En 2023, le Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) a mis en ligne la ressource Simulations de guerre civile. Il s’agit d’activités que les enseignants et enseignantes de Sciences humaines peuvent utiliser avec leurs élèves.
Simulations de guerre civile vous offre 3 scénarios de guerres civiles au sein de pays fictifs:
- Guerre civile en Brébouvie-Unie [docx]
- Guerre civile en République du Qalibastan [docx]
- Guerre civile en République d’Arotsoe [docx]
Les auteurs du projet, Jano Bourgeois, Daniel Beauregard et Marc Bordeleau, du Collège Jean-de-Brébeuf, ont aussi conçu un Guide d’enseignement [docx] contenant des propositions pour la gestion des simulations.
Je me suis largement appuyée sur ce guide pour l’écriture de cet article.
Des simulations utiles dans différents cours
Les guerres civiles constituent un sujet complexe dont la compréhension fait appel à des connaissances multidisciplinaires. C’est un sujet de choix pour mobiliser les connaissances de plusieurs disciplines des sciences humaines. Ainsi, les simulations proposées peuvent être utiles:
- dans le cours Intégration des acquis en sciences humaines (compétence 04ME)
- dans un cours d’enjeu (0ENJ)
- dans le cours disciplinaire (0ANA)
- lors d’une activité parascolaire, par exemple en formant un club de simulation et en mettant de l’avant l’aspect ludique de l’activité
Mathieu Beauséjour, chargé de projet au CCDMD, m’a également dit que des enseignants et des enseignants du secondaire ont aussi manifesté de l’intérêt pour utiliser les situations d’apprentissage dans le cours Monde Contemporain [PDF], dans le module «Tensions et conflits».
Pourquoi une simulation?
L’utilisation de jeux et des jeux de simulation se fait de plus en plus, en particulier dans les cercles militaires et de politique étrangère. Toute une littérature à ce sujet existe et elle démontre qu’il s’agit d’une formule intéressante pour que les individus testent leurs connaissances et apprennent à connaître leurs forces et faiblesses en situation de stress et quand ils disposent d’une information imparfaite. Il semble donc pertinent de faire migrer cette pratique vers l’enseignement collégial.
De plus, la simulation permet d’explorer et d’intégrer les complexités physiques, techniques, sociales et politiques dans une activité pédagogique. Elle permet un sentiment de sécurité, puisqu’elle se produit dans un contexte imaginaire, qui favorise l’expérimentation et la créativité. Finalement, elle offre une rétroaction rapide de l’environnement simulé. Cela a un effet motivant pour les participants.
—Extrait du Guide d’enseignement [docx] des Simulations de guerre civile
Des simulations flexibles
Le Guide d’enseignement présente en détail 3 mécaniques d’utilisation des scénarios:
- en classe (synchrone et présentiel)
- en classe et à distance (hors classe, de façon asynchrone ou synchrone — sur Teams, par exemple)
- à distance (dans le cadre d’un cours à distance ou simplement en dehors des heures de cours)
Par ailleurs, comme tous les scénarios sont présentés en format Word, les ressources sont aisément modifiables.
La flexibilité vient aussi du fait que les guerres civiles simulées se déroulent dans des pays fictifs. Si vous voulez, par exemple, insister sur la situation des personnes réfugiées pendant la guerre, vous pouvez ajouter des camps de réfugiés au scénario que vous avez choisi beaucoup plus facilement que si vous deviez vous coller à une situation réelle, actuelle ou passée.
Déroulement des simulations
Préparation
Avant toute chose, les élèves doivent se préparer à la simulation. Le Guide d’enseignement suggère de faire travailler les élèves soit sur un cas de conflit réel (par exemple, la guerre civile au Yémen), soit sur une problématique particulière liée à un conflit (par exemple, la réduction de l’espace humanitaire). Les élèves peuvent d’abord produire un travail écrit en équipe, puis le partager au reste du groupe par un exposé oral ou une vidéo. Les auteurs des simulations estiment que cette phase de préparation devrait durer 3 ou 4 semaines.
