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8 mai 2019

Les outils du web 2.0 comme source de motivation pour les étudiants

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Ce texte a initialement été publié par Profweb sous licence CC BY-NC-ND 4.0 International, avant la création d’Éductive.

À l’ère des milléniaux, on peut difficilement éviter d’utiliser les TIC dans les classes d’anglais langue seconde. La question qui se pose plutôt est « Dans quel but utilisez-vous actuellement les TIC? » : administration, facilitation de l’enseignement, support d’objectifs pédagogiques comme l’apprentissage en profondeur? Plusieurs d’entre nous utilisent les technologies sans savoir de quelle façon elles affectent l’apprentissage des étudiants. Étant moi-même passé d’utilisatrice réfractaire de Moodle à utilisatrice proactive, j’ai utilisé toutes sortes de technologies au cours des 12 dernières années, dans mon enseignement de l’anglais langue seconde. Les étudiants semblaient aimer les activités, même si elles entrainaient du stress ou de l’anxiété pour certains. Conséquemment, pour mon projet de recherche, dans le cadre de ma maîtrise avec Performa, j’ai décidé d’enquêter sur la façon dont les TIC, et en particulier les outils du web 2.0, pouvaient être une source de motivation pour les étudiants plus faibles en anglais langue seconde, comme les étudiants du niveau 100 au collégial.

Cadre de référence et outils

Ma recherche était basée sur le modèle socioéducationnel de R. C. Gardner (1985). Les questions de son test des attitudes [en anglais] ont été adaptées à mes besoins et aux outils technologiques que j’utilise. J’ai aussi choisi des outils du web 2.0 en fonction de la liste d’outils TIC utilisés en anglais langue seconde [en anglais] de Chhabrah.

J’ai conçu le cours en utilisant plusieurs outils technologiques. Comme outil d’administration, je devais utiliser la plateforme Omnivox, mais j’utilisais Moodle pour la gestion de classe. Je m’en servais principalement pour organiser le contenu hebdomadaire : devoirs, documents, liens et ressources. J’ai aussi utilisé le laboratoire de langues et les étudiants pouvaient accéder à la plateforme au moyen de leurs téléphones cellulaires.

En outre, les étudiants avaient un compte Google pour l’éducation (G-suite), choisi notamment en raison de son approche collaborative,ses fonctions de partage et son rôle facilitateur dans la production de contenu en ligne. C’est également facile d’y ajouter des extensions ou d’autres applications comme Lucidchart. Le fait d’être accessible en ligneen tout temps, n’importe où et à partir de n’importe quel appareil était très utile pour le cours étant donné que nous n’avions pas toujours accès au laboratoire d’informatique. Les étudiants pouvaient alors utiliser leur téléphone, tablette ou portable. Les étudiants ont téléchargé les applications et les dictionnaires en ligne sur leurs téléphones.

Le dernier outil utilisé était une licence gratuite du site d’apprentissage de l’anglais langue seconde EnglishCentral [en anglais], principalement pour améliorer l’écoute, acquérir du vocabulaire, pratiquer l’expression orale et la prononciation, et pour améliorer l’aisance. Par exemple, les étudiants devaient visionner une vidéo, compléter le script lorsque la vidéo rejouait, répéter les phrases, et et ils recevaient ensuite une rétraction immédiate. C’est un aspect que les étudiants appréciaient beaucoup. Cela améliorait leur perception d’eux-mêmes et leur confiance en eux.

Capture d’écran d’une activité vidéo sur EnglishCentral

Exemple d’une séquence d’apprentissage enracinée dans la technologie

Voici un exemple de façon dont les outils du web 2.0 peuvent être intégrés pour pratiquer différentes habiletés, alors que les étudiants travaillaient sur le thème du marketing et des habitudes de consommation :.

  • Les notions de grammaire étaient révisées dans une approche de classe inversée. En utilisant des tutoriels de grammaire sur le site web EnglishCentral et d’autres tutoriels en ligne, les étudiants devaient prendre des notes en remplissant des canevas de tableaux. Ils devaient aussi compléter des exercices en ligne. En classe, les notions de grammaire (devoir) étaient révisées au moyen de quiz Kahoot. En équipes, les étudiants devaient trouver des réponses appropriées aux questions. Des explications étaient fournies en fonction de leurs réponses. Cela leur permettait de réaliser quelle partie ils comprenaient et quelle partie ils ne comprenaient pas. Plus de pratique leur était ensuite suggérée, en plus des activités d’expression orale faites en classe.

    Exemple d’un quiz Kahoot

  • Sur EnglishCentral, les étudiants devaient regarder de courtes vidéos chaque semaine. Ils pratiquaient l’écoute, le vocabulaire et l’expression orale. Ils devaient aussi lire des textes et écouter des vidéos plus longues sur le sujet. Pour chacune, ils devaient produire une carte-résumé avec LucidChart. La carte pouvait ensuite être partagée avec leurs pairs et avec l’enseignante pour la rétroaction et la correction.

