Je suis inondée d’articles et de publications qui contiennent des mots clés que je ne maitrise pas encore: crypto, DAO, bitcoin, chaines de blocs, web 3.0, métavers, NFT, etc.
Plus le temps passe et plus de nouveaux termes s’ajoutent aux précédents, en créant un méandre de notions numériques qui finissent par me dépasser. Et vous, de votre côté? Où en êtes-vous dans la compréhension de ces notions?
Pour ma part, j’ai décidé de me lancer dans la compréhension détaillée de ces termes. Voici un résumé de ce que j’ai appris.
Chaine de blocs (blockchain)
Une chaine de blocs est une technologie qui vise à rendre les données numériques dignes de confiance. Cela est possible en rendant toutes les connexions accessibles à toute personne autorisée à participer à la chaine de blocs. Ces personnes peuvent ainsi devenir gardiennes de la chaine de blocs. Il s’agit d’une technologie qui garantit la fiabilité des données tout en empêchant un tiers spécifique de monopoliser l’information.
Les 3 avantages de la chaine de blocs sont :
- la sécurité
- le coût
- la transparence.
Dans une chaine de blocs, des données à petite échelle, appelées «blocs de données gérées », sont rangées dans un environnement de stockage de données composé de chaines qui reposent sur des liens créés sur la base de la méthode pair-à-pair (P2P).
Ce qu’il faut retenir, c’est que, dans le système de la chaine de blocs, le tiers disparaît. À l’inverse, dans les autres systèmes existants, un tiers, un « middle man », est payé pour connecter les parties.
Processus de validation de transaction et chaine de blocs
Cryptomonnaie (cryptocurrency)
Mot composé de « crypto- », qui signifie «cryptage», et de «monnaie ».
La cryptomonnaie utilise des garanties numériques pour assurer la sécurité des transactions. Chaque transaction effectuée avec une cryptomonnaie doit être confirmée dans un grand livre numérique public, la fameuse chaine de blocs par le processus du minage.
Types de cryptomonnaies
Le bitcoin est la toute première cryptomonnaie émise dans l’histoire. Il s’agit d’une monnaie numérique dont la vente, l’utilisation et la distribution s’opère uniquement par voie numérique. Le bitcoin a été créé en 2008 comme un logiciel libre et ouvert développé par un programmeur anonyme (ou plusieurs programmeurs) surnommé Satoshi Nakamoto.
En 2009, le code source du bitcoin a été publié. Aujourd’hui, plusieurs options de substitution aux bitcoins (altcoins) existent :
- Ethereum
- Ethereum Classic
- Ripple
- Litecoin
- Acoin
- Dash
- Monero
- Jetcash
- Quantum
J’ai beaucoup entendu parler d’Ethereum. C’est une monnaie programmable dans un langage de programmation Turing-complet. Ethereum n’est pas compatible avec le réseau Bitcoin.
Pour parler simplement, l’Ethereum est très similaire au système de la chaine de blocs du bitcoin. Par contre, cet altcoin est programmé dans un langage qui permet aux développeurs d’écrire des lignes de codes avec lesquels les transactions de la chaine de blocs peuvent gérer et automatiser des résultats spécifiques. Ces logiciels sont appelés des contrats intelligents (ou smart contracts en anglais).
Les jetons non fongibles (NFT)
Un jeton non fongible (NFT, en anglais, pour non-fungible-token) est une unité de données stockée dans une chaine de blocs qui est unique et non interchangeable.
Un jeton non fongible est un certificat numérique infalsifiable qui atteste de l’authenticité d’un objet virtuel. Comme chaque jeton non fongible possède un code d’identification et des métadonnées uniques, il ne peut pas être dupliqué ou avoir les mêmes caractéristiques que d’autres produits.
Le jeton non fongible enregistre les données uniques des actifs numériques sur la chaine de blocs. Il est tout à fait possible de prouver l’identité de l’auteur original et de divulguer de manière transparente les détails de la propriété et des transactions.
Le jeton non fongible peut être utilisé pour représenter :
- Des images (comme l’œuvre de l’artiste numérique Mike Winkelmann)
- Des vidéos
- Des fichiers audios
- D’autres types de fichiers numériques
Tout le monde peut obtenir des copies de ces éléments numériques, mais les jetons non fongibles sont suivis sur la chaine de blocs et prouvent le droit d’auteur et la propriété intellectuelle.
De nos jours, on utilise les jetons non fongibles pour commercialiser des actifs numériques dans le domaine du divertissement et sur le marché de l’art. La plupart des jetons font partie de la chaine de blocs d’Ethereum. Dans un article publié dans TV5 Monde, l’auteur donne de bons exemples d’usage des Jetons et parle notamment de la spéculation qui leur est liée.
Le web 3
Le web 3.0 est une nouvelle ère de l’internet décentralisé basée sur la chaine de bloc.
