Les cartes conceptuelles pour soutenir un apprentissage plus approfondi de la grammaire
Je n’ai jamais aimé les organigrammes ni les cartes mentales. Ils sont censés simplifier les choses (je crois), mais je trouve qu’ils portent à confusion. Alors, lorsque j’ai suivi un cours Performa offert par Christian Barrette, un expert avec les cartes conceptuelles, je suis réellement sortie de ma zone de confort. C’est à ce moment que j’ai appris que, bien qu’une carte conceptuelle ressemble à une carte mentale, elles sont très différentes. Pendant le cours, j’ai dû élaborer des cartes conceptuelles que je pourrais utiliser avec mes étudiants. J’ai tellement été charmée par leur potentiel pour aider les étudiants que j’en ai fait l’objet de mon mémoire de maîtrise. Depuis, je les utilise régulièrement en classe et les résultats sont très positifs.
Qu’est-ce qui caractérise une carte conceptuelle?
Une carte conceptuelle :
- est organisée
- se lit de haut en bas ou de gauche à droite
- contient des verbes qui relient des idées, créant ainsi des phrases
- est de taille limitée
- répond à une question
Voici un exemple de carte conceptuelle simple :
Les cartes conceptuelles sont très utiles pour approfondir les apprentissages, puisque les verbes qui relient les concepts créent des relations significatives. Par exemple, on peut apprendre une catégorie grammaticale en lisant des définitions dans une liste. Cependant, une carte conceptuelle permet aux étudiants d’en apprendre plusieurs et de faire des liens entre celles-ci. L’apprentissage devient ainsi plus signifiant et l’information est plus facilement retenue. Il est également important que la carte conceptuelle demeure relativement petite, puisque le cerveau peut seulement absorber que 5 à 9 nouveaux concepts à la fois.
Les cartes conceptuelles ont-elles leur place dans l’enseignement des langues?
Absolument! La langue sert à communiquer et heureusement, les cours d’anglais langue seconde d’aujourd’hui ont peu à voir avec l’apprentissage par coeur de la grammaire, qui était la norme il y a plusieurs décennies. Cependant, je suis fortement en désaccord avec l’approche communicative qui encourage l’apprentissage implicite de la langue.
Apprendre sa propre langue maternelle depuis la naissance n’est pas la même chose que d’apprendre une langue à l’école. Les études montrent qu’à mesure que les gens vieillissent, leur capacité à apprendre une nouvelle langue de manière implicite diminue, alors que l’apprentissage explicite peut se produire à tout âge.
Étonnamment, les taux d’échec les plus élevés dans les cours d’anglais au cégep correspondent au niveau d’anglais le plus faible. Après avoir enseigné pendant 25 ans, j’en conclus que le manque d’enseignement explicite de la langue, tout au long du primaire et du secondaire, ne rend pas service aux étudiants. Plusieurs échouent à un cours où l’accent est mis sur les éléments les plus basiques de la langue anglaise, qu’ils sont censés avoir appris de façon implicite depuis près de 10 ans.
Par exemple, la plupart des étudiants des niveaux d’anglais les plus bas au cégep ont de la difficulté à savoir comment et quand utiliser les temps de verbe du simple present et du present progressive. Si l’on fait des exercices avec un seul temps de verbe, ils s’en sortent plutôt bien, mais si je leur demande de parler d’eux-mêmes, ils sont rarement capables d’utiliser le temps de verbe approprié sans aide.
Je me suis alors demandé si les cartes conceptuelles pouvaient les aider à acquérir une compréhension plus profonde et plus intuitive des 2 temps de verbe en les comparant dès le départ. Plutôt que de seulement leur enseigner ces temps de verbe l’un après l’autre, j’ai utilisé une carte conceptuelle pour leur enseigner les 2 à la fois.
Comment les cartes conceptuelles peuvent-elles être intégrées dans le cours?
En préparant mes cartes conceptuelles, j’ai tenu compte des facteurs suivants :
- Les étudiants avaient peu d’expérience de l’apprentissage des règles de la grammaire en anglais.
- La plupart, sinon tous, n’avaient jamais utilisé de cartes conceptuelles pour apprendre.
Bien qu’une carte conceptuelle soit plus efficace lorsqu’elle est créée par l’apprenant, je ne pouvais pas m’attendre à ce que les étudiants créent la leur sans devoir consacrer du précieux temps de classe à leur apprendre comment faire. À la place, j’ai créé des cartes conceptuelles à remplir avec Cmap Tools. J’ai demandé aux étudiants de les compléter pour renforcer ce qu’ils venaient d’apprendre.
