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Examen


Table des matières

Dans cette fiche, découvrez des ressources pour concevoir un examen avec le numérique. Apprenez-en plus à propos de:

  • la taxonomie du domaine cognitif
  • les types de questions
  • le tableau de spécification
  • le choix de l’outil numérique

Mise en contexte

L’examen est un instrument de mesure dit «traditionnel» qui est fréquemment utilisé en enseignement au collégial et en milieu universitaire (Lakhal et Frenette, 2015).
Pour plusieurs enseignants et enseignantes, l’examen est considéré comme un moyen efficace pour:

  • engager l’élève dans une évaluation formative de nouveaux apprentissages
  • évaluer la mémorisation et la compréhension des nouvelles connaissances en cours d’apprentissage (évaluation formative)
  • évaluer ou contrôler les connaissances acquises et l’application de savoir-faire de base et des attitudes isolées (évaluation sommative)

Selon Legendre (2005), l’examen est «une épreuve ou série d’épreuves, portant sur un ensemble d’enseignements […] dans le but d’évaluer ou de contrôler» (p. 651) les connaissances et les capacités de l’élève. L’examen peut être écrit, oral ou pratique.

L’examen se distingue du test, qui est également «un instrument de mesure dont les qualités mythologiques ont été éprouvées et dont on connaît par conséquent le degré de fidélité et de validité des résultats qu’il produit» (Legendre, 2005, p. 1375).

Avant de procéder à la conception d’une évaluation avec le numérique, planifiez l’évaluation afin de vous assurer de la cohérence entre la cible d’apprentissage du cours (connaissances essentielles à acquérir et compétences à développer), les méthodes pédagogiques et les méthodes d’évaluation. Pour évaluer une compétence, vous pouvez remplacer l’examen en salle de classe (en présence) par des tâches complexes qui peuvent être réalisées en ligne (Dion, Hébert et Noël, 2020; Rhéaume, 2021).

Toutefois, avec le numérique, plusieurs types de questions peuvent être formulées par l’enseignante ou l’enseignant afin de soutenir l’apprentissage de nouvelles connaissances (évaluation formative) par les élèves.

La taxonomie du domaine cognitif

La taxonomie du domaine cognitif permet de présenter une classification hiérarchisée des comportements relevant du domaine cognitif.
Dans les années soixante, Bloom a élaboré une taxonomie du domaine cognitif permettant de classifier les capacités cognitives en 6 niveaux. La taxonomie en éducation est une classification hiérarchisée d’objectifs d’apprentissages et d’exemples de verbes d’action pour les domaines cognitif, affectif et psychomoteur (Leroux et Bélair, 2015).

La taxonomie de Bloom (1968) distingue des niveaux de complexité allant d’un niveau inférieur à un niveau supérieur. Chaque niveau est accompagné d’une liste de verbes d’action.
Leroux et Bélair, 2015, p. 71

La taxonomie de Bloom a été révisée par Anderson, Krathwohl et Bloom (2001). Elle apporte des changements aux 6 catégories hiérarchiques de la taxonomie de Bloom. 3 niveaux ont été renommés et déplacés. Ces niveaux sont présentés dans un tableau en 2 dimensions (Durand et Chouinard, 2012) :

  • les savoirs (connaissances factuelles, conceptuelles, procédurales, métacognitives)
  • les processus cognitifs (se rappeler, comprendre, appliquer, analyser, évaluer, créer).

Dans sa version la plus récente, la classification de Anderson, Krathwohl et Bloom (2001) est présentée par des auteurs sous la forme d’une roue de la pédagogie (the Pedagogy wheel [en anglais]) qui est composée d’une liste de verbes, de suggestions d’activités et d’une panoplie d’applications numérique (Carrington, 2015).

La taxonomie de Bloom (1968) révisée par Anderson, Krathwohl et Bloom (2001)

L’examen est fréquemment utilisé lors d’une évaluation formative ou sommative en enseignement supérieur dans le but d’évaluer des connaissances et les habiletés de base, c’est-à-dire, celles visant les niveaux cognitifs inférieurs. La taxonomie de Bloom révisée par Anderson, Krathwohl et Bloom (2001) permet de distinguer les niveaux inférieurs (se rappeler, comprendre et appliquer) qui sont très utiles lors de la conception d’un examen (tableau de spécification, typologie des questions d’examen).

Lorsque l’évaluation porte sur le développement d’une compétence qui nécessite la réalisation d’une tâche complexe et authentique, aussi nommée situation d’évaluation, les niveaux intermédiaires ou supérieurs du domaine cognitif (analyser, évaluer, créer) sont davantage liés à la compétence, bien qu’ils soient difficiles à distinguer et à hiérarchiser (De Ketele, 2013).

