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4 mai 2010

Les TIC, encore loin de la coupe aux lèvres

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Le 23 février 2010, le Groupe québécois de travail sur les normes (GTN-Q) tenait une journée de non conférence (adaptation de l’anglais barcamp qui décrit un mode de rencontres où tous les participants doivent apporter leur contribution – organisation, présentations, prises de notes, synthèse) sur les environnements numériques d’apprentissage (ENA) du futur.

En marge de cet événement, organisé conjointement avec la Vitrine Technologie-Éducation, l’Alliance numérique et la Maison des technologies de formation et d’apprentissage Roland-Giguère (MATI), je me suis entretenu avec Jacques Raynaud, directeur de la MATI pour faire un bilan de cette journée où une dizaine de présentations ont permis d’amorcer les échanges entre une quarantaine de participants. Auparavant, je vous livre un résumé des discussions de la journée.

Pour commencer, un constat foudroyant pour les rêveurs d’applications web 2.0 dans la salle : 80 % des enseignants se contenteraient d’utiliser des fonctions de base des ENA pour la distribution de documents (envoi et téléchargement) et pour la messagerie. En d’autres termes, l’ENA ne fait que remplacer la photocopie et la distribution manuelle de notes de cours en classe. On conviendra qu’on est encore loin de l’innovation pédagogique! Au mieux, retrouve-t-on quelques initiatives artisanales isolées, mais très rarement une approche structurée au niveau d’un département, encore moins d’un établissement.

Par ailleurs, il existe un clivage important entre l’utilisation des ENA en enseignement et celle rencontrée pour la formation en entreprise. Au Québec, tout employeur dont la masse salariale annuelle est de plus d’un million de dollars doit investir, au cours d’une même année civile, l’équivalent d’au moins 1 % de sa masse salariale dans la formation de son personnel.

D’un point de vue de gestionnaire d’entreprise, la formation entraine des dépenses et il faut s’assurer la rentabilité par l’atteinte de nouvelles compétences. Cette approche très structurée explique pourquoi la conformité à des normes reconnues (standard SCORM pour l’interopérabilité – Sharable Content Object Reference Model) quant à l’empaquetage des contenus de formation dans les ENA est jugée indispensable.

Tant dans le monde de l’éducation que de la formation en entreprise, il y a-t-il un avenir pour une plateforme intégrant médias sociaux, accès aux catalogues des bibliothèques, jeux sérieux, portfolio et intégration de gadgets, le tout accessible dans un contexte de mobilité?

Cela reste possible si les acteurs acceptent de se donner un plan de match global au niveau de leur organisation et que les enseignants cessent de travailler en vase clos. Un exemple réussi est donné par le projet finlandais Team Factory, basé sur l’utilisation du portfolio, où les étudiants doivent concevoir leur entreprise au cours des six derniers mois de leur formation.

Une question demeure : devrait-on développer à grand frais des fonctionnalités dans les ENA pour une minorité d’adeptes? Qu’en pensez-vous?

À propos de l'auteur

Pierre-Julien Guay

Collaborateur de la VTÉ sur des projets spécifiques, président du Groupe québécois de travail sur les normes (GTN-Q) et rédacteur pour le comité international ISO SC36 sur les technologies de l’information pour l’éducation, la formation et l’apprentissage.

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