative est recommandée

  • Vous souhaitez proposer des activités d’apprentissage dans une approche de pédagogie active, de collaboration ou de co-construction.

Principales stratégies

Sonder les étudiants

L’utilisation de télévoteurs ou de questionnaires en ligne vous permet de recueillir rapidement l’opinion des étudiants et de voter plus librement qu’à main levée.

Mettre en place des groupes d’études

Ce peut être par l’entremise de groupes de discussion sur les médias sociaux ou d’un forum d’échanges dans un environnement comme Moodle. Cette stratégie vous permet de suivre l’apprentissage des étudiants et d’échanger avec eux sur le climat de classe.

Rédiger des documents communs

Invitez les étudiants à participer à la définition des règles et procédures. Elles peuvent prendre la forme d’un contrat collectif, d’un code d’éthique ou d’une liste de règlements. Les outils collaboratifs de Google ou la suite bureautique Office 365 permettent à plusieurs utilisateurs de modifier simultanément un document.

6. L’approche anticipatoire

Consiste à :

  • Proposer des activités d’apprentissage correspondant aux acquis, aux besoins et aux champs d’intérêt des étudiants
  • Donner de l’importance au choix et au déroulement des activités d’apprentissage

Cette approche repose sur la conception qu’« une bonne planification de l’enseignement est à la base d’une gestion efficace de la classe » (Chouinard, 2001, p. 25).

Cette approche met de l’avant la scénarisation de votre cours. Le choix des activités d’apprentissage et d’évaluation, leur enchaînement et les consignes sont planifiés de telle sorte que les étudiants n’ont pas l’occasion de se désengager. Cette approche implique également de planifier vos mécanismes de gestion de classe, y compris lorsque des imprévus surviennent.

Exemple :

  • Vous prévoyez votre approche (permissive, autoritaire, etc.) par rapport à l’utilisation des appareils personnels si un problème technique survient et vous oblige à passer à votre plan B.

Avantages et limites

En misant sur une planification de cours détaillée, vous limitez les risques d’oubli de matériel ou de confusion par rapport aux consignes et vous assurez une transition fluide entre les activités. Cette approche vous permet de réfléchir à la cohésion entre les activités, les objectifs pédagogiques et les caractéristiques de vos étudiants.

Son principal inconvénient est qu’elle nécessite du temps à mettre en place, puisque vous devrez d’abord réviser votre planification de cours. Prenez des notes après le déroulement d’une activité pour apporter les correctifs nécessaires à la prochaine session, au besoin. Vous pourriez aussi faire valider vos consignes par un collègue. Enfin, la planification ne doit pas devenir une contrainte, car vous ne pouvez simplement pas tout anticiper! Gardez toujours une flexibilité, notamment pour la durée de certaines activités.

Situations où l’approche anticipatoire est recommandée

  • Votre temps est limité pour présenter certains contenus ou pour réaliser une activité d’apprentissage.
  • Vous devez composer avec un objectif pédagogique requérant un niveau taxonomique complexe.

Principales stratégies

Planifier ou consulter des scénarios

L’Outil d’aide à la scénarisation (OAS) est un site web développé par le Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD). Il aide les enseignants à développer des scénarios d’apprentissage actif qui misent sur les technologies. L’OAS est gratuit et vous pouvez aussi consulter des scénarios publiés par d’autres enseignants.

Élaborer une programmation

Inspirez-vous d’un canevas, comme ce document, pour programmer vos activités et prévoir des « zones tampons ».

Conclusion

Ce 2e dossier sur la gestion de classe vous a permis d’explorer 6 approches par rapport à l’utilisation des outils technologiques par les étudiants. À travers les stratégies explorées, vous aurez certainement constaté que de multiples possibilités s’offrent à vous et que la combinaison de différentes approches peut contribuer à enrichir votre pratique enseignante et à instaurer un climat de classe propice à l’apprentissage.

L’impact des stratégies employées relèvera aussi de l’adéquation entre votre pratique et les 4 composantes du modèle adapté du TPaCK. La clé de la réussite, pour adapter efficacement vos stratégies de gestion de classe à ces composantes, consiste à faire preuve de souplesse et de flexibilité. La démarche ne se limite pas à adopter des pratiques pour contrôler le comportement des étudiants, mais vise avant tout à assurer la cohérence de vos pratiques et à engager les étudiants dans leurs apprentissages.

Références utiles

À propos des auteurs

Jean-Luc Trussart

Jean-Luc Trussart est enseignant en Techniques d’intégration multimédia au Cégep régional de Lanaudière à L’Assomption. Ayant occupé la fonction de conseiller pédagogique au collégial pendant plus de 10 ans, il concentre ses activités à créer des expériences d’apprentissage authentiques pour ses étudiants. Il accompagne également les organisations dans le développement de formations en ligne engageantes et significatives optimisant l’utilisation des outils numériques. À travers son parcours, il met à profit sa créativité pour proposer des solutions cohérentes, efficaces et efficientes, tout en mobilisant des acteurs clés des organisations.

Andréanne Turgeon

Andréanne Turgeon a été éditrice pour Profweb de 2014 à 2019. Elle a ensuite coordonné l’organisme jusqu’à son intégration chez Collecto. Depuis 2022, elle est directrice du nouveau secteur des Services de pédagogie numérique chez Collecto, auquel se rattache la plateforme Éductive.

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6 Commentaires
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Nicole Perreault
Nicole Perreault
31 août 2017 20h34

Bravo (bis) pour cette 2e partie du dossier sur la gestion de classe à l’ère du numérique. Tout comme dans la première partie http://eductive.ca/la-gestion-de-classe-a-l-ere-du-numerique-partie-1-entre-coherence-et-tolerance, la théorie et la pratique sont très bien arrimées. Les approches proposées sont variées et peuvent rejoindre tous les « profils ». L’ajout de la dimension « caractéristiques de l’étudiant » est intéressant également. Dans notre projet de guide d’accompagnement d’une activité intégrant les TIC, nous avons également ajouté une autre dimension au modèle TPaCK, celle de l’environnement dans lequel se déroule l’activité (présentiel enrichi, distance, hybride). En 2017, ce dossier est un incontournable, que l’on soit enseignant ou conseiller pédagogique. Merci !

Huguette Dupont
Huguette Dupont
5 septembre 2017 17h06

Je suis ravie d’avoir accès à cet outil fort utile dans nos collèges. Bravo, Jean-Luc, d’avoir si bien fait cheminer cette thématique! Je me rappelle qu’en avril 2014, lors d’une activité d’échanges que nous avons coanimée à ce sujet, les besoins se faisaient sentir. La gestion de classe est un défi de tous les instants depuis toujours, pour tous les enseignants de toutes les disciplines. Mais la présence grandissante des technologies en classe ainsi que la multiplication des DEC mobiles (programmes portables) et des classes d’apprentissage actif dans nos collèges en font plus que jamais un sujet d’actualité qu’il fallait revisiter. Alors merci!

Martin Richard
Martin Richard
11 septembre 2017 16h48

Bravo collègue pour ce deuxième volet tout aussi intéressant que le premier.

Jean-Luc Trussart
Jean-Luc Trussart
11 septembre 2017 18h35

Merci Martin!