Il s’agit d’un concept qui contraste totalement avec l’ère internet actuelle du web 2.0, dans laquelle de grandes entreprises de technologiques numérique qu’on appelle GAMAM (Alphabet, Apple, Meta (anciennement Facebook), Amazon, et Microsoft) font la pluie et le beau temps.
Petite histoire rapide du web
Pour comprendre un peu mieux, revenons au web 1.0, la 1re génération de l’internet (1991-2004). Dans la 1re version du web, nous consommions ou partagions de l’information par le biais de pages web statiques. Le World Wide Web (WWW), comme on l’appelait alors, était un ensemble de sites statiques ne contenant que des informations simples sans contenu interactif.
Par la suite est arrivée le web 2.0: c’est celui dans lequel nous évoluons actuellement. Dans la 2e version du web, internet correspond à une « plateforme » qui permet d’accéder à l’information et qui favorise l’engagement. Ainsi, les internautes peuvent télécharger et interagir avec leurs propres données et contenus sur le web. YouTube, Wikipédia, Flickr et Facebook sont des moyens de faire entendre la voix de tout un chacun. Le consommateur devient créateur de contenus et peut monétiser la diffusion de ses contenus. D’énormes flux de données sont générés et l’usage de ses données alimentent les grandes entreprises du numérique, les fameux GAMAM dont j’ai parlé dans un article de blogue à propos du métavers.
La collecte de données personnelles devient l’or noir de l’économie numérique. Cela implique :
- des enjeux d’éthique dans la gestion des données
- des enjeux de cybersécurité
- des enjeux liés à la désinformation
- etc.
Avec le métavers, nous passons actuellement dans le web 3.0, un internet de 3e génération. Le concept apparait avec le développement et les usages de nouvelles technologies de dématérialisation (métavers, jetons non fongibles, cryptomonnaie, etc.)
Le métavers
Le métavers est un monde virtuel dans lequel on peut interagir avec la réalité ou exécuter des fonctions de la réalité. La taille du marché des métavers, estimée par PricewaterhouseCoopers [en anglais], une société de conseil multinationale britannique, atteindrait près 1540 milliards de dollars en 2030. Il s’agit de pronostic, mais cela donne le ton sur les investissements et la raison pour laquelle nous en entendons beaucoup parler.
Les différents types de métavers
L’Acceleration Studies Foundation (ASF), une organisation à but non lucratif engagée dans la sensibilisation, l’éducation et la recherche sur les questions et les processus d’accélération du changement, étudie les métavers. Les 4 éléments clés du métavers sont:
- le monde virtuel
Les discussions sur le métavers commencent généralement par la description du monde virtuel (MV). Il s’agit d’un espace en pleine expansion qui mélange des systèmes sociaux, économiques, politiques, physiques et virtuels, à la fois en mode mono-utilisateur asynchrone et multi-utilisateur en temps réel.
Le monde virtuel va de plus en plus s’immiscer dans la vie économique et sociale du monde physique. La démarcation entre le monde virtuel et le monde physique sera de moins en moins nette à l’avenir. Dans les 2 espaces, les questions d’identité, de confiance et de réputation, de rôles sociaux, de règles et d’interaction restent des enjeux de premier plan.
- le monde miroir
Les mondes miroirs sont des modèles enrichis virtuels ou des «reflets» du monde physique. Leur construction fait appel à:- des outils virtuels sophistiqués
- de cartographie
- de modélisation
- d’annotation
- des capteurs géospatiaux
- des technologies de géolocalisation
- d’autres technologies de collecte de données (enregistrement de l’histoire).
Contrairement aux mondes virtuels, qui impliquent des réalités alternatives pouvant être similaires à celle de la Terre ou très différentes, les mondes miroirs modélisent le monde qui nous entoure. L’exemple le plus connu d’un monde miroir (mirror world) est Google Earth, une carte numérique de la Terre en accès gratuit qui est basée sur les données ouvertes du web.
- des outils virtuels sophistiqués
- la réalité augmentée
Avec la réalité augmentée, les technologies du métavers permettent d’amplifier notre perception du monde physique. Cela se fait grâce à l’utilisation de systèmes et d’interfaces sensibles à la localisation qui traitent et superposent des informations en réseau.
Historiquement, le concept de réalité augmentée repose sur l’avènement des cartes du monde en miroir et du réseau de géolocalisation, notamment le GPS américain et son concurrent européen, Galileo, ainsi que les localisateurs de téléphones portables. Lorsque les GPS sont devenus plus communs, de nouveaux services sont apparus pour tirer parti de ces informations géographiques:
- l’étiquetage de l’emplacement
- le suivi logistique
- les jeux vidéos
- la publicité contextualisée
- etc.
- la journalisation de la vie
Dans le cadre de la journalisation de la vie, les technologies du métavers enregistrent et répertorient l’intimité et les histoires de vie des objets et des utilisateurs à l’aide de la mémoire des objets, de l’observation, de la communication et de la modélisation du comportement.Les journaux de vie des objets («spimes [en anglais]», «blogjects» etc.) maintiennent un récit de l’utilisation, de l’environnement et de la condition des objets physiques.
