J’espère que vous connaissez Jasons pédagogie numérique (JPN), notre «balado qui lève le voile sur le cheminement de professionnels de l’apprentissage qui ont développé, tout au long de leur parcours, des expertises qui nous aident à mieux appréhender les grands enjeux de l’éducation au XXIe siècle». Saviez-vous que la baladodiffusion battait au cœur de notre équipe avant la naissance d’Éductive?
En balade
Avant de révéler les racines des initiatives de notre équipe, entendons-nous sur quelques définitions.
Pour les puristes, dont je fais partie, il convient de réserver le terme «baladodiffusion» (podcasting en anglais) à un mode de diffusion de contenus numériques audiovisuels basé sur un développement du format RSS qui est utilisé pour la syndication de contenu web. C’est d’ailleurs cet usage que reconnaît le Grand dictionnaire terminologique. Le développement en question est l’ajout par le développeur Dave Winer de «pièces jointes» ( enclosures en anglais) à la version 0.92 du format. Bien qu’il y ait des controverses au sujet de certains éléments de la ligne du temps, le journaliste Christopher Lydon a voix au chapitre lorsqu’il maintient que le fil RSS développé en 2003 par Winer pour la syndication de ses enregistrements d’entrevues constitue le premier exemple de baladodiffusion. Près de 20 ans plus tard, Lydon continue d’utiliser ce mode de diffusion avec son balado Open Source [en anglais], une «conversation ouverte» sur divers sujets d’actualité.
Pour la petite histoire, le spécialiste de l’apprentissage en ligne et Montréalais d’origine Stephen Downes a développé, dès 2003, le programme Ed Radio [en anglais], qui se veut une utilisation de la baladodiffusion comme méthode de diffusion au contexte d’application de la pédagogie numérique. En plus d’être un personnage-clé dans le développement du format RSS, Downes est un des principaux acteurs du connectivisme en éducation, avec George Siemens. Siemens et Downes ont établi le cours CCK08 pour lequel Dave Cormier a créé le terme MOOC (Massive Open Online Course). D’ailleurs, le lien qui unit Downes au RSS a aussi un impact sur son travail en pédagogie numérique puisqu’il utilise son environnement gRSShopper [en anglais] pour syndiquer des ressources éducatives numériques.
Si j’insiste sur ces dimensions techniques de la baladodiffusion, c’est pour accentuer un principe important qui rattache ce mode de diffusion à la culture du libre: le format RSS est un standard ouvert qui permet l’interopérabilité entre de nombreux outils et plateformes. On peut créer, syndiquer, télécharger, consulter, distribuer et partager des contenus RSS sans aucun outil propriétaire.
RSS est associé au monde du web ouvert qui repose sur des standards ouverts. Ces standards assurent une grande souplesse d’utilisation. Si j’utilise la baladodiffusion pour partager mes enregistrements, vous pouvez utiliser n’importe quel logiciel agrégateur pour vous y abonner. En tant que puriste (et partisan du logiciel et des ressources libres en enseignement supérieur), j’ai de la difficulté à accepter que des contenus limités à une plateforme comme Spotify ou même YouTube soient désignés avec des termes associés à la baladodiffusion.
Cela dit, je conçois très bien qu’une telle distinction peut sembler théorique, dans la vie de tous les jours. D’ailleurs, il n’est pas anodin que la définition de «balado» par l’Office québécois de la langue française soit distincte de celle de «baladodiffusion». Pour l’OQLF, le balado, c’est le fichier audio lui-même et le standard RSS n’entre pas directement dans la définition.
Il est peut-être utile de relever un point souvent oublié au sujet du format de fichier utilisé pour le balado. Le format MP3 (qui était soumis à de nombreuses licences jusqu’en 2017) permet de structurer un contenu audio en chapitres auxquels peuvent être associés des images et des liens. Comme les autres aspects de la baladodiffusion, l’utilisation de standards permet l’interopérabilité entre divers logiciels. Lorsque des marqueurs de chapitres ont été inscrits dans un fichier MP3, ils facilitent la navigation dans plusieurs environnements d’écoute.
