Connaissez-vous MagicSchool? C’est un outil qui utilise les algorithmes d’intelligence artificielle (IA) générative développés par OpenAI (ChatGPT) spécifiquement pour répondre aux besoins des enseignantes et des enseignants.
Une plateforme offerte en français gratuitement (mais pas à 100%)
La page d’accueil de MagicSchool est en anglais, mais une fois que vous vous créez un compte gratuitement, vous pouvez paramétrer l’outil pour que l’interface soit en français et que les contenus produits le soient également . (Notez toutefois que la traduction est légèrement incomplète, certains encadrés de l’interface étant demeurés en anglais sur certaines pages après que j’ai changé la langue d’affichage.)
La version gratuite de MagicSchool permet un nombre limité de requêtes (la limite varie de façon dynamique en fonction de la demande totale pour le service, pour assurer des performances optimales pour les usagers et usagères qui utilisent la version payante).
Une offre variée inspirante
MagicSchool peut:
- générer un diaporama sur le sujet de notre choix
- générer un plan de leçon
- créer un test à choix multiple
- formuler des rétroactions à transmettre aux élèves
- adapter le niveau de difficulté d’un texte en fonction des besoins d’un élève
- réécrire un texte pour répondre à des besoins particuliers
- générer des images (en utilisant Adobe Express)
- écrire des courriels destinés à des collègues ou à des membres de notre famille et répondre à des courriels
- générer des questions pour guider les élèves lors du visionnement d’une vidéo sur YouTube ou la lecture d’un texte
- imaginer des projets pour vos élèves, dans une approche pédagogique par projets
- rédiger des questions pour un jeu de Jeopardy!
- écrire des blagues que vous pourrez utiliser en classe
- concevoir des activités brise-glace
- écrire des lettres de recommandation ou des mots de remerciement
- … et beaucoup plus encore!
Des tests malheureusement peu concluants (pour moi!)
Personnellement, dans mon enseignement, je n’ai pas encore trouvé de situations dans lesquelles l’IA générative pouvait me fournir du matériel qui réponde à mes besoins et à mes attentes. J’ai fait quelques tests avec MagicSchool sans être davantage impressionnée.
Quand j’ai indiqué à MagicSchool que j’enseignais les sciences au collégial, il m’a recommandé certains de ses outils.
J’ai d’abord testé l’outil «Connexions au monde réel». J’ai demandé à MagicSchool de me fournir des exemples d’applications de la notion de potentiel électrique «dans la vraie vie». Ne pouvant sélectionner «collégial» dans la liste déroulante pour indiquer le niveau scolaire des élèves visés, j’ai choisi «12e année». Les résultats m’ont déçue de par le caractère très simpliste et très général des suggestions proposées. J’ai donc réessayé en choisissant «Université», mais les suggestions étaient exactement les mêmes (même si les phrases étaient formulées de façon légèrement différente).
Ensuite, j’ai testé l’outil «Laboratoires de sciences» en lui demandant de concevoir un protocole de laboratoire sur la résistivité électrique. J’ai précisé à Magic School que le laboratoire devait permettre aux élèves de s’exercer à linéariser des données et que je voulais également que les élèves tiennent compte des incertitudes dans leurs mesures. Le résultat n’était pas erroné, mais la méthodologie proposée aux élèves était peu convaincante. De plus, le traitement des incertitudes qui était proposé était très sommaire et ne respectait pas les attentes de mon département. En d’autres termes, le laboratoire correspondait grosso modo à l’expérience la plus simple que je pouvais imaginer sur le sujet ciblé, mais avec une méthodologie défaillante.
Puis, j’ai essayé l’outil «Générateur de présentation» pour obtenir un diaporama au sujet du potentiel électrique. (L’outil génère le texte à insérer dans un diaporama. On peut l’exporter directement dans Google Slides et choisir un thème ensuite pour égayer la mise en forme.)
Encore une fois, le contenu proposé par MagicSchool ne contenait pas de faussetés, mais était tout de même très décevant. L’enchainement des notions ne me semble pas particulièrement pédagogique. Les notions mathématiques utilisées étaient trop avancées pour mes élèves et la façon d’écrire les équations ne correspondait pas à celle que j’utilise dans mes cours. De plus, même si MagicSchool a produit le diaporama en français, il l’a fait en calquant des pratiques propres à l’anglais, comme mettre des majuscules à tous les mots d’un titre ou d’un sous-titre. Par ailleurs, les listes à puces regroupaient des éléments de différentes natures (phrases complètes, groupes nominaux et groupes verbaux), ce qui n’est pas correct.
