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29 janvier 2020

Enseigner à naviguer dans un océan d’informations numériques: si vous ne le faites pas, qui le fera?

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Cet article est une traduction d’un texte paru dans le volet anglophone de Profweb.

Avant, les informations qu’on cherchait se trouvaient à la bibliothèque où elles avaient été vérifiées et cataloguées par des bibliothécaires chevronnées. Aujourd’hui, avec les avancées technologiques et l’avènement d’internet, n’importe qui peut partager du contenu sur le web. Cependant, aucune bibliothécaire n’est présente pour valider la qualité de l’information obtenue en quelques clics.

La pensée critique, les compétences numériques et la compréhension des enjeux et des conséquences de notre comportement en ligne sont des habiletés essentielles pour évaluer la qualité d’un site web. Ces compétences peuvent s’intégrer à toutes les disciplines. Ainsi, les étudiants seront en mesure de développer leur capacité à analyser l’information obtenue sur le web.

Comment les enseignants peuvent-ils aider les étudiants à améliorer ces compétences sans empiéter sur le temps consacré à leur matière?

Le site Media Smarts – Canada’s Center for Digital and Media Literacy [en anglais] donne un conseil très utile : «Teach about media, not just with media.» (Enseigner au sujet des médias, pas seulement avec les médias.) Chaque fois que les médias sont utilisés en classe, Media Smarts propose de saisir l’occasion pour intégrer l’éducation aux médias. Prenez un instant pour enseigner à vos étudiants comment reconnaître la désinformation.

  1. Avant même que les étudiants commencent à lire un texte en ligne, les enseignants peuvent utiliser la modélisation comme stratégie pédagogique :
    • Que signifie le titre?
      • Je devrais me méfier si c’est choquant ou trop provocateur.
      • Le titre ne dit pas toujours tout, je dois donc lire le texte un peu plus en quête de signes révélateurs.
  2. Éric Laflamme utilise des groupes Facebook pour stimuler l’intérêt des étudiants pour la matière dans son cours Électricité et magnétisme. Il mentionne que des étudiants se font prendre à publier de pseudo-études scientifiques chaque session. Il saisit alors l’occasion pour parler des fausses nouvelles (fake news).
  3. L’astroturfing (désinformation populaire planifiée) est un autre enjeu que vous pouvez mentionner au passage. Sensibilisez vos étudiants au contexte de production de certains contenus médiatiques. L’astroturfing consiste à camoufler l’auteur (ou le commanditaire) d’un message pour donner l’impression qu’il existe un vrai engouement populaire pour un produit, un service ou un point de vue politique. (C’est l’idée d’acheter des « j’aime ».)

    Dans son article « Éduquer aux médias : défis et enjeux pour l’école du 21e siècle », Andréanne Turgeon explique que l’anonymat et le caractère citoyen de certaines plateformes favorisent l’émergence d’un sentiment de sécurité et de communauté auprès des utilisateurs. Les étudiants devraient rester à l’affût de ces pièges potentiels.

  4. Armez vos étudiants. Fournissez-leur une liste de conseils.
  5. Découvrez à quel point vos sources sont fiables et véridiques. Présentez à vos étudiants différents sites pour vérifier leurs informations :
    • La vérif vérifie les déclarations et brise les mythes pour donner accès à de l’information juste et vraie loin des fausses nouvelles.
    • Snopes [en anglais] évalue la crédibilité des informations et des histoires populaires qui sont véhiculées, et ce, depuis 1994.
    • Politifact [en anglais]: le Truth-O-Meter des informations politiques.
    • FactsCan [en anglais] est un vérificateur indépendant des informations politiques canadiennes
    • AP FactCheck [en anglais] permet de valider l’information présentée dans les médias grâce à des journalistes à travers le monde de l’Associated Press
  6. Vos étudiants vivent-ils dans une chambre d’écho? S’ils obtiennent leurs informations sur la blogosphère (Facebook, Snapchat, etc.), ils devraient être avertis que lorsqu’ils acceptent des témoins (cookies) en provenance de fausses nouvelles, même involontairement, ils en recevront de plus en plus. Des algorithmes vont automatiquement leur transmettre davantage de fausses nouvelles selon l’endroit où ils ont navigué.
  7. Présentez les penchants politiques de différents médias, même ceux qui sont considérés comme reconnus et fiables. Consultez les évaluations des biais des médias :
    • Media Bias Fact Check (MBFC News) [en anglais], dans son onglet « About », se présente comme un média en ligne indépendant dédié l’éducation du public sur les biais présents dans les médias et sur les pratiques trompeuses liées à l’information.

