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13 novembre 2019

L’utilisation croissante des technologies au secondaire augmente-t-elle les attentes des élèves à l’égard du collégial ?

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Que connaissent les enseignants du collégial sur l’utilisation des technologies au secondaire? Les apprenants de la génération Z ont possiblement de nouvelles attentes à l’égard de leur expérience numérique au cégep. Risque-t-il d’y avoir un écart décevant entre l’offre numérique du secondaire et la réalité du collégial?

Pour cet article, je me suis entretenue avec Marc Dallaire, directeur général du Collège François-de-Laval, pour comprendre en détail comment son école secondaire s’est tournée vers l’apprentissage numérique.

Les débuts

Lors de l’année scolaire 2007-2008, le Collège François-de-Laval a installé des tableaux blancs interactifs (TBI) dans quelques salles de classe. Marc Dallaire estime que l’intérêt pour ces TBI à des fins pédagogiques a fait boule de neige dans toute l’école après que la direction eut demandé à quelques enseignants enthousiastes de partager leur expérience lors de journées pédagogiques. L’engouement de ces enseignants a piqué la curiosité des autres et rapidement le collège a muni toutes ses classes de TBI.

Marc Dallaire précise que le TBI ne modifie pas nécessairement la manière d’enseigner, mais peut avoir une influence sur celle-ci! Une fois que l’enseignant comprend que le TBI est un prolongement de son ordinateur, soudainement tout le web est à portée de main : cartes, vidéos, outils numériques de toutes sortes peuvent être présentés aux élèves en un seul clic. Bref, l’ajout des TBI dans les classes a encouragé les enseignants à varier leurs stratégies d’enseignement.

Un peu plus tard

Quelques années plus tard, le Collège François-de-Laval a franchi une autre étape en intégrant l’infonuagique et la plateforme Google for Education à ses outils d’enseignement, ce qui a obligé tous les élèves à se munir d’un ordinateur portable. Puisque l’infonuagique a été choisie, les parents n’ont pas eu besoin d’acheter un nouvel ordinateur à leur enfant, m’a mentionné Marc Dallaire. Les élèves peuvent utiliser un modèle moins récent d’ordinateur pour se connecter à Google. Un autre avantage de l’infonuagique est que les élèves peuvent avoir accès à leurs documents de classe à partir d’un ordinateur à la maison ou chez un ami. Une fois de plus, les enseignants ont sauté à pieds joints dans ce nouveau projet technologique. D’ailleurs, des enseignants de mathématiques ont créé leur propre site web avec des vidéos et des capsules d’aide. Les enseignants de sciences ont aussi été très proactifs. Les stratégies d’enseignement se sont diversifiées.

L’espace d’apprentissage actif offre aux élèves un environnement inspirant leur permettant d’approfondir leurs connaissances en science et technologie. Source : Collège François-de-Laval

Au moment de faire ce virage web, les enseignants et l’administration se sont interrogés sur les problèmes entourant l’utilisation des médias sociaux. Ils en sont venus au constat qu’au lieu de bannir les médias sociaux, il était préférable d’enseigner aux élèves comment les utiliser adéquatement. À cet effet, le collège a produit un guide à l’intention des parents et des élèves qui contient des trucs pour utiliser Facebook et d’autres médias sociaux de manière sécuritaire et responsable. À chaque rentrée scolaire, les élèves de première secondaire en reçoivent une copie mise à jour avec les plus récentes pratiques et participent à un atelier de cybersécurité donné par des policiers municipaux.

Une innovation d’importance

En 2012, grâce à un généreux don d’une entreprise, le Collège François-de-Laval a commencé à travailler sur un centre de production multimédia équipé de studios de tournage et de montage. Cette technologie propose de nombreuses possibilités pédagogiques.

Plusieurs enseignants ont immédiatement perçu le potentiel pédagogique dont un enseignant d’histoire de troisième secondaire. Au lieu de donner un cours d’histoire en classe de manière traditionnelle, il a collaboré avec un musée et a conduit ses élèves à créer une série de capsules vidéo. En équipe, les élèves ont fait des recherches sur un personnage historique, se sont costumés selon leur période historique et ont filmé une entrevue avec le personnage historique incarné par un coéquipier. Le groupe a produit plusieurs vidéos de bonne qualité, si bien qu’elles jouent sur de petits écrans dans différentes salles du musée.

Les étudiants apprennent à faire des video.