Quel que soit le contexte d’enseignement et d’apprentissage, évaluer les compétences avec le numérique nécessite la proposition de tâches complexes et authentiques. Les questions à réponses objectives facilitent les rétroactions et diminuent le temps de correction. Toutefois, dans une logique d’alignement pédagogique est-ce que ces questions permettent d’évaluer la compétence ?

Bien que de nombreuses questions facilitent les rétroactions aux élèves et diminuent le temps de correction, évaluer les compétences avec le numérique nécessite de s’interroger sur la cohérence de l’évaluation des apprentissages.

Dans une logique d’alignement pédagogique, pour assurer la pertinence de l’évaluation des apprentissages dans un programme en approche par compétences, il semble essentiel de revenir au questionnement entre ce qui doit être enseigné (cibles d’apprentissage), ce qui est enseigné (méthodes pédagogiques) et ce qui est évalué (méthodes d’évaluation) (Talbot et Gremion, 2022)

La pratique des examens à correction objective s’applique toujours à des objectifs d’apprentissage se rapportant à des savoirs et à des savoir-faire de base, mais pour inférer une ou des compétences, la méthodologie est dépassée. Il faut recourir à des tâches complexes pour inférer une ou des compétences chez les élèves.
Scallon, 2004, p. 31

Pour assurer la cohérence de l’évaluation des apprentissages avec le numérique dans un programme qui vise le développement de compétences, il est préférable d’utiliser avec prudence l’examen et les taxonomies relatives au domaine cognitif, qui peuvent introduire une confusion «entre la notion de compétence et des approches issues de la théorie des objectifs» (Tardif, 2017, p. 15).

Les composantes d’une question

Lorsque des questions sont formulées aux élèves à l’aide d’outils numériques, voici quelques repères qui sont essentiels pour concevoir une question.

Quelle est la structure d’une question d’examen ?

La question d’examen est composée de 2 parties distinctes (Auger, Séguin et Nézet-Séguin, 2000, p. 19):

  • Le stimulus
    Il est constitué essentiellement d’une question et/ou d’une consigne. Dans certains cas, une mise en situation précède la question ou la consigne. Le stimulus peut effectivement prendre plusieurs formes.
  • La réponse
    Pour les questions à réponse choisie, la réponse est choisie par l’élève parmi un choix de réponses proposées comportant la bonne réponse et des mauvaises réponses appelées leurres ou distracteurs.

Stimulus (ou tronc) d’une question

Le stimulus (ou tronc) d’une question est composé:

  • d’un scénario: contexte ou mise en situation
  • d’un énoncé directeur: action demandée

Le stimulus de la question peut être enrichi de:

  • vidéos
  • images
  • schémas
  • liens vers un site
  • etc.

Réponses possibles

Pour les questions dont la réponse est choisie par l’élève parmi un choix de réponses proposées, proposez un nombre limité de réponses. Les réponses possibles comportent la bonne réponse et de mauvaises réponses appelées «leurres» ou «destructeurs».

Pour les questions à réponses courtes, utilisez une clé de correction.

Pour les questions à réponse élaborée, utilisez une grille de correction pour corriger la réponse de l’élève.

En plus du stimulus (tronc) et des réponses possibles, l’anatomie d’une question indique les références consultées pour rédiger la question et la clé de correction.

L’anatomie d’une question à réponse courte

Références Source des informations utilisées pour développer la question
Stimulus (ou tronc)

(Consignes, tâches)

Scénario: contexte

Énoncé directeur: action demandée

Réponses possibles Liste de réponses (limitée ou illimitée)

Traces matérielles (exigences)

Clé de correction Clé pour la vérification de l’atteinte des objectifs d’apprentissage

Clé pour l’admissibilité et/ou les pénalités

Source: Meunier, E. (2016). Préparation et élaboration d’un examen.

Les types de questions

Lorsque vous souhaitez formuler les questions d’un examen ou quiz, vous devez sélectionner parmi différents types de questions. La manière de subdiviser les questions varie selon les auteurs. En nous basant sur la typologie des questions pour évaluer les apprentissages des élèves en ligne et en salle de classe présentée par Lakhal et Frenette (2015), nous retenons 2 grandes catégories:

  • les questions à réponse choisie
  • les questions à réponse élaborée
Questions à réponse choisie Questions à réponse élaborée
  • Questions à choix multiples (QCM)
  • Questions à choix alternatif (vrai ou faux)
  • Questions de type appariement (association)
  • Questions de type réarrangement (mise en ordre)
  • Questions à réponse élaborée courte
  • Questions à réponse élaborée longue ou construite

Légende du tableau : Adapté de la typologie des questions pour évaluer les apprentissages en ligne et en salle de classe (Lakhal et Frenette, 2015, p. 288)

Pour chaque catégorie, chaque type de questions possèdent des règles de rédaction. Pour vous assurer de la qualité de rédaction des questions, il est essentiel de se référer aux écrits du domaine de la mesure et de l’évaluation afin de rédiger chaque type de questions selon les règles de l’art.