      Media Bias Fact Check évalue les biais politiques des médias. (Capture d’écran de l’auteure)

    • All Sides montre les différentes versions et points de vue d’une même nouvelle en les plaçant côte à côte.

      All Sides présente 3 versions de la même nouvelle : selon le point de vue de la droite politique, du centre et de la gauche. (Capture d’écran par l’auteure)

Un mensonge fait le tour du monde pendant que la vérité est encore en train de lacer ses souliers. (Attribué, à tort, à Mark Twain)

Source : MediaSmarts (traduction de Profweb)

Pour aller plus loin avec vos étudiants

Si vous souhaitez enseigner à vos étudiants à faire preuve de scepticisme par rapport aux informations qu’ils trouvent sur le web, voici quelques ressources :

  • Le réseau de l’Université du Québec a mis en ligne un tableau récapitulatif Éducation aux médias : que faut-il savoir? [PDF] qui détaille les grands principes de l’éducation aux médias et propose différentes activités à faire en classe. L’Université du Delaware présente, dans son document « Curing Fake News Phobia Lesson Plan » [en anglais], une séance d’apprentissage actif d’une heure avec des explications détaillées et des ressources modifiables.
  • Après avoir regardé le reportage de 7 minutes Les menaces à la démocratie à l’ère du numérique, animez une discussion sur la manière de se forger une opinion à l’ère du numérique. Le reportage de 4 minutes de la BBC « The Rise of Fake News, Manipulation and ‘Alternative Facts’ » [en anglais], qui porte sur une technologie permettant de manipuler les expressions faciales et la voix des gens en temps réel, est une autre option intéressante pour débattre sur la manière de déceler les fausses nouvelles.
  • Pour une activité de classe inversée, demandez à vos étudiants de regarder les vidéos du dossier web «Contrôle du web» de l’équipe journalistique de Rad ou la websérie « Crash Course Navigating Digital Information » [en anglais] pour apprendre à évaluer la qualité des informations qu’on retrouve en ligne et à faire face aux fausses nouvelles qui nous assaillent.

En conclusion

Quand il est question de culture numérique, plusieurs enseignants mettent l’accent sur les compétences nécessaires pour utiliser la technologie. Cependant, les étudiants qui sont maintenant au cégep ont probablement acquis ces compétences à l’âge de 3 ans en jouant sur les tablettes de leurs parents. Les étudiants sont doués pour créer et partager du contenu sur les réseaux sociaux. Malheureusement, ils le sont moins pour discerner si une information est fiable ou non.

Au collégial, les enseignants et le personnel de la bibliothèque sont bien placés pour aider les étudiants à développer ces compétences utiles toute leur vie, dont la capacité à discerner le vrai du faux, compétence maintenant essentielle dans notre société.

Si vous souhaitez approfondir votre réflexion sur ce sujet, Patti Kingsmill, conseillère pédagogique TIC au Cégep Vanier, a porté à notre attention 2 ressources fort intéressantes:

De plus, n’hésitez pas à consulter le personnel de votre bibliothèque institutionnelle qui saura guider vos étudiants à naviguer intelligemment sur le web.

À propos de l'auteure

Susan MacNeil

Elle a eu une riche carrière en éducation. Avec sa maîtrise en éducation, elle a enseigné à tous les niveaux, de la maternelle à l’université. Elle a tout de même consacré la majeure partie de sa carrière à enseigner l’anglais langue seconde au niveau collégial. Elle a donné des cours Performa et a animé des ateliers à SPEAQ, à RASCALS et à l’AQPC. Elle a également travaillé au Ministère de l’Enseignement supérieur où elle a contribué à l’évaluation des composantes générales en éducation. Elle a reçu du financement de l’Entente Canada-Québec pour divers projets de recherche. Susan a aussi reçu la Mention d’honneur de l’AQPC. Depuis sa retraite de l’enseignement, elle fait partie de l’équipe d’Éductive où elle contribue à mettre en lumière les récits d’enseignants liés à l’intégration des technologies. La peinture à l’encre de Chine lui permet de se détendre et les voyages l’énergisent.

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Nicole PERREAULT
Nicole PERREAULT
4 février 2020 18h43

Bonjour Suzan, votre article propose aux enseignants des ressources utiles (stratégies, ressources, activités) pour aider leurs étudiants à discerner si une information est fiable ou non. En complément, l’habileté 1.3 de l’espace Profil TIC.ca propose des scénarios pédagogiques pour les enseignants et des tutoriels pour les étudiants sur le sujet. En français : https://www.profweb.ca/profil-tic/evaluer-la-qualite-de-l-information-trouvee. En anglais (à bonifier) : https://www.profweb.ca/en/ict-profile/evaluate-the-quality-of-information-found. Merci encore !