Les carnets de vie des utilisateurs («documented lives», etc.) permettent aux gens de faire des enregistrements similaires de leur propre vie.
Les journaux de vie des objets se reposent sur les réseaux d’information de la réalité augmentée et de l’omniprésence de capteurs.
Finance décentralisée (DeFi)
La DeFi est un écosystème d’applications financières fonctionnant au sommet d’un réseau de chaine de blocs.
Alors que la finance traditionnelle s’appuyait sur des institutions telles que les banques ou les tribunaux pour jouer le rôle d’intermédiaires, les applications DeFi ne nécessitent aucun intermédiaire. Les utilisateurs ont le plein contrôle de leurs actifs et interagissent avec l’écosystème par le biais d’applications pair-à-pair (P2P) et d’applications décentralisées (dapps).
Un avantage clé de la DeFi est que les services financiers sont facilement accessibles, en particulier pour les personnes isolées du système financier actuel.
Organisation autonome décentralisée (DAO)
Qu’est-ce que ça veut dire?
DAO est l’abréviation de Decentralized Autonomous Organization (organisation autonome décentralisée).
La DAO est une organisation basée sur la chaine de blocs dans laquelle le statut d’investissement, la méthode de distribution et le processus de fonctionnement sont tous divulgués de manière transparente.
En 2016, le fondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, a lancé son organisme qui est une DAO en tant qu’entreprise conforme à l’esprit de décentralisation de la chaine de blocs.
Entreprise traditionnelle et DAO
Dans les entreprises traditionnelles, les employés d’une société ont des contrats de travail qui régissent leurs relations interpersonnelles et les relations avec l’employeur. Leurs droits et obligations sont régis par des contrats juridiques et appliqués par un système juridique soumis à la loi sous-jacente du pays dans lequel ils résident. Si quelque chose ne va pas, ou si quelqu’un ne respecte pas sa part du marché, le contrat légal définira qui peut être poursuivi auprès d’un tribunal et pour quoi.
Les DAO, quant à elles, impliquent un ensemble de personnes qui interagissent les unes avec les autres selon un protocole libre (open source) auto-applicable. Le maintien de la sécurité du réseau et l’exécution d’autres tâches du réseau sont récompensés par des jetons natifs. Les chaines de blocs et les contrats intelligents réduisent ainsi les coûts de transaction de la gestion à des niveaux de transparence plus élevés, en alignant les intérêts de toutes les parties prenantes grâce aux règles de consensus liées au jeton natif. Les comportements individuels sont incités par un jeton à contribuer collectivement à un objectif commun.
Les membres d’une DAO ne sont pas liés entre eux par une entité juridique et n’ont pas conclu de contrat juridique formel. Au lieu de cela, ils sont dirigés par des incitations liées aux jetons du réseau et par des règles totalement transparentes écrites dans le logiciel, qui sont appliquées par consensus mécanique. Il n’y a pas d’accords bilatéraux. Il n’y a qu’une seule loi applicable — le protocole ou le contrat intelligent — qui régit le comportement de tous les participants au réseau.
Les enjeux en éducation
J’ai passé pas mal de temps à explorer et approfondir ma compréhension des notions énumérées dans cet article. Ce que je retiens, c’est que les dynamiques socio-économiques que nous connaissons sont sur la voie rapide du changement. Le web 3.0 et plusieurs technologies numériques fondées sur les principes de la chaine de blocs arrivent comme des technologies disruptives.
Il est important selon moi de creuser de plus près l’usage des chaines de blocs, du métavers, des NFT, etc. de manière à ce que nous puissions comprendre communément (enseignants, pédagogues, professionnels, experts et gestionnaires) les enjeux auxquels ces technologies sont liées et leurs impacts en enseignement supérieur.
J’ai récemment observé que certains étudiants se distinguent entre eux par la possession de NFT pour illustrer leur profil dans les réseaux sociaux, par exemple.
Nous avons considéré pendant longtemps que le monde des réseaux sociaux devait se trouver en dehors de la classe. Pourtant on observe que de plus en plus de problématiques sociétales telles que la polarisation des idées, la cyberintimidation, la mésinformation, etc. sont nées de l’hyperconnectivité et n’épargnent pas les jeunes générations. Elles créent un gouffre d’incompréhension intergénérationnel.
Devrions-nous encore ignorer les nouvelles technologies sous prétexte que, selon nous, il s’agit d’un effet de mode ? Devrions-nous faire comme si de rien n’était et laisser nos étudiants se débrouiller seuls dans cette jungle numérique ? N’est-il pas notre rôle à tous, en dehors de nos disciplines, de les accompagner ?
Ne nous faisons pas encore avoir. Ne restons pas enfermés dans notre bulle académique afin de mieux aider les apprenants à développer leur sens critique et à devenir des citoyens numériques responsables.