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25 mars 2024

Les Jardins du Cégep Vanier: un espace pédagogique vivant!

Ce récit est une traduction d’un texte paru dans le volet anglophone d’Éductive.

Les Jardins du Cégep Vanier, qui ont beaucoup évolué au cours des dernières années, sont un espace pédagogique vraiment unique.

À notre connaissance, notre cégep est le seul qui emploie un technicien jardinier sans offrir de programme d’horticulture.

Dans ce récit, nous partageons notre vision de l’intégration du développement durable dans le tissu éducatif du collège. Nous donnons des exemples de projets pédagogiques que nous avons conçus et animés au fil des années, dont une visite en réalité virtuelle accessible beau temps, mauvais temps! Grâce à des collaborations continues et à des projets variés avec des enseignants et des enseignantes, nous souhaitons alimenter et pérenniser une culture de développement durable sur notre campus. Nous espérons que notre expérience inspirera d’autres collèges!

Table des matières

Un peu d’histoire…

Les Jardins du Cégep Vanier [en anglais] ont été créés en 2008 par Evelynne Barten [en anglais]. Au départ, ils étaient composés de quelques zones autour du campus entretenues par Evelynne et ses élèves en Techniques de bioécologie.

En 2014, Alena Perout, alors enseignante de géographie et aujourd’hui directrice adjointe de la Faculté des arts, des affaires et des sciences sociales et responsable de la mobilité internationale au Cégep Vanier, a dirigé l’inauguration officielle des Jardins [en anglais] en compagnie de Richard Dugas, alors responsable du développement durable. À l’époque, les Jardins étaient une petite zone située devant le collège que le personnel enseignant et les élèves entretenaient bénévolement. Ce projet visait à initier à l’agriculture urbaine une population étudiante cosmopolite, dont plusieurs membres venaient de milieux à faible revenu qui n’avaient pas accès à la terre.

Myriam Mansour, enseignante de géographie et figure clé des Jardins du Cégep Vanier, s’est jointe au projet en 2015. Elle a reçu un soutien institutionnel en 2016, puis a obtenu une subvention d’Emplois d’été Canada pour embaucher un étudiant ou une étudiante pour s’occuper des Jardins durant l’été. Aujourd’hui, le projet offre un emploi rémunéré à au moins 2 élèves chaque été grâce à Emplois d’été Canada. C’est également une excellente occasion pour les élèves de faire du bénévolat sur le campus, puisque les Jardins s’appuient sur un bassin de bénévoles [en anglais] pour leur entretien pendant l’année scolaire. Sous la direction de Myriam, les Jardins ont commencé à accueillir des cours de géographie, d’anglais, de français et de Humanities, entre autres, afin de faire connaître le projet et d’initier les étudiantes et les étudiants aux concepts d’agriculture urbaine et de développement durable.

En 2017, les Jardins ont été relocalisés [en anglais]. La même année, 3 enseignantes et une conseillère pédagogique ont reçu une subvention de l’Entente Canada-Québec (ECQ) pour le projet des Jardins communautaires collectifs Vanier [en anglais]. Le but du projet était de créer des espaces de socialisation inclusifs par l’entremise d’activités et d’ateliers liés au jardinage. Grâce à ce projet, une pergola a été installée dans les Jardins pendant l’été 2019, les rendant ainsi plus conviviaux et créant par le fait même une classe extérieure.

Pendant ce temps, Mark Reynolds, notre expert en jardinage, en herboristerie et en permaculture, participait à des ateliers et à des projets pédagogiques au cégep. Son implication s’est progressivement accrue, menant à un contrat prolongé à l’été 2019.

Young adult college students are standing up and sitting on benches under a wooden pergola. Some of them are holding clipboards and pens. Their facial expressions suggest they are listening to someone, who is outside the frame of the image.

Sous la pergola, des élèves écoutent des explications pour un atelier.

Conscientes du caractère exigeant du projet, Rosemarie Brodeur et Andrea Iftimie ont succédé à Myriam à titre de co-coordonnatrices des Jardins à l’automne 2019. L’équipe a continué d’explorer les opportunités d’élargir l’offre des Jardins. Saisissant l’occasion offerte par un projet de plantation de 50 arbres pour le 50e anniversaire du Cégep Vanier, l’équipe a ajouté 20 arbres fruitiers et arbres à noix sur le terrain avoisinant la pergola. Cela a conduit à l’introduction du concept de «forêt nourricière» dans les Jardins. En effet, des arbres fruitiers et d’autres espèces comestibles créent un écosystème inspiré de la permaculture. Pour financer ces développements, l’équipe a activement soumis des demandes de subventions et cela a joué un rôle crucial dans la croissance du projet.

