Au Cégep Limoilou, Donavan Gilbert, enseignant en Technologie du génie industriel, a utilisé la réalité virtuelle pour immortaliser un chantier en cours, de façon à pouvoir y retourner à volonté avec les futures cohortes d’étudiants. Cela s’inscrit dans le cadre d’un projet pilote sur l’utilisation pédagogique de la réalité virtuelle.
À l’automne 2021, j’ai eu la chance de discuter avec Richard Bergeron, technicien en multimédia au Cégep Limoilou, de différents projets liés aux technologies immersives en cours au Cégep Limoilou. C’est Richard qui m’a mise en contact avec Donavan.
En novembre 2021, j’ai rencontré Donavan avec Richard et 2 étudiants du cours Organisation de travaux, un cours relevant du génie industriel mais faisant partie du programme de Technologie du génie civil. C’est Donavan qui donne ce cours et il y avait utilisé la réalité virtuelle pour la 1re fois quelques jours avant ma rencontre avec eux.
Rendre pérenne une occasion pédagogique d’exception
Au Cégep Limoilou, Donavan Gilbert enseigne le cours Gestion de projet en Technologie du génie industriel. Dans ce cours, les étudiants apprennent à planifier un projet, et aussi à en effectuer le suivi.
En parallèle à son travail d’enseignant, Donavan Gilbert est aussi chargé de projet en génie industriel. Il gère un projet d’agrandissement d’une usine manufacturière sur la rive sud de Québec. Il a eu l’accord des clients pour exploiter ce projet à des fins pédagogiques dans ses cours.
- À la session d’hiver 2020, il a amené ses étudiants de Gestion de projet sur le chantier avec lui pour qu’ils rencontrent l’entrepreneur général et participent à la planification du projet.
- À l’hiver 2021, les étudiants du cours ont visité le chantier pour faire une activité liée au suivi de ce projet.
Donavan trouvait dommage de savoir que le projet tirerait bientôt à sa fin. Il se disait qu’il ne pourrait pas refaire les mêmes activités dans le futur.
Je ne sais pas si j’aurai la chance d’être à nouveau chargé d’un projet de cette ampleur un jour!
—Donavan Gilbert, enseignant
C’est à ce moment que la conseillère pédagogique et répondante TIC du Cégep Limoilou, Julie McCann, a parlé à Donavan de la volonté du cégep de développer des projets pédagogiques qui exploitent la réalité immersive. Donavan y a immédiatement vu une solution à son problème!
Un projet pilote
Donavan Gilbert a aussitôt commencé à travailler avec le technicien en multimédia Richard Bergeron. Ils ont rapidement fait la scénarisation d’une activité pédagogique de base en réalité virtuelle. L’objectif était double:
- concevoir une activité pédagogique pérenne autour du suivi de projet d’agrandissement de l’usine
- réaliser un projet pilote d’une activité en réalité immersive afin de pouvoir tester le potentiel pédagogique de la technologie
Filmer et faire le montage
Richard et son collègue Mathieu Brisson ont filmé Donavan et quelques employés sur le chantier avec une caméra 360 degrés. Donavan s’adressait à la caméra comme s’il s’agissait d’un étudiant faisant une visite de chantier. (Ils ont utilisé une petite caméra Insta360 ONE X2, un appareil relativement équivalent à une caméra GoPro 360.)
Ensuite, Richard a fait le montage de la vidéo avec le logiciel Uptale.
Richard a incrusté des vidéos 2D à certains endroits à l’intérieur de la vidéo 360. Par exemple, à un endroit du chantier, une vidéo montre le même lieu quand les véhicules sont en mouvement.
Pendant l’activité en réalité virtuelle, les étudiants ont également accès à des images de plans et à d’autres documents liés au chantier.
Extrait de la vidéo tournée sur le chantier. (En cliquant sur la vidéo et en la faisant glisser, vous pouvez changer votre point de vue pour voir l’environnement filmé.)
Adapter le projet aux besoins des étudiants d’un autre cours
Le cours Gestion de projet se donne à la session d’hiver. Pour tester son idée sans attendre, Donavan a profité du fait qu’il donne à la session d’automne le cours Organisation de travaux, dans le programme de Technologie du génie civil.
Le contenu du cours de génie civil n’est évidemment pas le même que celui pour lequel l’activité en réalité virtuelle a été imaginée, mais plusieurs éléments sont transférables. Dans le cadre d’un projet d’agrandissement d’une usine, les futurs technologues en génie civil ne s’intéressent pas aux mêmes éléments que les futurs technologues en génie industriel, mais tous peuvent y trouver leur compte. Donavan, Richard et Mathieu ont donc légèrement adapté la vidéo interactive qu’ils avaient conçue pour retirer les parties moins pertinentes pour les étudiants en génie civil.
Donavan a proposé l’activité aux étudiants, en leur laissant le choix de la vivre ou de faire un travail plus traditionnel sur papier. Ils ont tous choisi de tester la réalité virtuelle!
Déroulement de l’activité en classe
Le test a eu lieu en novembre 2021 avec les 2 groupes du cours Organisation de travaux, comptant chacun une quinzaine d’étudiants.
Pour l’instant, le Cégep Limoilou ne dispose que de 3 casques de réalité virtuelle. Les étudiants ont été divisés en équipes de 3. Deux activités se déroulaient en parallèle pendant le cours. De cette façon, pendant que 2 ou 3 équipes faisaient l’activité en réalité virtuelle, les 2 ou 3 autres équipes travaillaient à autre chose. Dans les équipes qui faisaient l’activité en réalité virtuelle, les étudiants utilisaient les lunettes à tour de rôle. Cela durait une dizaine de minutes.
Au début du cours, Richard Bergeron et Mathieu Brisson ont brièvement expliqué aux étudiants comment utiliser le casque.
Pendant l’activité, les étudiants restaient assis, puisque l’activité n’exigeait pas qu’ils se déplacent dans le monde réel. Cela a facilité la logistique (en comparaison d’une activité ou les étudiants, « aveuglés » par leur casque, doivent se déplacer, au risque d’entrer en collision les uns avec les autres).
Après l’activité en réalité virtuelle, les étudiants avaient un travail à faire en équipe au sujet du chantier dont il était question. (En quelque sorte, on peut dire que l’activité en réalité virtuelle remplaçait l’énoncé textuel et la documentation qui auraient normalement accompagné le travail à faire.)
De plus, la vidéo était disponible pour eux en 2D sur des ordinateurs. Ils pouvaient donc revisiter le chantier autant de fois qu’ils le voulaient (un peu comme vous pouvez le voir vous-mêmes dans l’extrait vidéo présenté précédemment), même si ce n’était pas de manière aussi immersive qu’avec un visiocasque.
Le travail que les étudiants devaient faire après l’activité en réalité virtuelle se faisait à l’ordinateur avec Microsoft Project. Dans cette formule, les étudiants ne peuvent pas faire le travail pendant qu’ils ont le casque de réalité virtuelle sur la tête (mais la vidéo en 2D peut leur être utile). Dans le futur, Donavan, Richard et Mathieu vont tenter d’imaginer des activités pédagogiques qui requièrent des interactions qu’il est possible de faire avec le casque de réalité virtuelle sur la tête, pour que tout soit intégré.
Il n’y a eu aucun pépin technique pendant l’activité.
Bravo pour cette belle initiative Donovan. C’est très motivant pour les étudiants. Nous sommes choyés de pouvoir compter sur l’appui de nos super techniciens Richard et Mathieu. Bon succès pour la suite!
Bravo pour cette expérience pertinente.
Il faut savoir que le changement c’est un facteur de motivation.
Merci