La publicité est un thème abordé dans le curriculum de français de quatrième secondaire. Une enseignante a d’ailleurs choisi le thème de l’intimidation et a demandé à ses élèves de concevoir des publicités télévisuelles, faites par des jeunes pour des jeunes, pour dénoncer l’intimidation. Au lieu de faire des présentations orales à tour de rôle devant la classe, les élèves ont plutôt participé à un projet créatif d’apprentissage actif. L’année suivante, Centraide a approché cette même enseignante. Elle a amené ses élèves visiter les bureaux de l’organisme pour en apprendre sur la façon d’aider les plus démunis. Puis, les élèves ont dû concevoir une publicité pour le web pour promouvoir les différents organismes associés à Centraide. Les meilleures publicités ont été publiées sur le site de Centraide et sur ceux de ses organismes associés. Pour les élèves, c’était une façon de faire du bénévolat et, pour l’enseignante, il s’agissait de la mise en place d’une nouvelle stratégie pédagogique pour couvrir le programme de français de quatrième secondaire.

Ce centre de production multimédia est devenu pour les enseignants une manière de diversifier leurs stratégies pédagogiques et d’enseigner aux élèves comment utiliser les médias sociaux d’une façon positive.

Utiliser les médias sociaux pour créer un sentiment d’appartenance

«L’incubateur de médias sociaux» a été créé à l’automne 2019 pour donner la chance aux élèves de partager leur réalité et de discuter de leur école. L’objectif principal est d’enrichir les réseaux sociaux du Collège François-de-Laval pour permettre aux futurs élèves d’en apprendre plus sur l’école et pour avoir un aperçu de l’atmosphère qui y règne. Toutefois, l’objectif sous-jacent est aussi de découvrir ce qui intéresse les élèves actuels pour créer chez eux un sentiment d’appartenance à l’égard de leur école.

Projet Incubateur Média en marche !

Les élèves apprennent à utiliser les technologies disponibles pour créer des vidéos qu’ils publient sur les médias sociaux. Peu de contraintes entourent leur production, mais il y a bien sûr un adulte qui supervise le processus de création et approuve la version finale des vidéos avant leur mise en ligne. En développant une utilisation positive de YouTube, de Facebook et d’autres médias sociaux, le Collège permet aux élèves de s’exprimer et de briller en leur montrant comment les médias sociaux peuvent être des outils pour laisser une empreinte numérique positive.

Prêts pour les étudiants de la Génération Z?

Plusieurs écoles secondaires, et pas seulement le collège dont il est question dans cet article, ont choisi d’intégrer des compétences numériques à leurs cours, leurs programmes et leurs activités parascolaires. Les possibilités sont infinies pour les élèves du secondaire lorsqu’il est question des technologies : des écoles intégrant les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans tous leurs cours aux programmes spéciaux comme le programme Sciences-Langues-TIC, des laboratoires portatifs d’iPad aux compétitions en robotique.

Comme vous avez pu le constater, plusieurs initiatives pédagogiques au secondaire intègrent des compétences en recherche, en traitement et en présentation de l’information, ce qui s’inscrit dans le Profil TIC des étudiants du collégial. Pour répondre aux besoins de cette nouvelle génération d’apprenants, pour lesquels la technologie et les médias sociaux sont une part inhérente de leur nature, plusieurs cégeps ont déjà intégré des activités d’apprentissage dans un environnement numérique. Voici quelques histoires inspirantes de notre bibliothèque Profweb :

Remerciements

Je souhaite remercier Marc Dallaire, directeur général du Collège François-de-Laval, d’avoir accepté de m’accorder du temps pour cette entrevue.

À propos de l'auteure

Susan MacNeil

Elle a eu une riche carrière en éducation. Avec sa maîtrise en éducation, elle a enseigné à tous les niveaux, de la maternelle à l’université. Elle a tout de même consacré la majeure partie de sa carrière à enseigner l’anglais langue seconde au niveau collégial. Elle a donné des cours Performa et a animé des ateliers à SPEAQ, à RASCALS et à l’AQPC. Elle a également travaillé au Ministère de l’Enseignement supérieur où elle a contribué à l’évaluation des composantes générales en éducation. Elle a reçu du financement de l’Entente Canada-Québec pour divers projets de recherche. Susan a aussi reçu la Mention d’honneur de l’AQPC. Depuis sa retraite de l’enseignement, elle fait partie de l’équipe d’Éductive où elle contribue à mettre en lumière les récits d’enseignants liés à l’intégration des technologies. La peinture à l’encre de Chine lui permet de se détendre et les voyages l’énergisent.

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