À l’automne 2020, Isabelle Rivest est devenue co-coordonnatrice en remplacement d’Andrea Iftimie. La même année, les Jardins ont obtenu une subvention d’Arbres Canada. Cela a permis de planter des arbres et des arbustes supplémentaires dans la forêt nourricière. Le projet visait à créer un espace d’apprentissage expérientiel extérieur sur le campus.

Young adult college students are standing up and bending over several Adirondack chairs dispersed in a wooded area. They are holding paint brushes and referring to plans and their cell phone to paint the natural wooden chairs in bright colours and patterns.

Un groupe d’élèves travaille sur un projet d’histoire de l’art qui impliquait de peindre 15 nouvelles chaises Adirondack pour les Jardins, dans la forêt nourricière.

Conscients de la nécessité d’un soutien institutionnel accru pour assurer une croissance durable du projet, nous avons décidé de transformer officiellement les Jardins en un laboratoire d’apprentissage. Nous avons cherché à démontrer que l’apprentissage expérientiel, dans n’importe quel programme, pouvait avoir lieu dans des espaces extérieurs. Nous avons donc soumis une nouvelle demande de subvention ECQ.

Les Jardins avaient déjà servi de salle de classe extérieure, surtout pour des cours de la formation générale. Mark y a animé des ateliers portant sur l’agriculture urbaine, les méthodes traditionnelles de jardinage et la permaculture. Les élèves étaient activement engagés grâce aux différentes activités de jardinage.

Plusieurs enseignants et enseignantes ont commencé à intégrer des activités en lien avec les Jardins dans leurs cours, en mettant sur pied des projets comme:

  • écrire un poème
  • réfléchir au lien entre l’engagement parascolaire sur le campus et la réussite scolaire
  • faire des recherches sur les plantes qu’on trouve dans les Jardins

Ces initiatives ont montré le potentiel des Jardins comme outil pédagogique et ont aidé à créer des liens entre les Jardins et différents domaines d’études.

Malgré des défis, dont les restrictions d’accès aux Jardins pendant la pandémie de COVID-19, nous avons cherché à rendre les Jardins plus accessibles. Ce nouveau projet ECQ visait à relever ces défis et à renforcer le soutien institutionnel à la mission éducative des Jardins.

Présentation vidéo des Jardins du Cégep Vanier

Fertiliser les Jardins avec de la pédagogie

Avant l’ECQ

Lorsque notre équipe a pris la relève à l’automne 2019, notre objectif était de moderniser les Jardins actuels pour y inclure de nouveaux espaces destinés à l’agriculture urbaine, à la production alimentaire et à l’éducation. Nous nous sommes fixé des objectifs, comme la construction d’un espace qui offrirait une foule de possibilités pédagogiques. Il nous a fallu 3 ans pour construire la forêt nourricière et intégrer la pergola dans l’espace des Jardins. Pendant ces travaux, nous donnions des cours et nous récoltions les commentaires de la part du personnel enseignant sur des besoins plus spécifiques concernant les activités se déroulant dans les Jardins. Par exemple, certaines personnes décrivaient leur cours à Mark et celui-ci, dans son rôle aux multiples facettes de technicien de laboratoire, jardinier et conseiller pédagogique, collaborait directement avec elles pour créer de nouvelles activités d’enseignement encourageant l’engagement actif des personnes participantes.

Après l’ECQ

Avec le financement de l’ECQ, notre objectif était de formaliser le processus d’intégration des cours dans les Jardins en l’alignant sur des compétences spécifiques. Notre objectif global était de faire en sorte que le plus grand nombre possible d’élèves découvre ce que les Jardins ont à offrir pendant leur passage au Cégep Vanier.

Pour y parvenir, nous avons mis en place un comité d’enseignants et d’enseignantes pour créer des activités liées aux Jardins. Ce projet d’une durée de 2 ans a impliqué, pendant la 1re année, une enseignante de Sciences humaines (Rosemarie Brodeur) et une enseignante de Sciences de la nature (Lissiene Neiva) qui ont développé des activités pour des cours d’introduction.