C’est MagicSchool qui m’a proposé de lui demander d’inclure des questions dans le diaporama, ce que j’ai trouvé très intéressant. Toutefois, j’ai été déçue des résultats: si je posais les questions proposées par MagicSchool à mes élèves, je ferais face à un silence pesant.
Je suis convaincue que j’aurais pu obtenir de meilleurs résultats en écrivant une requête (invite, prompt) beaucoup plus détaillée, mais je ne suis pas certaine que cela aurait été moins long que d’écrire directement le texte du diaporama moi-même.
Au départ, j’ai été agréablement surprise de voir la diversité des outils proposés par MagicSchool (qui s’apparentent à des réglages préétablis pour ChatGPT). Mais, pour le moment, aucun ne semble vraiment produire des résultats satisfaisants, par rapport à mes besoins professionnels actuels.
Néanmoins, je suis consciente que je n’ai sans doute pas fait les requêtes les plus susceptibles de produire des résultats intéressants.
«Devoirs résistants à l’IA»?
Dans le cadre de la rédaction de ce texte, j’ai discuté avec ma collègue Camille Arpin. Elle m’a parlé de l’outil «Devoirs résistants à l’IA», qui n’avait pas attiré mon attention parmi la très longue liste d’outils proposés par MagicSchool.
L’outil promet des suggestions de modifications à apporter à un devoir pour qu’il soit plus difficile pour les élèves de «sous-traiter» le travail à une IA générative.
J’ai fait le test en expliquant à MagicSchool ce que je demande à mes élèves dans le cadre d’un laboratoire sur la loi d’Ohm. MagicSchool a suggéré 3 éléments supplémentaires que je pourrais demander à mes élèves et qu’une IA aurait de la difficulté à produire. Deux de ces idées étaient non pertinentes (impossibles à appliquer), mais la 3e était réaliste et relativement simple: demander aux élèves de comparer leurs résultats avec ceux d’une autre équipe et discuter des différences. Malgré tout, je ne pense pas appliquer réellement cette suggestion, car je ne crois pas que cela empêcherait les élèves d’utiliser l’IA pour rédiger des portions de leur rapport de laboratoire. Reste que l’idée en soi est loin d’être mauvaise et pourrait sans doute servir dans d’autres contextes.
J’ai l’impression (peut-être à tort, puisque je sors ici de mon champ d’expertise) que cet outil pourrait faire des suggestions plus pertinentes dans d’autres disciplines, comme en philosophie, en littérature ou en sciences humaines. Je pense que cela doit être d’autant plus vrai pour des enseignants et enseignantes de ces disciplines qui n’auraient pas encore adapté les travaux qu’ils et elles demandent à leurs élèves depuis l’avènement de l’IA générative.
Comme Camille enseigne en littérature, j’ai fait le test en me mettant dans la peau d’une enseignante qui demanderait à ses élèves de faire une dissertation critique à la maison. J’ai fait le test 2 fois en changeant légèrement ma requête et 3 des 5 suggestions de MagicSchool me semblent avoir un certain intérêt:
- Intégrer une anecdote personnelle ou une expérience vécue dans la dissertation pour que l’élève illustre sa compréhension des thématiques abordées dans les textes.
Il peut être facile de demander à ChatGPT d’inventer une fausse anecdote, mais cela représente un obstacle éthique supplémentaire pour les élèves et risque de les faire réfléchir. - En plus des arguments et preuves tirés des textes, inclure une analyse comparative des thèmes abordés dans une entrevue avec un enseignant ou une enseignante de littérature ou une autre personne experte en littérature, et joindre un résumé de cette entrevue à la dissertation.
Les enseignants et enseignantes de littérature vont vite tous et toutes être surchargés s’ils et elles sont constamment sollicités par les élèves de leurs collègues désireux et désireuses de les interviewer pour leurs travaux, mais l’idée a quand même un certain potentiel. (Peut-être en demandant que l’entrevue soit faite avec un ou une autre élève, plutôt qu’une personne experte? C’est sans doute moins fort pour réduire le risque d’utilisation de l’IA, mais c’est plus réaliste.) - Créer une présentation multimédia de 5 minutes qui accompagne la dissertation écrite dans laquelle les élèves présentent oralement leurs arguments et leur analyse, en utilisant des éléments visuels pour illustrer leurs points.