La préparation à la simulation inclut aussi de bien présenter le scénario aux élèves (présenter la mise en situation, expliquer les règles du jeu) et d’attribuer les rôles. Les élèves pourront donc établir (individuellement ou en équipe) un plan stratégique préliminaire avant même le début officiel de la simulation.
Toutes les informations relatives aux conflits sont contenues dans les 3 scénarios:
- les informations relatives aux pays fictifs impliqués dans les conflits (incluant des cartes exclusives, des statistiques et bien plus)
- l’historique des conflits
- les présentations des acteurs et actrices du conflit qui seront incarnés par les élèves
- etc.
Les règles du jeu sont détaillées dans le Guide d’enseignement.
Simulation
La simulation en tant que telle dure environ 3 semaines. Chaque semaine, il peut y avoir:
- des négociations informelles entre les joueurs et les joueuses
- des actions militaires par les acteurs et actrices qui le peuvent
- des actions humanitaires, communautaires et civiles
- des déclarations officielles faites par les différentes parties (condamnation, appel à l’intervention, sensibilisation…)
- des négociations officielles (conférences, rencontres diplomatiques, etc.)
- etc.
Bilan
Après la simulation, il faut garder du temps pour faire un bilan collectif et individuel. Pendant la phase collective du bilan, les élèves peuvent découvrir les stratégies «secrètes» de leurs adversaires. Le bilan individuel est un exercice réflexif et métacognitif qui permet entre autres à l’élève de tisser des liens entre la simulation et des apprentissages plus larges.
Apprendre en s’amusant avec les jeux de rôles
Simulations de guerre civile semble une ressource extrêmement intéressante. Si les simulations vous intéressent, découvrez d’autres textes publiés sur le site Éductive, dont:
- le récit de pratique de 2016 sur la ressource Simulation politique, un autre jeu de rôles développé par le CCDMD. Il s’agit de 15 scénarios de simulations différents (certains très brefs, d’autres plus longs) qui servent à découvrir la vie politique québécoise et canadienne.
- le récit de pratique d’un enseignant et d’une enseignante de philosophie du Collège André-Grasset qui utilisent les jeux Reacting to the Past [en anglais] en classe
- le récit de pratique de 2 enseignants de Humanities du Collège LaSalle qui ont intégré en classe le jeu Shock
Enseignants et enseignantes de Sciences humaines, avez-vous utilisé Simulations de guerre civile dans vos cours? Mettez-vous en œuvre d’autres jeux de rôles? Partagez-nous votre expérience dans les commentaires ou contactez notre équipe pour partager votre expérience!
Et s’il y a d’autres notions qui se prêteraient bien à faire l’objet de simulations dans votre programme, n’oubliez pas que le CCDMD lance un appel de projets chaque année. Profitez de l’occasion pour obtenir le soutien dont vous avez besoin pour réaliser votre projet!
Je serais bien curieuse de savoir s’il serait possible d’adapter l’activité pour les guerres mondiales (ça me semble assez ambitieux)!
Sans aucun doute! Mais le fait que les scénarios proposés ici soient fictifs les rend beaucoup plus flexibles. Aussi, cela permet aux élèves de faire preuve de plus de créativité: avec un scénario basé sur un événement historique, ils et elles risquent davantage de se contenter de reproduire ce qui est réellement arrivé (ce qui n’est pas nécessairement inintéressant, mais… différent). Il y a une section du Guide d’enseignement dans laquelle les auteurs parlent de leur choix d’opter pour des scénarios fictifs (à la p. 2 (paginée) du guide).
Bonjour Catherine !
Je pense qu’il y a une erreur dans les liens recommandés vers la fin de l’article. Les deux derniers liens mènent vers le même article.
Pour ceux qui comme moi voulaient lire sur Reacting to the Past, voici le lien : https://eductive.ca/ressource/jeux-de-role-en-philosophie-engager-les-etudiants-comme-jamais-auparavant/
Merci beaucoup pour l’excellent article et les belles ressources.
Bonjour Simon,
Toujours un plaisir de savoir que tu nous lis 🙂 Nous avons corrigé la coquille qui s’était glissée dans le texte. Merci pour ton œil de lynx !
Au plaisir de te croiser prochainement dans un évènement pédagogique du réseau !