Une classe extérieure… En avez-vous vraiment besoin?
Pas besoin de classe extérieure pour faire de la pédagogie extérieure! Au Cégep de la Gaspésie et des Îles, des enseignants et enseignantes de biologie ou de tourisme d’aventure, entre autres, donnent déjà des cours en plein air depuis de nombreuses années.
Seulement, une classe extérieure rend assurément certaines activités en plein air plus confortables.
Amanda Emilie m’a donné l’exemple d’une enseignante de mathématiques qui utilise très régulièrement la classe extérieure de son campus pour ses cours théoriques. Elle ne pourrait pas se passer de son tableau blanc et les élèves trouvent bien utiles les bancs et les tables pour faire des calculs et manier confortablement feuilles, crayons et calculatrices!
Cependant, elle m’a parlé aussi d’un enseignant qui, un jour où les classes extérieures de son campus étaient utilisées par d’autres, a tout simplement donné son cours dans l’espace extérieur où se trouvent les tables que plusieurs utilisent pour dîner. Au campus de Carleton, les enseignants et enseignantes peuvent emprunter un bac contenant de petits tableaux blancs portatifs (pouvant, par exemple, être utilisés par une équipe d’élèves pour prendre des notes), des feutres, des lingettes et des aimants. Cela suffit à réaliser une foule d’activités pédagogiques sans avoir besoin d’une classe extérieure «officielle»! Il demeure qu’au campus de Carleton, ce bac est souvent utilisé par les enseignants et enseignantes qui vont dans les classes extérieures «officielles».
À l’extérieur «mur à mur»?
Amanda Emilie m’a parlé d’une enseignante qui était intéressée par les toutes nouvelles classes à sa disposition, mais qui hésitait à se lancer. Amanda Emilie lui a suggéré d’utiliser la classe seulement pour présenter son plan de cours, pour l’essayer. L’enseignante a finalement tellement aimé son expérience qu’elle a passé tous les jours cléments à l’extérieur! «L’essayer, c’est l’adopter», comme on dit! Pour cette enseignante, la transition vers l’extérieur a été relativement simple étant donné qu’elle misait déjà beaucoup sur l’apprentissage actif. Certaines personnes pourraient avoir besoin de plus de temps pour adapter leurs cours.
Quoi qu’il en soit, on peut très bien exploiter la pédagogie extérieure pour une brève activité, sans même que ce soit pour une séance de cours entière, et encore moins pour une session en entier.
Par exemple, même sans classe extérieure, Steven Parent, enseignant d’anglais langue seconde au campus de Carleton-sur-Mer, faisait sortir ses élèves pour une activité. Il leur demandait de sortir dehors pour prendre avec leurs téléphones des photos illustrant un verbe d’action. Au retour en classe, les photos étaient projetées à l’avant et les élèves devaient décrire l’action en utilisant des verbes au present progressive.
Steven Parent a présenté son expérience lors d’un entretien avec Amanda Emilie, enregistré dans le cadre du balado Pédago grandeur nature, du Cégep de la Gaspésie et des Îles.
Entrevue de Steven Parent par Amanda Emilie Côte Boudreau
Comme il l’explique, son activité se distingue de ce que les élèves sont susceptibles d’avoir fait dans leurs cours d’anglais au secondaire. Auparavant, Steven Parent se contentait d’exercices plus classiques comme des textes troués. Il s’est dit que, si un élève qui a souvent complété des textes troués pour apprendre à distinguer le simple present du present progressive n’a pas réussi à bien comprendre au fil des années, une méthode différente a de meilleures chances de succès.
Genèse du projet de classe extérieure au Cégep de la Gaspésie et des Îles
C’est l’enseignante Josianne Bergeron, du campus des Îles-de-la-Madeleine, qui a initié le projet de classes extérieures. Des enseignants et enseignantes des autres campus ont embarqué! L’idée a été soumise à la direction, en s’appuyant, entre autres, sur un guide produit par une équipe de l’Université de Sherbrooke menée par Jean-Philippe Ayotte-Beaudet. La direction a facilement été convaincue. À son arrivée au cégep, en février 2021, Amanda Emilie a été chargée du projet pour tous les campus et a pris la balle au bond.
La conception des classes extérieures sur les différents campus a été faite par un comité local en collaboration avec Amande Emilie. Cela a permis à chaque classe d’être en adéquation avec la réalité de son campus.
Des professionnels en aménagement paysager ont été consultés. Mieux vaut, en effet, réfléchir au drainage des sols avant d’installer du mobilier de classe en plein air!
Hugo Cavanagh, coordonnateur des ressources matérielles du cégep, a chapeauté la construction des classes.
Les comités verts de chaque campus ont été impliqués pour fleurir les espaces ou y intégrer des plantes comestibles.
Les ressources créées au Cégep de la Gaspésie et des Îles pour promouvoir ses classes extérieures auprès du personnel enseignant
Pour promouvoir les classes extérieures et donner envie aux enseignants et enseignantes de les utiliser, Amanda Emilie a d’abord enregistré 3 épisodes du balado Pédago grandeur nature avec Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, le rédacteur en chef du guide sur la pédagogie en plein air qui avait initialement inspiré le projet du cégep.
Liste de lecture regroupant 3 épisodes de Pédago grandeur nature. Entrevue avec Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, professeur à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke et titulaire d’une chaire de recherche sur l’éducation en plein air.
Amanda Emilie a également créé une présentation Genially destinée aux enseignantes et enseignants qui veulent s’initier à la pédagogie extérieure à leur rythme.
Présentation interactive «Ouvrir un feu: un atelier sur les classes extérieures» créée par Amanda Emilie Côte Boudreau
Un midi, Amanda Emilie a organisé une rencontre virtuelle, ouverte à tout le personnel pédagogique du cégep, animée par Holly McIntyre. Holly McIntyre est une ex-enseignante du Cégep de la Gaspésie et des Îles (aujourd’hui enseignante dans d’autres établissements) qui a fait une maîtrise sur les bienfaits de la pédagogie extérieure sur les enseignants et les enseignantes. Sa recherche a confirmé que l’enseignement extérieur contribue à l’accomplissement et à l’engagement du personnel enseignant. Surtout, enseigner à l’extérieur permet aux enseignants et aux enseignantes d’être en contact avec la nature, ce qui a un impact positif sur leur niveau de bonheur et de bien-être.
Amanda Emilie a également organisé des tables rondes entre des enseignants et des enseignantes qui avaient expérimenté la pédagogie extérieure, pour qu’ils puissent partager et s’inspirer mutuellement. Elle a ensuite enregistré des épisodes du balado Pédago grandeur nature avec certaines des personnes participantes (comme l’entretien avec Steven Parent dont il a été question plus haut!).
Liste de lecture regroupant 3 épisodes de Pédago grandeur nature. Témoignages d’un enseignant et 2 enseignantes du Cégep de la Gaspésie et des Îles qui parlent d’une activité réalisée à l’extérieur pour l’un de leurs cours respectifs
Le Collège Ahuntsic a publié ce guide pédagogique qui contient, à la fin, d’intéressants exemples de cours en plein air réalisés avec succès: https://www.collegeahuntsic.qc.ca/documents/45b1c8cb-ae66-4460-a52b-e010757282ab.pdf