Rosemarie a conçu une activité à intégrer au cours Histoire du monde du XVe siècle à nos jours [Introduction to World History] dans le nouveau programme de Sciences humaines. Le but de l’activité était d’initier les élèves à l’échange colombien (aussi nommé grand échange) en mettant l’accent sur les échanges d’aliments et sur les impacts que cela a eus à travers le monde, en particulier sur les peuples autochtones qui vivaient autour de Montréal.

En parallèle, Lissiene a créé une activité de biologie, centrée sur l’écologie locale et adaptée à un cours d’initiation à la biologie. Dans cette activité, les élèves ont exploré les Jardins, examiné diverses espèces et récolté des données pour une utilisation ultérieure dans la création d’un réseau alimentaire.

Durant la 1re phase du projet, nous avons collaboré avec David Hoida, alors conseiller pédagogique et aujourd’hui coordonnateur du Bureau de soutien pédagogique et d’innovation [Pedagogical Support and Innovation office], pour peaufiner ces activités. Ensemble, nous avons créé des activités d’histoire et de biologie, que nous avons ensuite proposées à nos collègues respectifs. Notre intention était d’intégrer ces activités dans les plans-cadres, en nous alignant sur les révisions des programmes de Sciences humaines et de Sciences de la nature. Nous voulions que les élèves soient davantage exposés aux Jardins et faire en sorte que ces espaces aient un réel rôle dans la mission éducative du collège.

Après l’approbation des activités, elles ont été mises en œuvre dans les classes à la session d’hiver. Nous avons ensuite recueilli les commentaires des élèves et du personnel enseignant et avons apporté des ajustements mineurs pour améliorer l’expérience de tous et de toutes. Cette initiative de l’ECQ a surtout contribué à garantir un poste permanent à Mark.

An image of 4 young adult college students standing around a table in an outdoor space looking at various plant samples. 3 circular images are superimposed on the main image. They show students using shovels to work in the gardens, a close-up shot of the hands of 2 students wearing blue latex gloves to manipulate a plant sample, and another image of students standing around the table in an outdoor space covered by a pergola.

Un groupe d’élèves étudie la biodiversité, les interactions entre les espèces, les réseaux alimentaires et la conception d’expériences scientifiques dans le cadre d’un cours de biologie.

Durant la 2e année, un enseignant et une enseignante supplémentaires ont rejoint le comité pour créer des activités pour les cours de niveau supérieur.

Nirmala Bains, du programme de Sciences humaines, a développé une activité pour le cours Enjeux actuels en anthropologie [Current Issues in Anthropology]. Au cours de cette activité, l’utilisation d’herbes sauvages pour des fins médicinales et comestibles a été explorée. Lors de promenades, les élèves ont appris à identifier et à utiliser ces plantes, créant ainsi une expérience sensorielle complète. Par exemple, l’une des activités créées inclut la préparation de pesto à partir de fleurs et de feuilles de pissenlit.

Stephan Bourget, du programme Sciences de la nature, a créé une activité pour le cours de physique Électricité et magnétisme, dans lequel les élèves devaient concevoir des expériences pour étudier la meilleure façon de produire un courant électrique à partir de différents types de terres provenant des Jardins.

Faire face à la pluie (ou à la neige!)

Pour faire face aux jours de pluie, Mark a exploré des plateformes de réalité virtuelle et des outils en ligne. Ces innovations nous ont permis de proposer des expériences de jardinage même par mauvais temps. Nous avons présenté cette version virtuelle lors du colloque de l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC) en 2023.

Une présentation interactive des Jardins du Cégep Vanier incluant du contenu de réalité virtuelle 

Ainsi, lorsque les enseignants et les enseignantes prennent rendez-vous pour un cours [en anglais], nous ne les laissons pas tomber en cas de pluie. S’il pleut, nous communiquons avec elles ou eux et nous nous adaptons en conséquence. Par exemple, par temps variable, Mark peut commencer le cours à l’intérieur puis continuer à l’extérieur, à condition que les élèves soient habillés de manière appropriée pour les conditions météorologiques.

Nos activités sont planifiées selon les saisons. Pendant l’été, Mark est présent pour s’occuper des Jardins et former l’équipe d’été, financée par Emplois d’été Canada. En hiver, il prend des vacances. Il revient à la mi-février pour préparer la saison à venir, dont les cours en plein air qui reprennent en avril et au début du mois de mai. L’autre période intensive se situe entre la mi-août et le début novembre, puisqu’elle offre de meilleures conditions météorologiques et moins de conflits avec la période d’examens. De plus, nous organisons des ateliers, participons à des journées pédagogiques, organisons des événements et nous nous occupons de tâches administratives. Durant l’été, nous offrons toujours des cours, mais à plus petite échelle.

