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13 mars 2023

La pédagogie extérieure — Les balades pédagogiques, un balado du Collège André-Grasset

L’idée de sortir de votre classe pour enseigner en plein air vous charme, mais vous ne savez pas exactement comment cela pourrait se traduire dans votre contexte d’enseignement? Découvrez les témoignages de 3 enseignantes de mathématiques, de sociologie et de biologie au Collège André-Grasset dans un épisode du balado Les balades pédagogiques enregistré par leurs conseillères pédagogiques Magalie Fournier-Plouffe et Mélanie Dulong.

Les balades pédagogiques: saison 1, épisode 2 — La pédagogie en plein air 

Depuis mon entretien, en octobre 2022, avec Amanda-Emilie Côte-Boudreau, du Cégep de la Gaspésie et des Îles, je m’intéresse beaucoup aux pratiques des enseignants et des enseignantes du réseau collégial en matière de pédagogie extérieure.

J’ai été enchantée de découvrir un épisode du balado Les balades pédagogiques dans le cadre duquel les enseignantes Mylène Caza, Aurélie Quesada et Sylvie Maheu du Collège André-Grasset discutent de leurs expériences d’enseignement en plein air.

Les balades pédagogiques, saison 1, épisode 2: La pédagogie en plein air

L’épisode a été enregistré à l’hiver 2021, après une année chamboulée par la pandémie de COVID-19.

Au début de l’épisode, les animatrices Magalie Fournier-Plouffe et Mélanie Dulong font la distinction entre 2 types de pédagogie extérieure:

  1. Enseigner à l’extérieur sans nécessairement faire référence à la nature ou à l’environnement avoisinant dans son enseignement. On va à l’extérieur pour se ressourcer ou changer d’air, mais pas pour étudier la nature comme telle. Par exemple, on sort au grand air pour:
    • faire une période de lecture
    • donner un cours magistral sur n’importe quel sujet
    • etc.
  2. Se rendre à l’extérieur en ayant comme objectif d’utiliser l’environnement comme ressource pédagogique. On sort des murs du collège pour:
    • tourner une vidéo pour travailler les choix esthétiques relatifs au tournage en plein air
    • faire la critique d’une oeuvre littéraire qui se déroule dans le lieu où l’on est
    • faire une visite guidée historique ou sociologique d’un quartier

Les 2 derniers exemples donnés par Magalie m’ont rappelé le récit d’Alex Duchesne, qui utilise une balade dans le Vieux-Québec pour enseigner la littérature québécoise

Le témoignage de Mylène Caza, enseignante de mathématiques

Mylène Caza enseigne les mathématiques. Elle a donné plusieurs séances de cours à l’extérieur.

Par exemple, dans un cours sur les paraboles, elle a exploité le talent de 2 étudiants de son groupe qui étaient membres de l’équipe de football du collège. Elle leur a demandé de lancer le ballon et a mesuré la longueur et la hauteur du lancer. Le groupe s’est déplacé dans les gradins de la classe extérieure du collège, où il y a un tableau. Mylène a pu calculer avec le groupe l’équation de la parabole représentant la trajectoire du ballon.

Pour une autre séance de cours, Mylène Caza a réutilisé des questions qu’elle utilisait les années antérieures dans un quiz de révision en vue d’un examen. Elle a imprimé les questions, a plié les feuilles en forme d’avion et les a cachées un peu partout sur le terrain du collège. En équipe de 2, les étudiants et les étudiantes devaient chercher les feuilles, répondre aux questions et revenir voir Mylène pour valider leurs solutions. Selon Mylène, les élèves ont davantage participé à cette variante de l’activité que par le passé, quand elle prenait la forme d’un quiz plus traditionnel en classe.

Le témoignage d’Aurélie Quesada, enseignante de sociologie

Aurélie Quesada a construit 6 ateliers pour les élèves du programme Sciences humainesPLUS du Collège André-Grasset. Seulement 4 se sont finalement déroulés à l’extérieur à l’automne 2020: 1 a eu lieu à l’intérieur pour cause de pluie, et 1 autre, le dernier, a eu lieu à distance sur Zoom étant donné que le Collège André-Grasset était passé en zone rouge pendant la pandémie.

Les ateliers misaient sur des discussions en grand groupe. Au début de la session d’automne 2020, le temps était clément et les élèves et l’enseignante ont trouvé l’expérience très agréable.

Pour Aurélie Quesada, être à l’extérieur a l’avantage de faciliter la concentration, ce qui est très bienvenu alors que de plus en plus de jeunes ont un trouble de concentration diagnostiqué. (Mélanie a ajouté que c’était également un bénéfice pour la concentration de l’enseignant ou de l’enseignante!)

Aller à l’extérieur sans avoir à réinventer ses cours

Comme le soulignent Mélanie, Mylène et Aurélie, la stratégie de Mylène et Aurélie, qui consiste à réutiliser du matériel déjà éprouvé dans une classe extérieure plutôt que dans un local traditionnel, est une bonne façon d’apprivoiser la pédagogie extérieure Ça n’impose pas de réinventer ses cours et son matériel pédagogique, mais ça permet de profiter des bienfaits de l’enseignement en plein air!