Voici quelques règles générales de rédaction d’une question à réponse choisie (Meunier, 2016):

  • Tenir compte du tableau de spécification et/ou du niveau de la taxonomie de référence (par exemple, la taxonomie de Bloom révisée).
  • Rédiger de façon claire et accessible aux élèves, en employant toujours un français correct.
  • S’assurer que le stimulus (tronc) est complet: l’élève doit savoir exactement ce que l’on attend de lui.
  • Éviter de fournir des indices de réponses dans le stimulus.
  • Éviter d’employer des expressions comme «selon toi», «penses-tu que» ou toute expression qui pourrait laisser croire à l’élève que vous lui demandez son opinion.
  • Éviter de rédiger des phrases comprenant des négations.
  • Si vous avez recours à un extrait de document, en indiquer la source.
  • Placer les réponses selon un ordre logique (chronologique, alphabétique, etc.) pour que la position de la bonne réponse varie aléatoirement dans l’ensemble du quiz ou de l’examen.
  • Le stimulus et le choix de réponses proposées doivent être sur une même page.
  • Éviter qu’une réponse à une question fournisse la réponse à une autre question.

Voici une liste de vérification adaptée de (Lakhal et Frenette, 2015) qui peut vous guider lors de la rédaction d’une question à réponse choix multiples (QCM).

  • Élaborer des questions uniquement sur les notions importantes du cours.
  • Éviter d’utiliser des indices qui rendent l’énoncé acceptable au commun des mortels.
  • Éviter d’utiliser des indices qui rendent l’énoncé inacceptable au commun des mortels.
  • Fonder chaque énoncé sur une seule idée.
  • Dans le cas d’une opinion, relativiser l’énoncé par rapport à une source (volume, référence, auteur).
  • Présenter et formuler un seul problème dans l’énoncé de la question.
  • Formuler l’énoncé de la question dans un langage simple et clair.
  • Mettre autant de texte que possible dans le stimulus (ou le tronc) de la question plutôt que dans le choix de réponses.
  • Formuler la question sous une forme positive. Si une formulation négative est incontournable, mettre cette formulation dans le stimulus (ou le tronc) de la question plutôt que dans les choix de réponse.
  • Éviter le plus possible les énoncés négatifs ou ceux à double négation.
  • S’assurer que la réponse prévue est exacte ou évidente.
  • Rédiger les choix de réponse de manière qu’ils soient grammaticalement cohérents avec le stimulus (ou le tronc).
  • Éviter d’utiliser dans le stimulus (ou le tronc) des indices qui pourraient permettre aux élèves de choisir la bonne réponse ou d’éliminer un choix de réponse incorrect.
  • Construire des choix de réponse plausibles et attrayants aux yeux des élèves.
  • Dans les choix de réponse, utiliser des préconceptions ou des erreurs communément commises par les élèves.
  • Varier la longueur relative de la bonne réponse afin que la longueur du texte ne soit pas un indice de la bonne réponse.
  • Éviter d’utiliser des alternatives «tout ce qui précède» et «aucune de ces réponses» dans les choix de réponse.
  • Varier la position de la bonne réponse d’une question à l’autre de façon aléatoire.
  • Contrôler la difficulté de la question, soit en modifiant l’énoncé du problème dans la question ou en modifiant le choix de réponse.
  • S’assurer que le contenu de la question est indépendant du contenu des autres questions.

Le tableau de spécification

Lorsque vous rédigez des questions qui seront soumises aux élèves avec des outils numériques, le tableau de spécification vous offre une présentation visuelle de l’examen: il en constitue en quelque sorte l’ossature. (Fontaine, Savoie-Zajc et Cadieux, 2020, p. 54).

Issu de l’approche par objectifs, le tableau de spécification est un tableau à double entrée:

  • une entrée concerne les contenus
  • l’autre entrée concerne les niveaux de taxonomie visé

Le tableau de spécification est la méthode la plus connue dans le domaine de la mesure pour:

  • assurer la concordance entre les connaissances abordées dans le cadre du cours (contenus) et les questions formulées dans l’examen
  • cibler les connaissances, les habilités, les stratégies qui seront évaluées à l’aide des questions
  • présenter de manière ordonnée l’ensemble des contenus du cours visés par un instrument de mesure et le niveau taxonomique de l’apprentissage relié à chacun des contenus du cours
  • déterminer une pondération pour chaque question de l’examen

Il existe plusieurs manières de présenter un tableau de spécification.

Par exemple, en utilisant la taxonomie de Bloom révisée, le tableau de spécification ci-dessous présente 7 questions qui seront formulés dans une évaluation formative qui sera diffusée en ligne.