Pour l’activité dans le cours d’histoire à la session d’hiver, nous utilisons la réalité virtuelle. Cela garantit que, même par temps froid, les élèves peuvent profiter des Jardins.

Dans le cours de biologie, si les conditions extérieures sont défavorables, Mark fait un exposé magistral accompagné d’une vidéo. Il montre comment étudier différentes espèces de façon respectueuse. Les élèves ont ensuite la responsabilité de visiter les Jardins de façon autonome pour réaliser le reste du travail. Cette approche hybride offre une flexibilité dans la planification et garantit que les élèves bénéficient toujours de l’expérience des Jardins, même lorsque Mark n’est pas physiquement présent.

Exemples de projets impliquant les Jardins dans différents cours et programmes

Dans le programme de Techniques de bioécologie, les élèves étudient les pollinisateurs et participent à la plantation dans les Jardins, dans le cadre de leur cours sur la vie des plantes [Plant Life]. En apprenant à propager et à diviser les plantes vivaces, les élèves contribuent à la création de jardins de pollinisateurs sur le campus que nous aimerions agrandir au cours des prochaines sessions.

Notre programme de Techniques d’éducation à l’enfance implique des interactions hebdomadaires avec de jeunes enfants dans les Jardins. Le personnel enseignant du programme a intégré des activités liées aux Jardins dans les cours. Nous avons également établi un partenariat avec une garderie locale, qui accueille environ 100 enfants, pour leur faire découvrir nos jardins.

Le cheminement Tremplin DEC  met l’accent sur le bénévolat et l’implication sur le campus pour améliorer la réussite scolaire. Dans le cadre du cours Plan d’études et de carrières [Education and Career Planning], les élèves visitent les Jardins pour des activités variées à travers lesquelles tous et toutes peuvent trouver leur compte, quelles que soient leurs préférences et leurs aptitudes. Nous formons également des élèves pendant la session pour qu’ils et elles aident à gérer et à entretenir les Jardins. Cette approche répond aux besoins de nos jardins, mais donne également aux élèves des compétences précieuses pour leur future carrière.

An image of 4 young adult college students standing by a garden lot with plants and flowers. They are observing a man wearing a straw hat who is bent over one of the plants and shows the students how to tend to the plants. In the background, we see paths, trees, and a school building.

Un groupe de 4 élèves bénévoles regardent Mark leur montrer comment s’occuper des plantes.

Les jardins continuent de croître

Les visites des Jardins sont de plus en plus nombreuses. Elles ont doublé à l’hiver 2022, et doublé encore à l’automne 2023. Cette croissance exponentielle montre bien le succès et la popularité de notre pédagogie basée sur les Jardins. Cela nous motive à intensifier nos efforts et à continuer de favoriser l’apprentissage expérientiel en plein air.

À l’automne 2023, nous avons élargi la mise en œuvre de nos activités développées grâce à la subvention de l’ECQ. Initialement, 7 groupes de 3 personnes enseignantes ont participé à l’activité d’histoire, tandis que 4 personnes enseignantes et 6 groupes ont pris part à l’activité de biologie l’hiver précédent. Finalement, tous les enseignants et toutes les enseignantes de biologie ont adopté l’activité après une session d’essai. En histoire, ce sont environ 50 % des personnes enseignantes qui ont intégré l’activité dans leurs cours, avec quelques ajustements apportés au cadre du laboratoire pour répondre à leurs besoins.

Affiches faisant la promotion de différentes activités pédagogiques et ateliers offerts par l’équipe des Jardins du Cégep Vanier [en anglais]

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Vision et initiatives futures

Nous sommes ravis de partager nos projets futurs [en anglais], y compris un agrandissement substantiel de nos jardins avec la communauté du Cégep Vanier. En collaboration avec le Centre des étudiants autochtones et des consultants et consultantes autochtones locaux, nous inaugurerons le cercle d’apprentissage autochtone à l’automne 2024. Cet espace remarquable comportera un amphithéâtre, en forme de tortue, avec des bancs pour 40 élèves. L’espace inclura des jardins mixtes et servira de centre culturel et éducatif pour les élèves autochtones et non autochtones. Nous avons l’intention d’accueillir des cérémonies, des festivals, des célébrations et des conférences, tout en intégrant les enseignements et les cultures autochtones dans ce cadre unique.

