Quand une sortie sur le terrain est importante pour les apprentissages des étudiants et que sa réalisation dépend de la météo, la réalité virtuelle est une option de remplacement à envisager!
Depuis plusieurs années, Sylvain donne le cours Mesures d’intervention à la session d’hiver aux étudiants de 2e année de Techniques du milieu naturel, voie de spécialisation Protection de l’environnement, au Cégep de Saint-Félicien. Ce cours aborde une foule de thématiques différentes et est aussi l’occasion d’organiser des activités de terrain. Toutefois, il y a souvent encore de la neige au sol à la fin de la session et les cours d’eau sont souvent gonflés par la crue printanière, ce qui empêche la réalisation des activités à l’extérieur. La réalité virtuelle est apparue comme une avenue intéressante pour approfondir les connaissances et compétences des étudiants sans subir les affres de dame Nature.
La naissance du projet
Le cours Mesures d’intervention comporte une grande part de théorie qui prend tout son sens avec les activités de terrain. Cependant, en 5 ans, il n’a été possible d’aller sur le terrain qu’à 2 occasions en raison des conditions météorologiques défavorables.
Pour résoudre ce problème, divers scénarios ont été imaginés, dont celui de déplacer le cours à la session d’automne pour avoir un peu plus de latitude côté météo. Toutefois, cette solution a été rejetée, car certaines compétences acquises dans le cours étaient préalables pour les cours ayant lieu l’automne suivant.
Estelle Girard, conseillère pédagogique et répondante TIC au Cégep de Saint-Félicien, a participé à l’édition d’automne 2019 du Numéricamp organisé par l’APOP dont le thème était la réalité virtuelle. Elle a constaté le très grand potentiel pédagogique de cette technologie. Le casse-tête de Sylvain pour ses sorties sur le terrain est apparu comme le bon projet pour tester la réalité virtuelle!
Les différentes étapes du projet
Sylvain a obtenu une libération pour la mise en œuvre de son projet de réalité virtuelle. Laurie Caron, technicienne en audiovisuel, Valérie Deschênes, conseillère pédagogique, et lui ont travaillé fort pour donner vie à son projet.
L’activité que nous tentions année après année de réaliser était d’aller capturer différentes données et de proposer un aménagement pour contrer la dégradation de berges d’un terrain affecté par l’érosion.
Nous avons d’abord identifié un lieu problématique: les berges de la Petite rivière Eusèbe requièrent une intervention sous peu pour stabiliser le sol. Puis, nous nous sommes rendus sur les lieux pour réaliser une série de photos et de vidéos en vue de créer nos vidéos immersives.
Notre prise de photos s’est avérée plus ardue que prévu. Lors de la journée dédiée à celle-ci, la pluie s’est mise de la partie. De plus, la berge choisie est apparue plus escarpée et accidentée que ce qui avait été anticipé.
À l’aide d’une caméra 360°, nous avons pris des photos 2D et filmé l’escarpement de la berge pour permettre aux étudiants d’évaluer avec précision le volume du sol à excaver pour adoucir la berge et ainsi la stabiliser.
Pour Laurie, c’était une première incursion dans l’univers de la réalité virtuelle. À l’aide d’un logiciel pour créer des effets spéciaux, Adobe After Effects, elle a réussi à apposer sur les séquences vidéos 360° les photos 2D que nous avons prises des berges de la Petite rivière Eusèbe. Laurie a créé 12 vidéos 3D dans lesquelles elle a inséré judicieusement 121 photographies 2D. Ces photos représentent les mesures que les étudiants auraient normalement prises sur le terrain et inscrites sur leur fiche de prise de données.
La réalité virtuelle en classe
Dans le cadre d’un projet en équipe valant pour 20% de la session, les étudiants ont dû définir une aire des berges de la Petite rivière Eusèbe à excaver et estimer de manière précise le volume à creuser pour adoucir la rive.
Le Cégep de Saint-Félicien possède 3 casques de réalité virtuelle Oculus Go. Cela tombait bien, car les 2 groupes de Sylvain étaient composés chacun de 9 étudiants qui étaient placés en équipe de 3.
En équipe, les étudiants ont dû:
- faire une brève présentation écrite de la problématique
- prélever (virtuellement) les informations nécessaires pour leurs calculs à l’aide de la fiche de prise de données qu’ils utiliseraient habituellement lors d’une sortie sur le terrain
- colliger et interpréter les résultats qu’ils ont obtenus
- proposer un aménagement de la rive de la rivière.
Les étudiants ont vraiment aimé utiliser cette nouvelle technologie. Ils ont été impressionnés par son caractère immersif et ludique. Par le plus pur des hasards, dans chaque équipe, un étudiant était un peu plus féru de jeux vidéos et de technologies et il était en mesure d’aider ses pairs à s’approprier la réalité virtuelle. L’activité s’est très bien déroulée en classe.
L’hiver où nous avons décidé d’implanter ce projet en classe a finalement été très clément. Sylvain a proposé de manière formative et optionnelle à ses étudiants de refaire la même activité lors d’une sortie sur les rives d’un autre cours d’eau. Ceux-ci ont beaucoup aimé réaliser l’activité à l’aide de la réalité virtuelle et aussi en personne. Nous avons pu constater lors de cette activité sur le terrain que l’activité de réalité virtuelle a permis aux étudiants de pleinement acquérir les compétences attendues, ce qui est génial !
Bref, ce que nous retenons de l’implantation de la réalité virtuelle dans le cours Mesures d’intervention est qu’il faut utiliser la bonne technologie pour le bon projet. Bien que la réalité virtuelle ait un aspect très attractif et ludique, c’est sa capacité à répliquer la réalité du terrain en classe qui a permis aux étudiants d’acquérir les compétences dont ils auront besoin pour exercer leur futur métier.