Le tableau suivant résume mon utilisation des cartes conceptuelles pendant que j’enseignais les temps de verbe du simple present et du present progressive, un processus qui s’étire sur 4 à 5 semaines :
Ce que j’enseigne | Ce que les étudiants font avec la carte conceptuelle | |
---|---|---|
Semaine 1 | Expliquer le concept du present time (routine vs. action en train de se dérouler) et les marqueurs temporels (often vs now). Ces éléments sont essentiels pour comprendre la raison pour laquelle il existe 2 temps de verbe au présent. | Inscrire les marqueurs temporels dans le contexte approprié. |
Semaine 1 | Réviser le concept de present time et des marqueurs temporels. | Inscrire les marqueurs temporels et les noms des temps de verbe dans le contexte approprié. |
Expliquer le nom des temps de verbe (simple present; present progressive). | ||
Semaine 2 | Réviser le concept de present time, les marqueurs temporels et le nom des temps de verbe. | Inscrire les marqueurs temporels, les noms des temps de verbe et les règles de conjugaison de la forme affirmative dans le contexte approprié. |
Expliquer la conjugaison de la forme affirmative. | ||
Semaine 3 | Réviser le concept de present time, les marqueurs temporels et le nom des temps de verbe. | Inscrire les marqueurs temporels, les noms des temps de verbe et les règles de conjugaison de la forme négative dans le contexte approprié. |
Expliquer la conjugaison de la forme négative. | ||
Semaine 4 | Réviser le concept de present time, les marqueurs temporels et le nom des temps de verbe. | Inscrire les marqueurs temporels, les noms des temps de verbe et les règles de conjugaisons de la forme interrogative dans le contexte approprié. |
Expliquer la conjugaison de la forme interrogative. |
Au début, les étudiants n’étaient pas certains de ce qu’ils devaient faire avec la carte conceptuelle. Ils avaient besoin d’accompagnement et particulièrement d’apprendre à lire la carte conceptuelle comme un ensemble de phrases, pas seulement comme des cases à remplir de manière aléatoire.
Voici un exemple de l’une de mes cartes conceptuelles, que les étudiants devaient compléter à partir d’une liste de mots qui leur était fournie :
Les formes et les couleurs sont les mêmes d’une carte à l’autre. Chaque nouvelle carte s’appuie sur la précédente afin d’offrir plusieurs répétitions. Les activités de communication ont aussi lieu sur une base hebdomadaire afin de renforcer les notions apprises.
Les cartes conceptuelles aident-elles réellement les étudiants à apprendre l’anglais?
Les cartes conceptuelles ne sont pas une solution miracle et n’aideront pas un étudiant qui n’est pas motivé à apprendre. Cependant, bien que je ne dispose pas d’une étude quantitative prouvant que cela fonctionne, mes observations me portent à croire qu’elles peuvent considérablement aider les étudiants qui font l’effort de se pratiquer et d’étudier. J’ai vu des résultats plus élevés dans les examens de grammaire et une meilleure utilisation des temps de verbe au présent dans les écrits de ceux que je considère comme des étudiants assidus. Un petit groupe témoin d’étudiants m’a aussi dit que les cartes conceptuelles les avaient aidés.
J’utilise présentement des cartes conceptuelles pour les temps de verbe et les auxiliaires modaux dans les cours d’anglais des niveaux plus faibles, et j’en utilise d’autres pour renforcer la structure des compositions écrites pour les niveaux plus élevés. Mais les possibilités sont infinies. Lorsqu’elles sont utilisées adéquatement, les cartes conceptuelles sont des outils formidables pour aider les étudiants à s’approprier plusieurs aspects de l’apprentissage d’une langue.
L’application que vous utilisez est-elle gratuite? Sur Mac ou PC ?
Oui, l’applicaiton est gratuit et selon le site fonctionne sur Mac et PC.
https://cmap.ihmc.us/cmaptools/cmaptools-download/
bonjour, j’aimerais juste savoir est ce que vous avez intégré cette méthode pédagogique sans avoir un consentement de la part des étudiants, je compte utiliser la même méthode dans le cadre d’un mais je me mémoire de fin d’études mais je me pose la question ; est ce que je l’intègre directement ou bien dois – je avoir le consentement des étudiants;
je vous remercie
Bonjour,
Non, je n’ai pas demandé le consentement des élèves, tout comme je ne demanderais pas le consentement de faire une activité de prononciation, ou une autre activité de grammaire. C’était un outil parmi d’autres pour enseigner et réviser; ce n’était qu’un petit parti de mon cours.
Hello.
No, I did not ask their permission to use them in class. As a teacher, it is my prerogative to choose the activities for teaching, learning and reviewing. Also, concept mapping is only a very small part of the course used with more traditional teaching and exercises, as well as speaking, writing, reading and listening activities. However, I asked students to participate in a focus group for my research paper. Then, of course, the proper ethics procedures had to be followed and they signed a consent form.
Bonjour,
il existe également un logiciel libre permettant de faire des cartes conceptuelles.
Il s’agit de VUE.
https://vue.tufts.edu/
Cordialement,