    Exemple d’une carte conceptuelle-résumé créée avec LucidChart

  • En guise de projet, en équipes, les étudiants devaient créer un sondage avec Google Formulaires, à propos des habitudes de consommation. Le sondage était entièrement en anglais, et lié à ce qui avait été appris dans les textes et les vidéos. Le sondage était aussi partagé et révisé par l’enseignant et les pairs avant d’être envoyé. Le sondage était envoyé par courriel aux amis, membres de la famille et collègues de travail.
  • Une fois les données recueillies, les étudiants, individuellement, enregistraient un compte-rendu de leurs résultats dans le laboratoire de langues de Moodle.
  • Comme étape finale, les étudiants devaient écrire un article dans Google Documents, au sujet du marketing. Pour faciliter leur travail, l’enseignante leur donnait quelques choix. Grâce à leurs cartes-résumés et aux résultats de leur sondage, ils avaient en main les informations nécessaires pour écrire leur article. Leur travail était partagé avec leur enseignante et recevait des rétroactions en ligne. Les étudiants étaient en mesure de le réviser avant d’en remettre la version finale.

Utiliser autant d’outils technologiques peut avoir l’air accablant et vous pouvez penser que cela créait de la confusion chez les étudiants, mais la plupart des étudiants ont rapidement maîtrisé les outils, puisqu’ils étaient introduits un à la fois. Seuls quelques étudiants ont eu besoin de davantage de soutien et d’aide quand un nouvel outil était utilisé.

Résultats et observations

La question est : « Au final, ces outils ont-ils motivé les étudiants à apprendre l’anglais en tant que langue seconde? » La réponse est oui, cela les a motivés, mais jusqu’à quel point? En me référant au modèle socioéducationnel de Gardner, j’ai observé que les attitudes des étudiants envers l’anglais comme langue seconde et sa communauté ont changé:

  • Il y a eu une augmentation de 8% du nombre d’étudiants ouverts à la communauté anglophone, entre le début et la fin du cours.
  • Les étudiants ont aussi confirmé l’importance de la langue anglaise pour communiquer, et ont exprimé un désir d’apprendre la langue et d’avoir des amis anglophones.
  • Ils étaient heureux d’apprendre l’anglais et les outils du web 2.0 ont rendu leur apprentissage intéressant et motivant — une augmentation de 14%.
  • De plus, l’utilisation des outils du web 2.0 dans le cours d’anglais leur a permis d’éprouver davantage de plaisir, une augmentation de 10%.

Nos résultats ont également confirmé que, même si les étudiants reconnaissent l’importance de la langue anglaise dans leur programme et en milieu de travail, ils ne pensent pas que ce soit nécessaire pour obtenir un emploi. Malheureusement, mais de façon attendue, les étudiants procrastinent quand vient le temps de faire leur devoir d’anglais, ne prennent pas le temps qui est nécessaire pour tout comprendre, et ils ne valorisent pas nécessairement leur cours d’anglais, par rapport à leurs autres cours.

Sur une note très positive et surprenante :

  • Les facteurs qui influencent le niveau d’anxiété des étudiants ont diminué de 15%.
  • Les étudiants étaient moins gênés de poser des questions en classe devant les autres.
  • Ils étaient moins inquiets à propos de ce que les autres pensaient d’eux pendant qu’ils parlaient.
  • Ils étaient moins nerveux quand ils devaient parler anglais.

Ces résultats signifient que ces étudiants étaient plus enclins à prendre des risques en parlant la langue, pratiquaient davantage et, en conséquence, seraient plus enclins à s’améliorer. Cette recherche n’a pas réellement changé mes pratiques d’enseignement, mais elle a validé l’usage d’outils du web 2.0 pour apprendre l’anglais en tant que langue seconde. Évidemment, ma recherche a ses limites, mais elle peut confirmer aux enseignants qu’utiliser le web 2.0 a des effets positifs sur les étudiants d’anglais langue seconde.

Un sujet qui mériterait maintenant de faire l’objet de recherches, c’est la façon dont les outils du web 2.0 affectent les étudiants et quels outils sont les plus efficaces. De plus, des recherches sur la façon dont les outils du web 2.0 pourraient réduire l’anxiété liée à l’apprentissage de l’anglais seraient profitables aux étudiants du niveau 100. Une chose est sûre : nous n’avons pas fini d’utiliser les technologies dans nos classes.

À propos de l'auteure

Lyly Lessard

Lyly Lessard enseigne depuis plus de 20 ans. Après avoir enseigné au Cégep de Matane, elle est au Cégep de Rimouski depuis 2014. Elle enseigne l’anglais langue seconde et dans le programme Arts, lettres et communication – Option Langues. Elle détient un baccalauréat ès arts avec double majeur en Philosophie et en Sciences religieuses, en plus d’un certificat en enseignement collégial et technique, un diplôme de microprogramme en enseignement de l’anglais, langue seconde et une maîtrise en enseignement collégial – profil technopédagogie. Le sujet de son essai de maîtrise était la motivation des étudiantes et des étudiants de niveau 1 en anglais, langue seconde au collégial et les TIC du web 2.0. Ses intérêts actuels sont la technopédagogie, la neurolinguistique, ainsi que la ludification. Elle est coresponsable du centre d’aide en anglais du Cégep de Rimouski (Cool-Aid Center) avec Jennifer Caylor.

 

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Alexandre Dal-Pan
Alexandre Dal-Pan
14 mai 2019 14h36

Bonjour Lyly,
Merci pour ce magnifique partage d’expérience « techno » qui ne perd pas de vue l’aspect « pédago »! 🙂 Un subtil mélange qui permet, comme vous le montrez dans votre recherche, d’augmenter l’implication et la motivation des étudiants.
Bravo pour toutes vos démarches et merci de les partager ici. C’est un très bel exemple d’intégration progressive des TICs dans un cours, une étape à la fois, pour arriver à une structure « technopédago » efficace et pertinente. 🙂