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13 novembre 2013

Mon MOOC à moi. 4. Identité numérique et publication en ligne

Ce texte a initialement été publié par la Vitrine technologie-éducation sous licence CC BY-NC-SA 3.0, avant la création d’Éductive.

CHRONIQUE


« Faites-vous partie de ceux qui ont le sentiment qu’un projecteur se braque sur eux dès qu’ils publient le moindre mot sur le net, les désignant alors au monde entier ? Ou à l’inverse, considérez-vous le web comme un gigantesque carnet de notes personnel ? »

Pas mal comme teaser de la quatrième session, non ? En tout cas, alléchant.

Bonus ! Je n’ai pas été déçue! J’ai trouvé que le webinaire répondait à l’idée que j’en avais. Il a même dépassé mes espérances. Louise Merzeau a été passionnante. Voir et revoir ici : http://www.youtube.com/watch?v=UayJCGGvWkg&feature=player_embedded

Une fois n’est pas coutume, je ne parlerai donc pas de mes états d’âme, mais juste de ce que j’ai retenu.

 

La notion d’identité numérique se durcit 

La notion d’identité numérique se durcit car elle est accaparée par le discours marketing. On cherche à se construire comme une marque, on cherche à se créer une identité numérique à partir de rien pour donner une représentation de soi aux autres en excluant tout ce qui est dysphorique. Or, c’est exactement ce qui permet aux firmes de nous prévoir, de nous calculer. Plus on saura ce que l’on est (voudrait être), plus on pourra anticiper nos comportements et nos désirs.

Pour garder notre part d’humanité, l’enjeu est d’y opposer une autre forme de connection : la présence.

 

De l’identité numérique à la présence en ligne

D’emblée, Louise Merzeau a fait la distinction entre les deux notions. Selon elle, il est important de lutter contre les modèles faits de nous pour mieux valoriser l’imprévu, ce qui nous définit comme humain. L’humain doit être sur internet comme il est dans la vie. Ne pas sans cesse se mettre en scène, assumer ses casseroles et l’historique plus ou moins glorieux qu’il laisse derrière lui.

Autrement dit, ne pas être programmable. Ne pas être désespérément prévisible.

Ce n’est qu’à cette condition que le lecteur accueillera avec bienveillance un contenu différent de ce que l’auteur produit d’habitude. Il y a 10 ans, un adolescent a pu se passionner pour un sujet particulier ou une idée saugrenue et puis, à la suite d’une de ses mues existentielles,  a abandonné l’affaire et probablement le blogue qui lui servait de support. Ne serait-il pas malhonnête d’y chercher ce qui définit l’adulte qu’il est devenu aujourd’hui ?   

Il y a là un enjeu éthique à ne pas limiter ce qu’on publie en ligne en fonction de notre identité numérique et  à ne pas se laisser influencer par cette identité numérique dans notre rapport à l’autre. Exister en ligne, c’est produire en fonction d’un contexte. Produire signifie aussi bien avoir une page Facebook et écrire sur le mur de ses amis, tweeter, tenir un blogue, laisser des commentaires sous les billets des autres, etc.

Peu importent nos activités, restons improbables afin de garder un Internet humain, fait de « vrais gens » dont la présence n’est pas toujours calculée et sans volonté de représentation.

 

Privilégier la présence en ligne, en particulier lorsqu’on suit un MOOC 

Valoriser une présence pleine et vraie. Il y a ici un lien évident avec l’expérience MOOC et « chez » ITyPA en particulier où l’on est invité à manifester sa présence et non son identité. La difficulté dans les MOOC connectivistes est pourtant de ne pas savoir quoi dire parce qu’on a l’impression que d’autres le disent mieux. Comment faire alors pour mieux profiter de l’échange ?

