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23 novembre 2009

Plus de 20 ans d’enseignement en psychologie avec les technologies

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Imaginez-vous bien assis à la table d’à côté écoutant Frank Fournier, conseiller pédagogique TIC, et Marc Richard, enseignant en psychologie, tous deux du cégep de Saint-Jérôme échanger sur 20 ans d’intégration de technologies diverses dans l’enseignement de la psychologie.

As-tu idée, mon plus vieux plan de cours produit à l’ordinateur date de 1987, je crois. J’étais le premier à avoir un Macintosh. Je m’en servais pour écrire mes notes de cours.

Tu avais le modèle de MAC qu’on qualifiait de « timbre poste »?

Oui, mais avec un disque dur. J’avais même un logiciel de reconnaissance de la voix et même un de synthèse de la voix. D’ailleurs, ce dernier logiciel avait inspiré Gleason Théberge à créer le Centre d’aide en français utilisant l’informatique! Je me rappelle aussi que tu m’avais donné un coup de main. J’ai retrouvé des notes qui datent du 24 octobre 1990. J’utilisais des logiciels qui permettaient de prolonger mon cours d’Initiation à la psychologie, entre autres PsyQuiz pour des questions en psycho.

Frank Fournier. Photo prise par Claude Séguin.

De ce que je me rappelle, tu étais vraiment un pionnier et tes collègues trouvaient que c’était compliqué?

Certains trouvaient que cela n’était pas pédagogique, d’autres que c’était antisyndical parce que cela remplaçait les secrétaires qui dactylographiaient les notes de cours. D’autres croyaient que rien ne pouvait remplacer un bon cours magistral en classe.

Peu comprenaient, à cette époque, la pertinence de l’informatique dans l’enseignement de la psychologie… On pensait que l’informatique c’était pour les informaticiens et que les sciences humaines n’avaient aucun rapport avec l’informatique. C’était les mentalités de l’époque.

Moi, j’étais convaincu qu’on pouvait intégrer l’informatique dans l’enseignement parce que c’est interactif, c’est dynamique, ça maintient l’attention de l’étudiant même si les instruments de l’époque étaient rudimentaires.

Pour les différents thèmes de psychologie abordés en classe, peux-tu donner quelques exemples d’activités utilisant les TIC?

Il y avait des exercices, des choix multiples, des vrais ou faux, des textes à lire avec questions associées. Cela permettait de varier les méthodes d’apprentissage, c’était des applications pratiques, c’était nouveau et puis c’était de l’informatique.

Le seul problème est que si je voulais leur donner des points, je devais compiler les résultats manuellement. Il n’y avait pas de méthode pour récupérer les résultats des exercices. Quand ils avaient terminé un exercice, ils levaient la main et j’allais noter les résultats.

J’ai entrepris le virage vers le web avec le conseil de Denis Ménard et l’appui de Guy Migneron pour implanter mon site webFrontPage jumelé à Hot potatoes pour les examens. J’étais aussi pendant quelques années premier sur Google lorsqu’on tapait IPMSH (Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines)!

La jeune adolescente dans SECRA.

Parallèlement à ce développement web j’utilisais les logicielsSECRA et ACRE de Lucie Trépanier développés par le CCDMD.SECRA est une simulation de relation d’aide en communication. Mes collègues jugeaient cela aberrant d’enseigner la relation d’aide à l’aide d’un ordinateur. Mais on s’est rendu compte qu’on pouvait déceler des failles chez certains étudiants. L’ordinateur était aussi inlassable. Cette version, d’ailleurs, est maintenant bonifiée avec des éléments multimédias. Et d’autres départements s’en servent.

Tu as sûrement utilisé des logiciels pour traiter des données?

Pour les sondages, on les faisait sur support papier et l’on compilait les résultats avec les logiciels de statistiques. On a compris, à l’époque, qu’on pouvait solliciter les personnes par courriel pour les inviter à compléter un sondage en ligne. C’est là qu’on a introduit SPSS pour analyser les données.

Les étudiants sont devenus tellement actifs dans la production de sondages qu’à un moment donné la communauté du collège s’est sentie pratiquement harcelée… Maintenant, on met notre énergie sur un seul « super sondage ».

On fait apprendre l’étudiant en le mettant en action. J’y crois. Je deviens superviseur, le motivateur; je mets les élèves en groupe.

À l’occasion, on utilise même la messagerie de DECclic pour sonder les étudiants d’autres régions. Par exemple, j’ai un étudiant qui a contacté 750 élèves de 15 collèges pour tenter de trouver s’il y a une corrélation entre le niveau de solitude et le bonheur. On a même eu des participants de France!

J’ai eu une étudiante qui faisait une enquête sur la notion d’« empreinte écologique » et qui a fait participer Jean Lemire sur son voilier le Sedna IV! Il devait évaluer l’empreinte écologique du voilier lorsqu’il était dans l’Antarctique!

L’étudiant est en classe, mais avec le web, il n’a qu’à faire appel à son imagination!

Tu as donc exploré l’environnement virtuel de formation DECclic?

Oui, c’est une des raisons qui explique pourquoi j’ai délaissé mon site FrontPage et que j’ai entrepris, en remplacement deHot Potatoes d’utiliser Exam Studio le logiciel de conception d’examens. Enfin, je pouvais compiler mes résultats sur un serveur! Fini les prises de notes manuelles en classe!

Une fois de plus j’ai été un pionnier au collège avec Exam Studio. Côté outil de présentation, j’ai fait comme plusieurs; j’ai utilisé Microsoft PowerPoint et j’ai même incrusté des séquences vidéo dans mes présentations! Ce n’était pas simple… J’ai migré aussi vers le format PDF.

En résumé Marc, pourquoi les TIC?

Il y a le facteur motivation pour les élèves et moi-même. On fait apprendre l’étudiant en le mettant en action. J’y crois. Je deviens superviseur, le motivateur; je mets les élèves en groupe.

Aussi, j’aime bien l’idée qu’on puisse archiver et consulter nos recherches. Le côté méthodologique et les habiletés TIC sont développés. Une ouverture sur le monde est possible.

Nous n’en sommes qu’au début. Se pointe à l’horizon, un enseignement individualisé, adapté où chacun va à son rythme.

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Claudette Ouellette
Claudette Ouellette
23 novembre 2009 20h00

Que de chemin parcouru par Marc Richard. Je me rappelle avoir trouvé que Marc et ses étudiants n’étaient pas délogeables des labos informatiques. J’arrivais avec mon groupe classe, j’enseignais alors la bureautique, et nous devions attendre qu’ils sortent du local. Ça fourmillait dans ce lab. Et on ne comprenait pas trop ce qu’ils faisaient. Me voilà mieux éclairée maintenant. Bravo Marc pour avoir montrer la voie à une nouvelle approche pédagogique.