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2 décembre 2013

La classe inversée : un catalyseur de changement !

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Si, comme moi, vous ressentez parfois le besoin d’améliorer et de dynamiser vos cours, vous vous demandez sûrement par où commencer. Une approche de plus en plus explorée est celle de la classe inversée. Dans cette philosophie, on déplace en dehors du cours la prise de notes pour réinvestir le temps de classe dégagé dans des activités plus profitables pédagogiquement. (Pour une introduction plus longue et en profondeur sur la classe inversée, je vous suggère de débuter par la lecture de La classe inversée, qu’est-ce que c’est?)

Comment convaincre les étudiants de se préparer au cours? Avec ce qui fait partie de leur vie : la technologie numérique!

Alors que j’étais sceptique au début de l’expérience, je suis maintenant certain qu’en abordant ne serait-ce qu’une heure de cours avec la philosophie de classe inversée, il est possible d’à la fois dynamiser son cours, de promouvoir l’autonomie des étudiants et de contribuer à son propre développement professionnel.

Ma classe inversée : les détails

Depuis le début de l’année scolaire 2012-2013, mes cours de Chimie des solutions et Chimie organique sont « inversés » à 90 %. Cela signifie que j’ai enregistré des vidéos pour 90 % des contenus théoriques de ces cours. (Mais, pour vous éviter le surmenage et vous permettre de rester sain d’esprit, je vous conseille de commencer par 10 %…)

Exemple d’une vidéo réalisée avec une caméra numérique et des tableaux blancs individuels

En douze mois, j’ai réalisé 105 vidéos couvrant la matière des deux cours. Pour ce faire, j’ai utilisé deux techniques différentes :

  • Me filmer devant un tableau blanc (comme dans la vidéo ci-dessus).
  • Réaliser des captures vidéo de mon écran d’ordinateur à l’aide du logiciel Camtasia, du logiciel d’annotation et de classement Microsoft OneNote et d’une tablette graphique de marque Wacom. (Pour en apprendre davantage sur les différentes techniques de création de vidéos, consultez cet article de Profweb sur les captures d’écrans vidéo avec des logiciels gratuits.)

Produire toutes ces vidéos a représenté beaucoup (trop?) de travail, mais, aujourd’hui, c’est fait. Je peux donc réutiliser mes vidéos dans mes cours.

Mes vidéos sont hébergées de façon publique sur YouTube et regroupées sur un blogue de classe à l’adresse mrprofdechimie.com. Les vidéos durent en général entre 5 et 15 minutes. Avant les cours, les étudiants doivent se préparer en en visionnant 1 à 3 par heure de cours.

Puisque la prise de notes s’effectue à l’extérieur de la classe, je vérifie parfois le niveau de compréhension des étudiants à l’aide d’un questionnaire en ligne. Pour ce faire, j’utilise des formulaires Google que j’intègre à mon blogue. En guide d‘exemple, consultez le formulaire Loi des gaz. (Pour plus d’informations sur les formulaires Google, référez-vous à la chronique Les formulaires Google et la création de sondages web).

Lorsque les étudiants reviennent en classe, nous révisons rapidement, mais obligatoirement la matière vue. Ce rappel se fait soit en résumant les notions en groupe, soit en répondant à des questionnaires formatifs (bâtis avec NetQuiz Pro ou PowerPoint). Ces sondages instantanés sont réalisés en classe, à l’aide d’un moyen technologique ultra-abordable : des feuilles pliées arborant les chiffres de 1 à 6! Vous pouvez en voir un exemple dans le coin inférieur droit de l’image plus bas.

Par la suite vient le moment central de la classe inversée : la mise en pratique! Tout le travail préparatoire, tant celui du professeur que celui des étudiants, a pour but de maximiser cette phase du cours. Que faisons-nous en classe? Des exercices de difficulté progressive, individuellement ou en équipe, des mises en pratique en laboratoire, des jeux-questionnaires à la Génie en herbe, des réseaux de concepts, etc. En fait, le temps dégagé peut être réinvesti de mille et une façons, selon votre cours et les circonstances.

Survol des outils utilisés pour organiser la préparation des étudiants avant le cours et quelques exemples d’activités réalisées en classe

Survol des outils utilisés pour organiser la préparation des étudiants avant le cours (à gauche) et quelques exemples d’activités réalisées en classe (à droite)

Est-ce profitable pour les étudiants ?

Absolument! Même si l’analyse quantitative des résultats (taux de réussite et moyenne de groupe) ne permet pas de distinguer de différence significative avec les cohortes précédentes (ce qui est une bonne indication que la classe inversée ne semble pas nuire aux étudiants), les résultats qualitatifs sont quasi unanimes : cette approche a beaucoup d’aspects positifs!