Lorsque l’évaluation est sommative/certificative, le tableau de spécification pondéré constitue un plan de l’examen. Il permet de déterminer « l’importance relative des éléments de contenu de l’examen et des niveaux de fonctionnement cognitif correspondant à chaque élément de contenu » (Durand et Chouinard (2012, p. 190). En plus des pourcentages, il est possible d’indiquer le nombre de questions d’examen correspondant.

Dans les programmes formulés selon l’approche par compétences, l’importance est accordée à la réalisation de tâches complexes et authentiques et à une évaluation à interprétation critériée.

Avec l’approche par compétences, l’utilisation d’un tableau de spécification et de l’examen n’ont plus le même usage qui prévalait dans les approches issues de la théorie des objectifs. Toutefois, avec le numérique, il y a toute une panoplie d’outils qui vous permettent d’offrir de nombreuses questions en ligne afin de soutenir l’apprentissage des élève (évaluation formative). Dès lors, il est crucial de planifier et de concevoir des questions selon les règles de l’art.

La construction d’un instrument de mesure en ligne peut impliquer de nombreuses étapes lorsqu’il est utilisé dans une intention sommative/certificative. Ces principales étapes sont essentielles pour s’assurer de la qualité de l’information obtenue:

  • Identifier les fins pour lesquelles les résultats obtenus à l’instrument de mesure seront utilisés
  • Identifier les éléments de compétence à évaluer
  • Préparer un tableau de spécification
  • Rédiger un 1er jet de questions incluant le corrigé et la rétroaction
  • Procéder à l’autoévaluation des questions formulées avec une grille de vérification (selon le type de questions)
  • Faire réviser les questions auprès d’une personne experte ou d’un collègue (les reformuler ensuite au besoin) (adaptées de Lakhal et Frenette, 2015, p. 284)

Les outils numériques

Avec le numérique, selon l’intention d’évaluation, plusieurs outils permettent de concevoir et de diffuser de nombreuses questions en ligne.

Ces nombreux outils vous permettent de:

  • concevoir une diversité de questions afin de soutenir l’apprentissage (évaluation formative)
  • proposer des questions qui intègrent:
    • des vidéos
    • des images
    • du son
    • du texte
    • une entrevue
    • etc.
  • diffuser les questions sur différents support numériques:
    • téléphone intelligent
    • tablette
    • ordinateur
    • portable
    • infonuagique
    • etc.
  • de formuler des rétroactions aux élèves lors de la réalisation d’une évaluation formative
  • proposer une correction automatisée

Ces nombreux outils permettent à l’élève de:

  • accéder aux questions en ligne avec une connexion internet (infonuagique)
  • réaliser plusieurs fois le même questionnaire pour améliorer ses apprentissages
  • collaborer avec des pairs pour résoudre des questions problèmes
  • recevoir des rétroactions rapides et diversifiés (texte, vidéo, son, audio, images, etc.) selon la réponse choisie (bonne ou mauvaise réponse)
  • consulter des ressources afin de préciser ou de nuancer ses réponses

Parmi les outils numériques utilisés au collégial, plusieurs d’entre eux permettent de soutenir les activités d’apprentissage menées dans une intention d’évaluation formative:

Un exemple d’application

La conception d’un examen collaboratif en ligne: quelles questions choisir?

Marc souhaite concevoir des questions pour permettre aux élèves de collaborer afin d’évaluer la compréhension et l’application de nouvelles notions abordées dans un cours en ligne. Il regroupe les élèves en équipe de 3 afin qu’ils et elles puissent collaborer pour répondre aux questions. Il souhaite proposer des mises en situation contextualisées suivies de questions.

Selon vous:

  • Quel est l’objet (connaissances, habiletés, etc.) qui sera évalué avec les questions de l’examen collaboratif?
  • Quels sont les niveaux de taxonomie des questions formulées?
  • Quels sont les types de questions que Marc devrait formuler pour évaluer les apprentissages?
  • Quel outil numérique peut-il choisir pour créer les questions?
  • De quelle manière Marc devrait-il procéder pour proposer une correction automatisée et une rétroaction aux différentes questions?
  • Quel est le rôle de l’élève dans cette évaluation collaborative?
  • Comment automatiser la correction?
  • Quelles rétroactions Marc doit-il formuler aux élèves?
  • Comment analyser les résultats des élèves pour prendre quelles décisions?

Des ressources complémentaires

Cantin, J. (2011). Vidéo de la taxonomie d’Anderson et de Krathwohl qui aide à identifier la transformation cognitive que l’on souhaite voir se produire chez l’élève.

Centre de pédagogie universitaire de l’Université de Montréal (2020). Taxonomies.

Dion, M.-C., Hébert, A., et Noël, E. (2020). Solutions alternatives aux examens en présentiel. UQAC.