Qu’en est-il du balado JPN? Le mode de diffusion répond-il à notre définition stricte de la baladodiffusion? Est-il possible de s’y abonner à partir d’Apple Podcasts, Overcast, Spotify, Pocket Casts ou gPodder?
Pas encore. On y travaille!
Arpenter le chemin
Vous vous en souvenez peut-être, Éductive est le fruit de la fusion entre 3 organismes à but non-lucratif : Profweb, DECclic et Vitrine technologie-éducation. Avant JPN d’Éductive, les organismes dont des membres composent maintenant notre équipe avaient exploré différents modèles de balado, tant vidéo qu’audio.
En 2020, par exemple, Ryan W. Moon du volet anglophone de Profweb a diffusé des contenus vidéos en tant que “podcast” sur la chaîne Youtube de l’organisme. Par exemple, une discussion à 4 personnes au sujet des vidéos interactifs [en anglais]. Des années plus tôt, en 2006, Profweb testait déjà l’impact pédagogique des balados en «publiant un premier récit sous la forme d’enregistrements audio téléchargeables en fichier mp3».
L’équipe de la Vitrine technologie-éducation a aussi expérimenté avec les balados puisque Pierre-Julien Guay, coordonnateur de l’organisme de 1992 à 2018, a produit 52 épisodes du balado Réseau-TIC entre 2008 et 2011. Un bel exemple d’un effort soutenu! Dans le milieu de la baladodiffusion, un dicton prétend qu’un balado ne prend vie qu’après 7 épisodes puisque la majorité des balados disparaissent après quelques épisodes (le phénomène est connu sous le nom de podfade). Réseau-TIC a donc bravé l’épreuve du temps.
C’est d’ailleurs ce balado en particulier qui m’a donné l’idée de ce billet de blogue. Certains des sujets abordés demeurent, selon moi, bien pertinents. Par exemple, lors de l’épisode 44 en mars 2010, Guay décrivait en 3 minutes les licences Creative Common, un lien bien utile aux activités du Réseau des leaders REL qui se sont déroulées jusqu’en mars 2022.
Les épisodes eux-mêmes sont sous la licence Creative Commons Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Partage des Conditions Initiales à l’Identique 2.5 Canada (CC-BY-NC-SA 2.5) comme c’est le cas pour les contenus Éductive qui proviennent de la Vitrine technologie-éducation.
Bonjour Alexandre. Est-ce que ces balados respectent les 5R des REL ? Dans ce cas, elles seraient d’excellentes candidates pour un signalement dans Pavillon. Merci encore.
Les 52 épisodes de Réseau-TIC: il s’agit bel et bien de REL au sens où nous l’entendons. La licence CC-BY-NC-SA 2.5 donne les droits qui sont en adéquation avec les 5R (remixer, redistribuer, réviser, réutiliser, retenir). Pour ce qui est de la rétention, nous aurions tout intérêt à archiver tous les épisodes que nous pouvons récupérer.
C’est justement sur ce dernier point que Wiley a adopté la formule qui est souvent utilisée comme résumé (très orienté «contenu») pour les REL:
The Access Compromise and the 5th R – improving learning (opencontent.org)
Pour ce qui est de Pavillon REN, Éductive pourrait en effet proposer de telles ressources au sein de la:
Info numérique du ministère de l’Enseignement supérieur | Ministère de l’Éducation et Ministère de l’Enseignement supérieur (gouv.qc.ca)
L’opérationnalisation de Pavillon REN incombe à une autre partie qu’Éductive au sein de notre secteur (Services de pédagogie numérique), chez Collecto. (Oui, je travaille des deux côtés.) Par contre, l’approbation des ressources n’est pas de notre ressort. Honnêtement, je ne sais pas lesquelles de ces ressources seraient jugées comme étant pertinentes pour indexation sur la plateforme selon les thèmes et types de ressources énoncés.