Les étudiants sont très heureux de pouvoir suivre un cours à toute heure du jour (ou de la nuit), de n’importe où, et de pouvoir le revoir autant de fois qu’ils le désirent! De façon générale, ils trouvent que la préparation obligatoire les amène à travailler plus fort, car ils ne sont pas habitués à étudier au jour le jour. En classe, ils participent, posent des questions et, de leur propre aveu, ils n’ont même plus le temps de texter!

Aux dires de plusieurs, cette méthode de travail s’apparente à manger des légumes : certains en raffolent et d’autres aiment moins cela mais le font tout de même car ils savent que les bénéfices sont réels.

J’ai entendu plus d’une fois les étudiants discuter entre eux de leur niveau de préparation (adéquat ou non!). C’est incroyable! Il est clair qu’avant la fin de la session, ils ont su mesurer l’impact et l’apport de la préparation aux cours. Sauront-ils garder cette bonne habitude à l’université? Je l’espère!

Qu’en est-il pour l’enseignant ?

Pour l’enseignant, réfléchir en mode classe inversée s’apparente à ouvrir une porte qui était fermée auparavant. On ne se pose plus la question « Suis-je prêt à présenter? », mais plutôt « Quelle activité leur fera le mieux comprendre cette notion aujourd’hui? » Jamais vous n’aurez autant besoin de vos collègues d’expérience et de leur matériel pédagogique! Une fois la porte franchie, d’autres sont soudainement visibles. Vous entreprendrez peut-être de nouvelles collaborations ou explorerez des outils technopédagogiques qui vous étaient inconnus. Sans même vous en rendre compte, vous serez en train de vous renouveler, tout en améliorant le contact avec vos étudiants.

Tout le potentiel de la classe inversée réside dans le fait qu’elle s’apparente plus à une philosophie qu’à une méthode pédagogique rigide. Ainsi, chacun l’adapte à sa discipline, ses priorités, son horaire, ses étudiants, son établissement, etc. Peu importe quelle saveur aura votre cours, l’important demeure de varier vos approches pédagogiques afin d’exposer les étudiants à de nouvelles façons d’apprendre.

Alors, maintenant que vous savez qu’il suffit d’ouvrir la porte pour découvrir un nouveau monde, quelle heure de cours allez-vous aborder différemment?

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Séverine Parent
Séverine Parent
1 février 2014 14h25

Merci Christian pour d’avoir partagé ton expérience! Elle inspirera sans doute plusieurs enseignants.

Je viens de mettre la main sur le rapport de ton projet: http://enseigneravectnt.files.wordpress.com/2013/08/bilan-classe-inversee-aout-2013.pdf

Très intéressant pour compléter la lecture du récit!

Nicole Perreault
Nicole Perreault
8 décembre 2013 1h44

Bonjour Christian, Je ne répondrai pas à la question que vous posez à la fin de votre récit car je n’enseigne plus depuis belle lurette… Je tiens cependant à vous dire bravo pour l’innovation pédagogique. Vous indiquez que la classe inversée a un effet sur la motivation des étudiants : bravo encore ! Le lien entre TIC et réussite est un sujet qui m’intéresse beaucoup (c’est un des objets de travail des membres du Réseau dont je suis l’animatrice) et la motivation est un indicateur fort pertinent de la réussite. En outre, votre récit laisse entendre que la motivation ne se manifeste pas uniquement chez les étudiants; elle se manifeste également chez l’enseignant… un autre bravo ! Nicole. P.-S. J’ai assisté à votre atelier au colloque de l’AQPC et j’ai énormément apprécié.

Jules Massé
Jules Massé
4 décembre 2013 14h38

Merci, Christian, pour ce récit qui condense la formule et les retombées d’une pratique souvent mal comprise. Pour mes cours de philo, je m’inspire librement de la méthode ‘inversée’ et les résultats, après un rodage initial de 2 sessions sont spectaculaires. Le fait que les périodes en classe soient centrées sur des tâches et sur l’application (même en philosophie) vient changer la dynamique du cours. J’ai aussi travaillé fort sur mes consignes et mes grilles d’évaluations afin qu’elles soient compréhensibles par les étudiants et les guident dans la compréhension de la compétence à développer. Mes contenus en ligne ne sont pas toujours consultés par tout le monde, mais je rejoins des étudiants par ce moyen complémentaire et l’impact sur la motivation est réel. Cela leur procure un sentiment d’efficacité et d’autonomie. Je continue toutefois de donner environ 1/3 de mon cours en présentation magistrale sous forme de capsules condensées.