La prise de notes en plein air

Aurélie a expliqué qu’elle est très contente d’avoir réalisé ses ateliers de discussions à l’extérieur, mais elle n’aurait pas donné un cours où la prise de notes abondantes aurait été nécessaire. Les ordinateurs portables peuvent manquer de batterie et les gradins de la classe extérieure du Collège André-Grasset ne permettent pas une prise de notes très ergonomique.

Mylène a répondu que, pour la prise de notes, ses élèves avaient instinctivement utilisé les gradins d’une façon novatrice: ils se sont assis à l’endroit conçu pour mettre les pieds, de façon à pouvoir poser leurs cahiers sur le banc de la rangée devant eux. D’autres élèves d’un naturel plus actif ont préféré rester debout près des gradins en posant leurs cahiers sur le rebord des gradins, de façon à pouvoir écrire tout en étant debout.

Malgré ce confort relatif possible, Mylène a expliqué que la prise de notes se compliquait lorsqu’il ventait: les feuilles lignées qui s’envolent, les cheveux qui cachent la vue (… les robes qui lèvent au vent!).

Notez que, depuis l’enregistrement du balado, le Collège Grasset s’est doté d’une classe extérieure munie de tables qui facilitent la prise de notes.

Le témoignage de Sylvie Maheu, enseignante de biologie

Sylvie Maheu a été inspirée par une activité faite par son fils de secondaire 1 en 2019-2020 dans son cours de sciences. L’application gratuite Seek [en anglais] était utilisée par les jeunes de la classe de son fils pour distinguer des éléments vivants d’éléments non vivants. Quand on prend une photo d’un être vivant, Seek identifie l’espèce à laquelle il appartient.

Dans le cadre du cours obligatoire de biologie en Sciences de la nature, qui porte entre autres sur l’écologie, Sylvie a monté une activité que ses collègues et elles ont ensuite pu mettre en œuvre.  L’activité consistait à relever l’un des défis proposés par l’application Seek. Il s’agissait d’observer et d’identifier 10 espèces urbaines différentes (allant de l’oiseau, au végétal, à l’araignée). Les élèves se sont réunis sur les terrains du collège pour écouter leurs enseignants et enseignantes présenter le défi et les lignes directrices, puis les élèves sont partis explorer les environs pour relever le défi individuellement. Ils et elles ont recensé leurs espèces dans un document partagé avec les enseignants que ceux-ci ont validé.

Puis, en équipe de 2, les élèves ont rassemblé leurs espèces pour monter un réseau trophique. La confection de ce réseau trophique a été appuyée par des notions d’écologie enseignées au cours de la session et aussi par l’intégration d’espèces complémentaires sélectionnées judicieusement par les étudiants afin de le compléter et l’enrichir. La remise constitue le travail de session.

La période d’observation a eu lieu au début de la session d’automne, quand la température permet d’observer une plus grande biodiversité. Toutefois, le travail final était à remettre vers la fin de la session. Ce projet a donc été en trame de fond pendant tout le cours de Sylvie Maheu et de ses collègues.

Sylvie a beaucoup aimé voir l’émerveillement de ses élèves quand ils et elles observaient une nouvelle espèce pour la 1re fois ou apprenaient le nom d’une espèce qu’ils côtoient depuis longtemps.

[L’activité] a permis [aux étudiants] de prendre possession du monde dans lequel ils vivent. Et ça, ça n’a pas de prix!

[…]

L’école, c’est pertinent quand on connecte la matière avec la réalité. Le but, c’est de rejoindre les gens pour qu’ils comprennent que ce n’est pas juste de la matière qu’il faut qu’ils apprennent par cœur; que dans la vraie vie, ça peut être utile.

—Sylvie Maheu

Préparer les étudiants et les étudiantes

Les intervenantes ont toutes été d’accord pour dire qu’il était important d’aviser les élèves à l’avance. Prévenez-les de s’habiller chaudement, voire d’apporter des couvertures (selon la saison).

Pour leur chasse aux espèces vivantes, Sylvie a prévenu ses élèves de porter des souliers qu’ils pourraient salir sans regret et de pleinement charger leur téléphone avant le cours.

N’ayez pas peur de vous lancer

Les 3 enseignantes ont dit qu’elles n’hésiteraient pas à réitérer l’expérience dans le futur.

Mylène encourage tout le monde à essayer la pédagogie extérieure, ne serait-ce que pour les 15 dernières minutes d’un cours, pour vivre l’expérience. Idéalement, choisissez un cours (ou une portion de cours) qui ne vous demandera pas de remplir de nombreux tableaux ou d’écrire de longs  textes ou des formules. Puis… lancez-vous!

Pour entendre les témoignages complets de Mylène, Aurélie et Sylvie, écoutez l’épisode.

Si comme moi vous avez adoré cet épisode du balado Les balades pédagogiques, écoutez les autres:

Mes plus vifs remerciements à Magalie Fournier-Plouffe pour m’avoir fait connaître Les balades pédagogiques, avoir accepté de partager ce balado avec nous et avoir collaboré à la rédaction de cet article.

À propos de l'auteure

Catherine Rhéaume

Catherine Rhéaume est éditrice et rédactrice pour Éductive (auparavant Profweb) depuis 2013. Elle est enseignante de physique au Cégep Limoilou. Elle est également auteure de différents cahiers d’apprentissage pour la physique et pour la science et la technologie au secondaire. Son travail pour Éductive l’amène tout naturellement à s’intéresser à la pédagogie numérique et à l’innovation pédagogique.

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