A sketch of a small amphitheatre covered by an open green dome-shaped roof structure. In the front of the amphitheatre, we see the head of a turtle in stone, and its flippers shaped out of plants, The entire area is surrounded by greenery.

Maquette du Jardin autochtone

La construction du Jardin autochtone a commencé à l’automne 2023. Cela a marqué une étape importante dans notre plan quinquennal [en anglais]. Ce plan vise principalement à renforcer les efforts de développement durable sur le campus et à assurer leur viabilité à long terme. Au fil du temps, nos efforts se sont considérablement accrus et nous avons atteint un stade où nous devons trouver des façons d’assurer la pérennité de nos initiatives.

De plus, nous gérons activement diverses zones du campus qui étaient auparavant de mornes surfaces gazonnées dorénavant transformées en vibrants espaces verts. Ces zones, savamment entretenues par Mark, contribuent désormais à la diversité écologique de notre campus. Nous avons notamment une structure en saule qui fait office de jardin de méditation, ce qui est un excellent complément au Jardin autochtone.

À la lumière de nos réalisations passées, il est évident que nous avons dépassé nos propres attentes depuis 2020. Néanmoins, nous croyons que certains aspects de notre travail mériteraient davantage d’attention: les relations communautaires en sont un exemple clé. Nos interactions avec d’autres cégeps, comme le Cégep John Abbott, ont été productives, notamment par des ateliers et des projets collaboratifs. Par exemple, nous avons récemment organisé un atelier pour les enseignantes et les enseignants de John Abbott, contribuant ainsi à leur intégration de la pédagogie par la nature.

Ce qui nous distingue, c’est notre combinaison unique d’initiatives de permaculture, dans un milieu collégial qui n’est pas principalement axé sur l’agriculture. À l’avenir, nous souhaitons poursuivre les collaborations et continuer à encourager le personnel enseignant à explorer des projets pédagogiques qui utilisent les Jardins. Récemment, nous avons collaboré avec des enseignantes et enseignants de français langue seconde qui développent une boîte à outils axée sur le développement durable pour leurs cours. Cette initiative mènera à la création de matériel et d’activités pédagogiques, notamment des visites de nos jardins, adaptées à différents niveaux de maîtrise de la langue.

Ce qui s’en vient

Notre projet vise à favoriser les relations communautaires avec des partenaires extérieurs à notre cégep, comme en témoignent nos collaborations avec une garderie locale, le Cégep John Abbott et le Centre de réadaptation de l’Ouest de Montréal. Ce dernier partenariat nous a permis d’impliquer des personnes handicapées, comme celles atteintes du syndrome de Down, dans des activités de jardinage. Par exemple, ces personnes ont récemment contribué à la fabrication de sachets de thé et au paillage d’arbres, ce qui nous permet de renforcer notre engagement envers notre communauté.

Un élément clé de notre plan quinquennal est de renforcer ces liens, ce qui améliore la portée et l’impact de notre projet. De plus, nous étudions les possibilités de collaborer avec les psychologues, les thérapeutes et le personnel des services aux élèves du cégep. Notre objectif est de mettre à profit les ressources des Jardins, comme la camomille, pour favoriser le bien-être des étudiantes et des étudiants, notamment lors des périodes stressantes comme celles des examens. En fournissant des remèdes à base de plantes, nous espérons faciliter la gestion du stress et favoriser la concentration.

Cependant, notre défi ne réside pas dans le manque d’idées, mais dans les contraintes de temps et de ressources. Malgré ces limites, nous nous concentrons sur la création de partenariats significatifs et l’utilisation de nos jardins comme outil d’engagement communautaire et de soutien aux élèves.

A group of John Abbott College students getting a tour of the food forest.

Un groupe d’élèves du Cégep John Abbott visite notre forêt nourricière.

Nos motivations et nos inspirations

Mark

Ma motivation pour ce projet est née d’un désir de renouer avec la nature et d’offrir la même expérience aux élèves. Ma formation est liée à l’économie et au domaine financier,  mais une décennie après avoir obtenu mon diplôme, j’ai réalisé que ma véritable passion était ailleurs. Cette révélation fait écho à mes expériences d’enfance dans un jardin. J’ai eu envie de sensibiliser les gens à notre environnement naturel.

