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15 février 2010

Rendre les souvenirs de nos étudiants mémorables

Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

Les étudiants en anglais, langue seconde, du Collège Jean-de-Brébeuf sont bons! Destinés aux études universitaires et exposés, pour la plupart, à un milieu anglophone depuis leur plus tendre enfance, mes étudiants de niveau avancé intermédiaire (niveau 3-102) et ceux du programme du Baccalauréat international (BI) apportent beaucoup de raffinement à leurs études. À ce niveau de compétence et nonobstant tous leurs talents, certains étudiants éprouvent malgré tout beaucoup de difficultés à avoir un registre soutenu dans leur utilisation tant orale qu’écrite de la langue anglaise.

Arriver à combler cette lacune chez les étudiants afin qu’ils parviennent à un niveau de maîtrise de l’anglais qui soit approprié pour le monde des affaires, de la politique, de la médecine et du milieu universitaire, représente pour moi un but important. Par exemple, au cours des deux derniers trimestres, j’ai tenté de créer un environnement pour mes classes de niveau avancé intermédiaire permettant de résoudre efficacement les questions de ton et de registre. L’idée s’est imposée à moi parce que j’ai réalisé que les étudiants sont constamment en « mode multitâche ». Ils ont leur baladeur iPod, leur portable, etc., et il ne leur viendrait jamais à l’esprit de prendre un livre et de le lire. Même lorsqu’ils sont en train de faire leurs devoirs à la maison, il est très probable qu’ils le font tout en écoutant de la musique et en envoyant des textos. Comment pouvais-je faire en sorte qu’un étudiant francophone qui se sent à l’aise en anglais puisse en arriver à éprouver la même aisance lorsqu’il aborde la littérature?

L’an dernier, j’ai demandé à mes étudiants de créer des blogues en se regroupant par trois ou quatre. Il y avait donc une dizaine de blogues par classe. Comme mon cours de niveau avancé intermédiaire est plus orienté vers la littérature, leurs blogues contenaient des activités vraiment intéressantes sur l’interprétation de textes littéraires en mettant l’accent sur le ton utilisé et l’ambiance qui s’en dégageait. Sur certains blogues, ils ont traité de ces impondérables stylistiques en produisant une vidéo avec images et musique en faisant appel à Windows Movie Maker, un programme inclus dans l’installation du système d’exploitation Windows. Une fois la vidéo téléversée, les étudiants produisaient alors un texte qui fournissait les détails sur ce qu’ils essayaient d’accomplir au moyen de cette vidéo, et ce, en utilisant un langage descriptif, ce qui constituait le but ultime de mes efforts.

L’entête d’un blogue avec une émission de radio.

Le répondant TIC à Brébeuf, Jean Allard, a été mon guide dans ce monde de technologie. Ensemble, nous avons cherché une solution qui soit conviviale tout en restant parfaitement sécuritaire… Notre choix s’est arrêté sur Blogspot parce qu’il est vraiment facile à aborder, et le fait que les étudiants ne pouvaient participer aux blogues que sur invitation garantissait que leurs premières tentatives ne seraient pas exposées au grand public. Constituer des groupes de trois ou quatre fut aussi une importante décision parce qu’il y avait ainsi au moins un membre de chaque groupe qui était futé en technologie. Ces derniers étaient là à titre de personne ressource pour les autres membres de l’équipe, mais chacun des membres se devait de fournir des textes et des extraits.

Script d’une émission de radio.

Un autre problème auquel je devais faire face était le plagiat, puisqu’il est très facile de plagier par le biais des médias électroniques. Pour prévenir toute tentation en ce sens, je demande à mes étudiants d’écrire leurs articles en classe. Ils me remettent leurs copies papier, que je commente et que je leur rends par la suite pour qu’ils les corrigent sur leurs blogues. Je suis conscient que mes solutions actuelles ne sont vraiment que temporaires et cette année, j’espère obtenir de meilleurs résultats sans pour autant sacrifier les balises de sécurité déjà mises en place. Jean m’a suggéré d’intégrer certains de mes blogues dans le système de gestion de contenu LEA utilisé par le collège Brébeuf. Cette installation intranet permet à mes étudiants d’avoir accès à d’autres blogues de façon tout à fait privée.

Un résumé d’article

Pour être honnête, mis à part les questions techniques, je ne suis toujours pas très sûr où tout cela va nous mener. Au cours du dernier trimestre, certains commentaires étaient tellement simplistes que cela les rendait inacceptables. Les commentaires se doivent d’être réfléchis, intelligents et pertinents sinon la technologie ne devient qu’un simple jouet. Et de façon générale, j’aimerais que mes étudiants interagissent plus. L’idéal serait une sorte de clavardage où tous utiliseraient un registre soutenu! En poursuivant mes réflexions sur la manière d’augmenter le niveau de langage de mes étudiants, j’ai pensé à l’utilisation d’un jeu de rôle. Chaque semaine, les étudiants sont amenés à commenter les lectures au programme en ayant une tâche spécifique à réaliser. Par exemple, l’une consiste à identifier le vocabulaire pertinent pour un certain thème, alors qu’une autre exige de faire un lien entre une partie du texte lu et une expérience vécue. La semaine suivante, en plus du changement de tâche, les étudiants doivent faire une critique des contributions de leurs collègues la semaine précédente.

Concernant mes étudiants en BI, leurs cours ne comportent pas l’aspect littéraire. Il s’agit plutôt de l’anglais du milieu professionnel et scolaire. Ici, la syntaxe est plus facile et le vocabulaire plus concis. Au cours du second trimestre, ils ont à se familiariser avec l’anglais scolaire qui demande une plus grande utilisation de la voix passive. Au cours de ce trimestre-ci, ils doivent produire une vidéo où ils documentent une cause ou une problématique relevant de leur champ d’études et le résultat sera téléversé dans leur blogue. En mars, je vais créer un blogue avec des étudiants en commerce de l’Université UNISINOS, une université du sud du Brésil. Ces étudiants ont à compléter une partie de leur programme à HEC Montréal, où j’enseigne également, et ils sont du même groupe d’âge que mes étudiants en BI. Ces deux groupes sont remarquablement curieux, dynamiques et enjoués. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’un blogue impliquant ces deux groupes pourra donner, mais je suis sûr que l’interaction entre ces jeunes va ouvrir de nouvelles avenues intéressantes pour ce qui est de l’utilisation de cette technique dans une classe de langues.

Les étudiants adorent ce genre d’activités. Ils n’utilisent plus uniquement du papier et un crayon, car ils interagissent en plus avec du matériel qui est produit au sein de leur groupe. Leur motivation permet de créer un lien entre technologie et langage, ce qui rend cette démarche aussi enrichissante qu’amusante. Pendant que je les observe, et que je les vois prendre leurs tâches à cœur, je sens qu’ils sont en train d’apprendre des choses qui vont leur rester. Lorsque je pense à l’époque de mes 17 ou 18 ans, je me souviens d’avoir vécu des expériences mémorables qui me sont restées jusqu’à ce jour. Je vois les TIC comme une façon d’aider mes étudiants à se souvenir, dans bien des années, de leurs classes d’anglais comme d’une expérience agréable qui va meubler leur mémoire le reste de leur vie.

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