Étape 4: Juger
Corriger et interpréter
La 4e étape du processus d’évaluation est le jugement. Dans le contexte d’évaluation des apprentissages avec le numérique, cette étape est centrale dans le processus d’évaluation. Elle implique la cueillette et à la suite de l’interprétation des données recueillies et avant la prise de décision.
Leroux et Bélair (2015) présentent l’évaluation comme un processus fort complexe qui nécessite de faire preuve de professionnalisme. Leroux (2016) souligne que le jugement occupe une place centrale dans le processus d’évaluation, à la suite de l’interprétation des données recueillies et avant la prise de décision.
L’étape du jugement consiste à corriger et à interpréter la ou les productions réalisées par l’élève ainsi qu’à lui fournir une rétroaction selon le but de l’évaluation (formative ou sommative/certificative).
Avec le numérique, l’évaluation des apprentissages dans un programme par compétences fait appel à votre jugement. Cela implique :
- la correction des productions des élèves
- l’interprétation critériée de la production de l’élève
- l’objectivité ou la subjectivité .
La correction des productions des élèves
La correction de questions à réponse élaborée (réponse longue) ou des tâches complexes et authentiques nécessite la cueillette d‘informations (productions écrites, orales, images, schémas, vidéos, etc.) qui peuvent être déposées dans différents espaces (portfolio numérique, intranet, environnement numérique d’apprentissage, etc. ) et dans différents formats de fichiers (Word, PDF, MP4, etc.).
La correction avec le numérique
Le numérique offre de nombreux outils qui peuvent être utilisés pour corriger les productions les élèves.
Qu’est-ce que la correction, l’annotation et la rétroaction?
Selon l’intention d’évaluation (formative ou sommative/certificative), la correction est «le fait d’apprécier la qualité d’un cheminement ou d’un produit (production, devoir, examen, travail, etc.) en fonction de critères, d’attentes et de résultats escomptés » (Legendre, 2005, p. 298).
L’annotation fait référence aux commentaires, remarques et suggestions que vous formulez par écrit sur le travail d’un étudiant ou d’une étudiante. «Une annotation est une forme de rétroaction écrite» (Durand et Chouinard, 2012, p. 83).
La rétroaction est une information, un commentaire ou une décision que vous prenez à la suite de l’observation de la situation d’apprentissage (en groupe ou individuelle). Elle est communiquée oralement ou par écrit à l’élève (Leroux, 2014, p. 339). Le numérique offre une variété d’outils qui permettent de communiquer une rétroaction selon plusieurs modes (textuelle, imagée, orale, vidéo, démonstration/visuel).
L’automatisation de la correction et de la rétroaction
L’intégration du numérique peut alléger le fardeau de la correction par l’enseignante ou par l’enseignant puisqu’elle permet l’automatisation de la correction de certains types de questions objectives (question à choix multiple, vrai ou faux, appariement, réarrangement, etc.).
Les évaluations réalisées entièrement en ligne avec une correction automatique et une rétroaction personnalisée offrent plusieurs avantages:
- Les résultats aux questions objectives peuvent être transmis automatiquement.
- Une rétroaction spécifique peut être fournie automatiquement en fonction de la réponse de l’élève.
- Elles permettent la formulation de nombreuses questions objectives et la couverture de nombreux contenus. Toutefois, les niveaux taxonomiques des questions sont peu élevés ne dépassant pas l’analyse (Gilles et Charlier, 2021) ( voir taxonomie de Anderson et Krathwohl et al. (2001) ).
- La sélection des questions peut être individualisée pour chaque élève.
- Elles permettent une évaluation exempte de biais liés à la subjectivité dans l’interprétation des réponses.
- Elles permettent la communication de rétroactions rapides qui indiquent les apprentissages acquis ou non acquis par l’élève
- Une rétroaction pré-écrite peut être formulée sur une seule question ou réponse
- la rétroaction sur les réponses erronées peut soit corriger directement l’information, soit renvoyer l’élève au matériel d’apprentissage qui explique les notions manquées;
- la rétroaction sur les bonnes réponses peut être plus qu’une rétroaction positive ou une reformulation de la réponse. Elle peut élaborer ou relier les notions à un apprentissage futur.
- Elles peuvent permettre plusieurs tentatives, ce qui donne aux élèves la possibilité de recevoir une rétroaction automatisée, de revenir au matériel de cours et de faire à nouveau le questionnaire.
- L’automatisation de la correction et des rétroactions diminue l’ampleur de la tâche de correction pour des questions objectives (gain de temps).
- Le tableau de bord des résultats vous permet de recueillir, sauvegarder et interpréter les résultats pour chaque élève (fréquence, durée, répétition, bonnes réponses, réponses erronées, nombre de questions par élève, résultats, etc.) afin de proposer des activités pour améliorer les apprentissages (activités correctives, exercices, etc.).
La correction par l’enseignant avec des outils numériques
Lors de la réalisation de tâches complexes et authentiques et la formulation de réponses à des questions à réponse élaborée (portfolio numérique, projets, étude de cas, rapport écrit, etc.), la correction nécessite votre intervention. Cette correction et la formulation d’une rétroaction réalisée avec des outils numériques offrent des avantages:
- Elles permettent de corriger des tâches complexes et authentiques et les questions à réponses élaborées avec des niveaux taxonomiques plus élevés.
- Elles permettent de corriger et d’annoter différents types de production (vidéos, enregistrement audio, maquettes, prototypes, dessins, modélisations 3D, tableaux, fichiers avec des images, des photos, etc.) réalisés avec différents logiciels.
- L’annotation des productions peut être réalisée avec différentes modalités graphiques (rayer et souligner le texte, dessiner des flèches, encercler des éléments, intégrer des autocollants (émoticônes, crochets, etc.).
- L’annotation peut être réalisée à l’aide d’un commentaire codé (lettres, formes, couleurs, etc.) ou un code de correction transmis préalablement aux élèves.
- L’annotation peut être enrichie à l’aide des commentaires écrits préétablis par l’enseignant ou l’enseignante (banque de commentaires écrits ou audios) (Moodle, PDFpen, etc.).
- La rétroaction textuelle (insérer un texte, souligner le texte, etc.), audio, audio-vidéo et d’images permet d’enrichir et de personnaliser les commentaires formulés aux élèves.
- Les rétroactions textuelles formulées peuvent être accompagnées de captures d’écran annotées (images).
- L’annotation peut être réalisée avec un stylet (crayon numérique), une tablette graphique, le clavier et la souris. Cela permet la lisibilité de la rétroaction et l’ajout de nombreuses couleurs et d’éléments graphiques (codes de couleurs, codes de correction) pour nuancer la rétroaction.
- La correction des productions est facilitée grâce à l’infonuagique qui vous donne accès aux productions.
Les pratiques de correction se développent avec les outils numériques. Elles permettent une participation accrue l’élève à son évaluation et celle de ses pairs. L’élève porte un jugement sur la qualité de son travail en fonction de critères d’évaluation.
Il existe 3 types de démarches d’évaluation formative qui impliquent l’élève dans la régulation des apprentissages avec le numérique :
- l’autoévaluation qui n’est pas une autocorrection ou une autonotation.
- la coévaluation
- l’évaluation mutuelle ou par les pairs