Mon objectif est d’aider les gens à créer un lien plus profond avec la nature, en aidant les élèves à comprendre d’où vient notre nourriture et à découvrir les différentes façons d’interagir avec le monde naturel, que ce soit à travers l’encre, les tissus ou les saveurs des aliments.

En tant qu’herboriste, j’éprouve du plaisir à présenter aux élèves des plantes uniques comme les spilanthes. La fleur de cette plante a un effet surprenant lorsqu’on la mâche. Elle provoque un engourdissement et une augmentation de la salivation, ce qui illustre ses propriétés médicinales. De telles expériences n’ont commencé à faire partie de mon éducation qu’à l’âge de 27 ans, ce qui montre l’importance d’exposer les élèves à ces aspects de la nature.

Je suis motivé par l’impact tangible des Jardins, visibles depuis ma fenêtre, puisqu’ils  rehaussent la beauté du campus et servent d’espace communautaire.

Rosemarie

L’aspect communautaire de notre projet de jardin est le facteur premier de ma motivation. Il offre un espace unique de socialisation et d’interactions, au-delà des cadres traditionnels. Par exemple, il permet la rencontre d’enseignantes et d’enseignants de divers départements grâce à des activités telles que la préparation de tisanes ou de salades à partir de produits des Jardins. Ces expériences favorisent la cohésion et offrent une solution de rechange aux réunions traditionnelles.

De plus, nous menons des activités pour différents services du collège. Par exemple, le Service des ressources humaines a participé à un atelier de jardinage en juin 2023. Cela a embelli le campus et nous aide à entretenir le laboratoire d’apprentissage, mais favorise également un sentiment d’appartenance et une connexion avec l’environnement.

Nous adoptons une approche dynamique pour amener le personnel enseignant et les élèves à s’engager dans le projet. Nous participons à des salons de bénévolat et installons des tables promotionnelles à la cafétéria pour proposer des dégustations de thés et de pesto. Ces interactions directes, incluant des activités comme la fabrication de sachets de thé, sont non seulement éducatives, mais aussi thérapeutiques.

Le projet s’étend au-delà des frontières académiques. Il me permet d’être en contact avec des personnes de tous les secteurs du collège. Ces interactions m’ont permis d’élargir ma communauté au sein du cégep, brisant ma bulle d’enseignante et créant un environnement plus inclusif et interconnecté.

En résumé

Au fil des années, nous avons pris conscience de toutes les facettes de l’impact de nos projets relatifs aux Jardins sur la vie collégiale. Ces projets s’étendent au-delà des simples espaces physiques, influençant significativement plusieurs aspects de la dynamique du campus. Le succès de ces initiatives est largement dû à la synergie collaborative de l’équipe. Nos compétences complémentaires, combinées au soutien de l’administration du collège, ont été cruciales pour maximiser le potentiel des Jardins.

Notre périple a commencé en 2019, en s’appuyant sur une décennie de travail fondateur. Ce contexte historique a été favorable, notamment avec l’ouverture croissante des établissements d’enseignement envers des pédagogies innovantes et l’attention grandissante pour le développement durable.

De plus, le paysage post-pandémique a encore accru l’importance des espaces extérieurs. Encourager les activités en plein air a non seulement accru l’engagement envers nos jardins, mais a également mis en évidence leurs avantages éducatifs et communautaires.

En résumé, le succès de nos initiatives repose sur un mélange d’alignement stratégique sur les objectifs institutionnels, de dynamiques d’équipe efficaces et de réactivité opportune à l’évolution des tendances éducatives et sociétales.

Votre collège dispose-t-il d’espaces extérieurs qui peuvent être utilisés à des fins pédagogiques? Nous serions ravis d’en savoir plus sur vos idées dans les commentaires!

À propos des auteurs

Rosemarie Brodeur

Curieuse et déterminée, Rosemarie Brodeur éprouve une immense joie à prendre part à la mission éducative du Cégep Vanier, où elle enseigne l’histoire et la méthodologie. Depuis 2019, elle assume la co-coordination des Jardins du Cégep Vanier, combinant ainsi ses passions pour l’éducation, la nature et le développement communautaire.

Mark Reynolds

Mark Reynolds est un herboriste, un animateur d’ateliers et un cueilleur passionné. Son objectif est d’être le plus souvent à l’extérieur, dans la nature, et d’y amener sa communauté pour partager ses connaissances sur ces plantes qui remplissent le cœur et éveillent notre curiosité.

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