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22 avril 2013

Peut-on réaliser des enseignements innovants à l’aide du TBI?

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

C’est dans le cadre du plan stratégique de développement 2010-2015 des technologies éducatives de pointe que le déploiement du TBI (tableau blanc interactif) a été mis en place au Cégep de Saint-Hyacinthe. Karine Mercier, alors enseignante en soins infirmiers, et deux de ses collègues ont eu le mandat d’en expérimenter et d’en mesurer les effets. Ces derniers, tout comme d’autres enseignants volontaires, se sont demandé si l’on pouvait réaliser des enseignements innovants à l’aide du TBI.

De l’implantation à l’innovation pédagogique

En 2011, le TBI intriguait. On voyait en cette technologie, un outil qui promettait une augmentation de la motivation, une attention plus longue et une implication plus grande de nos étudiants. Par contre, avant de déployer le TBI dans tout le collège, nous avons débuté par une phase d’expérimentation avec un petit groupe de trois enseignants, dont je faisais partie. Riches de nos expériences en classe avec le TBI, nous avons observé qu’il permettait de miser sur un visuel attrayant, d’utiliser des animations, de déplacer des objets, d’enregistrer des leçons en classe…

La phase suivante consistait à amener d’autres enseignants à utiliser le TBI. J’avais le mandat, par ma libération, de former une vingtaine d’enseignants, de les soutenir dans leur développement d’activités en classe avec le TBI, puis de recueillir leurs réactions.

Nous avons tenu quelques rencontres et chacun était conscient que la préparation du matériel d’enseignement serait longue au début et qu’il fallait veiller à ne pas utiliser le TBI comme un simple projecteur multimédia. L’implantation allant bon train, il fallait maintenant songer à l’innovation pédagogique.

Extrait de la communication du 7 juin 2012 de l’enseignante Karine Mercier et du conseiller pédagogique TIC Gilles Boulanger à l’AQPC

Nous nous sommes inspirés pour cela du guide d’utilisation du RÉCIT (Réseau pour le développement des Compétences par l’Intégration des Technologies) pour concevoir des activités dépassant le premier niveau de la présentation des notions. Ce n’est qu’aux stades supérieurs que le TBI permet de créer des situations d’enseignement novatrices. Nous avons ainsi invité les étudiants à :

  • Décrire ou définir des notions (niveau 2)
  • Interpréter ou analyser des phénomènes (niveau 3)
  • Créer et collaborer (niveau 4)

Quelques scénarios expérimentés

Décrire ou définir des notions en commun

Ma collègue de biologie a le plus bel exemple d’une activité où décrire est emballant! Nous en avions un peu douté… Un casse-tête : une idée puérile? Pourtant non! Illustrer le phénomène de la circulation sanguine en reconstituant les parties d’un cœur désassemblé, l’activité intéresse! Celle de l’ordonnancement d’éléments en séquence aussi!

L’utilisation de la technique SVA : Ce que je Sais, ce que je Veux savoir et ce que j’ai Appris est l’exemple parfait pour amener les étudiants à poser le geste de définir. Les étudiants expliquent au tableau des notions qu’ils croient posséder. Ils peuvent, si les installations le permettent, le faire de leur poste. Je pointe les manques ou inexactitudes. À la fin du cours, les étudiants évaluent la justesse des concepts initiaux et les reformulent.

Exemple d’un exercice stimulant exécuté au TBI

Interpréter et analyser des phénomènes

La réalisation d’une carte conceptuelle avec le TBI est l’exercice le plus représentatif de ce niveau. Le défi peut être relevé en équipe. Par exemple, en Langue et littérature, ma collègue a demandé à ses étudiants de concevoir un schéma actanciel permettant de formuler les fonctions des personnages du roman.

Collaborer et créer

Les activités de résolution de problème demandent une certaine dose de créativité de la part des étudiants et sont pour cela bien adaptées au mode de travail collaboratif. Elles peuvent déboucher sur une présentation stimulante où les idées de chacun des sous-groupes (la classe est aménagée en ilots) contribuent à l’ensemble. Mes étudiants ont réalisé de cette manière un schéma intégrateur à partir d’une situation infirmière clinique (APP) qu’ils ont d’abord abordée en équipe.

Étudiants

Réaliser un schéma intégrateur à partir d’une situation clinique

Mesure des effets

Un sondage auprès de nos étudiants, administré à l’hiver 2012, avec un taux de réponse de 71 % (136 répondants/190) montre qu’une grande majorité voit dans le TBI un outil d’apprentissage à adopter :

  • 82,1 % ont aimé expérimenter le TBI en classe
  • 78,9 % croient que l’enseignant(e) devrait continuer à expérimenter le TBI en classe
  • 75 % préfèrent un enseignement de type interactif intégrant des moyens technologiques tels que le TBI et les télévoteurs
  • 58,6 % mentionnent que l’enseignement était plus clair
  • 71,1 % mentionnent que le contenu était plus attirant
  • 64,1 % disent que l’utilisation du TBI a eu en effet positif sur leur motivation

Au nombre des commentaires négatifs, ont été mentionnés une certaine perte de temps et quelques difficultés de branchement au début, un système parfois long à démarrer et l’immaturité de certains de leurs pairs (lors du partage d’écran). Mais tous ces problèmes se résolvent avec le temps…

Les gains cités comblent les attentes : une meilleure interaction avec le groupe, un environnement visuel stimulant, une grande clarté des schémas exécutés. Et surtout, le plaisir d’apprendre avec l’outil! Les recommandations des étudiants suivent les nôtres, soit celles de bien former les professeurs d’abord et d’installer des TBI là où l’enseignement s’y prête!

Pour quels contextes pédagogiques trouveriez-vous le TBI le plus utile?

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2 Commentaires
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pascal balancier
pascal balancier
24 avril 2013 18h23

voici un témoignage d’une utilisation active du TNI: http://www.awt.be/web/edu/index.aspx?page=edu,fr,foc,100,094

Bernard-Yves Cochain
Bernard-Yves Cochain
24 avril 2013 19h26

Il existe plusieurs moments dans la vie d’une classe. Des moments de création de connaissances et savoirs, des moments d’entraînement, des phases d’évaluation…
Je pense que c’est sur la phase de création des connaissances que le TBI est le plus utile, mais aussi le moins utilisé. En effet, beaucoup de professeurs font le cours de la même façon que sur un tableau inerte. D’autres à l’opposé et c’est encore pire, font un diaporama tout prêt à l’avance.
Je pense que le TBI permet de faire mieux en étant très réactif. L’enseignant peut alors guider ses élèves vers la construction de leurs savoirs. Il balise le parcours avec des liens, des images qu’il aura placés en réserve, de façon à pouvoir mettre en scène rapidement les hypothèses, idées, témoignages des élèves. Le résultat final sera donc différent pour chaque classe, mais hautement plus formateur pour chacun des élèves, car ils auront participé, argumenté et réfléchi sur tous les éléments affichés.
Ce document terminé sera mis à disposition des élèves, il servira à la fois de support de cours, mais surtout il permettra à l’élève, en se remémorant les étapes effectuées en classe, de mieux intégrer ces savoirs.
Sans TBI, c’est faisable, mais difficilement, car il n’est pas facile d’effacer, de revenir en arrière et d’afficher des documents préparés, ou pas, à la volée.
Il est donc impossible, à mon avis, de réaliser des enseignements innovants sans TBI.