Ça n’empêche pas les élèves de présenter oralement des arguments inventés par l’IA, mais ça les force sans doute à (au moins!) y réfléchir un peu pour pouvoir se les approprier de façon convaincante. Cela dit, les élèves moins à l’aise à l’oral (pour quelque raison que ce soit) pourraient passer à tort pour des utilisateurs fautifs ou utilisatrices fautives de l’IA. L’exercice ici ne devrait pas, à mon avis, avoir pour but de tenter de déceler les fautifs et fautives, mais simplement d’encourager les élèves à approfondir leurs connaissances du sujet.
Si j’enseignais la littérature, je ne crois pas que j’utiliserais l’une de ces suggestions «telle quelle». Mais, comme me le disait ma collègue Marie Andrée Dion-Gauvin, quelle que soit la plateforme d’IA générative qu’on utilise (ChatGPT, Copilot, Gemini, MagicSchool ou autre), il faut être réaliste et ne pas s’attendre à un résultat «parfait». L’IA nous fournit un point de départ. Cela peut nous faire gagner du temps en bâtissant sur une structure existante au lieu de partir de zéro ou simplement en nous inspirant.
Comment MagicSchool peut être utile
Marie Andrée a elle aussi testé MagicSchool. Malgré les résultats décevants de mes tests, elle croit que MagicSchool peut être un bon point de départ pour les enseignants et les enseignantes qui souhaitent intégrer l’IA générative dans leurs pratiques sans savoir par où commencer.
En effet, l’interface de MagicSchool est mieux faite que celle de ChatGPT, pour quelqu’un qui ne sait pas par où commencer (même si les résultats obtenus peuvent être les mêmes, puisque ce sont les mêmes algorithmes qui sont utilisés). MagicSchool fournit en quelque sorte une assistance à la rédaction de requêtes, pour les enseignants et enseignantes. De plus, la longue liste d’«outils» offerts par MagicSchool agit comme une liste d’exemples du potentiel pédagogique des outils d’IA générative. En outre, avec MagicSchool, il est facile de constater comment le changement d’un paramètre dans une requête influence la réponse obtenue.
Si vous en êtes à vos 1ers pas avec l’IA, MagicSchool vous aidera à développer des compétences qui vous permettront ensuite de migrer vers des outils d’IA générative traditionnels (ChatGPT, Copilot ou Gemini, par exemple).
Avec les outils traditionnels d’IA générative, on peut commenter les réponses offertes en demandant des modifications ou des ajouts. On peut aussi écrire des requêtes plus complexes que ce que nous permet le formulaire de MagicSchool.
Marie Andrée m’expliquait que, même si la variété d’«outils» offerts par MagicSchool est grande, ChatGPT propose encore plus de possibilités. Elle pense que les utilisateurs et utilisatrices vont passer rapidement de l’encadrement «sécurisant» de MagicSchool à la liberté offerte par ChatGPT et ses compétiteurs
Y a-t-il des utilisateurs ou utilisatrices de MagicSchool dans la salle?
Actuellement, je ne connais personne qui utilise MagicSchool. Par contre, je connais des enseignants et enseignantes de différentes disciplines qui, sans passer par MagicSchool, utilisent ChatGPT pour produire du matériel pédagogique:
- Jimmy Gilbert écrit lui-même ses notes de cours, mais peut, par exemple, demander à ChatGPT de mettre en gras les mots qui lui semblent les plus importants, puis de créer un glossaire pour ces mots en fournissant la définition de chacun et une ressource complémentaire avec un hyperlien.
- Véronique Drolet l’a utilisé pour produire un jeu d’évasion sur le thème des habiletés de recherche.
- Alexandre Bakara l’utilise pour produire des grilles critériées. Il l’a aussi utilisé en toute transparence pour produire le texte d’un exposé magistral et le diaporama à utiliser comme support visuel pendant cet exposé… dans une séance de cours portant sur l’IA!
Ce sont des contextes dans lesquels l’IA générative a fait (et peut faire encore) un excellent travail. Mais MagicSchool semble promettre davantage, sans être capable de livrer tous les résultats anticipés… du moins, pour l’instant!
Et vous, utilisez-vous l’IA pour produire du matériel pédagogique? Dans quels contextes? Les résultats sont-ils aussi bons que si vous l’aviez fait vous-même (après quelques ajustements, peut-être)? Quelles tâches arrivez-vous à déléguer à l’IA? J’ai hâte d’en savoir plus!