D’abord ne pas vouloir à tout prix s’exprimer. Commencer par habiter le lieu, s’y promenener comme si le MOOC était un espace physique. Il ne s’agit pas tant de vouloir transmettre un message que de partager un espace comme si l’on venait d’emménager dans un appartement en colocation. Il convient de se demander comment aménager ce lieu pour mieux en prendre possession, c’est à dire quels blogues suivre, quels sujets approfondir, quels forums privilégier… Il ne faut pas chercher la maîtrise totale de l’environnement numérique, mais plutôt en faire un environnement d’expériences.

Le réseau dans sa dimension relationnelle, technique ou sémantique ne doit pas être bloquant. L’essentiel est de se mettre rapidement dans la pratique en acceptant d’avancer à tâtons, en acceptant de quitter son identité numérique idéale pour se construire un réseau franc.

 

Revalorisation du présent 

Sur ITyPA comme sur d’autres MOOC et plus largement sur Internet, le souci est l’image qu’on laisse. Or, on doit peut-être renoncer à la prétention de maîtriser toutes nos traces, car nous ne pouvons aujourd’hui avoir la certitude absolue que toutes ces traces seront éradiquées. Dès lors qu’on créé du contenu, ce contenu est entre les mains de tous. Il est déplacé, transmis, enregistré…

À ce propos, il est intéressant de se demander jusqu’à quel point le marché de l’oubli numérique est une imposture…

Mieux vaut changer les mentalités pour admettre nos friches numériques plutôt que les faire disparaître. En ligne comme dans la vie, on laisse de vieux souvenirs qui ne se valent pas tous et dont chacun est capable de pondérer l’importance.

 

S’astreindre à trouver un lieu d’agrégation de soi 

Pour accepter ces fossiles, une bonne idée est de s’efforcer de les rassembler en un même lieu, ne serait-ce qu’en mettant des liens. Ce lieu serait un dépôt plus ou moins vivant d’archives, de contenus produits, organisés de manière cohérente. Attention toutefois à trouver un lieu pérenne. Ce sont souvent les plus populaires, les plus partagés (ex. : Flickr pour les photos, Google Drive pour les documents, etc.).

On peut s’interroger alors : la mémoire appartient-elle à l’individu ou n’est-elle qu’une représentation collective ?

 

Vers une mémoire numérique ? 

Pour Louise Merzeau, la mémoire est un tissage de celle des autres et en ce sens, oui, elle est appelée à être de plus en plus numérique donc de plus en plus collective. Il n’y a plus un seul média mais un environnement global. Bien sûr, il restera des objets, des sensations, mais tout sera saisi par le numérique. Donc, nos activités mémorielles sont appelées à être numériques.

 

Conclusion

En tant que lecteurs (recruteurs, etc.), sachons prendre de la distance par rapport à l’historique numérique d’un individu.

En tant que producteurs de contenus, n’ayons pas peur de créer de la richesse informationnelle. Sachons assumer nos aspérités pour être plus authentiques et avoir une existence étoilée plutôt que fragmentée !

 

         Trois ressources issues du plan de travail du webinaire :

Le Guide de l’identité numérique passe au crible le concept d’identité numérique, son intérêt, les problématiques qui lui sont liées… Il s’intéresse aussi de plus près aux principaux réseaux sociaux et propose une grille de lecture pour mieux les comprendre : principe, intérêt, bonnes pratiques et erreurs à éviter. Et pour finir, il propose des astuces pratiques pour nettoyer son compte, mais aussi pour bien régler ses paramètres de confidentialité sur Facebook.

Si vous aimez les jeux vidéo, essayez 2025 Ex Machina, jeu sérieux dans lequel vous aiderez des lycéens à publier en ligne avec discernement.

 Et pour en savoir plus, continuez avec ce billet du blogue Big Browser : Ce que nos données Gmail révèlent de notre vie sociale.


Pour lire la suite… Mon MOOC à moi. 5. Apprentissage collaboratif

Pour lire l’article précédent : Mon MOOC à moi. 3. Veille et recherche d’information

 

 

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